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Son procès s’ouvrira demain à Tipasa Comment Zoukh «arrosait» les Hamel, Tahkout et les autres

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  • Son procès s’ouvrira demain à Tipasa Comment Zoukh «arrosait» les Hamel, Tahkout et les autres

    Abdelkader Zoukh comparaîtra demain mardi devant le tribunal de Tipasa où il sera jugé, en qualité d’inculpé, dans l’affaire d’octroi d’avantages à Abdelghani Hamel et sa famille. Il sera rejugé une semaine plus tard, le 27 octobre prochain, pour des chefs d’inculpation similaires dans les dossiers des hommes d’affaires Haddad et Tahkout.
    Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ce mardi, l’ancien wali d’Alger se trouvera donc face au juge qui devra l’auditionner dans la lourde affaire de l’ancien responsable de la DGSN et des membres de sa famille auxquels Zoukh aurait facilité l’acquisition de plusieurs biens immobiliers, des terrains et des locaux commerciaux.

    Des logements sociaux aux enfants des responsables
    Ce qu’il faut savoir est que durant les auditions dont il a fait l’objet, Zoukh a tenu des propos contradictoires sur la manière dont s’est déroulé l’octroi d’un terrain à la fille de l’ancien patron de la DGSN. Dans une première version, ce dernier a reconnu que Hamel l’avait contacté en 2014 pour lui dire que sa fille Chahinez avait un projet d’investissement à Bab Ezzouar et qu’il l’avait orienté aux services compétents de la Wilaya. Chahinez Hamel dépose à cette période un dossier dans lequel elle demande un terrain de 7 182 mètres carrés. L’ancien wali d’Alger se rétracte, cependant, durant les autres auditions, en soutenant que le dépôt de dossier avait suivi un cheminement ordinaire.
    Face aux enquêteurs, il affirme également ignorer tout de l’affaire qui a conduit à l’octroi d’un logement social, à Chahinez toujours, et des raisons pour lesquelles cette dernière a été exemptée du paiement des frais d’acquisition de cette habitation et qui s’élevaient à seulement 70 000 DA.
    L’enquête menée établit que la fille Hamel avait bénéficié, à la même époque, d’un logement formule participatif (LSP). Le plus étrange dans tout cela, remarquent les enquêteurs, est que les logements de différentes formules, social et participatif, ont été obtenus au cours du même mois, avril, de l’année 2014. Dans les mois qui suivent, Chahinez, qui se trouve alors à la tête de la société Eurly Easy construction, parvient à bénéficier de quatre terrains à Bab Ezzouar pour les besoins d’un projet d’édification d’un hôtel et d’une tour commerciale. Durant l’enquête, le responsable de l’agence Agerfa fait savoir que Zoukh l’avait, à ce moment-là, contacté pour lui demander de ne pas entamer de poursuites à l’encontre de la fille Hamel qui ne s’était pas acquittée des frais inhérents à ce projet.
    Ces derniers s’élevaient alors à 26 259 552 DA et 149 346 830 77 DA. Dans ses propos, il contredit également les déclarations de l’ancien directeur de l’OPGI, Rhamia Mohamed, qui, lui, affirmait que Zoukh l’avait contacté pour l’octroi d’un logement social à Chafik Hamel à Mohammadia, et nie toute implication dans l’octroi d’un logement à Hydra.
    Dans l’affaire Hamel, Zoukh comparaîtra avec des témoins à charge, parmi lesquels se trouve l’ancien directeur de l’OPGI de Hussein-Dey, qui affirme que l’ancien wali est intervenu à son niveau à plusieurs reprises en faveur des enfants de Hamel et d’autres responsables également pour l’acquisition de logements sociaux. Il comparaîtra également avec d’autres témoins qui devront s’exprimer au sujet d’un autre fait retenu contre l’ancien wali d’Alger, à savoir l’octroi, dans des conditions illégales, de neuf locaux commerciaux à l’épouse de Abdelghani Hamel. Les commerces en question se situaient dans le quartier où sa fille a bénéficié d’un logement social. Contrairement aux autres commerçants qui avaient versé 120 000 DA le mètre carré, Laânani Salima s’était vu réduire le prix d’achat à 22 000 DA le mètre carré.

