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Le spectre de l’abstention

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    Le spectre de l’abstention


    elwatan.com
    OMAR BERBICHE 28 OCTOBRE 2020


    Voulue par le président Tebboune comme le socle de son projet de société pour la «nouvelle Algérie», la tenue du référendum populaire sur la révision constitutionnelle prévue le 1er novembre prochain ne semble pas susciter l’adhésion et l’enthousiasme des Algériens, comme l’atteste la campagne électorale qui n’a pas tenu les promesses faites par les autorités pour en faire un cadre de débat démocratique et de large mobilisation populaire, une fête électorale.

    L’ambiance qui a imprégné cette campagne sans relief, visible uniquement au journal télévisé de 20 heures de la télévision publique, rappelle, au plan de la méthode, la «stratégie électorale» mise en œuvre à la faveur de l’élection présidentielle de décembre 2019.


    Avec les mêmes acteurs, les mêmes discours racoleurs, les mêmes dérapages de ministres en poste, de commis de l’Etat, de chefs de partis inféodés au pouvoir impliqués dans la campagne électorale prêchant en toute impunité le discours de l’inquisition, de l’exclusion et de la division à l’encontre des voix réfractaires au référendum et au projet politique porté par le nouveau pouvoir.

    Après l’épisode électoral du scrutin présidentiel sur lequel il n’y avait pas un large consensus national quant à l’opportunité de son organisation entre les partisans du prétendu «respect de la voie constitutionnelle» et les adeptes de la Constituante, le référendum populaire sur la révision constitutionnelle se tiendra dans les mêmes conditions dominées par l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays et le rejet, dans le fond et la forme, par une partie de la population, de la feuille de route du pouvoir.

    Il a été prouvé à travers l’histoire que le consensus institutionnel et clientéliste qui fonde des légitimités politiques usurpées ne concourt jamais à la stabilité politique et au renforcement de la cohésion nationale. Bien au contraire, il accentue la crise et expose immanquablement les pouvoirs, qui usent et abusent de ce genre de procédés propres aux dirigeants parachutés, à des retours de flammes qui finiront fatalement par les emporter. L’histoire est riche en enseignements en la matière.


    Organisée dans une conjoncture de forte contestation populaire ayant suivi le départ de Bouteflika et le lancement du mouvement du 22 Février réclamant le changement radical du système, l’élection présidentielle, justifiée alors par le pouvoir en place par le respect de la légalité constitutionnelle, n’est pas parvenue, presque une année après, à relever le défi engagé de rassembler les Algériens autour d’un projet politique de rupture avec l’ordre ancien, comme s’y était engagé le président Tebboune lors de son investiture.

    L’opposition avait prévenu que le scrutin ne changera rien à l’équation politique du pays tant que les hommes et les pratiques de l’ancien système sont encore en place et que le peuple ne s’est pas approprié les pouvoirs constitutionnels de décider librement de son destin à travers un processus constituant qui jettera les bases de l’Etat démocratique de demain. Le bilan est aujourd’hui là : impasse politique, la société coupée en deux avec un mouvement populaire en phase de pré-chauffage, prêt à rebondir, l’économie en panne sèche, le front social en ébullition…

    En somme, tous les ingrédients d’une crise endémique inscrite dans la durée, intervenant dans une conjoncture interne et externe des plus contraignantes. Les occasions ratées des véritables changements se payeront cash.

    Au soir du 1er novembre, après la proclamation des résultats du référendum sur la révision constitutionnelle dont l’issue ne fait pas de doute, même avec une faible participation électorale qui profitera mathématiquement pour le vote en faveur du projet, les promesses électorales sur l’Algérie nouvelle consignées dans la Constitution révisée laisseront place aux dures réalités du terrain.

    Faire voter une Constitution dans laquelle la majorité de la population ne se reconnaîtra pas tant par rapport à son contenu qu’au regard des conditions politiques dans lesquelles se tient le référendum, expose le pouvoir à courir le risque de se couper d’une partie de la population avec, à la clé, une légitimité entachée et une gouvernance difficile et tendue du fait qu’elle sera privée du soutien et de l’adhésion populaires. La leçon du scrutin présidentiel, qui avait enregistré un taux d’abstention record, ne semble pas avoir été méditée.
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