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II.THÉORIE MATÉRIALISTE (marxiste)

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  • II.THÉORIE MATÉRIALISTE (marxiste)

    -----1----

    Nos articles ont pour objet de confronter, ces deux principes opposés, de comparer entre eux le marxisme et l’anarchisme, et d’éclairer ainsi leurs qualités et leurs défauts. De plus, nous jugeons utile ici même de faire connaître au lecteur le plan de ces articles.

    Nous commencerons par donner une définition du marxisme ; chemin faisant, nous rappellerons le point de vue des anarchistes sur le marxisme, et puis nous aborderons la critique de l’anarchisme proprement dit.

    Savoir : nous exposerons la méthode dialectique, le point de vue des anarchistes sur cette méthode et notre critique ; la théorie matérialiste, le point de vue des anarchistes et notre critique (nous parlerons ici même de la révolution socialiste, de la dictature socialiste, du programme minimum et, en général, de la tactique) ; la philosophie des anarchistes et notre critique ; le socialisme des anarchistes et notre critique ; la tactique et l’organisation des anarchistes ; pour terminer, nous présenterons nos conclusions.

    Nous tâcherons de montrer que les anarchistes, en tant que prédicats du socialisme des petites communautés, ne sont pas des socialistes authentiques.

    Nous tâcherons également de montrer que les anarchistes, pour autant qu’ils nient la dictature du prolétariat, ne sont pas non plus des révolutionnaires authentiques...

    Ainsi, procédons.

    Auteur : Staline


    Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est, au contraire, leur être social qui détermine leur conscience. Karl Marx

    Nous savons maintenant ce qu’est la méthode dialectique.

    Qu’est-ce que la théorie matérialiste ?

    Tout change dans ce monde, tout évolue dans la vie, mais comment s’opère ce changement et sous quelle forme s’effectue cette évolution ?

    Nous savons, par exemple, que la terre était autrefois une masse incandescente ; puis elle s’est refroidie peu à peu ; ensuite sont apparus les plantes et les animaux ; le monde animal s’étant développé, on vit apparaître une espèce déterminée de singes et puis enfin, parut l’homme.

    C’est ainsi que s’est développée, en somme, la nature.

    Nous savons de même que la vie sociale non plus n’est pas restée à un point mort. Il fut un temps où les hommes vivaient sous le régime du communisme primitif. A cette époque ils pourvoyaient à leur existence par la chasse, ils erraient dans les forêts et s’y procuraient la nourriture. Le temps vint où le communisme primitif céda la place au matriarcat ; à cette époque les hommes subvenaient à leurs besoins surtout en se livrant à la culture primitive du sol. Ensuite le matriarcat céda la place au patriarcat, époque à laquelle les hommes pourvoyaient à leur existence principalement par l’élevage. Plus tard le régime d’esclavage se substitua au patriarcat ; à cette époque les hommes pourvoyaient à leur existence par une culture du sol relativement évoluée. Au régime d’esclavage succéda le servage, lequel fit place au régime bourgeois.

    C’est ainsi que s’est développée en somme la vie sociale.

    Oui, tout cela est connu... Mais comment ce développement s’est-il opéré : est-ce la conscience qui a suscité le développement de la "nature" et de la "société", ou bien, au contraire, est-ce le développement de la "nature" et de la "société" qui a suscité le développement de la conscience ?

    C’est ainsi que la théorie matérialiste pose la question.

    D’aucuns affirment que la "nature" et la "vie sociale. furent précédées de l’Idée universelle qui, plus tard, se trouvera à la base de leur développement, de sorte que l’évolution des phénomènes de la "nature" et de la "vie sociale" est pour ainsi dire la forme extérieure, la simple expression du développement de l’Idée universelle.

    Telle fut, par exemple, la doctrine des idéalistes qui, avec le temps, se sont partagés en plusieurs courants.

    D’autres affirment que de tout temps il existait dans le monde deux forces négatrices l’une de l’autre, l’idée et la matière, la conscience et l’être, et que, de ce fait, les phénomènes se divisent à leur tour en deux catégories - idéale et matérielle, - se niant l’une l’autre et se combattant, de sorte que le développement de la nature et de la société est une lutte constante entre les phénomènes idéaux et matériels.

    Telle fut, par exemple, la doctrine des dualistes qui, avec le temps, de même que les idéalistes, se sont partagés en plusieurs courants.

