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Par tourtaux-jacques Le 25/09/2020
Le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta a provoqué une onde de choc au Mali et a soulevé de nombreuses interrogations sur la scène internationale. Représentant en Europe du Conseil Panafricain et analyste politique, Olivier Dossou nous éclaire sur ces manifestations populaires qui ont conduit au coup d’État mené par des soldats. « À travers la mobilisation, les populations maliennes exigeaient le départ d’Ibrahim Boubacar Keïta et plus largement de la Françafrique, dont il n’est qu’un agent local, un garçon de course », souligne Olivier Dossou. Il fait également le point sur la situation en Libye où la guerre de l’Otan a eu des répercussions sur le reste de l’Afrique. (IGA)
Pouvez-vous nous expliquer brièvement les revendications des mobilisations populaires qui ont conduit au renversement du gouvernement malien ? Pouvez-vous expliquer le lien avec la présence militaire française ?
Les mobilisations au Mali dénonçaient et continuent de dénoncer la gouvernance oligarchique et ploutocratique du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et voulaient obtenir sa démission.
Ce sont des revendications qui dépassent le Mali. Elles concernent l’Afrique francophone de façon plus large, y compris la Guinée Bissau, avec la gouvernance erratique de M. Oumaro Sissoco Embalo.
Voyons ce qui explique la contestation de la présence militaire française. Il est important de noter que la question de la démission d’Ibrahim Boubacar Keïta n’est qu’une goutte d’eau. Les populations maliennes, et de façon plus large africaines, espèrent à terme obtenir le départ sans conditions des bases militaires françaises et étrangères au Mali. Je voudrais vous rappeler que la France dispose de bases militaires au Mali, notamment à Gao avec un détachement d’à peu près 1000 personnes. A côté de cela, il y a également l’Union européenne, qui a une base militaire dans le pays. Ensuite, la question plus profonde de la présence française au Mali dépasse la seule sphère militaire. C’est également une question liée à une recolonisation politique et économique à travers l’appui diplomatique et politique de la France au régime d’Ibrahim Boubacar Keïta. Or ce régime a complètement échoué à offrir au peuple malien des perspectives dignes et heureuses.
Et surtout, nous remarquons au Mali une spoliation économique à travers des privatisations ruineuses qui profitent essentiellement aux multinationales françaises.
Je voudrais rappeler que l’aéroport de Bamako Sémou a été privatisé il y a quelques semaines à un groupe français du nom de J. Ce groupe détient de façon exclusive l’exploitation de l’aéroport du Mali. Et cet aéroport est un site extrêmement sensible, stratégique pour la souveraineté du pays depuis plusieurs décennies.
De surcroît, vous avez une forte présence des entreprises françaises dans le cadre des télécommunications, des banques, de la logistique, de la coopération militaire… Mentionnons cette présence dans le domaine des GSM, par exemple.
Donc, nous pouvons dire qu’aujourd’hui, nous assistons en fait, à travers la gouvernance d’Ibrahim Boubacar Keïta, à la deuxième mort du président Modibo Keïta qui, comme vous le savez, a été renversé en 1968 et a été empoisonné en 1977.
À travers la mobilisation, les populations maliennes exigeaient le départ d’Ibrahim Boubacar Keïta et plus largement de la Françafrique, dont il n’est qu’un agent local, un garçon de course. Nous observons essentiellement trois ou quatre raisons qui fondent la mobilisation des populations à la fois maliennes, mais aussi africaines, à exiger son départ. La première, c’est la trahison de la Constitution malienne . En 2013, il a été élu sur le slogan “Le Mali d’abord” et réélu en 2018, dans des conditions somme toute contestables. Mais, depuis ces deux élections, le président Ibrahim Boubacar Keïta n’a eu de cesse de parjurer la Constitution malienne, de la travestir et surtout, d’en violer les lois. Or cette Constitution, c’est le peuple malien qui se l’est librement donnée, et il était censé en être le garant.
