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Lettre ouverte à Monsieur Hamrouche, chef du gouvernement de la République algérienne de 1989 à 1991

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  • Lettre ouverte à Monsieur Hamrouche, chef du gouvernement de la République algérienne de 1989 à 1991

    05 octobre 2020 à 10 h 22 min El Watan


    Monsieur le Premier ministre,


    Nous souhaitons répondre à votre tribune intitulée «Hiatus, méprises et augures», parue dans le journal El Watan du 24 septembre 2020, car nous estimons que dans la situation de blocage actuelle que connaît l’Algérie, la contribution d’un chef de gouvernement qui était en responsabilité durant la période d’ouverture démocratique peut véritablement être utile à ce pays et à ses citoyens.
    Selon vous, «un peuple proclame sa souveraineté, clame sa détermination à choisir librement l’idéal qui le guide, la loi qui le gouverne et à élire ses dirigeants».


    C’est précisément ce qu’ont réalisé des milliers d’Algériens en sortant massivement dans les rues le 22 février 2019 : proclamer la souveraineté du peuple. Or, à ce jour, ils sont toujours empêchés de choisir la loi qui les gouverne ou d’élire leurs dirigeants.
    Il existe aujourd’hui une volonté affirmée du peuple algérien d’institutionnaliser la gouvernance et les pouvoirs, d’enterrer à jamais le culte de la personnalité – il n’est point d’homme providentiel ! –, de ne plus subir la désignation anticonstitutionnelle d’un président de la République par une caste de hauts gradés de l’institution militaire. Car, «là où il y a un exercice non institutionnalisé de l’autorité, qu’elle soit proclamée historique, légitime ou pas, justifiée ou pas, acceptée ou pas, il n’y a pas forcément de souveraineté et d’Etat», écrivez-vous.

    M. le Premier ministre, mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur de ce pays. Nous attendons de vous et de tous les responsables politiques intègres que compte encore ce pays, qu’ils nomment clairement le mal. C’est à cette seule condition que nous trouverons collectivement le remède.


    Comme vous le dites si justement, notre peuple a besoin d’une Constitution qui lui permettra «de défendre ses libertés, garantir sa souveraineté et assurer sa sécurité et son droit d’exister». Or, pensez-vous,
    M. le Premier ministre, qu’une Constitution préparée à la va-vite, en chambre, sans aucun engagement ou participation du peuple, ait la moindre chance d’être reconnue, adoptée et défendue dans les années à venir ?


    Vous semblez également vouloir mettre l’élite de notre nation face à ses responsabilités car il incombe, dites-vous, «aux élites d’inventer des règles et d’engager des processus politiques pour pouvoir gouverner le peuple et son espace, édifier une société de droit et de libertés». N’appartient-il pas justement aux détenteurs actuels du pouvoir de préparer l’environnement pour qu’un tel effort soit possible ? Or, les arrestations, la répression, les décisions bâclées d’une justice aux ordres conduisent en réalité à envenimer le climat politique et social et empêchent nos élites de s’exprimer librement.


    M. le Premier ministre, vous avez eu un élan de franchise et d’honnêteté historique lorsque vous vous êtes adressé directement aux militants qui se sont présentés chez vous pour solliciter votre candidature à l’élection présidentielle. Vous avez alors clairement expliqué que dans les conditions actuelles, un président même élu majoritairement aurait du mal à gouverner et serait empêché par une oligarchie de prendre des décisions courageuses et nécessaires pour notre pays. C’est de cette franchise et honnêteté dont l’Algérie a besoin aujourd’hui.
    Nous pensons sincèrement, M. le Premier ministre, que vous avez le devoir envers la nation et le peuple algérien de dire l’entière vérité et d’aller au-delà des constats pour proposer des solutions. Aussi accablant que soit l’état de notre pays, notre peuple glorieux saura y faire face et à partir de là, nous pourrons commencer à reconstruire ensemble une Algérie nouvelle. Le 22 février nous a donné cette chance, ne la gaspillons pas !

    L’heure est urgente et grave M. le Premier ministre, car la situation de vide politique et organisationnel que vous évoquez dans votre tribune risque de nous engloutir tous et d’obérer pour longtemps l’avenir de notre pays et celui d’une jeunesse ambitieuse et conquérante, qui reste fidèle aux idéaux de la Révolution de novembre 54.


    FreeAlgeria, le 26 septembre 2020

    Liste des signataires
    – Malika Benarab-Attou, Collectif de soutien lyonnais au peuple algérien (CSLPA)
    – Faïza Bounetta, DZ United (USA)
    – Noël Boussaha, Debout l’Algérie, Angoulême
    – Djamal Limane, Collectif des Algériens de Nice
    – Youssef Loldj, DZ United (USA)
    – Faïza Menaï, Collectif Debout l’Algérie (CDLA)
    – Nadia Mezhoud, CSLPA
    – Selima Saâdi, Debout l’Algérie, Lorraine
    – Salim Salah, CSLPA
    – Nadia Salem, CDLA
    – Majid Saraoui, CDLA




    El Watan
    Dernière modification par sako, 05 octobre 2020, 10h48.
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