Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Bouclier antimissiles américain : Affrontement Russie - Etats-Unis

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Bouclier antimissiles américain : Affrontement Russie - Etats-Unis

    Le projet d'installation du bouclier américain en Europe de l'Est est le principal sujet de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN et de leur collègue russe, les 26 et 27 avril à Oslo. Pendant ce temps, Moscou et Washington jouent à s'intimider.

    La visite à Moscou du nouveau ministre de la Défense américain, Robert Gates, et les pourparlers qu'il a menés avec les responsables russes ont laissé une étrange impression. Pour un non-initié, impossible de comprendre qui voulait quoi et ce que chacun a obtenu dans l'histoire.

    En fait, c'est tout le contentieux russo-américain à propos des systèmes antimissiles qui laisse perplexe. Pour la Russie, la menace que pourraient représenter les systèmes antimissiles installés en Pologne ou le radar en République tchèque est purement virtuelle, que ce soit à moyen, à long ou à très long terme. Il en va de même pour les armes nucléaires iraniennes à l'égard de Washington (armes qui ne seront sans doute jamais produites). Alors, pourquoi tout ce bruit ? Pourquoi les Américains implantent-ils des systèmes aussi inutiles ? Et pourquoi pareille hystérie russe autour de ces questions ?

    L'explication tient probablement au fait que Russes et Américains cherchent par ce biais à résoudre des problèmes strictement intérieurs. Le Pentagone et le complexe militaro-industriel veulent disposer éternellement de fonds aussi considérables qu'aujourd'hui. Ils ont donc besoin de projets grandioses, qui donneront par la même occasion aux contribuables américains le sentiment que l'Etat se soucie de leur sécurité. Ceux-ci, surtout depuis le 11 septembre 2001, croient facilement à l'éventualité d'une menace. Les dirigeants russes, pour leur part, apprécient cette ambiance de forteresse assiégée car elle les aide à asseoir leur régime. A cet égard, les Américains ne pouvaient leur faire plus beau cadeau que cette progression militaire en Europe de l'Est. Abreuvé à la source de Vrémia [le journal télévisé], le Russe moyen croit volontiers que "la Russie est désormais encerclée par des bases américaines".

    Les Américains espèrent peut-être que leur système de protection antimissiles atteindra un jour un niveau qui lui permettra de menacer les forces nucléaires stratégiques russes, mais Moscou n'a rien à craindre pour le moment. Il est plus probable que nous assistions à une "guerre des étoiles 2", c'est-à-dire un grand bluff orchestré par Washington dans le but de forcer la Russie à se ruiner afin de parer une menace imaginaire. Comme dans les années 1980, Moscou ne s'en rend pas compte, et les Américains sont en train d'atteindre leur objectif, qui est de gagner sans combattre.

    Il est possible qu'ils installent leurs systèmes antimissiles afin de renforcer l'OTAN, qui, ces dernières années, a fait preuve d'une impuissance scandaleuse et dont les capacités ne cessent de se dégrader. L'hystérie de Moscou, selon le plan américain, pourrait ressouder cette organisation en déliquescence, en présentant une "nouvelle menace venue de l'Est". A moins que les Etats-Unis aient déjà renoncé à l'OTAN et décidé de créer à la place un bloc plus petit mais plus fiable, constitué d'alliés totalement dévoués dont les pays d'Europe orientale composeraient la plus grande partie. L'implantation des systèmes antimissiles sur leur sol serait ainsi destinée à tester leur fidélité.

    Dans ce cas, Moscou aurait tort de repousser sans même y jeter un œil la proposition de Washington envisageant un système antimissiles commun avec la Russie. L'idée semble quelque peu absurde, car on ne voit pas contre qui serait alors dirigé ce système, ni comment le mettre sur pied techniquement. Il paraît encore plus impensable que nos deux pays échangent des technologiques aussi sensibles. Mais, par ailleurs, un échange d'informations semble tout à fait envisageable. Surtout, l'examen de la proposition américaine permettrait enfin de mieux comprendre les véritables intentions de Washington.

    Alexandre Khramtchikhine, directeur du département d’analyse de l’Institut d’analyse politique et militaire.

    Nezavissimaïa Gazeta, pour le courrier International
Chargement...
X