    La théorie matérialiste nie foncièrement le dualisme comme l’idéalisme.

    Certes, il existe dans le monde des phénomènes idéaux et matériels, mais cela ne signifie pas du tout qu’ils s’excluent mutuellement. Au contraire, le côté idéal et le côté matériel sont deux formes différentes d’une seule et même nature ou de la société : on ne peut les représenter l’un sans l’autre, ils coexistent, se développent ensemble, et nous n’avons par conséquent aucune raison de croire qu’ils s’excluent mutuellement.

    C’est ainsi que ce que l’on nomme dualisme se révèle inconsistant.

    La nature une et indivisible, exprimée sous deux formes différentes, matérielle et idéale ; la vie sociale une et indivisible, exprimée sous deux formes différentes - matérielle et idéale, - voilà comment nous devons considérer l’évolution de la nature et de la vie sociale.

    Tel est le monisme de la théorie matérialiste.

  • #2
    -----2-----

    D’autre part, la théorie matérialiste nie aussi l’idéalisme.

    Le point de vue est faux selon lequel le côté idéal et, en général, la conscience dans son développement précède le développement du côté matériel. Il n’y avait pas encore d’êtres vivants, que déjà il existait une nature dite extérieure, "non vivante". Le premier être vivant n’était doué d’aucune conscience ; il ne possédait que la faculté d’irritation et les premiers éléments de perception. Ensuite, se développa peu à peu chez les animaux la faculté de perception, laquelle devint lentement conscience, suivant le développement de la structure de leur organisme et de leur système nerveux. Si le singe avait toujours marché à quatre pattes sans jamais redresser l’échine, son descendant - l’homme - n’aurait pas pu se servir librement de ses poumons ni de ses cordes vocales, de sorte qu’il lui eût été impossible de faire usage de la parole, ce qui aurait retardé foncièrement le développement de sa conscience. Ou bien encore : si le singe ne s’était pas mis debout sur ses pattes de derrière, son descendant - l’homme - eût été obligé de marcher toujours à quatre pattes, de regarder la terre et d’y puiser ses impressions ; il n’aurait pas eu la possibilité de regarder en haut et autour de soi et, par conséquent, il lui eût été impossible de procurer à son cerveau plus d’impressions que n’en a un quadrupède. Tout cela aurait retardé foncièrement les progrès de la conscience humaine.

    Il s’ensuit que pour développer la conscience il faut qu’il y ait telle ou telle structure de l’organisme et l’évolution de son système nerveux.

    Il s’ensuit que le développement du côté idéal, le développement de la conscience est précédé par le développement du côté matériel, par celui des conditions extérieures : d’abord changent les conditions extérieures, le côté matériel, et ensuite changent conséquemment la conscience, le côté idéal.

    Ainsi l’histoire de l’évolution de la nature sape foncièrement ce qu’on appelle l’idéalisme.

    Il faut en dire autant de l’histoire du développement de la société humaine.

    L’histoire montre que si, à des époques différentes, les hommes se pénétraient d’idées et de désirs différents, la raison en est que, suivant l’époque, les hommes luttaient différemment contre la nature pour pourvoir à leurs besoins, et, par conséquent, leurs rapports économiques s’établissaient autrement. Il fut un temps où les hommes luttaient contre la nature en commun, sur les bases du communisme primitif ; en ce temps-là même leur propriété était communiste, et c’est pourquoi ils ne distinguaient presque pas le "mien" du "tien" ; leur conscience était communiste. Le temps vint où la distinction entre le "mien" et le "tien" pénétra dans la production, dès lors la propriété elle-même prit un caractère privé, individualiste. Aussi la conscience des hommes s’est-elle pénétrée du sentiment de la propriété privée. Et voici enfin le temps - le temps d’aujourd’hui, - où la production prend de nouveau un caractère social ; par conséquent, la propriété ne tardera pas à prendre, à son tour, un caractère social, et c’est la raison pour laquelle le socialisme pénètre peu à peu la conscience des hommes.

