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Voici ce que va apporter l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange africaine

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  • Voici ce que va apporter l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange africaine

    Envisagée dès le sommet inaugural de l’OUA en mai 1963, comme l’a rappelé le ministre délégué aux affaires africaines Mohcine Jazouli, à l’ouverture de ce sommet extraordinaire, la Zlecaf entre désormais en vigueur. Et ce à partir du 1 er janvier prochain.

    C’est un grand rêve qui se réalise, après plusieurs étapes, divers balbutiements, et une accélération de l’histoire à partir du 21 mars 2018. Ce jour-là, à Kigali, 44 pays du continent signent enfin l’accord portant création de la Zlecaf, la plus grande zone de libre-échange du monde depuis la création de l’OMC.

    Depuis, les choses se sont accélérées, avec des négociations assez techniques, pour arriver à cette échéance du 1er janvier 2021, qui signe l’entrée en vigueur de cet accord historique, qui devra changer la trajectoire du continent.

    L’entrée en vigueur de l’accord était conditionnée par sa ratification par au moins 22 pays. Ce week-end, le sommet extraordinaire dédié à la Zlecaf est venu ainsi entériner ce long processus, avec l’annonce de la ratification de l’accord par 34 pays.

    « Jusque-là, la Zlecaf était un vœu. Mais à partir de ce sommet et de la ratification officielle par 34 chefs d’Etat, l’accord peut entrer en vigueur. C’est une étape décisive qui a été franchie », commente Abdou Diop, président de la commission Afrique de la CGEM.

    Mais que signifie cette entrée en vigueur concrètement ? Les barrières douanières seront-elles levées ? Les produits africains pourront-ils circuler librement sans obstacles ?

    Pas vraiment, explique Abdou Diop. Car plusieurs étapes restent encore à franchir.

    Ratifications, offres tarifaires, règles d’origine… Ce qui reste à faire
    La première est d’ordre procédural et elle n’est pas la plus compliquée. Il s'agit, selon notre source, de compléter les instruments de ratification dans chacun des pays. Ratifié par les chefs des Etats, l’accord doit désormais suivre le circuit législatif et obtenir l’approbation des Parlements. Chose qui est acquise.

    Le président nigérian Issoufou Mahamadou, champion de la Zlecaf, a ainsi appelé lors de ce sommet tous les pays concernés à déposer leurs instruments avant le 31 décembre.

    Mais c’est sur le contenu de l’accord que se situent les choses sérieuses.

    « L’accord entre en vigueur le 1er janvier, puisque le process de ratification devra se faire avant le 31 décembre. Là-dessus, il n’y a aucun doute. Mais il faudra avant cela se mettre d’accord sur des aspects techniques de l’accord telles les règles d’origine ou les offres tarifaires. Sur ces sujets, les négociations doivent aboutir rapidement pour que l’accord soit réellement opérationnel à partir du 1er janvier », explique Abdou Diop.

    Dans le cadre de l’accord, les pays africains ont convenu de supprimer 90% des droits de douane sur une période de 5 à 15 ans, selon leur niveau de développement (pays à revenus faibles et intermédiaires), avec des dispositions différenciées pour sept pays (Djibouti, Éthiopie, Madagascar, Malawi, Soudan, Zambie et Zimbabwe) qui ont un objectif réduit de suppression des droits de douanes (85%).

    C’est sur ce point que les négociations peuvent s’avérer difficiles.

    Pour Abdou Diop, la suppression de 90% des droits est un objectif à long terme. Mais on peut commencer déjà par un niveau de 70%, avec une adaptation pour certains pays. « On n’est pas encore au niveau optimal pour supprimer 90% des droits de douanes sur tout le continent. Mais on peut commencer par un niveau intermédiaire de 70% et monter graduellement en charge pour atteindre le taux des 90% », souligne Abdou Diop.

    Idem pour les règles d’origine, autre point technique qui concentre aujourd’hui toute l’attention des pays africains engagés dans ce processus. Ici, le problème est assez simple, nous explique Abdou Diop. Mais les positions de chaque pays peuvent être différentes.

    « La règle d’origine, c’est ce qui permet de dire sur quel critère on peut considérer que tel produit est made in Africa et peut donc circuler librement sur le marché commun. Si un produit est fabriqué à 90% en Chine avec un contenu de 10% en valeur ajoutée africaine, peut-on le considérer comme africain ou non ? Les négociations vont donc porter sur ce taux d’intégration qui fixera la règle d’origine », nous explique le consultant.

