Et en quoi cette question concerne-t-elle les musulmans ?
Si cette question se pose à nous musulmans aussi, c'est par rapport au fait que nous considérons licite pour nous (halal) la viande de l'animal (en soi déjà licite) qui a été abattu par un de nos coreligionnaires, ou un juif, ou un chrétien , et aussi que nous considérons autorisé en soi le mariage d'un musulman avec une juive ou une chrétienne
donc je trouve que c'est important de connaitre sur les autres confessions , et que nous avons donc besoin de savoir qui est chrétien désigné comme tel par le Coran, et qui est juif désigné comme tel par le Coran.
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Qui est Juif ?
Les textes de l'islam, distinguent "fils d'Israël" et "juif". Pour l'islam :
1) "juif" fait référence à la religion : le juif est celui qui croit en Dieu et en le message qu'Il a délivré à Moïse, et qui se réfère (i'tissâm) à ce message comme source spirituelle et morale (du moins qui a la croyance qu'il devrait suivre les enseignements de ce message, même si au niveau de ses actes personnels il a des faiblesses – comme cela se passe dans les autres religions –) ;
2) "fils d'Israël" fait référence au peuple : le fils d'Israël est celui qui descend d'Israël (Jacob fils de Isaac fils de Abraham), qu'il soit juif, chrétien, musulman, athée, ou autre…
Nous musulmans ne disons donc pas "juif athée" mais "fils d'Israël athée". Dans notre utilisation, "juif" désigne une identité religieuse, une identité liée à une religion certes fortement imbriquée avec l'histoire et la culture d'un peuple précis, les fils d'Israël, mais une religion quand même, donc l'adhésion à une croyance.
La preuve du point 1 est un verset coranique et son commentaire : "Ceux qui ont cru, les juifs, les chrétiens, les sabéens : ceux qui auront cru en Dieu et au jour dernier et auront fait le bien, ceux-là auront leur récompense auprès de leur Seigneur, et il n'y aura crainte sur eux ni ils ne seront attristés" (Coran 2/62 ; en Coran 5/69 on lit quelque chose de très voisin). Le verset parle de ceux qui, de ces quatre catégories, auront apporté foi en Dieu et suivi le Messager de Dieu de l'époque où ils auront vécu. Le verset promet le salut dans l'au-delà notamment pour les juifs : ce sont, disent Ibn Taymiyya et Ibn Kathîr, les hommes qui auront adhéré au message de Moïse. Et ce verset promet le salut de l'au-delà à ceux des juifs qui auront vécu avant la venue du Messie Jésus et du Dernier des prophètes, Muhammad (sur lui et sur eux la paix), ou n'auront pas eu connaissance de leur venue (cf. Al-Jawâb us-sahîh 2/52-53 ; Tafsîr Ibn Kathîr 1/94). De même, le verset promet le salut de l'au-delà pour les chrétiens : ce sont les hommes qui auront adhéré à la foi authentique enseignée par Jésus. Et le verset promet le salut de l'au-delà à ceux de ces chrétiens qui auront vécu avant la venue de Muhammad ou n'auront pas eu connaissance de sa venue (Ibid.). Voyez : le juif est celui qui aura adhéré au message de Moïse. De plus, le verset dit en réalité : "alladhîna hâdû", ces termes arabes englobant aussi bien "ceux qui sont juifs de naissance" que, comme l'a dit Abû 'Ubayda, "ceux qui se sont convertis au judaïsme" (Fat'h ul-bârî 7/344), c'est-à-dire qui ont adopté le judaïsme sans être biologiquement des descendants d'Israël.
La preuve du point 2 est le verset coranique qui parle d'"un témoin parmi les fils d'Israël" ayant apporté foi en l'islam au temps du Prophète (Coran 46/10) : on dit donc de ce témoin qu'il est fils d'Israël et musulman.
Le mot "juif" est venu sur la scène à un moment donné, mais pour désigner une réalité qui, elle, existait déjà avant ce moment (l'exil de Babylonie) : le terme désigne, dans l'usage coranique, "celui qui adhère à la Loi apportée par Moïse" (sur lui la paix). C'est un peu comme pour le mot "chrétien" : celui-ci a été forgé a posteriori, mais pour désigner une réalité qui existait déjà : le terme désigne "celui qui adhère au message apporté par Jésus" (sur lui la paix).