    Un simple exemple. Représentez-vous un cordonnier possédant un tout petit atelier, mais qui, succombant à la concurrence de gros patrons, a fermé son atelier et, disons, s’est fait embaucher dans une fabrique de chaussures à Tiflis, chez Adelkhanov. Il s’est fait embaucher chez Adelkhanov, non point pour devenir un ouvrier salarié permanent, mais pour amasser de l’argent, se constituer un petit capital pour, ensuite, rouvrir son atelier. La situation de ce cordonnier, on le voit, est déjà prolétarienne, mais sa conscience ne l’est pas encore ; elle est d’un bout à l’autre petite-bourgeoise. Autrement dit, la situation petite-bourgeoise de ce cordonnier a déjà disparu. elle n’existe plus, mais sa conscience petite-bourgeoise demeure encore, elle est en retard sur sa situation de fait.

    Il est évident que là encore, dans la vie sociale, ce sont les conditions extérieures, la situation des hommes qui changent d’abord, et par la suite, leur conscience.

    Revenons cependant à notre cordonnier. Comme nous le savons déjà, il pense amasser de l’argent pour rouvrir son atelier. Le cordonnier prolétarisé travaille donc, et il s’aperçoit qu’il est très difficile d’amasser de l’argent, attendu que son salaire lui suffit à peine pour pourvoir à son existence. Il remarque, en outre, que ce n’est pas chose bien alléchante que d’ouvrir un atelier privé : le loyer du local, les caprices de la clientèle, l’absence d’argent, la concurrence des gros patrons et tant d’autres tracas, tels sont les soucis qui hantent l’esprit de l’artisan. Or le prolétaire est relativement plus exempt de tous ces soucis ; il n’est inquiété ni par le client, ni par le loyer à payer. Le matin il se rend à la fabrique, le soir il la quitte "le plus tranquillement du monde", et le samedi il met aussi tranquillement sa "paie" dans sa poche. C’est alors que pour la première fois les rêveries petites-bourgeoises de notre cordonnier ont leurs ailes coupées ; c’est alors que pour la première fois des tendances prolétariennes surgissent dans son âme.

    Le temps passe, et notre cordonnier se rend compte qu’il manque d’argent pour se procurer le strict nécessaire ; qu’il a grandement besoin d’une augmentation de salaire. Il s’aperçoit en même temps que ses camarades parlent syndicats et grèves. Dès lors notre cordonnier prend conscience que, pour améliorer sa situation, il faut lutter contre le patronat, au lieu d’ouvrir un atelier à lui. Il adhère au syndicat, il rejoint le mouvement gréviste et s’associe peu après aux idées socialistes...

    C’est ainsi que le changement de la situation matérielle du cordonnier entraîne, en fin de compte, un changement dans sa conscience : d’abord a changé sa situation matérielle, et puis, quelque temps après, c’est sa conscience qui change conséquemment.

    Il faut en dire autant des classes et de la société dans son ensemble.

    Dans la vie sociale également, ce sont les conditions extérieures qui changent d’abord, les conditions matérielles, et puis changent, en conséquence, le mode de penser des hommes, leurs moeurs, leurs coutumes, leur conception du monde.

    C’est pourquoi Marx dit :

    "Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est, au contraire, leur être social qui détermine leur conscience".

    Si nous donnons le nom de contenu au côté matériel, aux conditions extérieures, à l’être et aux autres phénomènes de même nature, alors nous pouvons donner le nom de forme au côté idéal, à la conscience et aux autres phénomènes de même nature. D’où la thèse matérialiste bien connue : dans le cours du développement le contenu précède la forme, la forme retarde sur le contenu.

    Et comme, selon Marx, le développement économique est la "base matérielle" de la vie sociale, son contenu, tandis que le développement politique et juridique, philosophique et religieux, est la "forme idéologique" de ce contenu, sa "superstructure", Marx tire cette conclusion : "Le changement de la base économique bouleverse plus ou moins lentement ou rapidement toute la formidable superstructure."

    Cela ne veut point dire sans doute que, selon Marx, le contenu est possible sans la forme, comme l’a cru rêver Ch. G. (voir : Nobati, n° 1. "La Critique du monisme").

    Commentaire


    • #3
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      Le contenu sans la forme est impossible ; cependant telle ou telle forme, étant donné son retard sur le contenu, ne correspond jamais entièrement à ce dernier, et c’est ainsi que le nouveau contenu est "obligé" de revêtir momentanément une vieille forme, ce qui provoque un conflit entre eux.

      A l’heure actuelle, par exemple, au contenu social de la production ne correspond pas la forme d’appropriation des objets fabriqués, laquelle forme a un caractère privé, et c’est précisément sur ce terrain que se produit le "conflit" social de nos jours.

