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Bac: Un taux de réussite et des interrogations

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    Bac: Un taux de réussite et des interrogations


    lequotidien-oran
    Jeudi 15 octobre 2020

    par Ghania Oukazi


    Le taux de réussite de 55,30% à l'examen du baccalauréat ne reflète pas les bienfaits des largesses qui ont été accordées par les responsables politiques à des élèves qui se sont reposés pendant plus de six mois.

    En vacances -certes- «forcées» pendant de longs mois à cause de la pandémie du Covid-19, des épreuves d'un bac basées -par conséquent- sur le peu de cours assurés durant seulement les deux premiers trimestres et -cerise sur le gâteau- un succès assuré avec la mauvaise note de 9/20, le taux de réussite est juste moyen. Il ne diffère que d'un peu plus d'un point de celui de l'année dernière. Des responsables du secteur interrogent d'ailleurs, «quelle mouche a piqué le gouvernement pour qu'il décide de rabaisser la moyenne de réussite au bac à 9/20 ?!?» Ils déplorent non seulement la baisse de la note de passage du cycle secondaire au cycle universitaire mais aussi et surtout la chute du niveau d'enseignement, du savoir et de la connaissance en Algérie. «Fini le haut niveau d'apprentissage !», s'exclament-ils mécontents. Pis, disent-ils, «déjà avec 10 ou 11 de moyenne au bac, le triplement au niveau des universités est évalué entre 65 et 70% d'étudiants qui refont le tronc commun, c'est terrible comme situation !»

    Bien qu'ils ont voulu garder l'anonymat, ce sont des responsables bien au fait de ce qui se passe au niveau des secteurs de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur qui nous expliquent pourquoi cette inadéquation entre les largesses des décisions politiques et les résultats pédagogiques. «Au-delà du fait que le niveau d'enseignement est lamentable, dans cette équation, il y avait deux problèmes à prendre en compte, il fallait coûte que coûte faire passer le bac pour soulager le secteur de l'éducation nationale mais, en parallèle, faire en sorte d'avoir un résultat (taux de réussite) à peu près adéquat aux capacités d'accueil pédagogiques et d'hébergement devant être libérées au niveau des universités et des résidences», soutiennent-ils. Ils rappellent qu' «il y a dix ans, on a construit des universités et des résidences dans chaque wilaya pour soulager celles existantes du poids du nombre d'étudiants qui n'arrête pas de croître.

    Des solutions «contraignantes»

    Malgré le gros problème d'encadrement auquel on a pallie tant bien que mal, il y a près de 5 ans, on les a toutes ouvertes, ce qui nous a permis de prendre tous les étudiants en charge ». Mais, précisent ces responsables, «aujourd'hui, les choses ont énormément changé, on est obligé de recourir à des solutions contraignantes pour pouvoir accepter tout le monde». Avec un taux de 55,30% de réussite au bac, ce sont, selon eux, «près de 345.000 élèves reçus (sur près de 700.000 candidats) qui vont s'inscrire en principe à l'université, chiffre bien en deçà de la moyenne mais qui bien au-dessus des capacités pédagogiques, d'encadrement et d'accueil recensées par le secteur et ce, malgré les calculs qui ont été faits et les précautions prises ». Pour tenter en effet de libérer l'université du poids du nombre et l'ouvrir aux arrivants du secondaire, nos interlocuteurs font savoir que «priorité a été donnée aux étudiants en fins de cycle, c'est-à-dire en licence 3 (L3) et en Master 2, parce qu'en prévision des résultats du bac, il nous fallait libérer plus de 400.000 étudiants en leur donnant leur diplôme et permettre à l'université de respirer un peu en poussant le reste vers les paliers supérieurs». Y a-t-il eu des largesses dans l'octroi des notes après correction des examens ? demandons-nous. «Beaucoup d'enseignants n'ont pas voulu être généreux plus qu'il en faut dans les notes, d'ailleurs il y a eu des accrochages entre les professeurs et les recteurs, c'est pour cela que certaines universités n'ont pas encore délibéré». L'on persuade néanmoins que «tout devra être clôturé d'ici au plus tard le 15 novembre pour accueillir à partir du 22 du même mois les 345.000 nouveaux bacheliers». Ceci étant dit, ils préviennent que «comme on a pris l'habitude d'entasser les gens à chaque fois qu'on est dépassé, au lieu de 150 étudiants par amphithéâtre, on va se retrouver avec 300, et au lieu de 2 par chambre, on va devoir les mettre à 3 ou à 4».

    L'on nous rappelle qu' «en prévision d'un nouveau déferlement de la pandémie, le gouvernement a fixé 3 dates de reprise des cours, le 21 octobre et 4 novembre respectivement pour le cycle primaire et secondaire et le 22 novembre pour celui universitaire avec décalage de la fin du 2ème semestre au 14 juillet après programmation des examens à partir du 14 juin, pour clôturer l'année universitaire vers le 15 juillet». Nos interlocuteurs pensent d'ores et déjà que «c'est irréalisable, du moins pour l'université, au regard des sursauts de la pandémie qui secouent les pays occidentaux notamment avec la panique chez ceux de la rive nord de la Méditerranée qui pensent au reconfinement et même au couvre-feu».

    «Nous nous devons de rester sur cette dynamique»

    Ils prévoient «peut-être qu'il y aura une tentative d'ouverture de 4, 5 ou 6 jours pour tester, si le virus se propage, on va bloquer la rentrée». Selon eux, « si les pays européens ont rouvert l'enseignement présentiel à raison de 2 à 3 fois de cours par semaine, donc par vagues d'étudiants et diminution du régime horaire, chez nous, les structures d'accueil et d'hébergement universitaires (penser œuvres universitaires globales) posent problème et ne suffisent pas à tout le monde si on doit imposer toutes les mesures préventives». Ils soulignent qu' «au lieu des 32 semaines par an d'enseignement universitaire obligatoires, cette année, on n'a pu en assurer que près de la moitié avec en plus d'énormes perturbations qu'on a essayé de résoudre à travers l'enseignement à distance (EAD), mais avec l'efficacité pédagogique en moins, les étudiants ont été privés de TP (travaux pratiques) justement parce qu'ils n'ont pas pu rejoindre les universités pour cause de crise sanitaire».

    Nos interlocuteurs rassurent cependant que «depuis ses premières expériences, le secteur de l'enseignement supérieur est en train de mettre en place tout ce qu'il faut pour continuer de faire passer les examens et d'assurer les cours au moins jusqu'à décembre, il a adapté et réactivé toutes les plateformes d'EAD, signé une convention avec Algérie télécoms pour augmenter le débit de connexion, sensibiliser étudiants et enseignants autour de l'EAD, mais si les étudiants ne rejoignent pas l'université d'ici à janvier prochain, ça va être la catastrophe, l'année universitaire sera complètement remise en cause».

    Les responsables interrogés par nos soins tiennent pourtant à terminer par une note d'optimisme et d'espoir. «Pour être honnêtes, on s'attendait à des situations pires, mais en gros, ça s'est bien passé». Ils estiment ainsi que «c'est une grande victoire que d'avoir fait passer le bac à près de 700.000 candidats et d'avoir fait passer les examens à des vagues de 20 étudiants au lieu de 40 dans une situation de crise sanitaire éprouvante et tout ce qu'elle impose comme moyens de prévention». Ils affirment que «nous nous devons rester sur cette dynamique pour assurer les rentrés pédagogiques, les cours et les examens en temps requis». Sauf, disent-ils, «remontée spectaculaire du Covid-19 ou ce qui est appelée 2ème vague, tout devra bien se passer».
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