Le second point, c’est sur le plan politique et militaire. Nous assistons à un génocide qui ne dit pas son nom au Mali, avec les assassinats quotidiens à la fois de civils maliens, mais surtout de militaires maliens. Ceux-ci sont tués par des forces dites terroristes, mais aussi par des forces étrangères, protégées par les Nations unies, qui dispose d’une base au Mali (la base de la Minusma). Il y a également les fameux rebelles touareg et certains terroristes djihadistes qui ont élu domicile au Mali. Je fais allusion au mouvement AQMI (Al-Qaida Maghreb Islamique). Vous avez le mouvement du MUJAO et certains mouvements terroristes dits de l’EI (Etat islamique).
Outre ces raisons liées aux parjures de la Constitution et aux assassinats, il y a le mépris du président vis-à-vis des souffrances du peuple malien sur le plan économique et social. Il faut en effet mentionner le pillage des ressources publiques dont son gouvernement et son fils Karim Keïta se sont rendus chaque jour responsables.
Toutes ces raisons nous poussent à exiger sa démission. Sur l’ensemble de ces différents points, la contestation de la présence militaire française n’est qu’un aspect d’une contestation beaucoup plus large : celle de la présence politique française depuis plus de 60 ans, qui n’a pas du tout cessé. Cette occupation coloniale de la France depuis 60 ans dans les Etats dits francophones a donné lieu à ce qu’on appelait la Françafrique. L’Afrique francophone reste le grand malade de l’Afrique et le Mali en est un prototype et une figure archétypale de l’échec des politiques dites « de cogestion », c’est-à-dire de cogestion néocoloniale entre le maître français et l’esclave africain francophone. Cet esclave est bien entendu symbolisé ici par la figure d’Ibrahim Boubacar Keïta, mais aussi d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, d’Ali Bongo Ondimba au Gabon, d’Idriss Déby Itno qui vient de se faire couronner maréchal au Tchad, de Patrice Talon au Bénin, d’Ismaël Omar Guelleh à Djibouti, de Faure Gnassingbé au Togo, de Paul Biya au Cameroun, de Macky Sall au Sénégal, de Denis Sassou-Nguesso au Congo-Brazzaville et le rôle également de Mahamadou Issoufou au Niger, qui a littéralement bradé son pays.
Voilà L’ensemble des raisons qui fondent aujourd’hui les contestations africaines contre la spoliation et la recolonisation de l’Afrique par la France.
Le chaos actuel en Libye déstabilise toute la région. En 2011, les Nations Unies et puis l’Otan sont intervenues dans ce pays. La France a joué un rôle déterminant dans ces interventions. Pourriez-vous nous expliquer ce qui s’y passe ?
La situation de la Libye est celle d’une invasion impérialiste qui a eu lieu en février 2011 à travers la résolution votée au niveau du Conseil de sécurité des Nations unies. Si je ne me trompe, c’est la résolution 1973. Cette résolution, inspirée par la France de Nicolas Sarkozy et sur la demande pressante d’un pseudo-philosophe, Bernard-Henri Lévy, a ouvert la voie à l’agression militaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, l’OTAN. A l’heure actuelle, de cette agression, on retient essentiellement trois ou quatre conséquences directes. La première conséquence a été la destruction totale de la Libye et l’assassinat du guide de la Jamahiriya arabe libyenne, Mouammar Kadhafi, le 1er octobre 2011 par les forces de l’OTAN et des milices islamistes. Ensuite, la seconde conséquence, c’est la spoliation de l’ensemble des richesses de la Libye par le gang de l’OTAN et des régimes fantoches arabes. Je voudrais citer en particulier l’Arabie saoudite et le Qatar dans cette spoliation économique et financière. Plus de 200 milliards de dollars des fonds libyens, présents essentiellement dans les banques occidentales (aux Etats-Unis, en Europe, en France, en Italie…) ont été volés C’est le plus grand casse qui ait jamais été perpétré contre un Etat souverain en matière d’avoirs financiers.
