Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Couvre-feu : Emmanuel Macron face à un vrai risque de rébellion

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Couvre-feu : Emmanuel Macron face à un vrai risque de rébellion

    LE TEMPS - LAUSANNE
    Publié le 15/10/2020
    L’intervention d’Emmanuel Macron à la télévision à Paris le 14 octobre à 20 heures, au cours de laquelle le président a annoncé un couvre-feu pour les grandes villes françaises. PHOTO GONZALO FUENTES/REUTERSL’intervention d’Emmanuel Macron à la télévision à Paris le 14 octobre à 20 heures, au cours de laquelle le président a annoncé un couvre-feu pour les grandes villes françaises. PHOTO GONZALO FUENTES/REUTERS
    Que deviendra la France, dont les grandes villes vivront désormais au rythme d’un couvre-feu imposé ? s’inquiète ce journaliste suisse. En misant sur une solution autoritaire, le président fait un choix peut-être dicté par les exigences sanitaires, mais potentiellement explosif dans un pays déjà durement éprouvé par la crise sanitaire et ses conséquences.


    Deux France. L’une verrouillée entre 21 heures et 6 heures du matin. L’autre qui essaiera – si les taux de circulation du coronavirus le permettent – de continuer sa vie normale. En optant pour une mesure forte, à savoir l’imposition d’un couvre-feu entre 21 heures et 6 heures du matin dans les grandes métropoles françaises, Emmanuel Macron prend un réel risque.

    Toutes les villes concernées, à commencer par Paris et sa banlieue, sont celles où le confinement a laissé derrière lui le plus de blessures sociales. C’est aussi dans ces métropoles que la vie culturelle est, logiquement, le plus épanouie, et que se concentre la jeunesse étudiante déjà déboussolée par les bouleversements des cours et des examens. Le sevrage annoncé de six semaines, doublé de mesures de sécurité sanitaire renforcée dans les lieux publics, y prendra donc l’allure d’un douloureux carcan.


    Avoir fait ce choix témoigne, chez le président français, d’une volonté de miser d’abord sur l’autorité de l’État face au virus. Les forces de l’ordre vont redevenir, dans cette France du couvre-feu, le métronome de la vie nocturne. Le rituel des attestations et des amendes va reprendre. Fallait-il en arriver là ? Et ne risque-t-on pas de voir mourir, à la faveur de ce couvre-feu, toute une partie de la convivialité déjà mise à mal par l’Internet ?

    En se posant en garant de la santé publique, quitte à mécontenter les jeunes générations, le plus jeune locataire de l’Élysée de l’histoire fait aussi un pari politique : celui d’un indispensable repli sur la cellule familiale et d’une inévitable restructuration massive du secteur de la restauration et de l’hospitalité dans une capitale telle que Paris. À la faveur de l’épidémie de Covid-19, celui qui promettait de transformer la France lui ordonne, parce que le danger du virus menace, de rester cloîtrée chez elle. Le leader de la “start-up nation” a accouché, face au risque d’une saturation hospitalière, d’un père anxieux et sévère.

    Une France urbaine rongée par l’angoisse

    Reste donc maintenant à savoir comment les Français vont réagir, même si l’hiver est plus propice au couvre-feu nocturne que l’été. Un mouvement d’exode des urbains qui peuvent se le permettre (professionnellement, familialement et financièrement) ne va-t-il pas réapparaître ? Les populations en difficulté des quartiers chauds vont-elles accepter sans réagir le quadrillage policier qui va en résulter ? Une recrudescence des attaques contre les forces de police – plusieurs exemples ont scandé l’actualité de ces derniers jours – est-elle à craindre ? Les dispositifs d’aide budgétaire massive aux entrepreneurs et la prolongation des mesures de chômage partiel suffiront-ils à calmer l’incendie de colères et d’inquiétudes ? La “résilience” appelée de ses vœux par Emmanuel Macron sera-t-elle au rendez-vous si ces mesures sont perçues comme trop injustes et trop punitives ?

    Si le gouvernement ne fait pas preuve de discernement dans la mise en œuvre de ce couvre-feu dans cette France urbaine rongée par l’angoisse sanitaire et professionnelle, le scénario d’une rébellion sociale, ou d’une multiplication d’incidents isolés, ne peut malheureusement pas être écarté.
    Richard Werly
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
Chargement...
X