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21 OCTOBER 2020
L’écrivain français Pierre Jourde a adressé une éloquente et émouvante lettre à la communauté musulmane en France. Dans cette lettre publiée dans les colonnes du magazine Nouvel Obs, Pierre Jourde sensibilise les musulmans de France sur l’importance de la liberté de conscience et le droit de “blasphémer”.
“Si vous êtes libres de pratiquer votre religion en France, si vous avez les mêmes droits que les chrétiens, c’est grâce au blasphème, qui a empêché une religion d’imposer sa loi. Les musulmans sont redevables de leur liberté aux blasphémateurs”, écrit ainsi Pierre Jourde dans sa tribune publiée par le Nouvel Obs.
“Beaucoup de gens aujourd’hui refusent l’idée de blasphème, pas seulement les musulmans. Il faudrait « respecter » les religions. Mais c’est justement parce qu’on ne les a pas respectées que nous sommes libérés de l’emprise religieuse, et que nous vivons en démocratie, dans un pays où toutes les religions sont acceptées”, explique encore cet écrivain qui avait remporté le Prix de la critique de l’Académie française en 2002.
“Charlie Hebdo ne va pas trop loin, Charlie Hebdo fait avec courage son travail de journal satirique, qui s’en prend à tout le monde, sans distinction de religion ou d’origine, parce qu’en démocratie on a le droit de se moquer de tout et de tout le monde. Sachez que Charlie Hebdo, qui est plutôt classable à l’extrême gauche, s’en est pris au racisme, à l’extrême droite, au christianisme, aux hommes politiques de tous bords. Et à l’islam, donc, à égalité avec les autres. Pourquoi auraient-ils dû faire une exception uniquement pour l’islam ?”, s’interroge Pierre Jourde réputé pour la satire sociale qu’il développe dans ses livres à l’image de “Dans Festins secrets” où il aborde la déliquescence du système scolaire français à travers le récit d’un jeune enseignant de français progressiste.
“L’islam peut être critiqué et moqué, comme toutes les autres religions, comme toutes les croyances, comme toutes les opinions, car en démocratie, une religion est une opinion, elle n’est pas sacrée. Si vous n’admettez pas cela, alors vous n’admettez pas la démocratie”, décrète encore Pierre Jourde qui poursuit sa lancée et insiste beaucoup sur la véritable signification de la Liberté d’Expression.
“Cela signifie que vous souhaitez vivre dans une société sans liberté d’expression, où on ne critiquera plus rien ni personne, dans une société sans blasphème, où la religion dictera aux gens leur manière de vivre, les limites de leur comportement et de leur parole. C’était la France au Moyen-Âge. C’est l’Arabie saoudite aujourd’hui”, rappelle encore cet écrivain français auteur de “La Cantatrice Avariée”, un roman absurde qui met en scène deux ex petits voyous, Bada et Bolo, qui assurent le service d’ordre d’une secte en voie de disparition qui s’est installée dans un château gothique.
“Critiquer l’islam, c’est le mettre sur le même plan que toutes les autres religions et opinions. C’est donc le respecter. Ne pas le critiquer, c’est penser qu’il est incompatible avec la démocratie, comme on préserve la sensibilité d’un petit enfant qui ne peut pas endurer la même chose que les adultes”, souligne enfin Pierre Jourde. “Les caricatures de Charlie Hebdo, celles des journaux danois, attaquaient l’islam justement sur le sujet de la violence et de l’intolérance. Et c’est bien un problème, ne le pensez-vous pas ? Les réactions violentes ont montré qu’ils avaient raison ! Les assassins de Charlie Hebdo démontrent qu’ils avaient raison, qu’il y a là un problème. Le jour où l’islam acceptera de se confronter à ses problèmes au lieu de tout renvoyer à l’islamophobie, le jour où il acceptera de rire de lui-même, et de prendre la moquerie avec une indulgence souriante, il montrera qu’il est compatible avec la démocratie, capable d’autocritique, comme l’a été le catholicisme. Ce jour-là, une simple petite caricature ne donnera plus lieu à des massacres”, conclut-il dans cette tribune qui n’a pas manqué de susciter un vif débat en France.
