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Monétique. PayLogic, la firme marocaine qui cartonne en Afrique

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  • Monétique. PayLogic, la firme marocaine qui cartonne en Afrique

    Créée en 2010 par Mohamed Mekouar, ancien d’Upline, et Aissa Slimani, un ex de S2M, PayLogic est aujourd’hui le premier acteur du secteur de la monétique en Afrique centrale, avec des références également en Afrique de l’Ouest et au Moyen Orient. Histoire d’une pépite technologique très peu connue au Maroc.

    Les personnes qui ont vécu les premiers balbutiements du développement du marché boursier marocain au début des années 1990 connaissent très bien Mohamed Mekouar. Fondateur d’Upline aux côtés de Hassan Ait Ali et Jalal Houti, il était en charge des activités de gestion d’actifs et de private equity au sein de cette banque d’affaires indépendante rachetée en 2009 par la BCP.

    Après la cession de ses parts, M. Mekouar se lance dans une nouvelle aventure entrepreneuriale et renoue avec ses premiers amours : la monétique, son premier métier, comme il nous le raconte. Un métier qu’il connaît bien également parce qu’il a été derrière la création du premier fonds d'investissement à thématique IT au Maroc, Upline Technologie, qui a livré au marché boursier des IPO comme celle de HPS, Matel PC Market (l’actuelle Disway après sa fusion avec Distrisoft) ou Involys dont il a été l’artisan. Ce fonds créé en 2001 a été liquidité en 2008 avec un taux de rendement interne (TRI) de 18,5%...

    Ingénieur en systèmes d’information, il allie donc son expérience de financier avec celle de technicien pour se lancer aux côtés d’un autre connaisseur du secteur, Aissa Slimani, un ancien de S2M, dans le bain monétique, en créant PayLogic.

    Cible de départ : l’Afrique Centrale

    Basée à Casablanca, la société ne vise pourtant pas le marché marocain, mais se dirige dès le départ vers l’Afrique subsaharienne, avant que cette destination ne soit à la mode dans le monde du business. Mais PayLogic n’avait en vérité pas le choix : « Le marché marocain était saturé. Nous étions les plus jeunes et il y avait déjà des acteurs de poids », nous raconte son PDG.

    Première destination de PayLogic : l’Afrique Centrale, zone où l’entreprise est aujourd’hui l’acteur numéro 1 de la monétique. Par quel miracle ?

    « Nous avons constaté dès le départ que l’Afrique centrale n’avait pas de switching. Et comme c’était notre principal métier, on a ciblé cette zone. Et au fur et à mesure des références que nous avons accumulés, nous sommes devenus premiers », nous dit le patron de la firme.

    Le switching, c’est une activité bien connue dans les milieux de la monétique. C’est ce qui permet, dans le cas marocain par exemple, à un client d’Attijariwafa bank de faire un retrait depuis un GAB de la Banque Populaire ou de la BMCE. Une connexion assurée par un acteur central de switchning qui est le CMI.

    « En Afrique Centrale, zone composée de six pays (Congo Brazzaville, Cameroun, Gabon, Tchad, Guinée Equatoriale, Centrafrique), il n’y avait pas en 2010 de switchs nationaux ni de switch régional », explique M. Mekouar.

    PayLogic s’attèlera à la tâche et installera dès 2014 une connexion monétique entre les pays de la région et participe ainsi à la création du GIMAC (Groupement Interbancaire Monétique en Afrique Centrale), l'équivalent du CMI marocain mais à l’échelle de six pays.

    A côté de cette activité, PayLogic travaille aussi de manière directe avec les banques en leur fournissant des solutions pour la gestion de leurs flux monétiques. HPS a sa solution PowerCard. PayLogic a développé, elle, la solution Payway, utilisée aujourd’hui par plusieurs banques en Afrique subsaharienne mais aussi au Moyen Orient.

    En Afrique, en plus des switchs nationaux et le GIMAC, PayLogic compte parmi ses références des banques comme le groupe BGFI, le groupe Coris (première banque du Burkina), la banque de l’Habitat de la Côte d’Ivoire, la CCEI-Afriland, la banque de l’Habitat du Sénégal…

    Dernière opération en date : la signature d’un contrat avec la SUNU Bank, l’ex BPEC rachetée par l’assureur panafricain SUNU. « C’est un contrat qu’on vient de signer il y a trois mois pour fournir notre solution Payway à la filiale togolaise du groupe », nous confie le PDG de PayLogic.

