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Quand Mahdjoubi Aherdan rencontrait Mammeri et Aït Ahmed

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  • Quand Mahdjoubi Aherdan rencontrait Mammeri et Aït Ahmed

    Après toute une vie consacrée à son pays et à sa culture tamazight, le grand militant Mahdjoubi Aherdan nous a quittés dimanche 15 novembre 2020 à l’âge de 98 ans. Il a marqué les 20ème et 21ème siècles que sa longue vie de combat a pu chevaucher malgré tous les dangers qu’il a affrontés.

    Il est parti mais il nous laisse un riche héritage : publications poétiques, politiques et culturelles, conférences, vidéos, tableaux artistiques, discours, revues, ses mémoires mais aussi des disciples et toute une symbolique du combat.


    J’ai eu l’honneur de le rencontrer au Maroc et en France et j’ai pu mesurer l’importance de son charisme, de sa grandeur d’âme, de ses valeurs et convictions. J’ai eu même l’immense chance de le rencontrer en compagnie de nos géants qui incarnaient la pensée politique et culturelle nord-africaine contemporaine, à savoir Hocine Aït Ahmed et Mouloud Mammeri.

    L'échange avec Mouloud Mammeri avait trait essentiellement à la promotion de la culture amazigh. Mouloud Mammeri avait insisté sur l'histoire et les grands personnages d'Afrique du Nord. L'échange entre ces deux sommités avait tout naturellement tourné autour de l'écriture de tamazight, sa promotion et sa généralisation.

    La rencontre entre Aït Ahmed et Mahdjoubi Aherdan avait, elle, un caractère plus politique, ils ont parlé énormément de l'espoir de l'instauration d'une Union Nord-Africaine, mais aussi de ce qui se passait à l'époque, en Algérie et au Maroc.

    Ils étaient ses grands amis. Il était aussi ami et compagnon de Mohand-Arab Bessaoud et comme lui, il fut membre fondateur de la célèbre Académie Berbère de Paris. Selon plusieurs militants de cette organisation, c’est sous l’influence de Mahdjoubi Aherdan que l’alphabet tifinagh a été adopté par l’Académie.

    Mahdjoubi Aherdan et ses compagnons cités plus haut voulaient tous une Union Nord-Africaine comme l’a rêvée Amar Imache et les militants qui avaient créé avec lui l’ENA (Etoile Nord-Africaine) en 1926 dans le sillage d’Abdelkrim Al-Khatabi qui venait de poser les fondations de la République du Rif (1921-26) qui devait être aussi le fer de lance de l’émancipation du peuple nord-africain.

    L’histoire dominée par nos adversaires d’hier et qui sont toujours les mêmes aujourd’hui en ont voulu autrement. Ces va-t-en-guerre ont exploité et exploitent toujours les angoisses des familles séparées, les peurs des plus fragiles, le malaise collectif pour briser les alliances en gestation. Ils attisent les rancunes et tentent de nous dresser les uns contre les autres. Ces groupes malfaisants nourris de dogmes sectaires ne doivent plus avoir le dernier mot.

    Ensemble, armés des valeurs de nos aînés, créons un espace de fraternité, édifions une force pacifique, regénérons la culture amazighe pour les générations futures.

    C’était tout cela aussi le message de feu Mahdjoubi Aherdan, hissons-nous à sa hauteur d’autant plus que le flambeau des Unionistes est désormais repris par des millions de jeunes de Rabat à Tripoli. Les frontières d’aujourd’hui seront alors les autoroutes de demain.

    Que son fils Ouzzin, que toute sa famille naturelle, politique et culturelle trouvent dans ce modeste hommage, l’expression de toute ma solidarité et l’expression de mes condoléances les plus sincères et les plus attristées.