Dès lors, le musulman ne peut appliquer les deux règles de licité de l'animal abattu et du mariage s'il s'agit d'un(e) fils(fille) d'Israël qui est devenu(e) athée ou qui a renié Dieu. Pour le musulman, si un tel homme et une telle femme font toujours partie des fils d'Israël, ils ont en revanche abandonné la religion juive et ne sont plus juifs.
Un point supplémentaire est que le musulman peut appliquer ces deux règles par rapport aussi bien aux Juifs qu'à ceux que ces derniers nomment "Samaritains" (Fat'h ul-qadîr, Ibn ul-Humâm ; Al-Mughnî, Ibn Qudâma : cf. Awjaz ul-massâlik 10/492, 495 ; 6/188) :
– soit on considère que lorsque le terme "juif" est venu sur la scène, il l'a été pour désigner une réalité déjà existante : "celui qui adhère à la Loi de Moïse" ; dès lors, les Samaritains sont aussi des juifs, puisque "adhérant à la Loi de Moïse", même si d'autres juifs ne les reconnaissent pas comme "juifs" (c'est diffèrent mais quelque peu comparable au fait que certains musulmans aujourd'hui ne reconnaissent pas de nombreux autres comme musulmans) ; la règle que le musulman peut vivre concernant "les juifs", il peut donc la vivre par rapport aux Samaritains aussi, par "shumûl ul-ism" ("englobement par le nom"). Ceci semble être la voie suivie par les ulémas hanafites : Ibn ul-Humâm écrit : "Was-sâmiriyya min al-yahûd" ("Les Samaritains font partie des Juifs") ; al-Haskafî : "Yad'khulu fi-l-yahûd : as-sâmira" ("Sont inclus dans le (nom) de Juifs : les Samaritains") ;
– soit on ne considère pas le terme "juif" mais la formule que le Coran, lorsqu'il parle de la licité pour le musulman de l'animal abattu ainsi que du mariage, emploie : "ceux à qui l'Ecriture a été donnée" ; cette formule signifiant : "ceux qui se réfèrent à la Torah et à l'Evangile" (Awjaz ul-massâlîk 10/492, 494), on cherche, par tahqîq ul-manât, à savoir à qui elle s'applique : et là on conclut facilement qu'il s'agit d'un côté des Chrétiens, qui se réfèrent à l'Evangile, de l'autre à la fois des Juifs et des Samaritains, puisque ces derniers aussi se réfèrent à la Torah ; en fait les deux groupes professent une même religion fondamentale, malgré des différences ;
– soit on ne considère pas la formulation que le Coran a employée ("ceux à qui l'Ecriture a été donnée") mais on dit que les deux règles suscitées concernent les Juifs et les Chrétiens, et on considère l'usage : le terme "juif" n'englobe pas, stricto sensu, les Samaritains ; cependant, c'est par analogie – tanqîh ul-manât – qu'on considère la règle liée aux Juifs comme étant applicable aux Samaritains aussi, parce que leur cas ne diffère pas, sur le point précis de la référence au Livre, de celui des Juifs.
En tout état de cause, dans la vision musulmane, être juif consiste en l'acceptation d'une foi et d'une loi, alors que dans la conception rabbinique l'accent est davantage mis sur l'appartenance à un peuple, à son histoire, à sa culture. Selon cette dernière conception, une mission a été confiée au peuple issu de Jacob, et cette mission englobe également ceux de ce peuple qui sont athées. Selon cette conception, être juif, c'est donc essentiellement aujourd'hui une identité, pas forcément religieuse : c'est appartenir à une culture particulière, celle du peuple juif. On demeure juif par filiation même si on ne partage plus les croyances qui, à l'origine, ont constitué les fondements de ce peuple et de cette culture. Par contre, si on n'est pas affilié biologiquement (par sa mère) à ce peuple, on ne peut y être admis que si on prouve que l'on partage pleinement ces croyances et le rituel qui y correspond.
Se pose alors la question de l'affaire Rufeisen, juif d'origine polonaise qui s'était converti au catholicisme et qui, immigré dans l'Etat d'Israël et ayant demandé à avoir, sur son état-civil, la mention "juif" comme "ethnie" mais "catholique" comme "religion", avait vu sa demande rejetée par les autorités israéliennes, qui avaient statué qu'il ne pouvait pas être juif car converti à une autre religion.
