Abandon de l’État de droit, rétablissement du bagne, restauration de la Cour de sûreté de l’État, retour du service militaire, déchéance de nationalité, retrait de la Convention européenne des Droits de l’Homme, obligation de porter des prénoms “français”… Après l’horrible assassinat de Samuel Paty, enseignant à Conflans-Sainte-Honorine, les experts de BFMTV et de CNews se livrent à une infâme surenchère liberticide.
«Quand vous voyez que dans des quartiers les filles n’ont plus le droit de circuler !, s’indigne Nadine Morano samedi matin sur CNews. C’est visuel, à Nancy, de voir autant de femmes voilées, même des petites filles…» Il faudrait savoir : elles circulent ou pas ? «Ça n’est pas tolérable !» «Ça veut dire que nous devons les expulser, convient le présentateur, mais il y a le problème de la nationalité française.» La députée européenne LR défend une idée de gauche émise par François Hollande et Manuel Valls, «la déchéance de nationalité pour les bi-nationaux». «Je suis assez d’accord avec vous, Nadine Morano, intervient Guillaume Bigot, éditorialiste maison. Il faut criminaliser l’idéologie.» Restaurer le délit d’opinion.
© CNews
«L’idéologie à criminaliser, c’est pas seulement le djihadisme, c’est l’islamisme, poursuit Guillaume Bigot. Il faut passer à la contre-attaque, il faut rétablir le service militaire.» L’islamisme est soluble dans le casernement. «Et vous avez raison, il faut expulser ceux qui ont la double nationalité. Mais il y a un problème encore plus grave et encore plus massif, c’est qu’il y a plein de gens qui ont la nationalité française, il y a même des gens qui n’avaient aucun lien avec l’islam, qui sont des Normands, des Bretons, des Basques et qui se convertissent à cette idéologie mortifère.» S’il faut aussi criminaliser les Normands, les Bretons et les Basques, les cours d’assises vont être débordées.
«Y a cinq cents personnes qui vont être relâchées des prisons, alerte Guillaume Bigot. Y en a eu vingt l’année dernière, y en aura quarante cette année, ce sont des djihadistes hautement dangereux.» Mais l’éditorialiste a une solution pour s’en protéger. «Je le dis, ça peut choquer, il faut rétablir le bagne. Il faut que ces gens sortent de la société. Il y a les îles Kerguelen, elles sont à une latitude telle que les gens peuvent survivre.» En effet, il y fait 4,9 degrés en moyenne. «Il y a de l’eau en quantité suffisante.» En effet, il y pleut ou il y neige environ 350 jours par an. «Vous les isolez sur le long terme. Sinon, c’est le rétablissement de la peine de mort.» Mieux vaut les envoyer mourir au bagne.
© CNews
Nadine Morano approuve : «Je partage cette analyse.» «La rétention de sûreté, oui, mais le bagne, c’est impossible», nuance la très légaliste Laurence Saillet, ancienne porte-parole LR devenue consultante CNews. «La Nouvelle-Zélande ou l’Australie sont des pays qui ont été principalement peuplés de bagnards !», rétorque Guillaume Bigot. Et ce sont des pays en tous points comparables à l’archipel des Kerguelen. «Cayenne a laissé un très mauvais souvenir parce que les conditions y étaient insalubres. Evidemment, c’est pas ce que je préconise, j’ai parlé de Kerguelen où y a des conditions climatiques tout à fait acceptables.» En effet, les vents y soufflent généralement à 150 kilomètres/heure et atteignent parfois 200 kilomètres/heure, c’est vivifiant. Si les tentatives de colonisation ont toutes échoué (il n’y subsiste qu’une station scientifique), c’est sans doute parce qu’elles n’étaient pas conduites par des bagnards. [Pour se faire une idée des conditions de (sur)vie dans ce milieu, lire le beau récit de François Garde, Marcher à Kerguelen (Gallimard).]
