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Pandémie: Appels à des renforts contre le Covid

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    Pandémie: Appels à des renforts contre le Covid

    lequotidien-oran.com

    Dimanche 15 novembre 2020

    par Ghania Oukazi


    Le directeur général du Centre hospitalo-universitaire Mustapha Pacha lance un appel pressant aux pouvoirs publics pour renforcer les personnels des paramédicaux afin de faire face aux urgences provoquées par l'aggravation de la situation sanitaire.

    Abdessalem Benana leur propose de faire appel aux retraités du corps paramédical pour venir en aide à leurs confrères submergés par la recrudescence effrénée du nombre de cas de contamination par le coronavirus. «Rien ne nous interdit de remobiliser les retraités paramédicaux et auxiliaires pour renforcer les équipes au niveau de la consultation et de la réanimation», nous dit le DG du CHU Mustapha. «Il faut un système de rémunération spécifique à cette catégorie de personnels qu'on doit impérativement et immédiatement injecter dans les établissements hospitaliers du pays», affirme Benana. Professeur Kamel Haiel, chef de service de l'unité consultation Covid-19 du CHU, atteste qu' «on ne s'est pas arrêté depuis le 21 mars dernier, jour de l'apparition du 1er cas en Algérie, le corps paramédical c'est le maillon fort dans la gestion de cette pandémie au niveau des hôpitaux parce qu'il est aux premières lignes».

    Il précise que «c'est pour cela que les paramédicaux sont les plus contaminés». Professeur Rachid Belhadj, chef de service Médecine légale et directeur des Activités médicales et paramédicales, conforte les propos du DG et du Prof Haiel. «Les moyens matériels sont là mais les moyens humains sont insuffisants, ils sont épuisés et beaucoup ont été contaminés, il est temps de renforcer notamment les personnels paramédicaux des hôpitaux», nous dit-il. Haiel explique que «dans les CHU étrangers, un malade est pris en charge par un médecin, 2 infirmiers et une aide-soignante, chez nous, on a 2 infirmiers pour 10 patients». Prof Belhadj lâche «c'est ça la réalité du terrain ! On est dans la 1ère ou la 2ème vague, cela importe peu, on n'est pas à ce stade de réflexion, le plus important pour nous c'est d'avoir un lit en réanimation et une source d'oxygène aux malades nécessitant des soins spécialisés, on se démène comme on peut pour répondre à toutes les urgences Covid». Haiel affirme «la 1ère vague n'a jamais été «négativée» à ce jour».

    «C'est difficile pour tout le monde»

    A l'apparition de la crise sanitaire, rappelle-t-il, «on a passé 5 mois à l'hôpital sans rentrer à la maison, on a travaillé tous les jours, weekends et jours féries compris». Au mois de mars, on avait, dit-il, «quelques cas éparses, personne ne s'attendait à une vague importante de contamination, au mois d'avril, la vague s'est déclenchée». Il se rappelle que «dès les premiers instants, le directeur de l'hôpital a eu l'idée de nous dire de ne pas mélanger les malades Covid, il a proposé à ce qu'un endroit consultation Covid soit créé». Le choix s'est porté selon le DG de l'hôpital sur «un endroit qui était inoccupé parce que désaffecté, on l'a réaménagé». Haiel nous relate comment et à quel rythme fonctionne l'unité consultation Covid «où les malades symptomatiques doivent être reçus, leur ouvrir un dossier, après la consultation, les diriger vers la radiologie pour un scanner, des examens cliniques, un ECG pour un avis cardio, un bilan sanguin, le tout nous permet de décider de leur hospitalisation ou alors leur donner un traitement et ils rentrent chez eux». Ces derniers ne sont pas lâchés dans la nature sans suivi. «Nous les enregistrons en tant que malades Covid, une cellule de suivi les appelle chez eux régulièrement pour s'enquérir de l'évolution de leur état, des complications s'il y en a, et si tout rendre dans l'ordre, -c'est tant mieux !-, des consignes strictes leur sont données pour le respect des mesures barrières, ceci pour couper la chaîne de contamination(…)». Nos interlocuteurs ouvrent une parenthèse pour noter que «plusieurs fois, on découvre que les malades pris en charge chez eux, à leur arrivée à l'hôpital, nous donnent de faux numéros de téléphone ou de fausses adresses, on le constate une fois le personnel de suivi de leur cas les appelle ou se déplace chez eux, c'est curieux comme comportement»... Ils déplorent en outre le fait que «des citoyens ramènent leur parent pour non seulement les laisser dans les couloirs mais filment avec leur portable et diffusent sur les réseaux sociaux comme étant des malades abandonnés à leur sort, ça ne se passe pas du tout comme ça, quand les lits sont occupés et que les services n'ont pas où mettre les malades, ils doivent savoir être patients, on ne les laisse pas attendre de gaité de cœur, c'est évident, on gère des situations d'urgence, c'est difficile pour tout le monde.»

