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Malades, ils bossent par crainte des répercussions

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  • Malades, ils bossent par crainte des répercussions

    Des personnes présentant des symptômes du coronavirus continuent de travailler, par peur du licenciement ou d’un manque à gagner.
    Le week-end dernier, alors qu’un de ses enfants qu’elle voit fréquemment venait d’être testé positif, Alexandra* était dans l’attente de ses propres résultats. «Elle a subi des pressions pour aller bosser lundi, alors qu’elle avait les symptômes du Covid-19», a dénoncé son fils sur les réseaux sociaux. De peur d’être reconnue par son employeur, cette femme fraîchement sortie du chômage et au statut professionnel précaire n’a pas voulu en dire plus.
    Il y a deux semaines, Luc* avait perdu l’odorat et était fiévreux. Mais ce fiduciaire a fait comme si de rien n’était. «Les affaires commençaient enfin à reprendre un peu», a-t-il justifié. Mais il ne cache pas qu’il a vécu un dilemme: perdre de l’argent ou contaminer d’autres personnes. Pour finir, l’argument sanitaire a pris le dessus. «Je suis positif et j’observe une quarantaine», a-t-il relaté. Idem pour Guillaume*, indépendant travaillant en solo: «Malgré mes symptômes, j’ai retardé le test car je ne suis pas loin de la faillite.» Depuis la semaine passée, il est en isolement.
    Actif dans le médical, Alex* dénonce «un système de deux poids, deux mesures». Sa femme ayant été testée positive, il a informé son employeur, qui ne lui aurait pas demandé de rester à la maison. «J’ai reçu un avertissement car je suis allé travailler. Paradoxalement, au même moment, une collègue positive a reçu l’ordre de venir travailler pour cause de sous-effectifs», dénonce-t-il.
    J’ai reçu un avertissement car je suis allé au travail alors que ma femme avait le Covid. En même temps, l’employeur a obligé une collègue positive à venir travailler.
    Un employé dans le secteur médical
    Adèle*, secrétaire, a aussi subi des pressions: «Une amie a été testée positive. Le week-end d’avant, j’avais passé une soirée avec elle. Quand j’ai dit à mon patron que j’allais me faire tester, il m’a répondu: «Je fais comment pour te remplacer si tu es positive?» Alors j’ai continué à travailler. Par chance, je n’ai pas de symptômes.»
    Le lieu de travail, foyer de contamination
    Les syndicats sont unanimes: la pression sur les salariés malades a pris de l’ampleur. «Les employeurs en sont maintenant réduits à faire travailler des personnes contagieuses. Ce n’est pas acceptable», dénonce Beatriz Rosende, du Syndicat des services publics (SSP). «Nous recevons des plaintes du personnel de santé depuis mars. Des salariés contagieux peuvent se déplacer dans la ville, côtoyer des collègues sans masque à la cafétéria et prendre en charge des patients fragiles ou malades. Au final, la tension est phénoménale», a fustigé la secrétaire centrale du SSP.
    «Parce que la peur de se retrouver au chômage peut générer des réflexes inadéquats, afin de sauvegarder leur poste, des personnes malades se rendent au travail et prennent ainsi le risque de contaminer leurs collègues et d’autres personnes. Aujourd’hui, le lieu de travail est devenu un des foyers de transmission mais on n’en parle que très peu», a commenté Yves Defferrard, du syndicat Unia.
    20 minutes CH
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