La troisième conséquence a été la disparition totale de la Libye de la carte africaine en tant qu’Etat.
Aujourd’hui, la Libye est essentiellement une sorte de terra incognita. Elle est essentiellement sous la coupe de deux gouvernements fantoches qui se partagent ses dépouilles en complicité avec le gang de l’impérialisme international.
Nous avons d’une part le gouvernement de Fayez al-Sarraj, qui gouverne essentiellement le territoire autour de Tripoli. Ce gouvernement-là est appelé le “gouvernement d’union nationale”, le GNA. Il contrôle essentiellement, comme je l’ai rappelé, Tripoli, la capitale, ainsi que les zones à l’impôt avec des milices partenaires.
Ces milices ont chassé les terroristes dits de l’organisation de l’Etat islamique dans certaines villes. Ces milices, avec le gouvernement de Fayez al-Sarraj, règnent sur Tripoli depuis la chute de Mouammar Kadhafi.
Ensuite, vous avez également l’Armée nationale de libération, qui est dirigée par un ancien proche de Kadhafi. Il s’appelle Khalifa Haftar. Il contrôle essentiellement les régions de l’est du pays où se situent les principaux gisements pétroliers ainsi que la ville de Benghazi, qui est le foyer contestataire à partir duquel l’OTAN et le Qatar ont organisé la déstabilisation de la Libye. Ce qui a ouvert la porte à une résolution des Nations Unies, la Résolution 1973 sur la fameuse responsabilité de protéger la population libyenne contre le régime de Mouammar Kadhafi, et de « prendre toutes mesures nécessaires, pour protéger les populations et les zones civiles menacées ». Tout cela s’est fait avec un mandat onusien qui a été outrepassé.
Ce mandat lui-même était une insulte parce qu’il était fondé sur des éléments somme toute contestables : les prétendus massacres attribués au régime de Kadhafi n’existaient pas. Les images qui ont été montrées ont été tournées dans les studios de la télévision qatarie Al-Jazira. Il s’agissait donc essentiellement de fake news, de manipulations. L’ensemble de cette opération a permis de justifier l’invasion de la Libye par l’OTAN.
Cependant, dans les faits, on peut distinguer deux ou trois raisons principales à cette invasion de la Libye. La première raison, c’est essentiellement une raison de politique intérieure. En ce qui concerne la France, Nicolas Sarkozy a précipité l’assassinat de Mouammar Kadhafi et la destruction de la Libye parce qu’il était sous le coup d’une inculpation en France sur le financement illicite de sa campagne avec des fonds libyens. Un certain nombre d’investigations menées par des journalistes du Monde et de Mediapart ont révélé que Nicolas Sarkozy a reçu des millions de dollars. On parle de plus de 60 millions de dollars reçus de la part de Kadhafi pour financer sa campagne de 2007. La deuxième raison de l’invasion et de l’assassinat du guide de la Jamahiriya arabe libyenne Mouammar Kadhafi, c’est que l’OTAN n’a eu de cesse de lui déclarer depuis au moins 30-40 ans une guerre perpétuelle. Vous savez que le guide libyen a pris le pouvoir le 1er novembre 1969, en renversant le roi Idriss Ier, qui avait été installé au pouvoir par l’Empire ottoman et qui jouissait d’un soutien des puissances impérialistes. Il a été renversé en 1969 sans effusion de sang par le colonel Kadhafi et certains de ses proches, essentiellement des jeunes officiers. Ces jeunes officiers se sont inspirés des travaux et du modèle de Gamal Abdel Nasser, en Égypte, qui prit également le pouvoir quelques années plus tôt, avec des jeunes officiers, en renversant la monarchie égyptienne.
La politique de Kadhafi était essentiellement une politique tiers-mondiste, une politique internationaliste, une politique de souveraineté du peuple libyen et de contrôle des richesses libyennes pour le bien de ce peuple.