    Une expansion en Afrique de l’Ouest qui s’est faite en parallèle de marchés gagnés au « Levant », comme préfère dire M. Mekouar. « En 2013, nous avons réussi à pénétrer le marché jordanien, en travaillant avec Invest Bank. Puis la Palestine et l’Irak… », nous raconte-t-il.

    En Palestine, la firme marocaine travaille notamment avec Quds Bank, deuxième banque du pays. Un marché qu’elle a remporté face à un géant russe du métier, BPC.

    Les projets d'expansion de PayLogic ne s’arrêteront pas là, puisque la firme prospecte actuellement en Asie, « dans des pays similaires à ceux d’Afrique en termes de bancarisation », nous dit M. Mekouar, notamment pour la partie « Paiement Mobile », autre activité que PayLogic a développé et dont elle est devenue une référence en Afrique centrale.

    Paiement mobile : la suite logique

    Comme pour le switching classique du GIMAC, PayLogic sera derrière le projet de switching dans le paiement mobile en Afrique Centrale. Ou ce que l’on appelle l’interopérabilité.

    « C’est une suite logique de notre activité. Avec un taux de bancarisation très faible, un usage développé du mobile et un sous équipement des commerçants en TPE, le paiement mobile a été l’alternative idéale pour permettre à la population de faire des transactions sans avoir besoin de cartes bancaires », explique M. Mekouar.

    La solution développée par PayLogic permet ainsi à tous les citoyens de l’Afrique Centrale d’effectuer des transactions commerciales, de retirer de l’argent des guichets bancaires ou de transférer de l’argent par téléphone, quel que soit le pays de la région où ils se trouvent.

    « Comme pour le switching classique qui permet de connecter les banques, on agit pour le paiement mobile comme interface entre banques, opérateurs télécoms, commerçants, sociétés de transferts de fonds... On est au milieu de la chaîne, on connecte ce réseau, on gère les requêtes et les transactions… », explique le patron de la firme.

    Cette interopérabilité développée en 2019 en Afrique Centrale, PayLogic vise aujourd’hui à l’implémenter également en Afrique de l’Ouest. « Nous avons répondu à un appel d’offres de la Banque centrale des pays d’Afrique de l’Ouest. On a été short listé. On aura bientôt le résultat… », confie M. Mekouar.

    Pour le PDG de PayLogic, l'interopérabilité et le paiement mobile est un sujet hautement stratégique. « C’est un sujet qui est actuellement au cœur des préoccupations des Banques centrales Africaines. En plus d’être un levier efficace et facile pour réussir l’inclusion financière, il porte des enjeux aussi bien financiers que politiques. Financiers puisqu’il permet d’augmenter les recettes fiscales grâce à la densification des flux de paiement, et politique parce qu’il permet d’assurer la traçabilité des transactions et réduire l’utilisation du cash », explique-t-il.

    A la recherche d'opportunités de croissance externe
    Avec un effectif de 30 personnes, la société réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires de 40 millions de dirhams. « En 2010, on a commencé avec 2,5 millions de dirhams de chiffres d’affaires », se souvient M. Mekouar, qui est confiant en les opportunités qui se présenteront dans l’avenir.

    Roulant avec zéro endettement, et sans jamais avoir réalisé de pertes, la société a accueilli en 2016 le fonds PME Croissance dans son tour de table. Et cherche aujourd’hui à croître, en élargissant son portefeuille client, mais aussi via des acquisitions en Afrique et en Europe. « Nous visons soit des sociétés qui vont nous apporter un nouveau portefeuille client soit des firmes qui nous apporteront un plus technologique », nous dit M. Mekouar.

    L’homme qui a pourtant conduit plusieurs IPO de sociétés technologiques à la Bourse de Casablanca exclut pour l’instant l’option d’une IPO pour financer cette croissance.

    « C’est une question de taille. Nous sommes encore petits pour une IPO. Si nous entrons en Bourse, c’est pour mettre sur le marché un titre liquide. HPS est une référence dans son domaine, mais son titre est pourtant peu liquide en raison de sa taille. Nous n'envisageons donc pas d’IPO pour le moment », nous l’ex-banquier d’affaires.

    L’homme reste toutefois à l’affût des nouveautés sur le marché. « Nous sommes dans un secteur très prometteur. Il y a aujourd’hui le paiement mobile, mais il y a de nouvelles vagues qui arrivent comme la monnaie digitale, la crypto-monnaie et d’autres formes de paiements... Toutes ces évolutions demanderont de nouvelles solutions, de l’intégration, des développements nouveaux, et on fera appel à des sociétés comme les nôtres. Le marché est certes concurrentiel, mais la demande est là… », nous dit-il.

    medias24
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