Le jeu trouble des agences de notation
Après la sortie internationale du maroc, S&P révise à la baisse la note de sa dette
5 Octobre 2020 par Marouane Kabbaj
C’est un revirement louche. Quelle serait la situation si Standard & Poor’s avait avancé sa notation négative avant le 24 septembre, date de l’emprunt obligataire par le Maroc de 1 milliard d’euros? N’a-t-on pas vécu un changement de notation quelque temps avant la sortie à l’international de novembre 2019?
“Le Royaume du Maroc a émis, le 24 septembre 2020, un emprunt obligataire sur le marché financier international de 1 milliard d’euros en deux tranches de 500 millions d’euros chacune… Cette émission (…) a connu un franc succès auprès des investisseurs internationaux (…).
Ce succès confirme la confiance dont jouit le Maroc auprès des investisseurs obligataires internationaux et des agences de notation”, voici en substance la communication du ministère des Finances suite à cette sortie à l’international.
Huit jours après, le 2 octobre plus précisément, l’une des principales et plus grandes agences de notation américaines, Standard & Poor’s, révise la perspective de la cote de crédit souverain du Maroc de stable à négative et confirme la note de la dette à BBB-.
L’agence a indiqué que le principal motif de la revue à la baisse, c’est que le budget marocain et la situation extérieure vont se détériorer sensiblement plus que prévu en raison des graves répercussions économiques du coronavirus. Ce revirement est, le moins que l’on puisse dire, louche. Tout le monde sait que les investisseurs se basent sur les notations pour investir dans des dettes souveraines. Quelle serait la situation si Standard & Poor’s avait avancé sa notation négative avant le 24 septembre? Le résultat serait-il le même? N’a-t-on pas vécu un changement de notation quelque temps avant la sortie à l’international de novembre 2019?
Marché en dépression
Quelques semaines avant la sortie sur le marché international de l’euro le 21 novembre 2019, couronnée par l’emprunt obligataire de 1 milliard d’euros avec un taux d’intérêt de 1,5%, les agences de notation S&P, Moody’s et Fitch ont passé la perspective de la note souveraine du Maroc de négative à stable. Le ministère des Finances avait crié victoire au moment où la France, durant la même période, avait emprunté 10,14 milliards d’euros à des taux historiquement bas (-0,03% sur 15 ans et -0,36% sur 10 ans). Toutes proportions gardées, la comparaison a lieu d’être sur un marché en dépression empruntant à taux négatifs et dont les économies tournent au ralenti.
Mais l’intriguant, c’est le changement de notation en peu de temps. Les agences américaines avaient encensé le Maroc vers la fin de l’année 2019, changeant de notation négative par rapport au début de l’année 2019 et à fin 2018. Au moment où d’autres agences et publications bien cotées ont toujours critiqué ces notations. C’est le cas de Euromoney, qui estime que le Royaume ne méritait pas forcément la note BBB- stable. La publication estime que le pays connaît un déficit budgétaire persistant et un endettement important sans compter des risques politiques qui ne peuvent être ignorés. Un constat qui nourrit des doutes.
Après la sortie internationale du maroc, S&P révise à la baisse la note de sa dette
5 Octobre 2020 par Marouane Kabbaj
C’est un revirement louche. Quelle serait la situation si Standard & Poor’s avait avancé sa notation négative avant le 24 septembre, date de l’emprunt obligataire par le Maroc de 1 milliard d’euros? N’a-t-on pas vécu un changement de notation quelque temps avant la sortie à l’international de novembre 2019?
“Le Royaume du Maroc a émis, le 24 septembre 2020, un emprunt obligataire sur le marché financier international de 1 milliard d’euros en deux tranches de 500 millions d’euros chacune… Cette émission (…) a connu un franc succès auprès des investisseurs internationaux (…).
Ce succès confirme la confiance dont jouit le Maroc auprès des investisseurs obligataires internationaux et des agences de notation”, voici en substance la communication du ministère des Finances suite à cette sortie à l’international.
Huit jours après, le 2 octobre plus précisément, l’une des principales et plus grandes agences de notation américaines, Standard & Poor’s, révise la perspective de la cote de crédit souverain du Maroc de stable à négative et confirme la note de la dette à BBB-.
L’agence a indiqué que le principal motif de la revue à la baisse, c’est que le budget marocain et la situation extérieure vont se détériorer sensiblement plus que prévu en raison des graves répercussions économiques du coronavirus. Ce revirement est, le moins que l’on puisse dire, louche. Tout le monde sait que les investisseurs se basent sur les notations pour investir dans des dettes souveraines. Quelle serait la situation si Standard & Poor’s avait avancé sa notation négative avant le 24 septembre? Le résultat serait-il le même? N’a-t-on pas vécu un changement de notation quelque temps avant la sortie à l’international de novembre 2019?
Marché en dépression
Quelques semaines avant la sortie sur le marché international de l’euro le 21 novembre 2019, couronnée par l’emprunt obligataire de 1 milliard d’euros avec un taux d’intérêt de 1,5%, les agences de notation S&P, Moody’s et Fitch ont passé la perspective de la note souveraine du Maroc de négative à stable. Le ministère des Finances avait crié victoire au moment où la France, durant la même période, avait emprunté 10,14 milliards d’euros à des taux historiquement bas (-0,03% sur 15 ans et -0,36% sur 10 ans). Toutes proportions gardées, la comparaison a lieu d’être sur un marché en dépression empruntant à taux négatifs et dont les économies tournent au ralenti.
Mais l’intriguant, c’est le changement de notation en peu de temps. Les agences américaines avaient encensé le Maroc vers la fin de l’année 2019, changeant de notation négative par rapport au début de l’année 2019 et à fin 2018. Au moment où d’autres agences et publications bien cotées ont toujours critiqué ces notations. C’est le cas de Euromoney, qui estime que le Royaume ne méritait pas forcément la note BBB- stable. La publication estime que le pays connaît un déficit budgétaire persistant et un endettement important sans compter des risques politiques qui ne peuvent être ignorés. Un constat qui nourrit des doutes.
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