Les envois de la diaspora n’ont baissé que de 3% sur les sept premiers mois de l’année. Une résistance inattendue qui déjoue tous les pronostics, même ceux du gouvernement qui table sur une baisse de 20% en 2020. Comment s’explique cette surprenante tendance ? Réponses.
C’est la seule bonne nouvelle en matière d'échanges extérieurs du Maroc, qu’apportent les statistiques de l’Office des changes à fin juillet. Pendant que toutes les sources de devises du pays s’écroulent, avec des baisses à deux chiffres, les transferts des MRE arrivent à limiter leur baisse à 3%.
Au vu du contexte de crise qui frappe le monde, l’Europe en particulier, ceci est une grande performance. Les MRE ont (jusque-là) déjoué tous les pronostics y compris les plus optimistes, comme ceux du gouvernement qui prévoit dans sa loi de finances rectificative une baisse de 20% en 2020.
Dans une étude produite en avril, au tout début de la crise, CDG Capital tablait elle sur une chute de 30% sur l’année 2020. Un scénario catastrophe qui ne se réalisera peut être pas au vu de la tendance sur les sept premiers mois de l’année.
Comment s’explique cette résistance face à la crise ? Comment des millions de Marocains vivant essentiellement dans des pays où la crise fait des ravages continuent d’envoyer de l’argent au pays, malgré la récession, les pertes massives d’emplois, les baisses de revenus…
Au Maroc, plusieurs sources contactées par Médias24 (économistes et banquiers) se disent d’abord agréablement surprises par cette tendance qu’elles expliquent toutes par « le grand sens de solidarité qui règne entre les Marocains du Monde et leur pays ». Une réponse valable, mais qui n’explique pas tout.
Iñigo Moré, enseignant à Berkley et fondateur de REMESAS.ORG qui suit l’évolution des transferts de d’argent dans le monde, a lui bien étudié la question. Et nous apporte des réponses qui expliquent bien ce phénomène inattendu.
Un effet de rattrapage de la crise de l’offre
Pour lui, ce chiffre à fin juillet n’est pas du tout surprenant. Les statistiques du mois d’août seront encore plus positives, nous dit-il.
La raison est toute simple selon lui, et il suffit d’analyser l’évolution des transferts vers le Maroc mois par mois depuis le début de l’année pour bien comprendre les choses.
Selon lui, il y a eu deux phases bien distinctes : celle du confinement en Europe et celle de l’après confinement.
« En mars et avril, les transferts des MRE ont connu une forte chute. Mais ce n’est pas en raison d’une crise de la demande (envie des MRE de transférer de l’argent, ndlr), mais essentiellement à cause de la fermeture des centres de transfert d’argent décidée par les autorités des pays européens. Il était donc tout simplement difficile de transférer de l’argent. Je parle des réseaux de proximité qui ont pratiquement tous fermé, et c’est justement là où l’essentiel des transferts d’argent se fait », explique-t-il.
Mais dès la réouverture de ces réseaux, les transferts sont repartis à la hausse. Les chiffres de l’Office des changes reflètent bien cette inflexion.
Après une quasi-stagnation en janvier et février (comme en 2018 et en 2019), les transferts des MRE ont chuté de 14,6% en mars, puis de 8,5% en avril. Le bulletin de l’Office des changes du mois d’avril signalait alors que c’était le niveau le plus bas en termes de volume sur les trois dernières années… Ces deux mois correspondaient à la période où l’ensemble des pays européens (France, Italie, Espagne…) était en confinement total. Les fortes baisses sont donc la conséquence de la fermeture des réseaux de transfert. Ce que M. Moré appelle « la crise de l’offre ».
Car à partir de mai, quand ces pays ont commencé à déconfiner l’activité économique, la tendance des transferts des MRE a connu une grande inflexion. D’abord en mai où la baisse a été limitée à -1,6%, puis à partir de juin où les transferts ont carrément repris le chemin de la croissance, avec des progressions à deux chiffres : +21,8% en juin et +14,2% en juillet. Résultat des courses : la baisse enclenchée à partir de mars a été réduite à 3% à fin juillet.
