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Les programmes économiques de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy : le bateleur et la j

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    Les programmes économiques de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy : le bateleur et la justicière...

    Christian Sautter, Voir loin, agir proche

    mercredi 2 mai 2007

    Hier mardi, s’est tenue au Théâtre de l’Opprimé (laboratoire culturel intéressant du XIIe arrondissement) une réunion tonique appelant à voter pour Ségolène Royal au deuxième tour de l’élection présidentielle. Se sont exprimés des représentants du Parti Socialiste, des Verts, du Mouvement des Républicains et Citoyens, du Parti Communiste, de José Bové, et d’associations diverses.

    Invité à parler, j’ai raconté le débat télévisé auquel j’avais participé l’après-midi même. C’était sur « La chaîne parlementaire » qui a consacré trois quarts d’heure à la confrontation des programmes économiques de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal. Intervenaient pour lui, Philippe Marini, sénateur maire de Compiègne et Jacques Marseille, professeur à Paris 1. Pour Ségolène, le tandem de Thomas Piketty et de moi-même, que vous connaissez bien.

    Nicolas Sarkozy a cet immense talent, hérité de Jacques Chirac ou de Charles Pasqua, ses parrains en politique, de changer de discours selon le temps, le lieu et le public qui l’écoute. Il est actuellement dans une phase compassionnelle, pour séduire les électeurs du centre, après avoir été à la lisière de la République pour attirer les électeurs d’extrême droite. C’est un bateleur, « personne qui fait des tours d’acrobatie, d’adresse, d’escamotage, de force sur les places publiques, dans les foires. » (Robert).

    L’avantage de Philippe Marini, c’est qu’il s’exprime clairement. Pendant les trois années durant lesquelles j’ai été en charge du Budget, avec Dominique Strauss-Kahn, dans le gouvernement Jospin, Philippe Marini était déjà le rapporteur général du Budget au Sénat. C’était un adversaire de qualité qui avait, en plus, une imagination débordante pour inventer des niches fiscales dans le droit des sociétés.

    Le journaliste a posé une première question : quelles seront les premières décisions de votre candidat (e) dans le domaine économique ? Philippe Marini a répondu : alléger la fiscalité sur le patrimoine (suppression de fait de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune et abolition des droits de succession) pour donner un signe fort aux capitaux enfuis à l’étranger et les attirer pour investir en France ; et exonérer de cotisations sociales les heures supplémentaires. J’ai annoncé la hausse du SMIC, allant dès que possible vers les 1500 € bruts, selon les recommandations d’une conférence sur les salaires qui réunirait les partenaires sociaux en juin ; la majoration de 5% des petites retraites et de l’allocation pour adulte handicapé ; le doublement de l’allocation de rentrée scolaire. L’objectif étant de donner un coup de pouce au pouvoir d’achat des familles modestes qui ont du mal à boucler leur budget, et aussi de soutenir, raisonnablement, la demande de consommation. Thomas Piketty a repris l’argumentation, exposée dans une lettre précédente, sur l’injustice d’une suppression des droits de succession, qui ne concernerait que les 10% de contribuables les plus aisés, et préconisé de cibler des allègements de salaires et de cotisations sociales sur les jeunes les plus fragiles, ceux qui sortent (trop nombreux) du système éducatif sans aucun diplôme. Le journaliste a conclu, avec une certaine audace, que le débat fiscal se résume entre avantager la rente ou le travail.

    Jacques Marseille a dit froidement que les mesures économiques ne servaient à rien et qu’un gouvernement vraiment audacieux devrait présenter un budget 2008 en équilibre. Je pense qu’il parlait du budget de fonctionnement de l’État qui, c’est vrai, paie les fonctionnaires en fin d’année en empruntant. Sur ce sujet qu’il connaît particulièrement bien, Philippe Marini est resté discret. J’ai souligné que les mesures de juin juillet évoquées par le représentant de Nicolas Sarkozy coûteraient 15 Mds€, selon l’estimation mentionnée par le candidat lui-même dans un discours d’avril, beaucoup plus que ce que dépenserait Ségolène Royal (dont 1 Md € pour le contrat nouvelle chance selon Thomas Piketty). Il serait étrange de creuser le déficit pour le résorber ensuite.

    En réponse au sourire narquois du distingué universitaire, affirmant que la droite et la gauche manquaient également de courage, j’ai rappelé que les déficits publics avaient été réduits de 3% à 1,5% entre 1997 et 2000 et, emporté par l’enthousiasme, ai affirmé que la gauche gérait mieux les finances publiques que la droite !

    Comment accélérer la croissance française, volonté commune des deux candidats finalistes ? Comme Jacques Marseille, tout le monde a admis qu’il fallait sérieusement réformer le système éducatif et en particulier l’enseignement supérieur, qui produit tant de « sans diplôme ». Mais il a plaidé pour une sélection au grand jour des candidats étudiants, tandis que Thomas Piketty rappelait la grande misère financière des universités et de la recherche publique.

    Philippe Marini a proposé des allègements fiscaux sur le capital et l’assouplissement du marché du travail. Sur le premier point, j’ai répondu que les entreprises du CAC 40, qui font des profits importants (100 Mds € en 2006), réduisent leurs investissements productifs en France. Le lien profit-investissement n’est donc pas flagrant. J’ai souligné que le Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprise avait dit à Ségolène Royal que les aides publiques aux entreprises s’élevaient à 65 Mds € et que sur cette somme absolument énorme, seulement 9% allait aux PME et 3% à la recherche. Plutôt que d’ajouter des cadeaux fiscaux qui creuseraient le déficit public, j’ai préconisé que la majorité des aides aux entreprises aillent désormais aux PME, afin de muscler un tissu d’entreprises moyennes compétitives, qui font la force et l’excédent commercial de l’Allemagne.

    Assouplir le marché du travail ? Cela veut dire en clair substituer au couple CDD (contrat à durée déterminée) CDI (contrat à durée indéterminée) un contrat unique de travail qui, selon le candidat UMP, apporterait des avantages sociaux croissants avec l’ancienneté. Ségolène Royal propose au contraire de faire du CDI le contrat de droit commun. Sans CDI, un jeune ne peut louer un appartement, faire un emprunt, fonder une famille, bref entrer de plain-pied dans la société. Assouplir le marché du travail, cela veut dire aussi, pour Philippe Marini, renoncer à tous ces contrats aidés en direction des jeunes, qui coûtent cher et seraient inefficaces. J’ai rétorqué qu’à Paris plus de 70% des « emplois-jeunes » (le système de 1997 aboli par la droite en 2002) avaient trouvé un emploi durable et que l’expérience du terrain, à Paris comme en Poitou-Charentes, démontrait qu’un jeune (ou un moins jeune), s’il est accompagné, peut souvent trouver ou retrouver un emploi.

    Pour conclure, nous sommes tous tombés d’accord sur le fait que le système était à bout de souffle. Mais, logiquement, nous avons divergé sur la voie à emprunter pour le rénover. Le choix est, ai-je affirmé, entre revenir en arrière en copiant le système économique et social américain, ou aller de l’avant en s’inspirant des pays d’Europe du nord, y compris de l’Allemagne.

    Le choix est clair :
    - La rente ou le travail.
    - Les grandes entreprises ou les PME performantes.
    - La précarité ou la solidarité.
    - Le chacun pour soi ou la justice sociale.
    - La loi du plus fort ou la loi du plus juste.

    Les électeurs trancheront le 6 mai entre deux projets de société.

    Christian Sautter
    Dernière modification par nacer-eddine06, 02 mai 2007, 09h09.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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