Par tourtaux-jacques Le 25/09/2020
Le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta a provoqué une onde de choc au Mali et a soulevé de nombreuses interrogations sur la scène internationale. Représentant en Europe du Conseil Panafricain et analyste politique, Olivier Dossou nous éclaire sur ces manifestations populaires qui ont conduit au coup d’État mené par des soldats. « À travers la mobilisation, les populations maliennes exigeaient le départ d’Ibrahim Boubacar Keïta et plus largement de la Françafrique, dont il n’est qu’un agent local, un garçon de course », souligne Olivier Dossou. Il fait également le point sur la situation en Libye où la guerre de l’Otan a eu des répercussions sur le reste de l’Afrique. (IGA)
Pouvez-vous nous expliquer brièvement les revendications des mobilisations populaires qui ont conduit au renversement du gouvernement malien ? Pouvez-vous expliquer le lien avec la présence militaire française ?
Les mobilisations au Mali dénonçaient et continuent de dénoncer la gouvernance oligarchique et ploutocratique du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et voulaient obtenir sa démission.
Ce sont des revendications qui dépassent le Mali. Elles concernent l’Afrique francophone de façon plus large, y compris la Guinée Bissau, avec la gouvernance erratique de M. Oumaro Sissoco Embalo.
Voyons ce qui explique la contestation de la présence militaire française. Il est important de noter que la question de la démission d’Ibrahim Boubacar Keïta n’est qu’une goutte d’eau. Les populations maliennes, et de façon plus large africaines, espèrent à terme obtenir le départ sans conditions des bases militaires françaises et étrangères au Mali. Je voudrais vous rappeler que la France dispose de bases militaires au Mali, notamment à Gao avec un détachement d’à peu près 1000 personnes. A côté de cela, il y a également l’Union européenne, qui a une base militaire dans le pays. Ensuite, la question plus profonde de la présence française au Mali dépasse la seule sphère militaire. C’est également une question liée à une recolonisation politique et économique à travers l’appui diplomatique et politique de la France au régime d’Ibrahim Boubacar Keïta. Or ce régime a complètement échoué à offrir au peuple malien des perspectives dignes et heureuses.
Et surtout, nous remarquons au Mali une spoliation économique à travers des privatisations ruineuses qui profitent essentiellement aux multinationales françaises.
Je voudrais rappeler que l’aéroport de Bamako Sémou a été privatisé il y a quelques semaines à un groupe français du nom de J. Ce groupe détient de façon exclusive l’exploitation de l’aéroport du Mali. Et cet aéroport est un site extrêmement sensible, stratégique pour la souveraineté du pays depuis plusieurs décennies.
De surcroît, vous avez une forte présence des entreprises françaises dans le cadre des télécommunications, des banques, de la logistique, de la coopération militaire… Mentionnons cette présence dans le domaine des GSM, par exemple.
Donc, nous pouvons dire qu’aujourd’hui, nous assistons en fait, à travers la gouvernance d’Ibrahim Boubacar Keïta, à la deuxième mort du président Modibo Keïta qui, comme vous le savez, a été renversé en 1968 et a été empoisonné en 1977.
À travers la mobilisation, les populations maliennes exigeaient le départ d’Ibrahim Boubacar Keïta et plus largement de la Françafrique, dont il n’est qu’un agent local, un garçon de course. Nous observons essentiellement trois ou quatre raisons qui fondent la mobilisation des populations à la fois maliennes, mais aussi africaines, à exiger son départ. La première, c’est la trahison de la Constitution malienne . En 2013, il a été élu sur le slogan “Le Mali d’abord” et réélu en 2018, dans des conditions somme toute contestables. Mais, depuis ces deux élections, le président Ibrahim Boubacar Keïta n’a eu de cesse de parjurer la Constitution malienne, de la travestir et surtout, d’en violer les lois. Or cette Constitution, c’est le peuple malien qui se l’est librement donnée, et il était censé en être le garant.