Nous musulmans n'avons bien évidemment pas vocation à nous immiscer dans les considérations rabbiniques (même en terre musulmane, le droit musulman classique reconnaît le droit pour les non-musulmans d'avoir leurs propres tribunaux pour les affaires religieuses), il s'agissait juste de relever la différence, et ce par rapport aux deux questions de la licité de l'animal abattu et du mariage.
suite ,,,
Si cette question se pose à nous musulmans aussi, c'est par rapport au fait que nous considérons licite pour nous (halal) la viande de l'animal (en soi déjà licite) qui a été abattu par un de nos coreligionnaires, ou un juif, ou un chrétien , et aussi que nous considérons autorisé en soi le mariage d'un musulman avec une juive ou une chrétienne
donc je trouve que c'est important de connaitre sur les autres confessions , et que nous avons donc besoin de savoir qui est chrétien désigné comme tel par le Coran, et qui est juif désigné comme tel par le Coran.
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Qui est Juif ?
Les textes de l'islam, distinguent "fils d'Israël" et "juif". Pour l'islam :
1) "juif" fait référence à la religion : le juif est celui qui croit en Dieu et en le message qu'Il a délivré à Moïse, et qui se réfère (i'tissâm) à ce message comme source spirituelle et morale (du moins qui a la croyance qu'il devrait suivre les enseignements de ce message, même si au niveau de ses actes personnels il a des faiblesses – comme cela se passe dans les autres religions –) ;
2) "fils d'Israël" fait référence au peuple : le fils d'Israël est celui qui descend d'Israël (Jacob fils de Isaac fils de Abraham), qu'il soit juif, chrétien, musulman, athée, ou autre…
Nous musulmans ne disons donc pas "juif athée" mais "fils d'Israël athée". Dans notre utilisation, "juif" désigne une identité religieuse, une identité liée à une religion certes fortement imbriquée avec l'histoire et la culture d'un peuple précis, les fils d'Israël, mais une religion quand même, donc l'adhésion à une croyance.
La preuve du point 1 est un verset coranique et son commentaire : "Ceux qui ont cru, les juifs, les chrétiens, les sabéens : ceux qui auront cru en Dieu et au jour dernier et auront fait le bien, ceux-là auront leur récompense auprès de leur Seigneur, et il n'y aura crainte sur eux ni ils ne seront attristés" (Coran 2/62 ; en Coran 5/69 on lit quelque chose de très voisin). Le verset parle de ceux qui, de ces quatre catégories, auront apporté foi en Dieu et suivi le Messager de Dieu de l'époque où ils auront vécu. Le verset promet le salut dans l'au-delà notamment pour les juifs : ce sont, disent Ibn Taymiyya et Ibn Kathîr, les hommes qui auront adhéré au message de Moïse. Et ce verset promet le salut de l'au-delà à ceux des juifs qui auront vécu avant la venue du Messie Jésus et du Dernier des prophètes, Muhammad (sur lui et sur eux la paix), ou n'auront pas eu connaissance de leur venue (cf. Al-Jawâb us-sahîh 2/52-53 ; Tafsîr Ibn Kathîr 1/94). De même, le verset promet le salut de l'au-delà pour les chrétiens : ce sont les hommes qui auront adhéré à la foi authentique enseignée par Jésus. Et le verset promet le salut de l'au-delà à ceux de ces chrétiens qui auront vécu avant la venue de Muhammad ou n'auront pas eu connaissance de sa venue (Ibid.). Voyez : le juif est celui qui aura adhéré au message de Moïse. De plus, le verset dit en réalité : "alladhîna hâdû", ces termes arabes englobant aussi bien "ceux qui sont juifs de naissance" que, comme l'a dit Abû 'Ubayda, "ceux qui se sont convertis au judaïsme" (Fat'h ul-bârî 7/344), c'est-à-dire qui ont adopté le judaïsme sans être biologiquement des descendants d'Israël.
La preuve du point 2 est le verset coranique qui parle d'"un témoin parmi les fils d'Israël" ayant apporté foi en l'islam au temps du Prophète (Coran 46/10) : on dit donc de ce témoin qu'il est fils d'Israël et musulman.
Le mot "juif" est venu sur la scène à un moment donné, mais pour désigner une réalité qui, elle, existait déjà avant ce moment (l'exil de Babylonie) : le terme désigne, dans l'usage coranique, "celui qui adhère à la Loi apportée par Moïse" (sur lui la paix). C'est un peu comme pour le mot "chrétien" : celui-ci a été forgé a posteriori, mais pour désigner une réalité qui existait déjà : le terme désigne "celui qui adhère au message apporté par Jésus" (sur lui la paix).
Dès lors, le musulman ne peut appliquer les deux règles de licité de l'animal abattu et du mariage s'il s'agit d'un(e) fils(fille) d'Israël qui est devenu(e) athée ou qui a renié Dieu. Pour le musulman, si un tel homme et une telle femme font toujours partie des fils d'Israël, ils ont en revanche abandonné la religion juive et ne sont plus juifs.