    Des biens immobiliers et huit terrains octroyés à Tahkout
    À l’issue du procès Hamel, Zoukh comparaîtra donc une semaine plus tard pour répondre de faits liés aux dossiers de Ali Haddad et Mahieddine Tahkout. Il est poursuivi pour octroi d’indus avantages, mauvaise utilisation de sa fonction, conflit d’intérêts, obtention de pots-de-vin après octroi de marchés, dilapidation de deniers publics et octroi de biens publics avec des sommes revues au rabais sans justificatifs.
    Dans la liste des biens accordés illégalement à Mahideddine Tahkout figurent quinze biens immobiliers, dont sept terrains de superficies importantes octroyés aux différentes sociétés de l’homme d’affaires : 25 129 mètres carrés à la CIMA Motors, 14 179 mètres carrés à la SARL Transport, 16 408 mètres carrés et 4 101 mètres carrés pour deux autres entreprises spécialisées dans le transport. L’enquête révèle que les faits se sont déroulés en 2016, une époque à laquelle Zoukh se trouvait également responsable de la Commission de wilaya chargée des projets d’investissements.
    Elle révèle aussi que Abdelkader Zoukh est intervenu, en 2018, auprès du ministre de l’Intérieur afin d’obtenir son accord dans cette démarche. Tahkout a aussi pu bénéficier de la même manière d’un rabais important dans la valeur des redevances pour l’obtention de ces terrains. Les redevances estimées à 37 305 600 DA pour deux des sept parcelles de terrains accordées ont été réduites à 23 981 596 DA.
    L’enquête évoque des pertes énormes pour le Trésor public, auxquelles s’ajoutent des retards considérables enregistrés dans le paiement des dus et aboutit à la conclusion que les projets de Tahkout n’avaient aucune relation avec l’investissement, d’où l’irrégularité flagrante, car ces terrains ont été octroyés par la commission de la wilaya d’Alger chargée des dossiers de l’investissement. L’enquête révèle aussi deux autres points importants : l’homme d’affaires Tahkout a également pu bénéficier d’une manière irrégulière de deux autres terrains, l’un de 6 644 mètres carrés, pour un projet d’édification d’un hôtel, et l’autre de 93 266 mètres carrés pour les besoins d’un autre projet touristique.
    Il a pu, par ailleurs, grâce à l’intervention de Zoukh auprès de Abdelghani Zaâlane, l’ancien ministre des Transports et des Travaux publics, arracher un marché de location de bus chargés du transport estudiantin pour une valeur de 6 313 345 000 DA. Cette affaire avait d’ailleurs fait grand bruit durant le procès en appel de l’homme d’affaires.
    Le directeur général de l’Etusa Alger avait, durant ce procès, affirmé au juge que Zoukh lui avait demandé de choisir les bus de Tahkout. Mohamed Benmiloud fait partie des nombreux témoins qui comparaîtront le 27 octobre prochain. Les deux hommes d’affaires Ali Haddad, Mahieddine Tahkout ainsi que Abdelghani Hamel et sa famille seront également présents. Comparaîtront aussi tous les ministres incriminés ou soupçonnés, ou cités dans les trois affaires différentes, ainsi que les anciens directeurs de l’OPGI d’Alger et de Hussein-Dey. Il faut rappeler, enfin, que le choix du tribunal de Tipasa est lié à la compétence territoriale de l’instance judiciaire.
    Des sources concordantes indiquent, d’autre part, que le nom de l’ancien wali d’Alger a été également cité dans d’autres dossiers qui se trouvent actuellement en instruction au niveau du pôle spécialisé dans les dossiers de corruption, dernièrement mis en place par le tribunal de Sidi-M’hamed.
    A. C.
    Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
    (Paul Eluard)
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