© CNews
«Monsieur Bigot a raison, applaudit Nadine Morano, il faut les sortir.» Les sortir très loin, jusqu’à ce qu’on appelait autrefois Îles de la Désolation. Laurence Saillet nuance : «Vous ne pouvez pas maintenir des gens en prison vingt ans ou trente ans pour des raisons d’opinion, ça n’a pas de sens. Mais en même temps vous ne pouvez pas les relâcher.» On rétablit la peine de mort, alors ? «Je répète que des pays comme la Nouvelle-Zélande ont été peuplés par des bagnards, insiste Guillaume Bigot. Ça s’est déjà fait !» Et c’est une réussite : là-bas, ce sont des musulmans qui sont massacrés par un suprémaciste blanc. «Il faut frapper très fort.» Bombarder les mosquées. Nadine Morano s’interpose : «Je veux pas un débat sémantique» Rétention de sûreté à perpétuité, peine de mort, bagne meurtrier : tout ça, c’est de la sémantique.
Dimanche midi, sur BFMTV, Christophe Barbier lance une autre idée frappée au coin du non-sens. «On peut agir très rapidement, il faut relancer la loi Avia censurée par le Conseil constitutionnel, qu’on peut très bien remettre sur l’établi en changeant la Constitution.» D’abord en supprimant son outrancier préambule — la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. «Profitons de cette tragédie…» Providentielle, cette tragédie. «… Pour faire une loi Avia validée constitutionnellement, les grands opérateurs des réseaux sociaux auraient entre une heure et vingt-quatre heures pour faire disparaître les contenus haineux.» On ne va tout de même pas s’embarrasser de l’avis des juges, les Gafam peuvent très bien les suppléer. «Cette loi a été invalidée par le Conseil constitutionnel au nom de la liberté d’expression.» Ce Conseil est un nid d’islamo-gauchistes. Il faudrait le supprimer, le problème sera réglé, on pourrait abolir la liberté d’expression.
© BFMTV
Comme le rassemblement en hommage à Samuel Paty débute place de la République, Christophe Barbier en profite pour dénoncer les complices de son bourreau. «Dans cette manifestation, il y a des arrière-pensées politiques. La France insoumise est attaquée depuis plus d’un an sur son laxisme, son islamo-gauchisme parce qu’elle s’est mêlée à une manifestation contre la prétendue islamophobie. Elle doit reconstruire une virginité républicaine.» Facile, il suffit d’envoyer les militants LFI aux Kerguelen, un archipel quasiment vierge.
Le soir, toujours sur BFMTV, Jean-Baptiste Boursier reçoit un participant à la manifestation. «Manuel Valls, vous étiez place de la République.» «Quand mon pays est attaqué, moi, je suis là», se vante le conseiller municipal de Barcelone allié à l’extrême droite espagnole. Et de fustiger «nos lâchetés, nos ambiguïtés, et à gauche notamment…» «Je vous arrête là-dessus, exulte Jean-Baptiste Boursier, parce que vous avez eu des mots extrêmement durs à l’endroit de La France insoumise, de Jean-Luc Mélenchon, vous avez dit : “Ils ont une responsabilité dans cette lâcheté.”» Et donc dans l’assassinat de Samuel Paty. «Oui, bien sûr, cette gauche-là, vilipende Manuel Valls. La France insoumise, la gauche journalistique, Edwy Plenel, la gauche syndicale, l’Unef, la Ligue de l’enseignement, la Ligue des Droits de l’Homme, qui ont fait rentrer les théories de Tariq Ramadan en leur sein.» Ça va faire beaucoup de monde aux Kergeulen, il va falloir réquisitionner aussi l’île Amsterdam, l’île Saint-Paul et l’archipel Crozet.
