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Smail Yefsah in memoriam (mort assassiné le 18 octobre 1970) Afin que nul n’oublie !

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  • Smail Yefsah in memoriam (mort assassiné le 18 octobre 1970) Afin que nul n’oublie !

    Il y a 27 ans, le 18 octobre 1993, le journaliste de la télévision algérienne Smail Yefsah tombait sous les balles assassines des intégristes...

    « Mille z’gharit pour Smaïl »

    Bab Ezzouar, Cité des 2068 logements. Il est presque 8 heures quand Smaïl Yefsah quitte son domicile, situé au bâtiment A 1, et se dirige vers sa voiture, garée dans le parking de la cité, pour se rendre au 21, boulevard des Martyrs, siège de la télévision. À quelques mètres de son véhicule, une Peugeot 405 grise, trois terroristes, qui guettaient sa sortie, le surprennent et lui portent plusieurs coups de couteau dans le dos. Atrocement blessé, le journaliste tente de fuir en criant : « Je n'ai rien fait ! Je n'ai rien fait ! » Les assassins sortent alors leurs armes à feu et lui tirent dessus. Touché de trois balles au ventre et à la poitrine, il tombe. Les tueurs, pensant qu'il était mort, récupèrent leurs trois autres complices postés non loin d’eux, montent dans sa voiture et prennent la fuite. Encore vivant, souffrant le martyre, Smaïl Yefsah rassemble ses dernières forces, se relève et, titubant, parcourt une cinquantaine de mètres, à la recherche d'un lieu sûr, d'un refuge, d'un secours. Arrivé au niveau de la cage 6 de l'immeuble, il s'y engouffre et monte péniblement, une à une, les marches. Arrivé au deuxième étage, il frappe à la porte de l'appartement d'un de ses voisins et les mains serrées sur son ventre, s'écrie : « Refermez vite la porte ! », avant de s'écrouler, sans vie.

    Tout au long de son parcours, du parking à l'appartement, les traces de son sang maculent le sol, les escaliers, les murs.
    À l'hôpital de Belfort où il a été transporté par des policiers du commissariat de Bab Ezzouar, les médecins constatent le décès. Smaïl Yefsah n'est plus.
    « Smaïl Yefsah a été assassiné ! » Cette terrible nouvelle fait très rapidement le tour de toutes les rédactions. Au siège de la télévision, c'est la consternation, l'abattement. Sous le choc, ses collègues n'osent pas croire à cette terrible nouvelle. Certains, traumatisés, sont emmenés à l'hôpital. Les hommes pleurent doucement, les femmes sanglotent.

    Hébété, le visage grave, d'une voix émue, le présentateur du journal de 13 heures annonce aux Algériens qu'un troisième journaliste de la télévision a été assassiné le matin, à la sortie de son domicile. Des images du journaliste au travail, des images familières à des millions de téléspectateurs, défilent à l'écran. Dans les quatre coins du pays, c'est le choc. Il sera plus dur encore à supporter lorsque, au journal de 20 heures, entièrement consacré à l'événement, Nasserddine Aloui, la voix brisée, sur un ton d'une gravité tragique, s'adresse aux téléspectateurs alors que les caméras évoquent le supplice subi par Yefsah avant que la mort ne le délivre de ses atroces souffrances.

    Le lendemain, mardi 19 octobre, une dizaine de journaux arabophone et francophone, en signe de deuil, sortent, sans couleur d'accompagnement, et leurs éditeurs annoncent la décision de ne pas paraître le mercredi.
    « Réunis ce lundi 18 octobre 1993, les éditeurs des quotidiens nationaux ont appris avec consternation l'odieux assassinat de leur confrère de l’ENTV, Smaïl Yefsah. Ils condamnent avec la plus grande énergie ce crime abject.
    Cette nouvelle victime du terrorisme, qui a élaboré un plan d'élimination physique des journalistes et des intellectuels algériens, vient rappeler à la conscience nationale et internationale que les commanditaires de cette vague d'assassinats qui ne cesse d'endeuiller le pays depuis six mois, sont animés d'un dessein délibéré de perpétrer le génocide d'intellectuels à grande échelle.
    Les éditeurs des quotidiens nationaux interpellent aujourd'hui la nation. Ils exigent des dirigeants et des pouvoirs publics des mesures vigoureuses pour faire cesser le génocide.
    En premier signe de protestation et d'indignation, les éditeurs des quotidiens signataires décident de ne pas paraître durant la journée du mercredi 20 octobre 1993. Ils appellent la société civile à se mobiliser activement et à adopter des actions pour exprimer sa colère et défendre le droit à la vie.
    Les éditeurs décident de prendre immédiatement attache avec l'ensemble des organisations internationales professionnelles, syndicales et humanitaires.
    Ils prennent à témoin l'opinion publique internationale de l'ampleur du génocide organisé et perpétré par les forces de l'intégrisme contre les intellectuels et tous les défenseurs de la liberté et de la démocratie. »
    L'AJA, de son côté, réagit en des termes identiques : « Smaïl Yefsah, journaliste à la télévision, est tombé hier matin, victime innocente du terrorisme qui n'en est pas à sa première forfaiture. La mort a fauché Smaïl Yefsah alors qu'il se rendait, comme tous les jours que Dieu fait, à son travail, à la télévision pour y accomplir sa mission d'informer.