Un point supplémentaire est que le musulman peut appliquer ces deux règles par rapport aussi bien aux Juifs qu'à ceux que ces derniers nomment "Samaritains" (Fat'h ul-qadîr, Ibn ul-Humâm ; Al-Mughnî, Ibn Qudâma : cf. Awjaz ul-massâlik 10/492, 495 ; 6/188) :
– soit on considère que lorsque le terme "juif" est venu sur la scène, il l'a été pour désigner une réalité déjà existante : "celui qui adhère à la Loi de Moïse" ; dès lors, les Samaritains sont aussi des juifs, puisque "adhérant à la Loi de Moïse", même si d'autres juifs ne les reconnaissent pas comme "juifs" (c'est diffèrent mais quelque peu comparable au fait que certains musulmans aujourd'hui ne reconnaissent pas de nombreux autres comme musulmans) ; la règle que le musulman peut vivre concernant "les juifs", il peut donc la vivre par rapport aux Samaritains aussi, par "shumûl ul-ism" ("englobement par le nom"). Ceci semble être la voie suivie par les ulémas hanafites : Ibn ul-Humâm écrit : "Was-sâmiriyya min al-yahûd" ("Les Samaritains font partie des Juifs") ; al-Haskafî : "Yad'khulu fi-l-yahûd : as-sâmira" ("Sont inclus dans le (nom) de Juifs : les Samaritains") ;
– soit on ne considère pas le terme "juif" mais la formule que le Coran, lorsqu'il parle de la licité pour le musulman de l'animal abattu ainsi que du mariage, emploie : "ceux à qui l'Ecriture a été donnée" ; cette formule signifiant : "ceux qui se réfèrent à la Torah et à l'Evangile" (Awjaz ul-massâlîk 10/492, 494), on cherche, par tahqîq ul-manât, à savoir à qui elle s'applique : et là on conclut facilement qu'il s'agit d'un côté des Chrétiens, qui se réfèrent à l'Evangile, de l'autre à la fois des Juifs et des Samaritains, puisque ces derniers aussi se réfèrent à la Torah ; en fait les deux groupes professent une même religion fondamentale, malgré des différences ;
– soit on ne considère pas la formulation que le Coran a employée ("ceux à qui l'Ecriture a été donnée") mais on dit que les deux règles suscitées concernent les Juifs et les Chrétiens, et on considère l'usage : le terme "juif" n'englobe pas, stricto sensu, les Samaritains ; cependant, c'est par analogie – tanqîh ul-manât – qu'on considère la règle liée aux Juifs comme étant applicable aux Samaritains aussi, parce que leur cas ne diffère pas, sur le point précis de la référence au Livre, de celui des Juifs.
En tout état de cause, dans la vision musulmane, être juif consiste en l'acceptation d'une foi et d'une loi, alors que dans la conception rabbinique l'accent est davantage mis sur l'appartenance à un peuple, à son histoire, à sa culture. Selon cette dernière conception, une mission a été confiée au peuple issu de Jacob, et cette mission englobe également ceux de ce peuple qui sont athées. Selon cette conception, être juif, c'est donc essentiellement aujourd'hui une identité, pas forcément religieuse : c'est appartenir à une culture particulière, celle du peuple juif. On demeure juif par filiation même si on ne partage plus les croyances qui, à l'origine, ont constitué les fondements de ce peuple et de cette culture. Par contre, si on n'est pas affilié biologiquement (par sa mère) à ce peuple, on ne peut y être admis que si on prouve que l'on partage pleinement ces croyances et le rituel qui y correspond.
Se pose alors la question de l'affaire Rufeisen, juif d'origine polonaise qui s'était converti au catholicisme et qui, immigré dans l'Etat d'Israël et ayant demandé à avoir, sur son état-civil, la mention "juif" comme "ethnie" mais "catholique" comme "religion", avait vu sa demande rejetée par les autorités israéliennes, qui avaient statué qu'il ne pouvait pas être juif car converti à une autre religion.
Nous musulmans n'avons bien évidemment pas vocation à nous immiscer dans les considérations rabbiniques (même en terre musulmane, le droit musulman classique reconnaît le droit pour les non-musulmans d'avoir leurs propres tribunaux pour les affaires religieuses), il s'agissait juste de relever la différence, et ce par rapport aux deux questions de la licité de l'animal abattu et du mariage.
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