    Pour lui, aussi bien sur les règles tarifaires que sur les règles d’origine, il faut trouver le bon équilibre. Car les enjeux sont énormes.

    « On ne peut pas dès le départ fixer un taux d’intégration de 50% par exemple pour dire que tel produit est made in Africa, sinon le continent ne sera pas attractif pour les investisseurs étrangers. Or, c’est l’un des objectifs majeurs de la Zlecaf, offrir à des investisseurs l’opportunité de s’installer en Afrique et de pouvoir s’adresser à un marché de plus d’un milliard d’habitants sans entraves douanières. Mais il ne faut pas non plus descendre à un taux de 10%, car l’objectif de création de valeur sur le continent ne sera pas atteint non plus. Il faudra donc trouver le bon équilibre pour que le continent soit à la fois attractif, mais aussi créateur de valeur », explique Abdou Diop.

    Pour lui, si on veut assurer un bon démarrage à la Zlecaf, il faudra peut-être commencer par un taux d’intégration de 20%, qui colle à la réalité industrielle du continent.

    Six mois pour rendre l’accord opérationnel sur le terrain
    Ces règles doivent-elles être fixées avant le 1er janvier ? Pas forcément, comme l’a déclaré le président nigérian lors de ce sommet extraordinaire de l’UA.

    Dans son rapport sur l’entrée en vigueur de la Zlecaf, Issoufou Mahamadou a recommandé « de lancer les échanges commerciaux sur la base de règles d'origine déjà convenues », mais a toutefois demandé aux ministres de Commerce de l'Union « d'établir un programme de travail sur une période de six mois pour conclure les questions en suspens sur les règles d'origine ».

    Si ces sujets des offres tarifaires et des règles d’origine ne sont pas bouclés d’ici la fin d’année, l’UA se donne ainsi une période de six mois pour le faire. Mais sans toutefois retarder l’entrée en vigueur de l’accord qui sera effective dès le début de l’année.

    Juridiquement, l’accord entre donc en vigueur à partir du 1er janvier. Mais ses effets réels sur les échanges commerciaux entre pays africains ou sur les coûts de transaction entre entreprises ne pourraient se concrétiser qu’à partir du deuxième semestre de 2021.

    Ce que va apporter la Zlecaf au continent
    Reste la question de l’apport réel de cet accord de libre-échange continental. Selon les concepteurs de l’accord, cette zone permettra au continent et à ses entreprises de gagner sur plusieurs niveaux.

    Sur un plan macro, l’accord vient corriger une grande aberration africaine : la faiblesse des échanges entre pays du même continent, qui sont aujourd’hui les plus faibles au niveau mondial.

    Les échanges intra-africains ne représentent aujourd’hui que 16%. Un chiffre dérisoire, comparé au commerce intra-européen (67%), entre pays asiatiques (61%) ou entre les pays d’Amérique du Nord (50%). Une faiblesse qui est due essentiellement aux barrières tarifaires et non tarifaires entre les pays du continent ainsi qu’à la faiblesse des infrastructures permettant une fluidité des échanges.

    L’exemple du Maroc est en cela très parlant. Alors que le Royaume est très actif sur le continent, à travers ses entreprises, ses banques, ses investissements directs en Afrique de l’Ouest, mais aussi grâce à une industrialisation relativement évoluée par rapport à la quasi-majorité des autres pays du continent, ses exportations vers les pays africains ne représentent que 3,2% du total de ses exportations vers le reste du monde. Idem au niveau des importations, où la part des achats venant d’Afrique est à peine de 2,5%, comme le signalait un récent avis du CESE sur l’intégration africaine. Situation assez similaire dans tous les pays du continent, hormis l’Afrique du Sud.

    La création de cette zone vise ainsi à corriger cette donne et permettra ainsi d’augmenter le niveau de commerce intra-africain de près de 25% à moyen terme pour atteindre 52% à long terme.

    Dès la levée des barrières douanières, les entreprises marocaines auront à terme accès à un marché de 1,2 milliard de personnes, représentant un PIB total de 2.500 milliards de dollars.

    Dans une étude présentée en 2018 à l’occasion du Forum Afrique Développement, Attijariwafa bank a fait une simulation assez intéressante à ce sujet.