    Il y a à peine quelques jours, nous avons enterré dans la douleur Mustapha Abada, ex-directeur général de l'ENTV que pleurent encore sa femme et ses trois filles. Le terrorisme à visage inhumain frappe et frappe encore, lâchement, semant la mort et la désolation dans une profession ensanglantée plus d'une fois, dans une profession dont le tort est sa prétention de réclamer la liberté du verbe, le devoir de dire.
    Rien, aucun argument, aucune cause ne peuvent justifier la liste déjà trop longue de ces crimes barbares. Les pouvoirs publics, l'opinion publique, les Algériens ne doivent pas, ne peuvent pas se taire devant ce génocide auquel sont condamnés les journalistes.

    Ils le savent et l'ont dit : c'est un vaste plan “journalistocide” visant à faire taire à tout jamais la liberté d'expression en Algérie.
    La disparition de Smaïl Yefsah laisse la profession face à ces dures réalités :
    La première : les journalistes sont livrés sans aucune protection aux groupes terroristes et aux différents clans qui s'affrontent pour le pouvoir. Leur élimination physique arrange pas mal d'intérêts. Nous le savons.
    La deuxième : les criminels redoublent de férocité et les journalistes sont encore une fois leur cible privilégiée.
    La troisième : le pouvoir actuel compte-t-il et peut-il assurer notre protection. À quand le prochain meurtre ? »
    Le Syndicat national autonome des journalistes et assimilés de l'Agence presse service (SNAJA-APS) et la section algérienne de l'Union internationale des journalistes et de la presse de langue française (UIJPLF) font de même.
    En des termes émouvants, des journalistes, amis de Smaïl Yefsah, évoquent son souvenir.

    Ainsi, dans le journal Le Matin, Saïda Samaï écrit : « “Smaïl Yefsah a été tué”, me dit une collègue avec les larmes aux yeux. “Quel Smaïl ? Notre Smaïl ?...”
    Tout fut soudain plus obscur que l'obscurité.
    Et je n'étais plus seule, tu étais avec moi, riant et dansant dans mes pensées comme quand nous étions ensemble à la faculté.
    Il ne s'agissait pas alors de mort, car en dépit de ton absence physique tu resteras à jamais vivant dans les plus petits recoins de mon être.
    Réponds-moi mon ami de ta voix chaude et rassurante et de ton accent kabyle dont je me moquais un peu. Tu savais Smaïl que ce n'était que pour rire.

    Te souviens-tu de ces belles et folles années d'espoir ? Entre la fac de Ben Aknoun, “Jacques Cartier” et l'institut allemand. Tu nous dominais par ta taille et par ta bonté. Les grands rêves que tu avais pour notre Algérie se dissimulaient derrière ta timidité (...).
    Tu étais toujours là prêt à rendre service, tu ne savais ni ne pouvais détester. Et je suis sûre que même au moment de “mourir”, tu pensais pardonner à ceux qui t'ont tué (...).
    Je me sens si seule mon ami dans cette Algérie qu'on assassine.
    Mais du fond de la nuit, tu nous feras encore espérer la splendeur du jour. Nous veillerons tous ensemble pour guetter l'aurore qui prouvera enfin que l'espoir est présent.

    Adieu mon ami, plutôt au revoir Smaïl.