    Des personnels présents 24/24

    Parenthèse fermée, Prof Haiel rappelle qu'il existe au niveau de l'hôpital un service dédié spécialement à «la consultation sur interrogatoire par téléphone, de citoyens qui ne se déplacent pas mais appellent quand ils ont des symptômes de Covid ou dans leur entourage, tout est pris en charge, au début on recevait 120 malades, 85 étaient traités en forme ambulatoire (…)». Prof Belhadj affirme que «l'hôpital Mustapha a le meilleur plateau technique du pays, les prestations qu'il assure aux malades Covid sont totalement gratuites, l'hôpital est le 2ème à faire la PCR après l'Institut Pasteur, avec une moyenne de 150/jour, on a fait plus de 7.000 scanners thoraciques depuis avril(…), c'est vers cet hôpital que les citoyens affluent le plus et de toutes les régions du pays, c'est un réceptacle de toutes les urgences».

    Le DG de Mustapha nous dit qu'aujourd'hui (mercredi dernier), nous avons 45 malades en réanimation, à l'origine, nous avions 2 unités de 10 lits chacune (20 lits en tout), avec les 9 autres lits pour les urgences au niveau du service de réanimation polyvalente, ça nous fait 29, avec les efforts que nous avons tous déployés, nous avons pu mobiliser au jour d'aujourd'hui 87 lits en réanimation (ventilation non invasive)». Benana note que «l'ensemble de la situation est examiné durant les nombreuses séances de travail qu'on a avec le ministère de la Santé et le wali d'Alger». Un wali qui, précise-t-il, «s'implique en personne et fait preuve de disponibilité 24/24 en impliquant matériellement la wilaya».

    Prof Belhadj enchaîne «à l'hôpital, on doit avoir à l'œil tout ce qui touche à la gestion administrative qui est très importante, tout ce qui est disponibilité des moyens de diagnostic (PCR), de prise en charge (respirateurs, consommables, lits, médicaments…) avec en prime la gestion des ressources humaines du gardien jusqu'au professeur chef de service, bien sûr tout cela nécessite des moyens financiers colossaux».

    «Les impératives mesures barrières»

    En même temps, fait-il savoir, «il y a l'activité médicale et paramédicale qu'il faut assurer impérativement, veiller à ce que nos ressources humaines soient présentes en activité permanente, 24/ 24 et 7 jours sur 7, les personnels hospitaliers doivent rester debout pour que la structure fonctionne sans s'arrêter parce que les contaminations augmentent tous les jours tout autant que les décès». Même au cas où un vaccin est ramené, «nous avons un ordre de priorité à respecter obligatoirement, on doit commencer à vacciner en premier les personnels hospitaliers, toute notre stratégie de lutte repose sur eux, leur efficacité et leur disponibilité». Au rythme où vont les choses, tout l'hôpital Mustapha est pratiquement transformé en unité de prise en charge des malades du Covid-19. Nos interlocuteurs nous affirment qu' «il a même été mis en place une unité pour les femmes enceintes atteintes et aussi pour les enfants». Belhadj tient à nuancer quelque peu en assurant que «la continuité des soins pour les malades «hors Covid» est assurée. «Une trentaine de spécialités fonctionnent 24/24 comme les urgences de cardiologie (acte d'intervention compris), la maternité, la maxillo-faciale, le diabète (….), on a transformé une grande partie de l'hôpital pour les malades Covid mais on garde les activités principales en garantissant la mobilisation de lits pour les autres malades, par exemple cette semaine nous avons fait trois amputations à des diabétiques, on prend en charge le décollement de la rétine». Les décès des malades Covid exigent, selon lui, «de nous qu'on les diagnostique, parfois en procédant à la PCR ou à une autopsie, on doit mettre le corps dans un sac, bien le fermer et le mettre dans une morgue dédiée au Covid, en attendant son identification par la famille, on oblige au respect strict des gestes barrières pour éviter que le cadavre ne contamine ses proches, parce qu'il peut être contagieux au niveau de certaines parties (s'il est manipulé au moment du lavage rituel), c'est pour cela qu'on refuse qu'il soit lavé».

