Rania el-alloul
PHOTO D'ARCHIVES
MICHAEL NGUYEN
Mardi, 8 septembre 2020 20:33
MISE À JOUR Mercredi, 9 septembre 2020 08:31
Après avoir épuisé tous ses recours judiciaires, la juge Eliana Marengo s’est finalement excusée à la femme qu’elle avait expulsée d’une salle d’audience en raison du port du hijab, et demande maintenant la fin du processus déontologique contre elle.
« Même si votre plainte n’a pas été retenue par le Conseil de la magistrature, je veux que vous sachiez que je regrette les inconvénients que ma décision vous a causés », a écrit la juge Marengo dans une lettre présentée en cour, mercredi, dans l’espoir de mettre fin à cinq années de procédures déontologiques.
Et cela pourrait devenir réalité, puisque l’avocat conseillant le comité d’enquête du Conseil de la magistrature est du même avis qu’elle. La principale intéressée, Rania El-Alloul, a quant à elle accepté les excuses.
Foulard de la discorde
« En dépit de tout, j’accepte les excuses, c’est ce que ma foi m’a enseigné », a-t-elle dit dans une lettre.
L’incident remonte à 2015, quand Mme El-Alloul s’était présentée à la cour pour récupérer sa voiture saisie par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Mais comme elle portait un hijab, la juge Marengo qui présidait l’audience avait refusé de l’entendre.
La magistrate avait alors évoqué un règlement selon lequel « toute personne présente en salle d’audience doit être convenablement vêtue », puis avait comparé le hijab à une paire de lunettes ou un chapeau.
Longue saga
À la suite de plaintes, la juge Marengo était partie en croisade pour empêcher que le Conseil de la magistrature se penche sur son cas, en plaidant que cela mettait en péril l’indépendance judiciaire. La Cour suprême avait refusé d’entendre l’affaire, mettant ainsi fin à ses recours.
La Cour d’appel avait au passage autorisé le port d’un « foulard de tête lorsque cette pratique résulte d’une croyance religieuse sincère ».
Mais si l’avocat représentant le comité d’enquête est d’accord avec la suggestion, ce n’est pas le cas d’un des 38 citoyens qui avaient porté plainte contre la juge.
« Je crois que la fermeture du dossier de plainte irait tout de même à l’encontre [...] des intérêts de la justice, en plus d’envoyer un signal clair que les juges peuvent impunément causer un préjudice discriminatoire, sous réserve de présenter de simples excuses », a entre autres expliqué David Lessard-Gauvin dans une lettre présentée mardi.
L’affaire a été prise en délibéré, sans qu’une date de décision ait été annoncée.
journal de montreal
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MICHAEL NGUYEN
Mardi, 8 septembre 2020 20:33
MISE À JOUR Mercredi, 9 septembre 2020 08:31
Après avoir épuisé tous ses recours judiciaires, la juge Eliana Marengo s’est finalement excusée à la femme qu’elle avait expulsée d’une salle d’audience en raison du port du hijab, et demande maintenant la fin du processus déontologique contre elle.
« Même si votre plainte n’a pas été retenue par le Conseil de la magistrature, je veux que vous sachiez que je regrette les inconvénients que ma décision vous a causés », a écrit la juge Marengo dans une lettre présentée en cour, mercredi, dans l’espoir de mettre fin à cinq années de procédures déontologiques.
Et cela pourrait devenir réalité, puisque l’avocat conseillant le comité d’enquête du Conseil de la magistrature est du même avis qu’elle. La principale intéressée, Rania El-Alloul, a quant à elle accepté les excuses.
Foulard de la discorde
« En dépit de tout, j’accepte les excuses, c’est ce que ma foi m’a enseigné », a-t-elle dit dans une lettre.
L’incident remonte à 2015, quand Mme El-Alloul s’était présentée à la cour pour récupérer sa voiture saisie par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Mais comme elle portait un hijab, la juge Marengo qui présidait l’audience avait refusé de l’entendre.
La magistrate avait alors évoqué un règlement selon lequel « toute personne présente en salle d’audience doit être convenablement vêtue », puis avait comparé le hijab à une paire de lunettes ou un chapeau.
Longue saga
À la suite de plaintes, la juge Marengo était partie en croisade pour empêcher que le Conseil de la magistrature se penche sur son cas, en plaidant que cela mettait en péril l’indépendance judiciaire. La Cour suprême avait refusé d’entendre l’affaire, mettant ainsi fin à ses recours.
La Cour d’appel avait au passage autorisé le port d’un « foulard de tête lorsque cette pratique résulte d’une croyance religieuse sincère ».
Mais si l’avocat représentant le comité d’enquête est d’accord avec la suggestion, ce n’est pas le cas d’un des 38 citoyens qui avaient porté plainte contre la juge.
« Je crois que la fermeture du dossier de plainte irait tout de même à l’encontre [...] des intérêts de la justice, en plus d’envoyer un signal clair que les juges peuvent impunément causer un préjudice discriminatoire, sous réserve de présenter de simples excuses », a entre autres expliqué David Lessard-Gauvin dans une lettre présentée mardi.
L’affaire a été prise en délibéré, sans qu’une date de décision ait été annoncée.
journal de montreal
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