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L'Etat veut-il tuer Internet en France ?

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  • L'Etat veut-il tuer Internet en France ?

    Discrètement, en marge de la campagne, le gouvernement prépare un décret qui, s'il était appliqué, tuerait l'Internet "made in France". En effet, sous prétexte de surveiller au plus près les internautes, un décret d'application de la loi sur la confiance dans l'économie numérique du 21 juin 2004, exige que les éditeurs de sites, les hébergeurs, les opérateurs de téléphonie fixe et mobile et les fournisseurs d'accès à Internet, conservent toutes les traces des internautes et des abonnés au mobile, pour les délivrer à la police judiciaire ou à l'Etat, sur simple demande.

    Au-delà du coût incroyable que cette conservation représenterait, cette mesure ne pourrait que déclencher une défiance immédiate des Français à l'égard de leur téléphone mobile ou fixe, comme à l'égard des acteurs français d'Internet, assassinant instantanément l'économie numérique française, pourtant décrite comme stratégique par nos chers candidats.

    Le décret en préparation exprime le fantasme "Big Brother" : tout savoir sur tout et tous, même l'impossible. Selon ce texte, les opérateurs téléphoniques, les fournisseurs d'accès à Internet, les hébergeurs et les responsables de services en ligne (sites Web, blogs, etc.), devraient conserver pendant un an à leurs frais toutes les coordonnées et traces invisibles que laissent les utilisateurs lors d'un abonnement téléphonique ou à Internet, lors de leurs déplacements avec un téléphone allumé, lors de chaque appel ou de chaque connexion à Internet, de chaque diffusion ou consultation sur le Web d'un article, d'une photo, d'une vidéo, ou lors de chaque contribution à un blog.

    En substance, devraient être conservés les mots de passe, "pseudos", codes d'accès confidentiels et autres identifiants, numéros de carte bancaire, détails de paiement, numéros de téléphone, adresses e-mail, adresses postales, le numéro de l'ordinateur ou du téléphone utilisé, le moyen d'accès à un réseau, les date et heure d'appel, de connexion et de chacune de leurs consultations ou contributions sur un site Internet.

    A tant vouloir être exhaustif, le texte imposerait d'identifier quiconque, en France, aura mis en ligne, modifié ou supprimé une virgule dans son blog, un "chat", ou sur le Web. Techniquement, on peut, certes, tenter de savoir qui s'est connecté à un site et constater sur Internet ce qu'il diffuse à un instant donné.

    Mais en cherchant à conserver la trace de la publication d'un contenu qui aura, par la suite, été retiré, le texte impose de facto de mémoriser systématiquement tout ce qui est mis en ligne, modifié et supprimé sur "l'Internet français". De l'avis unanime des spécialistes, c'est économiquement et techniquement impossible. Même les Etats-Unis de George W. Bush et leur "Patriot Act" post-11-Septembre n'ont jamais envisagé pareille conservation ou réglementation, qui soulèverait sans doute l'opinion publique américaine d'aujourd'hui, mais s'opère sans bruit en France.

    Le coût, aussi bien pénal qu'économique, d'un tel dispositif serait colossal pour la France. En cas de résistance, ou juste de passivité, la sanction encourue est lourde : les fournisseurs d'accès à Internet ou les sites Internet français qui ne conserveraient pas toutes ces données seront passibles de 375 000 euros d'amende et leurs dirigeants, d'un an d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende, sans compter la fermeture de l'entreprise, l'interdiction d'exercer une activité commerciale, etc.

    Lors d'une réunion organisée en catimini le 8 mars 2007 par les ministères de l'intérieur et des finances - le ministère de la justice jouait, une nouvelle fois, les absents -, certains professionnels ont fait valoir, notamment, que cette conservation leur coûterait très cher en stockage informatique et en moyens humains. De plusieurs dizaines de milliers à plusieurs millions d'euros par an de perte nette.

    Pourtant, la plupart des sites Web, les Web radios, les blogs, la vidéo à la demande ou mobile, sont encore en quête d'un modèle économique pérenne. Déjà insécurisée par la complexité des enjeux de propriété intellectuelle, l'économie numérique de demain - celle du contenu et pas seulement de l'accès - serait encore fragilisée par une telle surenchère réglementaire franco-française.