Le second point, c’est sur le plan politique et militaire. Nous assistons à un génocide qui ne dit pas son nom au Mali, avec les assassinats quotidiens à la fois de civils maliens, mais surtout de militaires maliens. Ceux-ci sont tués par des forces dites terroristes, mais aussi par des forces étrangères, protégées par les Nations unies, qui dispose d’une base au Mali (la base de la Minusma). Il y a également les fameux rebelles touareg et certains terroristes djihadistes qui ont élu domicile au Mali. Je fais allusion au mouvement AQMI (Al-Qaida Maghreb Islamique). Vous avez le mouvement du MUJAO et certains mouvements terroristes dits de l’EI (Etat islamique).
Outre ces raisons liées aux parjures de la Constitution et aux assassinats, il y a le mépris du président vis-à-vis des souffrances du peuple malien sur le plan économique et social. Il faut en effet mentionner le pillage des ressources publiques dont son gouvernement et son fils Karim Keïta se sont rendus chaque jour responsables.
Toutes ces raisons nous poussent à exiger sa démission. Sur l’ensemble de ces différents points, la contestation de la présence militaire française n’est qu’un aspect d’une contestation beaucoup plus large : celle de la présence politique française depuis plus de 60 ans, qui n’a pas du tout cessé. Cette occupation coloniale de la France depuis 60 ans dans les Etats dits francophones a donné lieu à ce qu’on appelait la Françafrique. L’Afrique francophone reste le grand malade de l’Afrique et le Mali en est un prototype et une figure archétypale de l’échec des politiques dites « de cogestion », c’est-à-dire de cogestion néocoloniale entre le maître français et l’esclave africain francophone. Cet esclave est bien entendu symbolisé ici par la figure d’Ibrahim Boubacar Keïta, mais aussi d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, d’Ali Bongo Ondimba au Gabon, d’Idriss Déby Itno qui vient de se faire couronner maréchal au Tchad, de Patrice Talon au Bénin, d’Ismaël Omar Guelleh à Djibouti, de Faure Gnassingbé au Togo, de Paul Biya au Cameroun, de Macky Sall au Sénégal, de Denis Sassou-Nguesso au Congo-Brazzaville et le rôle également de Mahamadou Issoufou au Niger, qui a littéralement bradé son pays.
Voilà L’ensemble des raisons qui fondent aujourd’hui les contestations africaines contre la spoliation et la recolonisation de l’Afrique par la France.
Le chaos actuel en Libye déstabilise toute la région. En 2011, les Nations Unies et puis l’Otan sont intervenues dans ce pays. La France a joué un rôle déterminant dans ces interventions. Pourriez-vous nous expliquer ce qui s’y passe ?
La situation de la Libye est celle d’une invasion impérialiste qui a eu lieu en février 2011 à travers la résolution votée au niveau du Conseil de sécurité des Nations unies. Si je ne me trompe, c’est la résolution 1973. Cette résolution, inspirée par la France de Nicolas Sarkozy et sur la demande pressante d’un pseudo-philosophe, Bernard-Henri Lévy, a ouvert la voie à l’agression militaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, l’OTAN. A l’heure actuelle, de cette agression, on retient essentiellement trois ou quatre conséquences directes. La première conséquence a été la destruction totale de la Libye et l’assassinat du guide de la Jamahiriya arabe libyenne, Mouammar Kadhafi, le 1er octobre 2011 par les forces de l’OTAN et des milices islamistes. Ensuite, la seconde conséquence, c’est la spoliation de l’ensemble des richesses de la Libye par le gang de l’OTAN et des régimes fantoches arabes. Je voudrais citer en particulier l’Arabie saoudite et le Qatar dans cette spoliation économique et financière. Plus de 200 milliards de dollars des fonds libyens, présents essentiellement dans les banques occidentales (aux Etats-Unis, en Europe, en France, en Italie…) ont été volés C’est le plus grand casse qui ait jamais été perpétré contre un Etat souverain en matière d’avoirs financiers.
