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Ils sont les victimes silencieuses du confinement La maltraitance des enfants explose

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  • Ils sont les victimes silencieuses du confinement La maltraitance des enfants explose

    Ils sont les victimes silencieuses du confinement
    La maltraitance des enfants explose



    elwatan.com
    IDDIR NADIR 12 OCTOBRE 2020






    Le réseau Nada, domicilié à Alger, a reçu 18 000 appels liés à des situations de maltraitance d’enfants. La cellule d’écoute de l’ONPPE a traité jusqu’au 30 septembre dernier plus de 1600 signalements. «Les enfants en Algérie sont confrontés à des problèmes multiples, dont la pauvreté, l’addiction aux drogues, les problèmes de santé, la violence et les abus, le travail au noir, et même les tentatives d »émigration clandestine», relève le professeur en sociologie, Layachi Anser.

    Les cas de maltraitance à l’égard des enfants ont connu une hausse inquiétante, particulièrement durant la période de confinement imposé par la Covid-19.

    Des situations d’agression, d’enlèvement et de meurtre sont signalées ces derniers jours, provoquant l’émoi chez une opinion publique consternée par l’ampleur prise par la violence contre cette catégorie fragile de la société.

    A Tamanrasset, le corps sans vie et brûlé d’une adolescente a été retrouvé par les éléments de la Protection civile et de la gendarmerie nationale dans le quartier de Tahaggart. A Tlemcen, une fille a été enlevée. Ses ravisseurs réclament à son père une rançon de 200 millions de centimes.

    L’affaire serait un règlement de comptes. A Boumerdès, une fille, sortie à peine de l’adolescence, est violée et son corps brûlé dans une station-service désaffectée. Des cas de disparition et de fugue d’enfants sont également signalés à Oran, Saïda et Alger…


    Les adolescents ont pu être retrouvés sains et saufs par les services de sécurité. Mais parfois, la fin est autrement plus tragique : à Tamanrasset, un garçon de 12 ans, disparu depuis quatre jours, a été retrouvé mort après dans un immeuble abandonné du quartier d’Ankov, à la périphérie du chef-lieu de la wilaya.

    Le confinement provoqué par la situation sanitaire n’a rien arrangé : le Réseau algérien pour la défense des droits de l’enfant (Nada), installé à Alger, constate une augmentation sensible des cas de violences contre les enfants.

    «Nous rencontrons dans notre Réseau toutes formes de maltraitance contre les enfants. Le confinement dû à la crise sanitaire de ces derniers mois a compliqué les choses. Les cas qui nous sont signalés ont augmenté.

    Les enfants, qui n’ont pas école et qui ne sortent pas de chez eux jouer avec leurs congénères n’avaient plus aucun moyen de distraction. Toute cette promiscuité engendre la violence. Les enfants font souvent les frais de situations déplorables.

    La mère se venge sur son enfant de la violence qu’elle-même subit de la part de son conjoint. Le divorce rend encore plus difficile le quotidien des enfants. Il y a même eu des meurtres», s’alarme Hamida Khayrat, SG du Réseau Nada. Pour Me Ghoulamallah, avocat au réseau Nada, la situation sanitaire a mis «sous pression les familles, et particulièrement les enfants».

    «Nous avons enregistré des cas de violences extrêmes : agressions verbales, sexuelles, incestes. La crise sanitaire que nous vivons a vraiment compliqué les choses. Les victimes sont des enfants dont l’âge varie entre 8 et 10 ans», précise-il.

    «Premières victimes des inégalités sociales»

    L’Organe national à la promotion et à la protection de l’enfance (ONPPE) avait reçu au début du confinement (février-mars) 400 signalements sur son numéro vert (11-11). Le chiffre a augmenté d’une manière exponentielle les mois suivants.

    «Jusqu’au 30 septembre dernier, la cellule d’écoute a traité des signalements concernant 1640 enfants, toutes atteintes aux droits de l’enfant confondues ; quant aux violences et aux maltraitances faites aux enfants, elles sont au nombre de 634 cas», détaille dans un entretien à El Watan la déléguée nationale à la promotion et à la protection de l’enfance, Meriem Cherfi (voir entretien).

    Cette situation semble plus compliquée dans les wilayas de l’intérieur : au Centre, mais aussi à l’Ouest du pays. «Le Réseau Nada reçoit jusqu’à 18 000 appels par an. Nous avons pu suivre 900 cas.

    Les signalements concernent toutes les formes de maltraitance. Ces cas ont augmenté particulièrement à l’intérieur du pays, à Aïn Defla, Khemis Miliana, mais aussi à l’Ouest du pays.

    Nous constatons par exemple une hausse des cas de fugues, surtout des filles. Les familles qui font face à ces situations connaissent des problèmes comme le divorce ou les violences conjugales. Il y a parfois des cas de »kafala » (adoption).



    Les enfants préfèrent fuir ces situations et tombent parfois dans la délinquance. Nous avons également constaté une hausse des cas d’inceste. Nous en avons enregistré une vingtaine depuis le début du confinement», constate la SG de Nada.

    Layachi Anser, professeur de sociologie, considère qu’en Algérie, comme partout ailleurs dans les pays en développement, les enfants sont les «premières victimes des inégalités socio-économiques qui enfoncent le pays dans des vagues de contestation sociale de plus en plus violentes».

    «Ce sont ces mêmes inégalités qui alimentent les conflits sociaux, engendrent la dislocation des institutions primaires de socialisation, de protection et de support comme la famille.

