L'Algérie a une justice boiteuse, c'est vrai. On ne sort pas d'une décennie de terrorisme et deux décennies Bouteflika avec une justice fonctionnelle. Mais aujourd'hui que cette justice frappe les puissants et les riches, je ne vais pas faire la fine bouche.
Il est essentiel, aujourd'hui, de continuer à lutter pour construire une justice plus indépendante, plus respectueuse de la présomption d'innocence, moins portée sur le recours à la détention préventive, mesure qui constitue souvent une condamnation à priori. Mais ce n'est pas à cause de ces manquements, qui se transforment parfois en fautes, que je vais faire la guerre à une justice qui s'est attaquée à des réseaux responsables de multiples crimes et à des auteurs de détournements monstrueux.
Ce n'est pas pas pour cela non plus que je demande la libération de tel ou tel détenu.
Je refuse ces appels à "la libération immédiate et sans conditions" de n'importe quel détenu, des appels que répètent régulièrement des activistes et des ONG comme Amnesty International ou Reporters sans Frontières.
Ce type d'appel lancés par de puissantes ONG nous disent clairement : vous n'êtes rien, vous n'avez rien fait de vos indépendances, vous n'avez pas de justice, pas d'institutions, on continue à vous montrer le bien et le mal, pliez vous aux injonctions et ça ira mieux.
Je maintiens ma ligne de réflexion, adoptée depuis plus d'une année, après une longue discussion avec un ami. Et je dis ceci:
Je demande à la justice algérienne de respecter la loi algérienne, de respecter la présomption d'innocence, de ne recourir à la détention préventive que de manière exceptionnelle, et, le cas échéant, d'assurer à chaque prévenu un procès équitable.
Dernier point: exiger la libération immédiate et sans conditions d'un détenu, c'est reconnaître à celui qui détient ce pouvoir de le libérer, ou de ne pas le libérer. Or, ce pouvoir ne doit revenir qu'au seul juge, en exécution de la loi, pas à un ministre ou à un président de la république.
Continuer à "exiger" la libération "immédiate et sans conditions" de détenus, ce n'est pas la bonne direction pour construire une justice indépendante. Ce n'est pas rendre service au pays.
Construire une justice, c'est un pan d'un vaste chantier politique et institutionnel qui impose à ceux qui portent cette revendication de s'imposer eux-mêmes une barrière : la séparation des pouvoirs. Demander à un pouvoir de libérer des détenus, c'est l'encourager a ne pas respecter la séparation des pouvoirs, c'est conforter son autoritarisme. Et si un pouvoir ne respecte pas la séparation des pouvoir, il le fera pour son intérêt, pour se maintenir, non pour faire des cadeaux à ses opposants.
Exprimer son soutien à un détenu, injustement privé de sa liberté, c'est l'évidence même. Cela ne justifie pas pour autant des "exigences" à contre sens.
Abed Charef /fb
Il est essentiel, aujourd'hui, de continuer à lutter pour construire une justice plus indépendante, plus respectueuse de la présomption d'innocence, moins portée sur le recours à la détention préventive, mesure qui constitue souvent une condamnation à priori. Mais ce n'est pas à cause de ces manquements, qui se transforment parfois en fautes, que je vais faire la guerre à une justice qui s'est attaquée à des réseaux responsables de multiples crimes et à des auteurs de détournements monstrueux.
Ce n'est pas pas pour cela non plus que je demande la libération de tel ou tel détenu.
Je refuse ces appels à "la libération immédiate et sans conditions" de n'importe quel détenu, des appels que répètent régulièrement des activistes et des ONG comme Amnesty International ou Reporters sans Frontières.
Ce type d'appel lancés par de puissantes ONG nous disent clairement : vous n'êtes rien, vous n'avez rien fait de vos indépendances, vous n'avez pas de justice, pas d'institutions, on continue à vous montrer le bien et le mal, pliez vous aux injonctions et ça ira mieux.
Je maintiens ma ligne de réflexion, adoptée depuis plus d'une année, après une longue discussion avec un ami. Et je dis ceci:
Je demande à la justice algérienne de respecter la loi algérienne, de respecter la présomption d'innocence, de ne recourir à la détention préventive que de manière exceptionnelle, et, le cas échéant, d'assurer à chaque prévenu un procès équitable.
Dernier point: exiger la libération immédiate et sans conditions d'un détenu, c'est reconnaître à celui qui détient ce pouvoir de le libérer, ou de ne pas le libérer. Or, ce pouvoir ne doit revenir qu'au seul juge, en exécution de la loi, pas à un ministre ou à un président de la république.
Continuer à "exiger" la libération "immédiate et sans conditions" de détenus, ce n'est pas la bonne direction pour construire une justice indépendante. Ce n'est pas rendre service au pays.
Construire une justice, c'est un pan d'un vaste chantier politique et institutionnel qui impose à ceux qui portent cette revendication de s'imposer eux-mêmes une barrière : la séparation des pouvoirs. Demander à un pouvoir de libérer des détenus, c'est l'encourager a ne pas respecter la séparation des pouvoirs, c'est conforter son autoritarisme. Et si un pouvoir ne respecte pas la séparation des pouvoir, il le fera pour son intérêt, pour se maintenir, non pour faire des cadeaux à ses opposants.
Exprimer son soutien à un détenu, injustement privé de sa liberté, c'est l'évidence même. Cela ne justifie pas pour autant des "exigences" à contre sens.
Abed Charef /fb
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