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21 OCTOBER 2020
L’écrivain français Pierre Jourde a adressé une éloquente et émouvante lettre à la communauté musulmane en France. Dans cette lettre publiée dans les colonnes du magazine Nouvel Obs, Pierre Jourde sensibilise les musulmans de France sur l’importance de la liberté de conscience et le droit de “blasphémer”.
“Si vous êtes libres de pratiquer votre religion en France, si vous avez les mêmes droits que les chrétiens, c’est grâce au blasphème, qui a empêché une religion d’imposer sa loi. Les musulmans sont redevables de leur liberté aux blasphémateurs”, écrit ainsi Pierre Jourde dans sa tribune publiée par le Nouvel Obs.
“Beaucoup de gens aujourd’hui refusent l’idée de blasphème, pas seulement les musulmans. Il faudrait « respecter » les religions. Mais c’est justement parce qu’on ne les a pas respectées que nous sommes libérés de l’emprise religieuse, et que nous vivons en démocratie, dans un pays où toutes les religions sont acceptées”, explique encore cet écrivain qui avait remporté le Prix de la critique de l’Académie française en 2002.
“Charlie Hebdo ne va pas trop loin, Charlie Hebdo fait avec courage son travail de journal satirique, qui s’en prend à tout le monde, sans distinction de religion ou d’origine, parce qu’en démocratie on a le droit de se moquer de tout et de tout le monde. Sachez que Charlie Hebdo, qui est plutôt classable à l’extrême gauche, s’en est pris au racisme, à l’extrême droite, au christianisme, aux hommes politiques de tous bords. Et à l’islam, donc, à égalité avec les autres. Pourquoi auraient-ils dû faire une exception uniquement pour l’islam ?”, s’interroge Pierre Jourde réputé pour la satire sociale qu’il développe dans ses livres à l’image de “Dans Festins secrets” où il aborde la déliquescence du système scolaire français à travers le récit d’un jeune enseignant de français progressiste.
“L’islam peut être critiqué et moqué, comme toutes les autres religions, comme toutes les croyances, comme toutes les opinions, car en démocratie, une religion est une opinion, elle n’est pas sacrée. Si vous n’admettez pas cela, alors vous n’admettez pas la démocratie”, décrète encore Pierre Jourde qui poursuit sa lancée et insiste beaucoup sur la véritable signification de la Liberté d’Expression.
“Cela signifie que vous souhaitez vivre dans une société sans liberté d’expression, où on ne critiquera plus rien ni personne, dans une société sans blasphème, où la religion dictera aux gens leur manière de vivre, les limites de leur comportement et de leur parole. C’était la France au Moyen-Âge. C’est l’Arabie saoudite aujourd’hui”, rappelle encore cet écrivain français auteur de “La Cantatrice Avariée”, un roman absurde qui met en scène deux ex petits voyous, Bada et Bolo, qui assurent le service d’ordre d’une secte en voie de disparition qui s’est installée dans un château gothique.
“Critiquer l’islam, c’est le mettre sur le même plan que toutes les autres religions et opinions. C’est donc le respecter. Ne pas le critiquer, c’est penser qu’il est incompatible avec la démocratie, comme on préserve la sensibilité d’un petit enfant qui ne peut pas endurer la même chose que les adultes”, souligne enfin Pierre Jourde. “Les caricatures de Charlie Hebdo, celles des journaux danois, attaquaient l’islam justement sur le sujet de la violence et de l’intolérance. Et c’est bien un problème, ne le pensez-vous pas ? Les réactions violentes ont montré qu’ils avaient raison ! Les assassins de Charlie Hebdo démontrent qu’ils avaient raison, qu’il y a là un problème. Le jour où l’islam acceptera de se confronter à ses problèmes au lieu de tout renvoyer à l’islamophobie, le jour où il acceptera de rire de lui-même, et de prendre la moquerie avec une indulgence souriante, il montrera qu’il est compatible avec la démocratie, capable d’autocritique, comme l’a été le catholicisme. Ce jour-là, une simple petite caricature ne donnera plus lieu à des massacres”, conclut-il dans cette tribune qui n’a pas manqué de susciter un vif débat en France.
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