© BFMTV
Manuel Valls précise : «Je suis pas là pour diviser.» Pas du tout. «Mais il faut dire la vérité.» Désigner les complices de l’assassin de Samuel Paty. «Il faut interdire le CCIF [Comité contre l’islamophobie en France, qui assiste les musulmans victimes de discriminations, ndlr], il faut interdire BarakaCity [organisation humanitaire animée par des musulmans, ndlr].» Pour ceux-là, je propose la Terre Adélie où, selon Guillaume Bigot, les conditions climatiques sont tout à fait acceptables. «S’il faut changer la Constitution, nous devons le faire.» C’est une manie. Guillaume Durand interroge : «Y compris en ne tenant plus compte du droit européen sur les libertés ?» «S’il nous faut, dans un moment exceptionnel, s’éloigner du droit européen, faire évoluer notre Constitution, il faut le faire.» On ne va pas se laisser contraindre par les arguties islamo-juridiques de la Commission européenne des droits de l’Homme. «Je l’ai dit en 2015, nous sommes en guerre. Si nous sommes en guerre, donc il faut agir, frapper.» Bombarder les locaux de Mediapart, de la Ligue des droits de l’Homme, de l’Unef, de la CGT, etc.
Lundi matin, toujours sur BFMTV, c’est au tour de l’invité de Jean-Jacques Bourdin, Nicolas Dupont-Aignan, de participer au grand concours d’idées liberticid… — pardon, libératoires. Il réclame le rétablissement de la Cour de sûreté de l’État, juridiction d’exception composée de magistrats et de militaires, créée à la suite des attentats de l’OAS et supprimée en 1981 après l’élection de Mitterrand. Il annonce qu’il va «déposer une proposition de loi sur le délit de persécution de prêche religieux qui veut imposer la charia à la place de la loi de la République». Hum… Je m’étonne : Nicolas Dupont-Aignan veut créer un délit pour punir les personnes persécutant les prêches religieux qui prônent la charia. Serait-il devenu islamo-droitard ? «Il faut aussi modifier la Constitution.» C’est une manie. «Il faut mettre dans la Constitution la laïcité.» Voilà une idée visionnaire. D’ailleurs, l’article premier de la Constitution de 1958 stipule : «La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.» C’est dire si Nicolas Dupont-Aignan est en avance sur son temps.
© BFMTV
Ce lundi matin, CNews et Pascal Praud sont toutefois les plus compétents pour proposer une synthèse équilibrée des propositions formulées depuis trois jours. Elisabeth Lévy vitupère : «C’est l’État de droit qui est le synonyme de notre désarmement.» Il nous faudrait une saine dictature. «Nous sommes ligotés par notre droit-de-l’hommisme…» Bien-pensant, qui plus est. «… Englués par les droits qui sont toujours pour ceux qui nous attaquent.» C’est au nom des droits de l’Homme que Samuel Paty a été assassiné. «C’est une question fondamentale, juge Pascal Praud. Est-ce que notre Etat de droit est impuissant ?» Pire que ça, répond Jean Messiha, du RN, reprenant à son compte l’argument d’Elisabeth Lévy : «La notion d’État de droit a été instrumentalisée pour protéger les pires ennemis et de l’État et du droit.» Puisqu’on vous dit que les droits-de-l’hommistes sont les alliés objectifs des terroristes. Elisabeth Lévy désespère : «Les Français de souche, ça n’existe pas, disait François Hollande !» Certains islamo-préhistoriens prétendent même que les Français de souche ont émigré d’Afrique il y a 180 000 ans.
© CNews
Pascal Praud offre le recul de sa culture historique. «Toute la logorrhée qui explique que la France est une terre d’immigration et que cette immigration aujourd’hui, c’est la même que les Italiens, etc., tout ça, c’est n’importe quoi, on le sait bien !» On ne le savait pas en 1893 quand, dans les Bouches-du-Rhône, des pogroms massacraient des Italiens (du Sud) au prétexte que leur culture et leur religion était incompatibles avec celles des bons catholiques Français. «L’histoire des prénoms est très intéressante, ajoute l’animateur. Ça aussi, c’est tabou, l’histoire des prénoms.» Un tel tabou qu’Eric Zemmour l’évoque un jour sur deux à l’antenne de CNews.
«Je suis d’accord !», s’exclame Pascal Praud à chaque intervention de la voix de la Raison incarnée par Jean Messiha. «Exceptionnellement, je vais demander à Elisabeth Lévy de nous quitter, Gérard Leclerc va vous remplacer.» Je regrette déjà le sens de la nuance de la directrice de Causeur. «Parce que nous avons trois représentants politiques que sont Jean Messiha du RN, Florian Bachelier de LREM, Nadine Morano de LR, donc je trouverais ça inégal qu’un représentant politique s’en aille.» Si l’on congédiait un des trois représentants de droite, de droite extrême et d’extrême droite, le plateau serait déséquilibré.
