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Le nucléaire civil algérien, un programme resté au stade d’atome ?

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  • Le nucléaire civil algérien, un programme resté au stade d’atome ?

    Publié par LSA

    Par Badis Khenissa
    L’Algérie appartient théoriquement au club des pays nucléarisés. Pourtant, ce secteur reste poussif aux perspectives timorées malgré l’adoption de textes de loi inhérents à son déploiement et essor. L’accélération de la courbe de consommation électrique issue du gaz naturel conjuguée à la conjoncture difficile du marché énergétique mondial post Covid-19 fera-t-elle changer la donne ? Conduira-t-elle le gouvernement à se tourner, enfin, résolument vers l’atome et ses avantages…?

    Record battu, selon les données collectées par le World Nuclear Industry Status Report (WNISR), jamais les capacités de production d'électricité nucléaire n'ont été aussi élevées dans le monde, elles atteignent 370 gigawatts à mi-2019 contre 181 gigawatts issus des énergies renouvelables (ENR), 26% environ de l’électricité mondiale en 2019.
    L’atome est devenu le pilier de la politique énergétique pour beaucoup de pays dans le monde, à titre d’exemple, La France ! Au 2ème rang mondial après les États-Unis, 77% de l’électricité produite est d’origine nucléaire avec pas moins de 57 réacteurs pour une puissance de plus de 530 tWh(**) en 2017 (pour un coût global d’environ 96 Mds € hors EPR Flamanville et Hinkley Point C).
    Le pays s’est engagé, en effet, à réduire son parc nucléaire et promouvoir une vie sans nucléaire. Mais au même temps, il juge l’équation compliquée, en raison de l’intermittence des renouvelables. Une éolienne terrestre fonctionne 1 800 heures par an, un panneau photovoltaïque 1 500 alors qu’une centrale nucléaire peut tourner 7 500 heures ! Mais également du coût onéreux de démantèlement des réacteurs : 20 à 25 ans par réacteur pour un coût global d’environ 75 Mds € en fourchette basse. Un parc de réacteurs de première et deuxième génération aux défis techniques et environnementaux singuliers et précurseurs. Les anti-nucléaires redoutent beaucoup le retour au traditionnel discours du « Business As Usual ».
    Pour l’Algérie, l’activité nucléaire pacifique semble avoir été figée dans le temps. Pourtant, elle fut un pays laboratoire à l’époque coloniale française et bien après l’indépendance selon les accords d’Évian. Abritant des recherches et essais nucléaires — 1er essai le 13 février 1960, des essais qui ont duré officiellement jusqu'à 1966 — aux innombrables répercussions néfastes, tant environnementales que sanitaires, en cause des déchets radioactifs, encore présents à ce jour. Un contentieux historique aux griefs lourds, renvoyé systémiquement aux calendes grecques.
    Il faut dire que l’Algérie, en théorie, détient tous les sésames nécessaires, un arsenal juridique et administratif pour l’autoriser à amorcer le virage nucléaire. L'Algérie a ratifié en 1995 le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en tant qu'Etat non doté d'armes nucléaires. Peu de temps après, l'Algérie est parmi les premiers pays à signer le Traité de Pelindaba, ratifié en 1996, qui a permis la création de la Commission africaine de l'énergie nucléaire (Afcone). Une instance qui revendique le droit de l’Afrique à disposer du nucléaire. Une revendication que l’Algérie a réitérée en 2019.
    L’Afcone réclame le droit de tirer pleinement profit des applications de la science et de la technologie nucléaires dans les domaines de la santé, de l'agriculture et de l'énergie.
    Il existe également un texte de loi relatif aux activités nucléaires civiles, adopté en mars 2019 par l'Assemblée populaire nationale (APN) et en juin 2019 par le Conseil de la Nation. La nouvelle loi vise à définir le cadre législatif et réglementaire des activités liées à la recherche, à la production et à l'utilisation pacifique de cette énergie non conventionnelle, dans le respect des engagements de l'Algérie au titre des conventions internationales.
    Notre pays dispose de deux réacteurs nucléaires : le réacteur nucléaire « Nur » de Draria, sur les hauteurs d’Alger, d’une capacité de 1 mWh(*) construit par les Argentins en 1984, et le réacteur d'Aïn Ousséra « Essalam », à 250 km au sud d’Alger, construit par les Chinois, d’une capacité de 15 mWh. Ces deux réacteurs exploités par la Comena – Commissariat à l’énergie atomique — sont régulièrement inspectés par l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dont l’Algérie est membre depuis 1963. Des petits réacteurs cantonnés à la recherche seulement.
    Contrairement aux Émirats arabes unis à l’appétit dévorant et perspectives énergétiques concrètes, devenu ainsi le premier pays arabe à se doter de réacteur atomique, la centrale de Barakah, dans l’émirat d’Abu Dhabi – construite par un consortium émirati (ENEC) et sud-coréen (Kepco) pour un coût de 22.5 Mds € — qui produira 5 600 mégawatts d'électricité, soit environ 25% des besoins du pays — programme combiné au photovoltaïque avec la centrale Shams de 2,5 km².
    L’Algérie, dans sa quête d’indépendance énergétique et de désinvestissement des énergies fossiles, devrait, et au vu de certains indicateurs de performances énergétiques en berne, se préparer aux 50 prochaines années et diversifier ses sources d’énergies pour assurer ses besoins énergétiques et penser l’après-pétrole ! Se tourner donc plus sérieusement vers la relance de la filière nucléaire civile, véritable énergie de substitution, pour produire une électricité bon marché — à titre d’exemple un ménage allemand paie son électricité 70% plus cher qu’un ménage français — une démarche certes non sans risques, mais aux innombrables avantages et retombées économiques !
    La baisse marquée des cours du pétrole durant le premier semestre 2020 soulève des inquiétudes sur l’accélération de la transition énergétique en Afrique. De plus en plus de voix s’élèvent pour dire que la compétitivité et la rentabilité des investissements verts ne seraient plus assurées à l’ère du pétrole bon marché.
    Le continent africain reste dépendant des énergies fossiles à plus de 75% pour sa production électrique. Une énergie limitée et en déclin vu le niveau alarmant des réserves et ressources mondiales. Le pétrole, gaz et charbon représentent 81% du mix énergétique mondial. Il sera à 62% en 2040, selon l’Agence internationale de l’énergie Sustainable Development et entre 62% et 75 % selon New Policies.