    C’est ainsi que les anciennes formes du lien social sont brisées sans que des nouveaux sentiments d’appartenance et des formes de solidarité ne les remplacent. On assiste à des mutations sociales profondes et rapides, des tensions au niveau de la famille, des frustrations dans la vie conjugale ainsi que dans la vie professionnelle.

    Cela provoque une augmentation vertigineuse des taux de déviation juvénile, des addictions aux drogues, des tentatives de suicide et des actions criminelles, y compris les homicides chez les jeunes de 15 à 30 ans», précise-t-il.

    «Une juge libère un agresseur»

    Et de poursuivre : «En Algérie, les enfants sont confrontés à des problèmes multiples, dont la pauvreté, l’addiction aux drogues, les problèmes de santé, la violence et les abus, le travail au noir, et même les tentatives d’émigration clandestine.»

    Pour le sociologue, la violence contre les enfants, «très répandue, en particulier parmi les couches sociales pauvres, reste néanmoins un sujet tabou». «La violence envers les enfants et la maltraitance restent des sujets tabous en Algérie.

    Ces comportements sont considérés comme faisant partie de l’éducation des enfants. Les auteurs de violence et de toutes sortes de maltraitances contre les enfants sont fréquemment les parents et les membres de la famille proche, puis les enseignants.

    En Algérie, le système d’information et d’accompagnement, ainsi que les mécanismes juridiques d’intervention et de prévention en cas de violences contre les enfants sont inefficaces, voire inexistants dans les milieux défavorisés et marginalisés occupés par de larges couches de la population», regrette-il.

    Ces dernières années, les pouvoirs publics ont promulgué un texte (loi 15-12 du 15 juillet 2015 relative à la protection de l’enfance) considéré par Unicef Algérie comme «une avancée remarquable et remarquée dans la lutte contre les violences faites aux enfants».

    Il reste que les autorités «ne s’impliquent pas assez» dans les affaires, comme le notent les associations engagées dans la protection de l’enfance.

    «Une fille de 7 ans a été violée par un adulte à El Djebabra, dans la commune d’El Affroun (Blida). L’agresseur, qui travaillait dans le haouch comme gardien, a abusé de la fillette. L’enfant a signalé les faits à ses parents.

    L’affaire a été portée devant la juge qui a condamné l’agresseur à trois ans de prison, mais a étrangement demandé à la police de le laisser libre. Ce dernier a fait une fête en sortant de chez la magistrate. Comment se fait-il que la juge laisse dans la nature ce genre de personne ? Comment va vivre l’enfant ?» s’indigne la SG de Nada, Mme Khayrat.

    Pour Me Ghoulamallah, la loi reste «insuffisante». «Nous avons plaidé depuis 2008 pour une loi spécifique de protection de l’enfance. En 2015, il y a eu effectivement cette loi, qui remplace l’ordonnance 03-72. Cette loi protège certes l’enfant au double plan social et juridique.

    Mais tout cela reste insuffisant. Il faut de la vulgarisation pour protéger l’enfant. Tout le monde doit s’impliquer, à commencer par les familles. Il faudra aussi un accompagnement des cas avérés.

    La loi sur les associations permet à ces dernières de se constituer partie civile dans les cas d’agressions sexuelles, qui sont souvent difficiles à prouver. Les procureurs peuvent s’autosaisir. Mais nous constatons que les agresseurs sont souvent acquittés en cas d’absence de preuves probantes», s’offusque l’avocat.

    «La situation des enfants en Algérie est meilleure en comparaison avec nos voisins. Mais il faudra améliorer les choses puisque les cas de violences restent tout de même importants», tranche Bourzaguène Adel, président du Réseau de la société civile pour le renforcement des droits de l’enfant.

    Absence de culture du signalement

    La culture du signalement est «absente» dans notre société, regrette Bey Hocine Ghazi, président d’une association de protection de l’enfance, installée à Oran.

    Pour ce dernier, les gens ne «s’impliquent pas suffisamment et ne signalent pas toujours» les cas de maltraitance d’enfants. «Nous faisons quotidiennement face à des cas de maltraitance contre les enfants. La situation s’est compliquée à cause la crise due à la Covid-19. Les enfants étaient à l’étroit chez eux», signale Bey Hocine.

    La déléguée nationale à la protection de l’enfance et présidente de l’Organe national de la protection et de la promotion de l’enfance (ONPPE), Meriem Cherfi, a fait état de 1390 signalements reçus via le numéro vert (11-11) durant l’année 2019.

    Jusqu’au 30 septembre de l’année en cours, la cellule d’écoute de cet organisme mis en place en 2016 a traité des signalements concernant 1640 enfants, toutes atteintes aux droits de l’enfant confondues.
    Les chiffres risquent d’augmenter d’ici à la fin de l’année en cours. N. Id.


    Chiffres-clés

    – 4 La cellule d’écoute de l’ONPPE a traité des signalements concernant
    1640 enfants

    – 4 Les violences et maltraitances faites aux enfants : 634 cas ;

    – 18 000 appels sur les numéros du Réseau Nada

    (sources : ONPPE, Nada, 2020)

  • #2
    Ben oui, fallait-il être visionnaire pour prévoir une hausse de la criminalité tout état confondu ?

    Rebonjour la criminalité tout azimut !

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    • #3
      Dés le début j’étais contre le confinement en prévision des dérapages sociaux qui en résulteraient et surtout sous nos climats chauds . !!!

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      • #4
        Vous vous rappelez des enfants sous Ceaușescu le dictateur.



        Le traité de Fès, nommé traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du protectorat français dans l'Empire chérifien,

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