    Auteur
    Hacène Hirèche (militant associatif)

    le matin dz

  • #2
    Mahdjoubi Aherdane, un repère

    J’ai eu la chance d’avoir rencontré Mahdjoubi Aherdane au milieu des années soixante-dix à Paris.
    Ce n’était pas la première fois, en vérité. Notre première rencontre fut virtuelle mais inoubliable. Elle eut lieu dans les pages de l’introduction d’un livre de Bessaoud Mohand-Arab. Ce fut une lecture enfiévrée que celle de cet ouvrage qui perdit d’abord la couverture puis des feuilles à force de passer de main en main parmi les internes du lycée de Tizi-Ouzou en ces années de plomb du Boumédiénisme.

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    Comme nombre de mes camarades, je découvris émerveillé qu’un ministre, qui plus est de la défense nationale, d’un État d’Afrique du Nord pouvait brandir en fier étendard son amazighité. Mieux encore, il la revendiquait pour l’ensemble de son pays, le Maroc.

    Combien ces quelques lignes extraites d’un entretien qu’il avait donné à l’hebdomadaire « Jeune Afrique » dont il me reste encore des bribes en mémoire nous avaient réchauffé le cœur, gonflé les poitrines et donné des ailes aux gamins que nous étions pour affronter à mains nues la machine « à broyer du berbère » qu’était l’éducation nationale livrée aux frères musulmans du Moyen-Orient.

    Quelle bouffée d’oxygène ! Et quel contraste aussi ! Avec la cohorte de nos Kabyles de service, ces hommes qui se disaient « Arabes parce que Kabyles » et qui payaient d’un reniement zélé de leurs origines l’accès au moindre strapontin de l’aréopage du Boumédiénisme.

    Une douzaine d’années plus tard, quand je retrouvai donc cette légende à Paris, en chair et en os, cette fois, ce fut encore Bessaoud Mohand-Arab qui avait organisé l’entrevue. Ce jour, je découvris la richesse du personnage Mahdjoubi Aherdane à travers sa dimension artistique et son itinéraire politique.

    Mais pour moi, il était d’abord ce qu’il restera pour toujours dans ma mémoire : cette étoile dont l’éclat avait percé les ténèbres dont l’arabo-islamisme enveloppait notre jeunesse en herbe. Au préalable, Bessoud Mohand-Arab m’avait encore appris que l’Académie berbère avait choisi l’alphabet tifinagh pour écrire l’amazigh sur recommandation d’Aherdane. Une mesure dont l’impact fut décisif sur l’éveil de la conscience identitaire chez les Kabyle.

    Plus tard encore, au début des années 80, alors que l’éclaircie fragile du Printemps amazigh nous avait permis de lancer la revue Tafsut en Algérie, nous apprîmes que, au Maroc, Ouzzin, le fils de Mahdjoubi Aherdane, était emprisonné pour avoir édité la revue « Amazigh ». Nous avions publié l’information dans Tafsut. Aujourd’hui, cette dénonciation parue dans une revue tirée à la sauvette sur ronéo peut paraître d’un poids dérisoire face à l’oppression qu’exerçait sur nous des États qui s’étaient mis sous la botte arabo-islamique. Nous ne le vivions pas ainsi.

    Envers et contre tout, nous voulions témoigner de l’existence d’une solidarité à l’égard d’un frère sur qui s’abattait la répression par delà les frontières.

    Ce sont ces souvenirs qui s’entrechoquaient dans ma tête à la lecture de l’annonce du décès de Mahdjoubi Aherdane sur la page Facebook d’Arezki Hamami.

    Je projetais un dernier pèlerinage chez l’Amghar. Il n’aura pas lieu. Mais tant que planent des menaces sur l’amazighité, le combat d’Aherdane ne s’éteindra pas car il fait écho à celui de «l’éternel Jughurtha » dont l’appel à la résistance résonne encore par-delà les millénaires. Il ne cessera pas, car c’est le combat pour la vie.

    Auteur
    Hend Sadi

    le matin dz

    Commentaire


    • #3
      après toute une vie consacrée à son pays et à sa culture tamazight, le grand militant mahdjoubi aherdan



      el haff
      el wech
      ikerkas

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      • #4
        foutage de gueule:

        Ceux qui lisent le tifinagh comprendront

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