    L’avenir énergétique de l’Algérie est aussi le nucléaire. L’énergie dégagée par la fission d’un gramme de combustible nucléaire équivaut à l’énergie dégagée par la combustion complète de 66 kg de charbon.
    L’énergie nucléaire est la seule source énergétique qui pourrait remplacer le pétrole et le gaz, sa matière première est abondante dans le pays. L’Algérie disposerait, selon certaines sources, d’une réserve de 26 000 tonnes d’uranium. La production de l’électricité en Algérie s’élève à environ 20 000 mégawatts annuellement, et repose à 99% sur le gaz naturel. Un choix donc « stratégique » pour l'Algérie, à bien des égards.
    Le recours à l’énergie nucléaire devrait permettre à notre pays de réduire les quantités de gaz naturel exploitées dans la production de l’électricité, ce qui profitera à l’exploitation locale du gaz naturel et doper les volumes d’exportation. L'Algérie produit actuellement 140 milliards de mètres cubes de gaz naturel, dont 45 milliards m3 sont consacrés à la consommation locale, avec 20 milliards m3 destinés à la production de l’électricité, en plus de 40 milliards m3 destinés aux activités de Sonatrach alors que la quantité restante — environ 35 milliards seulement — est exportée.
    Cela permettrait également de réduire la facture énergétique de l’Etat par la production d’une électricité abordable au coût défiant toute concurrence, par rapport aux pays voisins en l’occurrence. Pouvoir bénéficier d’une électricité sans plomber le budget de l’Etat par des subventions massives. La subvention des factures d’électricité a atteint 65%, au profit des familles et 25% au profit des activités économiques. Une facture de plus de 18 milliards DA que le Trésor public peine de plus en plus à supporter compte tenu de la hausse significative de la consommation nationale de gaz naturel.
    Une filière nucléaire leader sur les marchés mondiaux d’équipements et de services : à titre d’exemple, 220 000 est le nombre d’emplois dépendant du nucléaire en France avec plus de 2500 entreprises réparties sur tout le territoire.
    Une filière d’excellence : source d’énergie propre, créatrice d’emplois durables avec des nouveaux métiers à la clé.
    Pour 50 ans d'exploitation d’un réacteur de 1 000 mWh, 600 employés administratifs, d'exploitation et d'entretien travaillent chaque année, ainsi que du personnel permanent, soit environ 30 000 emplois-années d'emploi direct.(1) Le nucléaire crée environ 0,50 emploi par mWe de puissance.(2)
    Une source d’énergie bon marché, le prix de l’électricité est un facteur majeur de compétitivité qui profitera, sans nul doute, à l’ensemble de l’industrie algérienne et contribuera à accélérer le développement économique du pays par un retour serein et efficace des investissements, qu’ils soient nationaux ou étrangers. L’Algérie pourra également, à terme, exporter l’excédant de sa production électronucléaire aux pays africains, quand on sait que plus de 600 millions d’Africains vivent sans électricité.
    Somme toute, un atout incontestable pour l’économie mais également pour la recherche scientifique, à l’image du projet ITER (France) concernant la fusion nucléaire. En décembre 2016, le projet a franchi une étape cruciale en créant son tout premier plasma, quatrième état de la matière qui produira l’énergie du futur.
    Les risques d’accident sont bien réels, mais très improbables — un accident par millénaire selon certaines études — quand on observe le renforcement sans précédent de la sûreté et sécurité des installations nucléaires et les exigences techniques des nouvelles constructions les rendant quasi infaillibles. L’accident plus récent de Fukushima a incontestablement changé la donne sécuritaire à des degrés très élevés. La radioactivité ? Nous sommes en permanence exposés à de la radioactivité naturelle qui a une origine cosmique.
    Les EPR – réacteur à eau pressurisée —, de génération III+, doivent à présent démontrer un niveau de sûreté encore dix fois plus élevé. Les standards et requis ont été drastiquement revus à la hausse avec des niveaux de défis techniques majeurs et très contraignants.
    La conception des centrales nucléaires de quatrième génération fait l'objet d'une coordination internationale, dont les études de sûreté reposent sur des conceptions intrinsèquement sûres. Le contrôle qualité est devenu une priorité absolue pour les autorités de sûretés nucléaires des pays nucléarisés.
    Se posera ensuite, naturellement, la question du traitement des déchets radioactifs et retraitement du combustible usé – 97% est réutilisé — dont le plan d’action doit être étroitement élaboré avec certains pays partenaires, en pointe et expérimentés en la matière.
    Une filière de gestion autonome, chargée de trouver, mettre en œuvre et garantir des solutions de gestion sûres pour l’ensemble des déchets radioactifs. Le choix est souvent celui du cycle fermé combiné à du stockage durable et définitif, afin de préserver l’environnement. Le recyclage permet d’économiser les ressources en uranium naturel et de diviser le volume des déchets par 5 et leur toxicité par 10.
    L’Algérie, dans sa reconquête économique sous la nouvelle impulsion du Président Abdelmadjid Tebboune, doit à présent décupler ses efforts comme ce fut le cas sous l’ère de feu Chadli Bendjedid et sortir des projections et perspectives héritées, restées manifestement au stade théorique, telle la centrale nucléaire censée être réceptionnée en 2020, suivie d’une centrale tous les 5 ans. Notre pays a l’opportunité d’accéder au cercle fermé des pays nucléarisés et tirer à son avantage l’exploitation de cette énergie, au profit de ses intérêts présents et à venir.
    Une stratégie que nous devons penser et concrétiser avec et autour du peuple algérien. Un référendum pourrait être un levier d’action consensuel au vu de la sensibilité du sujet. Une chose est sûre, l’Algérie, en optant pour le nucléaire, tournera une page de son histoire énergétique et en ouvrira d’autres tournées vers l’après-pétrole qui lui assureront une indépendance énergétique. L’Algérie aura un rôle prépondérant et incontournable dans l’équation énergétique complexe, qui se profile à grands pas. À elle de choisir d’être parmi les pays acteurs ou spectateurs.
    B. K.