    Slimane Laouari, du journal L'Opinion, se rappelle : « Je te dépassais de trois années, tu me dépassais d'une sacrée dose de sagesse, mais nous étions tous les deux sur le même palier d'un rêve qui prenait de la hauteur. La passion avait les couleurs vraies de la vérité que, fous, nous jurions de semer aux quatre vents. Les mots que nous inventions dans notre coin, quand la bêtise s'entêtait à nous les faire ravaler, ont aujourd'hui précipité la fin, figé pour l'éternel ton sourire d'adolescent qui s'angoisse à l'idée d'être adulte.
    Tu l'étais tellement pourtant…
    Parce que les couleurs sont maintenant rouges de ton sang, les mots ont toujours un sens, même si je n'en trouve pas beaucoup pour un dernier salut. Pour la vérité, il y aura toujours des montagnes pour conjurer le sort. Tu sais, nous n'avons que ça, des mots…
    Rappelle-toi quand tu me disais : “Toi et moi, nous n'avons pas beaucoup d'argent. Pourquoi on ne ferait pas la même fête pour nos deux mariages ? Je n'ai toujours pas d'argent, tu sais, mais nous avons toujours un horizon à scruter. Mille z'gharit, Smaïl et adieu…” »
    Pour Smaïl Yefsah qui venait de se marier, la lune de miel n'aura duré que trente-neuf jours, jour pour jour. Et son trente et unième anniversaire qu'il devait fêter le 29 octobre n'aura jamais lieu. ✍🏻 Lazhari Labter / Extrait de "JOURNALISTES ALGÉRIENS 1988-1998 \ Chronique des années de terreur et d’espoir", 2e édition revue et augmentée, Chihab éditions, Alger, 2018.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    ya mourad dhina ya qetel el rouh

    tu dors bien..
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

    Commentaire


    • #3
      mort assassiné le 18 octobre 1970


      né 29 octobre 1962
      mort 18 octobre 1993
      المجد والخلود للرفيق والمناضل المغربي ابراهام سرفاتي

      Commentaire


      • #4
        né 29 octobre 1962
        mort 18 octobre 1993
        C'est ça, par qui ? ...

        Commentaire


        • #5
          Sauf mention du lieu, les journalistes ont été tués à Alger.

          1993
          26.05 - Tahar DJAOUT, directeur de Ruptures.
          03.08 - Rabah ZENATI, ENTV.
          09.08 - Abdelhamid BENMENI, Algérie Actualités.
          11.09 - Saâdeddine BAKHTAOUI, El Minbar (APUA).
          28.09 - Abderrahmane CHERGOU, Alger Républicain et L'Hebdo libéré.
          05.10 - Djamel BOUHIDEL, photographe Le Nouveau Tell, à Blida.
          14.10 - Mustapha ABADA, directeur général ENTV.
          18.10 - Ismaïl YEFSAH, ENTV.
          28.12 - Youcef SEBTI, indépendant, écrivain, poète.

          1994
          23.01 - Rachid KODJA, radio.
          01.03 - Abdelkader HIRECHE, ENTV.
          01.03 - Mohamed HASSAINE, Alger Républicain, disparu à Hammadi.
          12.03 - Hassan BENAOUDA, ENTV.
          19.03 - Yahia BENZAGHOU, APS, cellule Communication du Premier ministre.
          21.03 - Abdelmadjid YACEF, photographe L'Hebdo libéré.
          21.03 - Rachid BENDAHOU, L'Hebdo libéré.
          13.04 - Mohamed MECEFFEUK, El Watan.
          07.06 - Ferhat Cherkit, El Moudjahid.
          07.06 - Hichem GUENIFI, radio ENRS.
          11.07 - Yasmina DRISSI, Le Soir d'Algérie.
          20.07 - Mohamed Lamine LEGOUI, APS à Bousâada.
          17.09 - Laïd-Ali AIT EL-HARA? radio
          26.09 - Mouloud BAROUDI, photographe ANAF à Tipaza.
          26.09 - Smail SBAGHDI, APS.
          12.10 - Lahcene BENSAADALLAH, directeur de El Irchad.
          16.10 - Tayeb BOUTERFIF, radio.
          19.10 - Farah ZIANE, rédacteur-en-chef de Révolution Africaine, à Blida.
          27.10 - Mohamed-Salah BENACHOUR, APS, à Blida.
          27.10 - Kaddour BOUSSELHAM, Horizons, disparu à Mascara.
          30.11 - Yasser El-AKEL El Massa.
          30.11 - Nasser-Eddine LAKEHAL, El Mass, à Boufarik.
          30.11 - Ahmed ISSAAD, radio, à Boufarik.
          03.12 - Saïd MEKBEL, directeur du Matin.

