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« Je suis infirmière en bloc opératoire et danseuse au Crazy Horse »

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  • « Je suis infirmière en bloc opératoire et danseuse au Crazy Horse »

    Source Les Echos Par Chloé Marriault Publié le 24 nov. 2020 à 07:00

    https://media.lesechos.com/api/v1/im...29845-web.webp

    TEMOIGNAGE// Daniela, 32 ans, est infirmière depuis dix ans. Sous le nom de scène de Tina Tobago, elle est aussi danseuse dans un des plus mythiques cabarets parisiens. Elle mène de front ces deux activités et a été mobilisée, pendant la première vague de l'épidémie, pour s'occuper de patients atteints du Covid-19.

    « Après mon bac S, je me suis lancée dans des études d'infirmière. Ma grand-mère était cadre d'un service de réanimation dans un grand hôpital parisien et pour moi, faire ce métier était une évidence. Depuis toujours, je voulais pouvoir venir en aide aux personnes qui en avaient besoin. J'ai décroché mon diplôme en 2010 et exerce en bloc opératoire depuis 2015.

    En parallèle de mon activité à l'hôpital, j'ai toujours beaucoup dansé. Je donnais des cours de danse latine et je participais à des shows et à des concours en France et à l'étranger. Le rythme était soutenu mais j'étais habituée. Adolescente, je faisais déjà quinze heures par semaine de gymnastique rythmique.
    « Un rêve depuis mes 15 ans »

    A 21 ans, j'ai envoyé ma candidature pour passer une audition en vue d'être danseuse au Crazy Horse, mythique cabaret de l'avenue George-V à Paris. Un rêve depuis mes 15 ans. Le monde de ce club m'attirait beaucoup : je le trouvais mystérieux, j'aimais ce mélange de danse, de sensualité, de glamour… Je n'ai pas été retenue. Quatre ans plus tard, je suis allée assister à un show du Crazy. Ca a été le déclic, ça m'a donné envie de postuler de nouveau.

    On m'a appelée pour passer le casting, durant lequel j'ai dû danser, en impro, topless et en talons hauts, devant un jury de femmes. J'étais très impressionnée et ne pensais pas être retenue. Mais cette fois-ci a été la bonne ! J'ai intégré la troupe des Crazy Girls en avril 2017 et on m'a attribué un nom de scène : Tina Tobago.

    J'ai décroché un contrat à temps plein quelques mois plus tard. Depuis, je travaille en moyenne 24 soirs par mois, à raison de deux à trois spectacles par soirée. Lorsque les mois ne sont pas trop chargés au cabaret, je continue à exercer en tant qu'infirmière vacataire. Je sais qu'on ne travaille pas au Crazy toute sa vie et il faut penser à l'après. Je ne me vois pas cesser d'exercer à l'hôpital, ne pas être auprès des patients et reprendre dans quelques années. J'essaye de rester à la page car ça évolue beaucoup. Et au-delà de ça, j'aime ce métier et je n'ai pas envie d'arrêter. Mes deux activités, en bloc opératoire et au Crazy, se complètent.

    « La Crazy Girl est bien loin de la ‘femme-objet' »

    Quand je rencontre de nouvelles personnes, c'est parfois compliqué de leur faire comprendre que ce que je fais n'a rien à voir avec une danseuse de strip-tease dans un cabaret glauque. Durant le spectacle au Crazy Horse, il n'y a rien de vulgaire, rien d'indécent, tout est maîtrisé à la perfection. Monter sur scène en topless ne me pose pas de problème car j'ai le sentiment que les lumières du show m'habillent. La Crazy Girl est bien loin de la 'femme-objet', elle a toutes les cartes en main et décide du message qu'elle souhaite faire passer.

    Mi-mars, le Crazy Horse a baissé le rideau en raison du premier confinement et j'ai repris mon activité en tant qu'infirmière à temps complet. Le bloc opératoire dans lequel j'exerce, à l'hôpital privé des Peupliers dans le 13e arrondissement de Paris, a fermé. Je me suis donc proposée pour travailler aux urgences et services de réanimation destinés aux patients atteints du Covid, à l'hôpital Robert-Ballanger d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), pendant trois mois.

    « La reprise a été des plus appréciables »

    Cette période a été très éprouvante , aussi bien moralement que physiquement. Je rentrais après douze heures de travail épuisée à n'en plus pouvoir marcher. C'était d'autant plus compliqué de faire face à l'ignorance de beaucoup de personnes qui n'avaient pas compris à quel point la situation était grave.

    Après six mois de fermeture, le Crazy Horse a rouvert début octobre. La reprise fut des plus appréciables. Je me sentais revivre pleinement ma passion - ou presque, car la fréquence des shows était plus faible qu'à nos habitudes. J'ai profité comme possible de ces instants…

    La suspension des spectacles en raison du reconfinement est un nouveau coup dur, mais c'est nécessaire pour une nouvelle reprise en beauté. Cette fois, je profite de ce temps pour prendre soin de moi. Je dois soigner quelques blessures apparues pendant le premier confinement avant de repartir sur les chapeaux de roues. Je souhaite ensuite retourner aider mes collègues infirmières. »
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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