    (*) MWh mégawatt-heure
    (**) TWh térawatt-heure = 1000 gWh gigawatt-heure
    1- Étude de l'Agence de l'OCDE pour l'énergie nucléaire (AEN) et de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
    2- Une étude réalisée en 2010 par D. Harker et P. Has Hirschboeck.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Je me souviens dans les années où le front islamique du salut''menacait'' de prendre le pouvoir par la force des urnes ,on doit le signaler.
    Les menaces des américains sur alger parceque des prétendues usines chimiques étaient détectées dans le désert.
    Depuis ce temps où la junte et le front ont commencé a se faire la guerre,les américains n'en ont plus parlé et les algériens soucieux de ne pas se faire voir en face des viseurs des américains, ont abondonné tout genre de projet qui lui attirerait les foudres des USA, et mis tout en sourdine, heureux qu'ils se fassent oublier.

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    • #3
      Au 2ème rang mondial après les États-Unis, 77% de l’électricité produite est d’origine nucléaire avec pas moins de 57 réacteurs pour une puissance de plus de 530 tWh(**) en 2017
      A chaque fois que je lis telle confusion entre puissance et énergie, je cesse de lire le reste.

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      • #4
        Les nucléaire est une technologie complexe est chère réservée à des pays relativement riche est capable de gérer ce type de production d'énergie.

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