    En imposant aux entreprises françaises d'être des auxiliaires de justice ou des "indics", l'Etat fragilise tout un pan de l'économie de demain et de la démocratie d'aujourd'hui, en favorisant qui plus est, la domination déjà outrancière des grands acteurs internationaux de l'Internet, qui ne seront pas impactés à l'étranger. Jusqu'alors, seuls les fournisseurs français d'accès à l'Internet et hébergeurs étaient soumis à cette exigence et l'Etat, qui avait promis des compensations financières aux coûts induits par une surveillance des moindres faits et gestes de leurs clients, met tant de mauvaise grâce à s'acquitter des indemnités dues que certains d'entre eux ont renoncé à en réclamer le règlement, préférant envisager la délocalisation pure et simple de leurs activités...

    Ces menaces proférées par quelques poids lourds de l'Internet en France font sourire Bercy, qui semble n'avoir pas encore compris qu'Internet est un réseau mondial dont de nombreux prestataires peuvent s'établir et payer leurs impôts presque où bon leur semble.

    Il reste que la confusion des genres est totale. Toutes les données conservées seraient accessibles à la police administrative (RG, DST, etc.) comme à la police judiciaire, pendant un an. Les réquisitions administratives pour la "prévention du terrorisme" seraient également conservées un an dans des fichiers tenus par les ministères de l'intérieur et de la défense. Les réponses à ces mêmes réquisitions - nos traces, donc - seraient, pour leur part, conservées pendant trois ans supplémentaires et communicables à la police judiciaire.

    Ainsi, des données récoltées sur la base de requêtes administratives initialement motivées par la prévention du terrorisme pourraient se retrouver dans le dossier d'un juge d'instruction en charge d'une affaire de droit à l'image, de diffamation ou de contrefaçon, par exemple, sans que les personnes mises en cause par des traces informatiques vieilles de 4 ans, puissent connaître - ni contester - l'origine ou la pertinence de ces données, ni le contexte dans lequel elles avaient été recueillies, en dehors de toute procédure judiciaire, sans magistrat ni contradictoire, quatre ans auparavant.
    ° • ÅЖѓηΣ •°

  • #2
    la loi en elle même est déjà pas mal liberticide, alors si en plus ils mettent en place un décret d'application, ça fait beaucoup. je me demande si c'est de cette manière que le gouvernement compte règler les problèmes de sécurité en France.
    j'aimerais bien savoir si d'autres pays ont des législations aussi poussées en la matière.

    ceci dit j'avais lu, mais je ne sais pas ce qu'il en est depuis, que c'était le journal le Monde qui avait sortie l'info, mais que pour le moment le gouvernement n'avait ni confirmé, ni infirmé l'existence du décret, qu'il avait juste dit qu'il y avait effectivement des travaux ministèriels sur la question.
    ne dépense pas deux mots, si un seul te suffit.

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    • #3
      L'Etat veut-il tuer Internet en France ?

      L'état Algerien devrait prendre exemple sur la france en matière de controle . Les hebergeurs et les "sites intrus" doivent être surveiller de près . Pour ce qui est de l'interdiction, c'est autre chose. Ca ne devrait s'appliquer seulement que pour" les sites contre facons et vulgaire".

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      • #4
        Un contrôle ne survient pas sans interdiction. Et surtout pas pour un état comme l'Algérie.

        La France a une tendance au copiage depuis quelques années. Elle s'américanise de plus en plus, et cela dans des domaines divers et variés. Nous n'avons pas entendu parler de "modèle français" depuis fort longtemps (mis à part en cuisine). Même les fameux chars se sont fait détrôner.

        Mais pour revenir aux problème d'Internet, je trouve la France assez restrictive comme ça, voire excessive dans le cadre des téléchargements et des sanctions s'y rapportant.
        ° • ÅЖѓηΣ •°

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        • #5
          Elle s'américanise de plus en plus, et cela dans des domaines divers et variés

          et ça si c'est Sarkozy qui passe ça ne risque pas de s'arranger, vu l'admiration qu'il a pour le système américain.

          pour ce qui est du téléchargement, ça me fait penser à l'histoire des internautes il y a quelques semaines, qui avaient reçus chez eux une lettre de mise en demeure pour avoir télécharger le jeu "call of juarez", ils étaient menacés de sanction pouvant aller jusqu'à 3 ans de prison et 300 000 euros d'amende pour contrefaçon ou alors on leur avait proposé un réglement amiable pas de poursuite contre 400 euros et un engagement par écrit de ne plus recommencer....
          et justement certains disaient que ce type de méthode était courante aux USA.
          enfin, ça doit faire bizarre de recevoir ce type de courrier chez soi, surtout quand on télécharge une fois l'an
          ne dépense pas deux mots, si un seul te suffit.

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