Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Acouphènes : un traitement à base de musique électronique et de stimulations de la langue

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Acouphènes : un traitement à base de musique électronique et de stimulations de la langue



    C’est un mal très silencieux aux oreilles des autres, et pourtant, de nombreuses personnes à travers le monde en souffrent.
    L’acouphène
    — sifflement ou bourdonnement dans une ou les deux oreilles
    — est un problème auditif qui peut être très dérangeant au quotidien, selon son intensité. Encore aujourd’hui, il s’agit d’un trouble peu compris, qui peut être associé ou non à une maladie sous-jacente, et les traitements disponibles sont souvent peu efficaces. Mais les personnes souffrant d’acouphènes pourraient enfin avoir un espoir de soulager leurs symptômes grâce à un dispositif expérimental de stimulation du système auditif et de la langue.


    En cours d’essai de phase II, le dispositif a permis de soulager les acouphènes dans un échantillon de 273 volontaires atteints de formes chroniques.
    La stimulation de la langue est associée à un flux audio soigneusement préparé diffusé par des écouteurs, qui ressemble un peu à de la musique électronique ambiante.
    Le traitement combiné a entraîné une amélioration des symptômes pour 86% des participants, avec une baisse moyenne d’environ 14 points sur une échelle de gravité des acouphènes allant de 1 à 100. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Science Translational Medicine.

    Mieux encore, les améliorations ont duré jusqu’à un an pour de nombreuses personnes concernées.
    Ce sont des signes prometteurs pour les 10 à 15% de personnes dans le monde qui vivent avec ces bourdonnements d’oreilles et sons fantômes causés par les acouphènes.
    Augmenter la sensibilité du cerveau pour le distraire

    Développé par Neuromod Devices en Irlande, le dispositif
    — appelé Lenire
    — vise à augmenter la sensibilité du cerveau, en évinçant efficacement les zones hyperactives qui, autrement, provoqueraient des symptômes d’acouphènes plus importants.
    La société Neuromod a travaillé avec des chercheurs du Royaume-Uni, d’Allemagne, des États-Unis et d’Irlande dans le cadre de cette nouvelle étude.



    « Si vous rendez le cerveau auditif plus sensible à de nombreuses entrées et stimuli acoustiques, il devient alors distrait et moins sensible, ou conscient, des acouphènes », a déclaré au New Scientist le neuroscientifique Hubert Lim, de l’Université du Minnesota et directeur scientifique de Neuromod. « C’est ainsi que nous pensons que le traitement fonctionne ».

    « Cette étude apporte une contribution énorme à la littérature sur les acouphènes, non seulement parce qu’il fait état d’un avantage marqué pour les patients qui ont participé à l’essai, mais aussi parce que c’est le premier essai de dispositif à démontrer un effet positif, et qu’il ouvre donc la voie à d’autres recherches utilisant ce mode de traitement », déclare John Phillips de l’hôpital universitaire de Norfolk et Norwich au Royaume-Uni.

    La cause exacte de l’acouphène n’est pas entièrement comprise, mais on pense qu’il est lié à un mauvais câblage neuronal dans le cerveau : un câblage qui surcompenserait potentiellement un autre problème du système auditif, provoquant l’audition de sons qui ne sont pas réellement présents.

    La combinaison des stimulations de la langue délivrées par une petite palette remplie d’électrodes (selon les patients, les stimuli donnent l’impression de faire éclater des bonbons), de bruits blancs et des sons musicaux délivrés par des écouteurs, semble pouvoir aider.
    Les sujets ont suivi des traitements allant jusqu’à une heure par jour pendant 12 semaines, la stimulation de la langue et les pulsations auriculaires étant personnalisés en fonction du niveau de sensibilité de chaque participant.

    L’appareil est contrôlé par la personne qui l’utilise, ce qui signifie que le Lenire est potentiellement utilisable à domicile.
    Cependant, aucun groupe de contrôle n’a participé à l’étude et des recherches supplémentaires seront nécessaires avant que le dispositif puisse être mis sur le marché. « Cette étude a suivi les effets thérapeutiques post-traitement pendant 12 mois, ce qui est une première pour le domaine des acouphènes en évaluant les résultats à long terme d’une approche de dispositif médical », explique Lim.