La troisième conséquence a été la disparition totale de la Libye de la carte africaine en tant qu’Etat.
Aujourd’hui, la Libye est essentiellement une sorte de terra incognita. Elle est essentiellement sous la coupe de deux gouvernements fantoches qui se partagent ses dépouilles en complicité avec le gang de l’impérialisme international.
Nous avons d’une part le gouvernement de Fayez al-Sarraj, qui gouverne essentiellement le territoire autour de Tripoli. Ce gouvernement-là est appelé le “gouvernement d’union nationale”, le GNA. Il contrôle essentiellement, comme je l’ai rappelé, Tripoli, la capitale, ainsi que les zones à l’impôt avec des milices partenaires.
Ces milices ont chassé les terroristes dits de l’organisation de l’Etat islamique dans certaines villes. Ces milices, avec le gouvernement de Fayez al-Sarraj, règnent sur Tripoli depuis la chute de Mouammar Kadhafi.
Ensuite, vous avez également l’Armée nationale de libération, qui est dirigée par un ancien proche de Kadhafi. Il s’appelle Khalifa Haftar. Il contrôle essentiellement les régions de l’est du pays où se situent les principaux gisements pétroliers ainsi que la ville de Benghazi, qui est le foyer contestataire à partir duquel l’OTAN et le Qatar ont organisé la déstabilisation de la Libye. Ce qui a ouvert la porte à une résolution des Nations Unies, la Résolution 1973 sur la fameuse responsabilité de protéger la population libyenne contre le régime de Mouammar Kadhafi, et de « prendre toutes mesures nécessaires, pour protéger les populations et les zones civiles menacées ». Tout cela s’est fait avec un mandat onusien qui a été outrepassé.
Ce mandat lui-même était une insulte parce qu’il était fondé sur des éléments somme toute contestables : les prétendus massacres attribués au régime de Kadhafi n’existaient pas. Les images qui ont été montrées ont été tournées dans les studios de la télévision qatarie Al-Jazira. Il s’agissait donc essentiellement de fake news, de manipulations. L’ensemble de cette opération a permis de justifier l’invasion de la Libye par l’OTAN.
Cependant, dans les faits, on peut distinguer deux ou trois raisons principales à cette invasion de la Libye. La première raison, c’est essentiellement une raison de politique intérieure. En ce qui concerne la France, Nicolas Sarkozy a précipité l’assassinat de Mouammar Kadhafi et la destruction de la Libye parce qu’il était sous le coup d’une inculpation en France sur le financement illicite de sa campagne avec des fonds libyens. Un certain nombre d’investigations menées par des journalistes du Monde et de Mediapart ont révélé que Nicolas Sarkozy a reçu des millions de dollars. On parle de plus de 60 millions de dollars reçus de la part de Kadhafi pour financer sa campagne de 2007. La deuxième raison de l’invasion et de l’assassinat du guide de la Jamahiriya arabe libyenne Mouammar Kadhafi, c’est que l’OTAN n’a eu de cesse de lui déclarer depuis au moins 30-40 ans une guerre perpétuelle. Vous savez que le guide libyen a pris le pouvoir le 1er novembre 1969, en renversant le roi Idriss Ier, qui avait été installé au pouvoir par l’Empire ottoman et qui jouissait d’un soutien des puissances impérialistes. Il a été renversé en 1969 sans effusion de sang par le colonel Kadhafi et certains de ses proches, essentiellement des jeunes officiers. Ces jeunes officiers se sont inspirés des travaux et du modèle de Gamal Abdel Nasser, en Égypte, qui prit également le pouvoir quelques années plus tôt, avec des jeunes officiers, en renversant la monarchie égyptienne.
La politique de Kadhafi était essentiellement une politique tiers-mondiste, une politique internationaliste, une politique de souveraineté du peuple libyen et de contrôle des richesses libyennes pour le bien de ce peuple.
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