          1995
          06.01 - Zineddine ALIOU-SALAH, Liberté, à Blida.
          06.01 - Ali ABOUD, radio Chaîne 1.
          13.01 - Abdelmadjid Yahiaoui, Echaâb.
          01.02 - Nacer OUARI, ENTV.
          17.02 - Djameleddine ZAITER, El Djoumhouria, à Gdyel.
          01.03 - Mahmoud OUARHOUM, APS.
          20.03 - Rachida HAMMADI, ENTV, mourra de ses blessures le 31.
          20.03 - Houria HAMMADI, ENTV, soeur de Rachida, meurt sur le coup.
          21.03 - Ali BOUKHERBACHE, El-Djoumhouria, directeur de Media TV.
          27.03 - Mohamed ABDERRAHMANI, directeur El-Moujahid.
          03.04 - Makhlouf BOUKHEZAR, ENTV, à Constantine.
          15.05 - Azzedine SAIDJ, El Ouma.
          21.05 - Bakhti BENAOUDA, indépendant, écrivain, à Oran.
          21.05 - Malika SABOUR, Echourouk El Arabi.
          27.05 - Mourad HEMAZI, ENTV.
          18.06 - Ahmed TAKOUCHET, Radio Cirta.
          02.08 - Naïma HAMOUDA, Révolution Africaine.
          21.08 - Ameur OUAGUENI, Le Matin.
          03.09 - Saïd TAZROUT, Le Matin, à Tizi Ouzou.
          04.09 - Brahim GUERROUI, caricaturiste, El Moujahid.
          04.09 - Yasmine BRICK, radio Chaîne 1.
          08.09 - Radja BRAHIMI, ENTV, à Dellys.
          08.09 - Said BRAHIMI, ENTV, à Dellys.
          09.09 - Rabah LALLALI, ENTV.
          15.10 - Abdelwahab SAADAOUI, Echaâb.
          15.10 - Ahmed BOUGUERRA.
          16.10 - Saida DJEBAILI, El Hayat El Arabi.
          16.10 - Ahmed Mustapha LAZHAR, El Hayat El Arabi.
          18.10 - Mohamled FETTAH, ENTV.
          20.10 - Nourredine SERDOUK, Liberté.
          29.10 - Khaled GUERDJOUMA.
          03.11 - Omar OURTILANE, rédacteur-en-chef El-Khabar.
          04.11 - Ahmed KHALFOUN, APS.
          02.12 - Hamid MAHIOUT, Liberté.
          02.12 - Hamidou BENKHERFELLAH, Liberté.
          05.12 - Khedidja DAHMANI, Echourouk El Arabi.
          14.12 - Abdelkrim BENDAOUD, ENTV.
          20.12 - Mohamed BELKESSAM, chef de production ENTV.
          23.12 - Khaled MERIOUD, réalisateur ENTV.
          -?.--?- Taleb ADEN, indépendant.

          1996
          12.01 - Mohamed MEKATI, El Moudjahid.
          14.01 - Khaled ABOULKACEM, L'Indépendant.
          10.02 - Abdallah BOUHACHEK, Révolution et Travail, à Blida.
          11.02 - Allaoua AIT-MEBAREK, dir. de la rédaction le Soir d'Algérie.
          11.02 - Mohamed DORBANE, le Soir d'Algérie.
          11.02 - Djamel DERAZA, le Soir d'Algérie.
          11.02 - Naïma ILLOUL, ENTV.
          17.02 - Achour BELGHEZLI, Le Pays, à Tizi Ouzou.
          17.02 - Dalila DRIDECHE, Le Pays, à Tizi Ouzou.
          27.02 - Mourad TAAM, radio.
          29.02 - Belkacem SAADI, ENTV Constantine, à Skikda.
          04.03 - Slim TRIA, radio.
          12.03 - Djilali ARABDIOU, photographe Algérie-Actualités.
          30.03 - Yahia AMOUR, ENTV.
          10.04 - El Hadi SLIM, ENTV.
          24.04 - Djamel BOUCHIBI, El-Moudjahid.
          26.07 - Farida BOUZIANE, Le Pays, à Draâ Ben Khedda.
          27.07 - Boualem TOUARI, ENTV.
          11.08 - Mohamed KESSAB, Radio Coran et Radio-Mitidja..
          15.10 - Mokrane HAMOUI, directeur commercial Echourouk El-Arabi.
          26.12 - Boussaâd ABDICHE, El Moudjahid.

          1997
          10.01 - Messaoud BELLACH, El Moudjahid.
          07.02 - Si-Ali REGUIEG, ENTV.
          01.06 - Abdelwahab HARROUCHE, El Moudjahid.
          20.08 - Ali TENKHI, ENTV.
          31.08 - Zoubida BERKANE, ENTV.

          Journalistes algériens disparus
          1995 08.03 - Djamel-Eddine FAHASSI, radio.
          1997 12.04 - Aziz BOUABDALLAH El Alem Essiyassi.

          Journalistes étrangers
          1994 01.02 - Olivier QUEMENEUR, AFP, a été tué dans la Casbah.
          Le même jour, Yves Menari et l'Australien Scott Alla
          dz(0000/1111)dz

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