      D’autre part, l’idée que la conscience est une forme de l’être, ne signifie pas du tout que la conscience, de par sa nature, est aussi de la matière. Seuls pensaient ainsi les matérialistes vulgaires (par exemple, Büchner et Moleschott), dont les théories contredisent foncièrement le matérialisme de Marx, et que Engels a justement raillés dans son Ludwig Feuerbach. D’après le matérialisme de Marx la conscience et l’être, l’idée et la matière, sont deux formes différentes d’un seul et même phénomène qui, en thèse générale, s’appelle nature ou société. Donc, l’un n’est pas la négation de l’autre* ; d’autre part, elles ne constituent pas un seul et même phénomène. Il s’agit seulement que dans l’évolution de la nature et de la société la conscience, c’est-à-dire ce qui s’accomplit dans notre cerveau, est précédée d’un changement matériel correspondant, c’est-à-dire de ce qui s’accomplit hors de nous, changement matériel qui, tôt ou tard, sera forcément suivi d’un changement idéal approprié.

      * Cela ne contredit pas du tout la pensée qu’il existe un conflit entre la forme et le contenu. A la vérité, le conflit existe, non pas entre le contenu et la forme en général, mais entre la vieille forme et le nouveau contenu qui cherche une nouvelle forme et tend vers elle.

      Fort bien, nous dira-t-on, peut-être même est-ce exact en ce qui concerne l’histoire de la nature et de la société. Mais de quelle manière naissent, à l’heure actuelle, dans notre esprit, les différentes idées et représentations ? Les conditions dites extérieures existent-elles dans la réalité, ou bien ne sont-ce que nos représentations de ces conditions extérieures ? Et si les conditions extérieures existent, dans quelle mesure leur perception et leur connaissance sont-elles possibles ?

      A ce propos la théorie matérialiste affirme que nos représentations, notre "moi", n’existent que pour autant qu’existent les conditions extérieures génératrices des impressions de notre "moi". Celui qui dit, sans trop y réfléchir, qu’il n’existe rien en dehors de nos représentations, se voit obligé de nier les conditions extérieures, quelles qu’elles soient, de nier, par conséquent, l’existence d’autres individus en n’admettant que l’existence de son "moi", ce qui est absurde et contredit foncièrement les principes de la science.

      Sans doute les conditions extérieures existent-elles réellement ; elles ont existé avant nous et existeront après nous ; leur perception et leur connaissance sont d’autant plus possibles qu’elles agiront avec plus de fréquence et de vigueur sur notre conscience.

      Pour ce qui est de savoir comment surgissent à l’heure actuelle, dans notre esprit, les différentes idées et représentations, nous tenons à faire remarquer qu’ici se renouvelle sommairement ce qui se produit dans l’histoire de la nature et de la société. Là encore l’objet placé en dehors de nous est antérieur à l’image que nous nous en faisons, et ici notre représentation, la forme, retarde sur l’objet, sur son contenu. Si je vois un arbre, cela signifie simplement que, bien avant que la représentation de l’arbre ait surgi dans mon esprit, l’arbre lui-même existait, qui a fait naître en moi une représentation correspondante...

      Tel est en bref le contenu de la théorie matérialiste de Marx.

      On conçoit aisément l’importance que la théorie matérialiste doit avoir pour l’activité pratique des hommes.

      Si les conditions économiques changent d’abord, et puis, conséquemment, la conscience des hommes, il est évident que nous devons rechercher la justification de tel ou tel idéal, non dans le cerveau des hommes, ni dans leur imagination, mais dans le développement de leurs conditions économiques. N’est bon et acceptable que l’idéal qui s’est formé sur la base d’une étude des conditions économiques. Ne sont bons à rien ni acceptables tous les idéaux qui ne tiennent pas compte des conditions économiques, ni s’appuient sur leur développement.

      Telle est la première conclusion pratique de la théorie matérialiste.

      Si la conscience des hommes, leurs mœurs et leurs coutumes sont déterminées par leurs conditions extérieures ; si l’insuffisance des formes juridiques et politiques repose sur un contenu économique, il est évident que nous devons contribuer à une refonte radicale des rapports économiques pour que du même coup changent radicalement les mœurs et les coutumes du peuple, ainsi que son régime politique.