    Aujourd'hui, les choses se bousculen et obligent à plus de vigilance et de disponibilité de moyens humains et matériels parce que «ce qui nous inquiète, ce sont les formes sévères qui nécessitent une oxygénothérapie au niveau d'un service, en réanimation ou en soins intensifs, c'est ça la difficulté aujourd'hui !», s'exclame Prof Belhadj.

    L'effroyable contamination socioprofessionnelle

    Le chef de l'unité consultation Covid intervient pour nous dire que «les enfants sont souvent porteurs du virus, parfois malades, il ne faut pas confondre entre le coronavirus qui est le SARS COV 2 (virus de la même famille que la grippe) et le Covid-19 qui est la maladie, on eut donc être positif sans développer de symptômes, c'est le cas de la plupart des jeunes (au-dessous de 50 ans), ils sont asymptomatiques, c'est très souvent eux qui contaminent leurs proches». Il appelle avec une grande insistance «au respect strict des mesures barrières (lavage des mains, port de bavette et distanciation physique) pour couper la chaîne de transmission». 90% des malades qu'on reçoit, dit-il, «sont des sujets très âgés, vulnérables, qui ne sortent pas de chez eux, ils ont donc été contaminés par des personnes jeunes, par des enfants, il suffit qu'il y ait un cas, c'est toute la famille qui passe». Haiel recommande vivement aux jeunes personnes de ne pas faire dans le déni, parce que toute la gravité de la maladie est là ! Il faut accepter que le virus existe et qu'il faut le combattre, les mesures barrières sont impératives». Prof Belhadj relève qu' «en plus, l'obésité est cet autre nid de morbidité, les jeunes obèses paient cher le Covid-19(…)». Il signale en outre et surtout «la contamination professionnelle qui sévit depuis quelque temps au niveau des lieux de travail, institutions, structures, entreprises, écoles, universités…, avant la contamination était familiale, aujourd'hui, elle est socioprofessionnelle, c'est très inquiétant». D'ailleurs, dit-il, «on s'attend à avoir dans 15 jours tout au plus des pans entiers de contamination, ce sont 8 millions d'enfants qui vont à l'école, l'ouverture des mosquées, les fêtes familiales, les enterrements, les transports publics, le relâchement de beaucoup, ce sera le bilan de la rentrée sociale…». Il interroge sur ce qu'il qualifie de «problème de fond, on va aller jusqu'où et jusqu'à quand comme ça, une population qui ne respecte pas les mesures barrières, les regroupements de masse ? Il nous est très difficile de tenir le coup humainement !». Ils appellent tous à «plus de discipline et à plus de civisme !»

    .../...

  • #2
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    Le dépistage «au maximum»

    Belhadj recommande à «ce qu'on ne politise pas et qu'on ne polémique sur un virus qui fait des ravages !» L'idée d'un dépistage de masse, les professionnels de la santé n'y pensent pas, du moins pour l'instant. «Le dépistage à grande échelle, un dépistage systématique et banalisé, n'est pas à portée de main», fait remarquer Prof Haiel, «il n'y a aucun pays qui peut le faire parce qu'il nécessite des moyens considérables». Le «maximum» de dépistage est toutefois recommandé par les spécialistes «à chaque fois qu'on peut le faire, il élimine beaucoup de cas de contamination dans les milieux socioprofessionnels et dans la rue», disent-ils. Prof Belhadj intervient pour expliquer que «les difficultés nous viennent de trois problèmes, les malades chroniques sont toujours là, il faut absolument continuer à les prendre en charge, le 2ème la contamination du personnel médical qui elle aussi augmente». Ici, il marque une halte pour relever que «le plus drôle est que jusqu'à aujourd'hui, la tutelle n'a pas encore décidé si la contamination de nos personnels doit être recensée comme accident de travail ou maladie professionnelle peut-être à cause de la difficulté de savoir si leur contamination a été à l'intérieur de l'hôpital ou à l'extérieur». Ceci, sans compter selon lui «l'épuisement du personnel parce qu'il travaille 24/24, le burn-out (syndrome de l'épuisement professionnel). Le 3ème problème pour le directeur des Activités médicales et paramédicales «c'est la formation graduée et post-graduée qu'on doit assurer au niveau du CHU». Le volet formation, dit-il, «nous pose d'énormes problèmes, on l'assure difficilement donc pas correctement à cause des nombreuses contraintes qu'on subit».