    Source : Neuromod, Science Translational Medicine
    Bimodal neuromodulation combining sound and tongue stimulation reduces tinnitus symptoms in a large randomized clinical study
    Par : Jonathan Paiano 12 octobre 2020
    dz(0000/1111)dz

  • #2
    Audrey Maudoux: NEURO-ANATOMIE FONCTIONNELLE DES ACOUPHÈNES

    L’objectif de notre recherche est de développer notre connaissance sur le fonctionnement cérébral des patients souffrant d’acouphènes. En effet, malgré sa prévalence élevée, le mécanisme physiopathologique qui sous-tend le phénomène des acouphènes est encore mal compris.

    Nous avons été les premiers à nous attacher à l’étude du cerveau « au repos » de patients avec acouphènes à l’aide de l’Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle (IRMf). Cette technique permet l’enregistrement in vivo de l’activité cérébrale ainsi que l’analyse des interactions entre les différentes régions cérébrales.

    Réseau auditif chez les sujets acouphéniques : implication des régions cérébrales extra auditives dans la physiopathologie des acouphènes (1).

    Le réseau auditif « au repos » de patients acouphéniques fut comparé à celui de sujets sains. Nos résultats ont confirmé l’implication de régions cérébrales auditives, mais également extra-auditives, dans la physiopathologie des acouphènes. Ainsi, la perception de l’acouphène n'est pas seulement liée à l'activité neuronale des zones sensorielles dédiées à la perception auditive, mais est également associée à des changements d’activité au sein de multiples régions corticales et sous corticales. Ces régions englobent le système attentionnel, les régions impliquées dans la mémoire et les réseaux émotionnels.

    Modification du pattern de connectivité fonctionnelle chez les personnes souffrant d’acouphènes : importance de la région parahippocampique (2).

    La fonction d’une région cérébrale ne peut être totalement comprise en l’étudiant de manière isolée. Elle doit être replacée au sein du cerveau et étudiée en conjonction avec les régions cérébrales avec lesquelles elle interagit. Nous avons fournis des preuves de la modification de la connectivité cérébrale du cortex auditif chez les personnes souffrant d'acouphènes chroniques et mis en évidence le rôle essentiel de la région parahippocampique. En régulant l'entrée des informations auditives dans le système mésio-temporal, la région parahippocampique est bien placée pour jouer un rôle dans la conservation des informations sensorielles et dans l’évaluation de la saillance d’un stimulus auditif. Un dysfonctionnement de cette région pourrait expliquer la perception consciente de l’acouphène.

    Signature des caractéristiques cliniques des acouphènes : altération des interactions fonctionnelles entre réseaux neuronaux (3).

    De plus en plus de travaux de recherche suggèrent que le cerveau est organisé en réseaux neuronaux distincts fonctionnant en parallèle, chaque réseau étant spécialisé dans le traitement de certains types d’informations. Nous avons montré que les acouphènes sont associés à une altération de l'interaction fonctionnelle entre de multiples réseaux cérébraux et que cette altération est liée à certaines caractéristiques cliniques des acouphènes, et plus particulièrement au stress lié à l’acouphène. Nous avons montré qu’une modification de connectivité du réseau de contrôle externe était corrélée à une augmentation du stress liée à l’acouphène. Ainsi la gêne liée à l’acouphène semble liée à une activation paradoxale des réseaux attentionnels vis-à-vis de l’acouphène.

    1. A. Maudoux et al., Auditory resting-state network connectivity in tinnitus: a functional MRI study. PLoS One 7, e36222 (2012).

    2. A. Maudoux et al., Connectivity graph analysis of the auditory resting state network in tinnitus. Brain Res.1485, 10-21 (2012).

    3. S. Kandeepan, A. Maudoux et al., Tinnitus distress: a paradoxical attention to the sound? J. Neurol. 266, 2197-2207 (2019).
    dz(0000/1111)dz

    Commentaire

    Chargement...
    X