Medias24
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C’est la seule bonne nouvelle en matière d'échanges extérieurs du Maroc, qu’apportent les statistiques de l’Office des changes à fin juillet. Pendant que toutes les sources de devises du pays s’écroulent, avec des baisses à deux chiffres, les transferts des MRE arrivent à limiter leur baisse à 3%.
Au vu du contexte de crise qui frappe le monde, l’Europe en particulier, ceci est une grande performance. Les MRE ont (jusque-là) déjoué tous les pronostics y compris les plus optimistes, comme ceux du gouvernement qui prévoit dans sa loi de finances rectificative une baisse de 20% en 2020.
Dans une étude produite en avril, au tout début de la crise, CDG Capital tablait elle sur une chute de 30% sur l’année 2020. Un scénario catastrophe qui ne se réalisera peut être pas au vu de la tendance sur les sept premiers mois de l’année.
Comment s’explique cette résistance face à la crise ? Comment des millions de Marocains vivant essentiellement dans des pays où la crise fait des ravages continuent d’envoyer de l’argent au pays, malgré la récession, les pertes massives d’emplois, les baisses de revenus…
Au Maroc, plusieurs sources contactées par Médias24 (économistes et banquiers) se disent d’abord agréablement surprises par cette tendance qu’elles expliquent toutes par « le grand sens de solidarité qui règne entre les Marocains du Monde et leur pays ». Une réponse valable, mais qui n’explique pas tout.
Iñigo Moré, enseignant à Berkley et fondateur de REMESAS.ORG qui suit l’évolution des transferts de d’argent dans le monde, a lui bien étudié la question. Et nous apporte des réponses qui expliquent bien ce phénomène inattendu.
Un effet de rattrapage de la crise de l’offre
Pour lui, ce chiffre à fin juillet n’est pas du tout surprenant. Les statistiques du mois d’août seront encore plus positives, nous dit-il.
La raison est toute simple selon lui, et il suffit d’analyser l’évolution des transferts vers le Maroc mois par mois depuis le début de l’année pour bien comprendre les choses.
Selon lui, il y a eu deux phases bien distinctes : celle du confinement en Europe et celle de l’après confinement.
« En mars et avril, les transferts des MRE ont connu une forte chute. Mais ce n’est pas en raison d’une crise de la demande (envie des MRE de transférer de l’argent, ndlr), mais essentiellement à cause de la fermeture des centres de transfert d’argent décidée par les autorités des pays européens. Il était donc tout simplement difficile de transférer de l’argent. Je parle des réseaux de proximité qui ont pratiquement tous fermé, et c’est justement là où l’essentiel des transferts d’argent se fait », explique-t-il.
Mais dès la réouverture de ces réseaux, les transferts sont repartis à la hausse. Les chiffres de l’Office des changes reflètent bien cette inflexion.
Après une quasi-stagnation en janvier et février (comme en 2018 et en 2019), les transferts des MRE ont chuté de 14,6% en mars, puis de 8,5% en avril. Le bulletin de l’Office des changes du mois d’avril signalait alors que c’était le niveau le plus bas en termes de volume sur les trois dernières années… Ces deux mois correspondaient à la période où l’ensemble des pays européens (France, Italie, Espagne…) était en confinement total. Les fortes baisses sont donc la conséquence de la fermeture des réseaux de transfert. Ce que M. Moré appelle « la crise de l’offre ».
Car à partir de mai, quand ces pays ont commencé à déconfiner l’activité économique, la tendance des transferts des MRE a connu une grande inflexion. D’abord en mai où la baisse a été limitée à -1,6%, puis à partir de juin où les transferts ont carrément repris le chemin de la croissance, avec des progressions à deux chiffres : +21,8% en juin et +14,2% en juillet. Résultat des courses : la baisse enclenchée à partir de mars a été réduite à 3% à fin juillet.
Medias24
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