      Voici ce que Karl Marx dit à ce propos :

      "Il n’est pas besoin d’une grande sagacité pour constater que le matérialisme se rattache... au socialisme. Si l’homme tire du monde physique toute connaissance, sensation, etc... il importe donc d’organiser le monde empirique de telle façon qu’il y trouve et s’assimile ce qui est réellement humain, de telle façon qu’il se reconnaisse comme homme...

      Si l’homme n’est pas libre au sens matérialiste du mot, c’est-à-dire s’il est libre non par la force négative d’éviter ceci ou cela, mais par la force positive de mettre en valeur sa véritable individualité, il ne faut pas punir le crime individuel, mais détruire les foyers antisociaux du crime... Si l’homme est formé par les circonstances, il faut former humainement les circonstances". (Voir : Ludwig Feuerbach, annexe : "K. Marx sur le matérialisme français du XVIII° siècle. [3]"

      Telle est la seconde conclusion pratique de la théorie matérialiste.

      Quel est le point de vue des anarchistes sur la théorie matérialiste de Marx et d’Engels ?

      Si la méthode dialectique remonte à Hegel la théorie matérialiste développe plus avant le matérialisme de Feuerbach. Les anarchistes le savent fort bien, et ils s’attachent à exploiter les défauts de Hegel et de Feuerbach pour flétrir le matérialisme dialectique de Marx et d’Engels. En ce qui concerne Hegel et la méthode dialectique, nous avons déjà indiqué que ces subterfuges des anarchistes ne peuvent rien prouver, sinon leur propre ignorance. Il faut en dire autant de leurs attaques contre Feuerbach et la théorie matérialiste.

      Ainsi les anarchistes affirment avec un grand aplomb que "Feuerbach était un panthéiste..." ; qu’il a "divinisé l’homme..." (voir : Nobati, n° 7. D. Delendi) ; que, "selon Feuerbach, l’homme est ce qu’il mange..." ; que Marx aurait tiré de là cette conclusion : "Donc, le principal, la première chose, c’est la situation économique..." (Voir : Nobati, n° 6, Ch. G.)

      Il est vrai que personne ne doute du panthéisme de Feuerbach, de sa déification de l’homme, ni de toutes autres erreurs analogues. Au contraire, Marx et Engels ont les premiers révélés les erreurs de Feuerbach. Néanmoins les anarchistes estiment nécessaire d’abord de "dénoncer" une fois de plus les erreurs déjà dénoncées. Pourquoi ? Probablement parce que, s’en prenant à Feuerbach, ils veulent indirectement flétrir la théorie matérialiste de Marx et d’Engels.

      Sans doute, si nous considérons les choses sans parti pris, nous trouverons certainement qu’à côté de pensées fausses il y en avait de justes chez Feuerbach, comme ce fut le cas, au cours de l’histoire, pour maints autres savants. Mais les anarchistes n’en continuent pas moins de "dénoncer"...

      Nous déclarons une fois encore qu’avec de tels subterfuges ils ne prouveront rien, sinon leur propre ignorance.

      Chose intéressante, c’est que (comme nous le verrons plus loin) les anarchistes se sont avisés de critiquer la théorie matérialiste par ouï-dire, sans la connaître le moins du monde. Ce qui fait qu’ils se contredisent l’un l’autre et se démentent mutuellement, et cela, bien entendu, met nos "critiques" dans une situation ridicule. Au dire de monsieur Tcherkézichvili, par exemple, Marx et Engels auraient eu la haine du matérialisme monistique ; leur matérialisme auràit été vulgaire, et non monistique :

      "La grande science des naturalistes avec son système d’évolution, de transformisme et de matérialisme monistique, si violemment détestée par Engels... évitait la dialectique", etc. (Voir : Nobati, n° 4, V. Tcherkézichvili.)

      Il s’ensuit que le matérialisme des sciences naturelles, approuvé par Tcherkézichvili et que Engels "détestait", était un matérialisme monistique et, par conséquent, il mérite d’être approuvé, tandis que le matérialisme de Marx et d’Engels n’est pas monistique ; dès lors, il ne mérite pas d’être reconnu.

      Un autre anarchiste déclare, lui ; que le matérialisme de Marx et d’Engels est monistique, et c’est pourquoi il mérite d’être rejeté.

      (...)
      Dernière modification par Elghifari, 14 octobre 2020, 07h38.

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