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«Quand vous voyez que dans des quartiers les filles n’ont plus le droit de circuler !, s’indigne Nadine Morano samedi matin sur CNews. C’est visuel, à Nancy, de voir autant de femmes voilées, même des petites filles…» Il faudrait savoir : elles circulent ou pas ? «Ça n’est pas tolérable !» «Ça veut dire que nous devons les expulser, convient le présentateur, mais il y a le problème de la nationalité française.» La députée européenne LR défend une idée de gauche émise par François Hollande et Manuel Valls, «la déchéance de nationalité pour les bi-nationaux». «Je suis assez d’accord avec vous, Nadine Morano, intervient Guillaume Bigot, éditorialiste maison. Il faut criminaliser l’idéologie.» Restaurer le délit d’opinion.
© CNews
«L’idéologie à criminaliser, c’est pas seulement le djihadisme, c’est l’islamisme, poursuit Guillaume Bigot. Il faut passer à la contre-attaque, il faut rétablir le service militaire.» L’islamisme est soluble dans le casernement. «Et vous avez raison, il faut expulser ceux qui ont la double nationalité. Mais il y a un problème encore plus grave et encore plus massif, c’est qu’il y a plein de gens qui ont la nationalité française, il y a même des gens qui n’avaient aucun lien avec l’islam, qui sont des Normands, des Bretons, des Basques et qui se convertissent à cette idéologie mortifère.» S’il faut aussi criminaliser les Normands, les Bretons et les Basques, les cours d’assises vont être débordées.
«Y a cinq cents personnes qui vont être relâchées des prisons, alerte Guillaume Bigot. Y en a eu vingt l’année dernière, y en aura quarante cette année, ce sont des djihadistes hautement dangereux.» Mais l’éditorialiste a une solution pour s’en protéger. «Je le dis, ça peut choquer, il faut rétablir le bagne. Il faut que ces gens sortent de la société. Il y a les îles Kerguelen, elles sont à une latitude telle que les gens peuvent survivre.» En effet, il y fait 4,9 degrés en moyenne. «Il y a de l’eau en quantité suffisante.» En effet, il y pleut ou il y neige environ 350 jours par an. «Vous les isolez sur le long terme. Sinon, c’est le rétablissement de la peine de mort.» Mieux vaut les envoyer mourir au bagne.
© CNews
Nadine Morano approuve : «Je partage cette analyse.» «La rétention de sûreté, oui, mais le bagne, c’est impossible», nuance la très légaliste Laurence Saillet, ancienne porte-parole LR devenue consultante CNews. «La Nouvelle-Zélande ou l’Australie sont des pays qui ont été principalement peuplés de bagnards !», rétorque Guillaume Bigot. Et ce sont des pays en tous points comparables à l’archipel des Kerguelen. «Cayenne a laissé un très mauvais souvenir parce que les conditions y étaient insalubres. Evidemment, c’est pas ce que je préconise, j’ai parlé de Kerguelen où y a des conditions climatiques tout à fait acceptables.» En effet, les vents y soufflent généralement à 150 kilomètres/heure et atteignent parfois 200 kilomètres/heure, c’est vivifiant. Si les tentatives de colonisation ont toutes échoué (il n’y subsiste qu’une station scientifique), c’est sans doute parce qu’elles n’étaient pas conduites par des bagnards. [Pour se faire une idée des conditions de (sur)vie dans ce milieu, lire le beau récit de François Garde, Marcher à Kerguelen (Gallimard).]