    Dure épreuve !

    C'est «la mise à l'épreuve d'un système de santé qui fonctionne avec tous les problèmes qu'on peut avoir, nous sommes présents même dans ces conditions de travail difficiles, c'est du militantisme médical !», affirme Belhadj. Clusters ou pas, la contamination est là et partout, constate-t-il en lançant «on a besoin de lits d'hospitalisation et pas que ça en ces temps de pandémie». Il demande à ce que les pouvoirs publics promettent de revoir le système de santé «dans son volet formation, statuts des personnels, système indemnitaire pour qu'on puisse garder les compétences paramédicales et aussi administratives, un salaire de 80 000 pour gérer la folie des CHU, c'est bien dérisoire, on ne sait pas où on va…» Il affirme que «la mobilisation des personnels est très difficile, autre problème de taille, les corps de médecins, techniciens, paramédicaux se féminisent, les femmes trouvent que c'est difficile pour elles de travailler la nuit, on supplie les infirmières pour qu'elles le fassent, on a un gros problème de fonctionnement de nos unités la nuit, il faut donc des mesures incitatives». Haiel estime qu' «un paramédical formé avec bac plus 3 pour être payé à 40.000 DA, il est normal qu'il se cherche un double emploi pour arrondir ses fins de mois». La nouvelle génération de médecins refuse elle aussi, selon lui, de faire une spécialité avec bac plus 12 pour un salaire dérisoire en plus du service civil (pour certaines spécialités), l'échelle des valeurs est cassée. Bien qu'ils disent qu'elle est maîtrisée, la situation sanitaire soumet les personnels à rude épreuve.

    Ces 99 textes réglementaires qui manquent

    Benana nous dit qu'il a refusé de mettre en place un chapiteau «parce qu'en hiver il fait très froid à l'intérieur et en été il fait très chaud, personne ne peut travailler dans pareilles conditions». Des chapiteaux ou des hôpitaux de campagne pour alléger les établissements sanitaires, Belhadj interroge «mais qui va les faire fonctionner par ce manque d'effectifs?» Leur tentative de transformer le service ORL (80 lits) en service Covid a échoué «à cause de ça». Il indique «qu'on a fait une simulation pour utiliser la salle Harcha en cas de catastrophe, mais il faut dès maintenant penser à la ressource humaine et aux moyens d'oxygénation, jamais le système n'a été aussi sollicité, ce qui a provoqué une baisse de la pression (on a une équipe H 24 pour faire face aux problèmes techniques au niveau des 3 stations fonctionnelles qu'on a, il faut réfléchir à l'engineering (intelligence médicale), on a crée des hôpitaux de campagne mais à domicile avec une prise en charge par téléphone». La création d'hôpitaux mobiles lui fait dire qu' «il faut les doter de système d'oxygénation, or l'utilisation des obus d'oxygène est dangereuse, elle doit se faire avec beaucoup de précaution». Il rappelle que «la nouvelle loi sanitaire adoptée en avril 2018 n'est pas encore appliquée, elle ne peut l'être parce qu'il lui faut 99 textes règlementaires qui n'ont pas encore été adoptés».

    Prof Belhadj indique en conclusion que «la médecine a fait des pas de géant depuis 1920 (pandémie de la fièvre espagnole ndlr), sans vaccin, un virus a un cycle de vie de deux ans maximum». Il affirme que depuis l'apparition de la pandémie Covid-19, «on est en train d'archiver tous nos documents écrits et filmés, toute notre prise en charge avec photos, tout ce qu'on a entrepris à Mustapha pour lutter contre, on le fait pour savoir ce qu'on doit retenir et ce qu'on doit laisser, on le fait pour la science et pour les générations futures».

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    • #3
      Si la vie n'est pas une partie de plaisir, l'alternative est pire.

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