© CNews
«Monsieur Bigot a raison, applaudit Nadine Morano, il faut les sortir.» Les sortir très loin, jusqu’à ce qu’on appelait autrefois Îles de la Désolation. Laurence Saillet nuance : «Vous ne pouvez pas maintenir des gens en prison vingt ans ou trente ans pour des raisons d’opinion, ça n’a pas de sens. Mais en même temps vous ne pouvez pas les relâcher.» On rétablit la peine de mort, alors ? «Je répète que des pays comme la Nouvelle-Zélande ont été peuplés par des bagnards, insiste Guillaume Bigot. Ça s’est déjà fait !» Et c’est une réussite : là-bas, ce sont des musulmans qui sont massacrés par un suprémaciste blanc. «Il faut frapper très fort.» Bombarder les mosquées. Nadine Morano s’interpose : «Je veux pas un débat sémantique» Rétention de sûreté à perpétuité, peine de mort, bagne meurtrier : tout ça, c’est de la sémantique.
Dimanche midi, sur BFMTV, Christophe Barbier lance une autre idée frappée au coin du non-sens. «On peut agir très rapidement, il faut relancer la loi Avia censurée par le Conseil constitutionnel, qu’on peut très bien remettre sur l’établi en changeant la Constitution.» D’abord en supprimant son outrancier préambule — la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. «Profitons de cette tragédie…» Providentielle, cette tragédie. «… Pour faire une loi Avia validée constitutionnellement, les grands opérateurs des réseaux sociaux auraient entre une heure et vingt-quatre heures pour faire disparaître les contenus haineux.» On ne va tout de même pas s’embarrasser de l’avis des juges, les Gafam peuvent très bien les suppléer. «Cette loi a été invalidée par le Conseil constitutionnel au nom de la liberté d’expression.» Ce Conseil est un nid d’islamo-gauchistes. Il faudrait le supprimer, le problème sera réglé, on pourrait abolir la liberté d’expression.
© BFMTV
Comme le rassemblement en hommage à Samuel Paty débute place de la République, Christophe Barbier en profite pour dénoncer les complices de son bourreau. «Dans cette manifestation, il y a des arrière-pensées politiques. La France insoumise est attaquée depuis plus d’un an sur son laxisme, son islamo-gauchisme parce qu’elle s’est mêlée à une manifestation contre la prétendue islamophobie. Elle doit reconstruire une virginité républicaine.» Facile, il suffit d’envoyer les militants LFI aux Kerguelen, un archipel quasiment vierge.
Le soir, toujours sur BFMTV, Jean-Baptiste Boursier reçoit un participant à la manifestation. «Manuel Valls, vous étiez place de la République.» «Quand mon pays est attaqué, moi, je suis là», se vante le conseiller municipal de Barcelone allié à l’extrême droite espagnole. Et de fustiger «nos lâchetés, nos ambiguïtés, et à gauche notamment…» «Je vous arrête là-dessus, exulte Jean-Baptiste Boursier, parce que vous avez eu des mots extrêmement durs à l’endroit de La France insoumise, de Jean-Luc Mélenchon, vous avez dit : “Ils ont une responsabilité dans cette lâcheté.”» Et donc dans l’assassinat de Samuel Paty. «Oui, bien sûr, cette gauche-là, vilipende Manuel Valls. La France insoumise, la gauche journalistique, Edwy Plenel, la gauche syndicale, l’Unef, la Ligue de l’enseignement, la Ligue des Droits de l’Homme, qui ont fait rentrer les théories de Tariq Ramadan en leur sein.» Ça va faire beaucoup de monde aux Kergeulen, il va falloir réquisitionner aussi l’île Amsterdam, l’île Saint-Paul et l’archipel Crozet.
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Manuel Valls précise : «Je suis pas là pour diviser.» Pas du tout. «Mais il faut dire la vérité.» Désigner les complices de l’assassin de Samuel Paty. «Il faut interdire le CCIF [Comité contre l’islamophobie en France, qui assiste les musulmans victimes de discriminations, ndlr], il faut interdire BarakaCity [organisation humanitaire animée par des musulmans, ndlr].» Pour ceux-là, je propose la Terre Adélie où, selon Guillaume Bigot, les conditions climatiques sont tout à fait acceptables. «S’il faut changer la Constitution, nous devons le faire.» C’est une manie. Guillaume Durand interroge : «Y compris en ne tenant plus compte du droit européen sur les libertés ?» «S’il nous faut, dans un moment exceptionnel, s’éloigner du droit européen, faire évoluer notre Constitution, il faut le faire.» On ne va pas se laisser contraindre par les arguties islamo-juridiques de la Commission européenne des droits de l’Homme. «Je l’ai dit en 2015, nous sommes en guerre. Si nous sommes en guerre, donc il faut agir, frapper.» Bombarder les locaux de Mediapart, de la Ligue des droits de l’Homme, de l’Unef, de la CGT, etc.
Lundi matin, toujours sur BFMTV, c’est au tour de l’invité de Jean-Jacques Bourdin, Nicolas Dupont-Aignan, de participer au grand concours d’idées liberticid… — pardon, libératoires. Il réclame le rétablissement de la Cour de sûreté de l’État, juridiction d’exception composée de magistrats et de militaires, créée à la suite des attentats de l’OAS et supprimée en 1981 après l’élection de Mitterrand. Il annonce qu’il va «déposer une proposition de loi sur le délit de persécution de prêche religieux qui veut imposer la charia à la place de la loi de la République». Hum… Je m’étonne : Nicolas Dupont-Aignan veut créer un délit pour punir les personnes persécutant les prêches religieux qui prônent la charia. Serait-il devenu islamo-droitard ? «Il faut aussi modifier la Constitution.» C’est une manie. «Il faut mettre dans la Constitution la laïcité.» Voilà une idée visionnaire. D’ailleurs, l’article premier de la Constitution de 1958 stipule : «La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.» C’est dire si Nicolas Dupont-Aignan est en avance sur son temps.
© BFMTV
Ce lundi matin, CNews et Pascal Praud sont toutefois les plus compétents pour proposer une synthèse équilibrée des propositions formulées depuis trois jours. Elisabeth Lévy vitupère : «C’est l’État de droit qui est le synonyme de notre désarmement.» Il nous faudrait une saine dictature. «Nous sommes ligotés par notre droit-de-l’hommisme…» Bien-pensant, qui plus est. «… Englués par les droits qui sont toujours pour ceux qui nous attaquent.» C’est au nom des droits de l’Homme que Samuel Paty a été assassiné. «C’est une question fondamentale, juge Pascal Praud. Est-ce que notre Etat de droit est impuissant ?» Pire que ça, répond Jean Messiha, du RN, reprenant à son compte l’argument d’Elisabeth Lévy : «La notion d’État de droit a été instrumentalisée pour protéger les pires ennemis et de l’État et du droit.» Puisqu’on vous dit que les droits-de-l’hommistes sont les alliés objectifs des terroristes. Elisabeth Lévy désespère : «Les Français de souche, ça n’existe pas, disait François Hollande !» Certains islamo-préhistoriens prétendent même que les Français de souche ont émigré d’Afrique il y a 180 000 ans.
© CNews
Pascal Praud offre le recul de sa culture historique. «Toute la logorrhée qui explique que la France est une terre d’immigration et que cette immigration aujourd’hui, c’est la même que les Italiens, etc., tout ça, c’est n’importe quoi, on le sait bien !» On ne le savait pas en 1893 quand, dans les Bouches-du-Rhône, des pogroms massacraient des Italiens (du Sud) au prétexte que leur culture et leur religion était incompatibles avec celles des bons catholiques Français. «L’histoire des prénoms est très intéressante, ajoute l’animateur. Ça aussi, c’est tabou, l’histoire des prénoms.» Un tel tabou qu’Eric Zemmour l’évoque un jour sur deux à l’antenne de CNews.
«Je suis d’accord !», s’exclame Pascal Praud à chaque intervention de la voix de la Raison incarnée par Jean Messiha. «Exceptionnellement, je vais demander à Elisabeth Lévy de nous quitter, Gérard Leclerc va vous remplacer.» Je regrette déjà le sens de la nuance de la directrice de Causeur. «Parce que nous avons trois représentants politiques que sont Jean Messiha du RN, Florian Bachelier de LREM, Nadine Morano de LR, donc je trouverais ça inégal qu’un représentant politique s’en aille.» Si l’on congédiait un des trois représentants de droite, de droite extrême et d’extrême droite, le plateau serait déséquilibré.
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