    Partant d’un scénario de suppression à court terme de 50% des mesures non tarifaires et une réduction de 30% des coûts de transaction, l’étude estime que le commerce intra-africain devrait augmenter de 52% d’ici 2022 par rapport à un scénario de référence sans AfCFTA. Les exportations de produits industriels devraient enregistrer la hausse la plus élevée, selon la même étude.

    La part des échanges intra-africains pourrait dépasser alors 20% du commerce extérieur total, en moyenne pour l’ensemble des pays africains, soit un niveau significativement au-dessus de la part actuelle des exportations vers la Chine et les Etats-Unis mais sensiblement inférieur à la part actuelle de l’Union Européenne (31% en 2017), prévoit l’étude présentée par Attijariwafa bank.

    Au-delà des effets sur les échanges commerciaux, la Zlecaf aura également un impact sur l’industrialisation de l’Afrique à travers la création de chaînes de valeurs communes.

    Pour Abdou Diop, c’est cela tout l’intérêt de la Zlecaf. « L’idée c’est de permettre par exemple au Maroc d’exporter ses produits, mais d’importer aussi des intrants pour alimenter son industrie », explique celui qui plaide pour que l’Afrique soit une priorité de toutes les stratégies sectorielles du Maroc.

    Il suggère ainsi que le Maroc repositionne ses chaînes de valeur : « Le Maroc vise plus d’intégration industrielle dans les métiers de l’automobile. Je pense qu’il faut raisonner continent sur ce sujet-là. On peut atteindre une totale intégration de nos métiers en nous approvisionnant chez d’autres pays africains, que ce soit pour l’automobile (pneus, aluminium…), le textile (coton) ou d’autres secteurs. La matière première pour nos industries existe en Afrique, mais elle est peu valorisée ce qui pénalise notre intégration industrielle », explique-t-il.

    Plus d’échanges commerciaux, une meilleure intégration industrielle, la possibilité de monter des projets industriels communs… sont ainsi les principaux apports de la zone de libre-échange, qui peut ainsi permettre au continent d’atteindre un stade élevé de son développement, capter la valeur ajoutée qui fuite aujourd’hui en Europe ou en Asie, et offrir de meilleures opportunités d’emplois pour sa jeunesse.

    Mais cette Zlecaf peut aussi accélérer le flux des IDE vers le continent. Un industriel chinois, japonais, américain ou européen verra plus d’intérêt à venir s’installer en Afrique si le continent devient un espace ouvert au commerce. Ça lui donnera accès à des matières premières à faible coût, à une ressource humaine jeune et abondante et un accès à un marché de plus de 1 milliard d’habitant, dont la population va doubler d’ici 2050 selon les projections démographiques.

    Et cela va profiter dans un premier temps, comme le souligne Abdou Diop, à des pays comme le Maroc, l’Egypte, l’Afrique du Sud, le Nigéria, la Côte d’Ivoire ou le Sénégal qui offrent déjà des plateformes industrielles pour les IDE, avec une infrastructure développée. « Ces pays qui sont déjà dans une dynamique industrielle et qui reçoivent déjà un flux massif d’IDE seront les moteurs de l’attractivité du continent dans un premier temps », précise le président de la commission Afrique de la CGEM.

    Une dynamique qui profitera dans un second temps aux autres pays africains, qui verront dans le développement d’infrastructures ou de circuits logistiques, de réelles opportunités d’investissement.

    « Si les infrastructures et la logistique ne sont pas développées aujourd’hui dans le continent, c’est parce que leur mise en place ne peut être rentable dans un schéma de fermeture des marchés. Dès que la Zlecaf sera effective, l’investissement dans des projets portuaires, des routes de transit, des chemins de fer… deviendront rentables du point de vue économique », ajoute M. Diop.


    médias24

  • #2
    la Zlecaf aura également un impact sur l’industrialisation de l’Afrique à travers la création de chaînes de valeurs communes.
    L'industrie africaine c'est le parent pauvre dans l'affaire,
    Quels sont les pays industrialisés africains qui peuvent tirer leur épingle du jeu sans faire mal aux autres,ils doivent se compter sur les doigts d'une main,la majorité des pays africains n'ont qu'une agriculture vivieres et de subsistance a présenter en réponse aux autres besoins extérieurs,le profit résultant de certains accords ne va qu'accentuer la paupérisation des larges frange des populations de ces pays.
    C'est pour des raisons comme celle ci que je trouve qu'un accord commercial global c'est à dire à l'échelle du continent est une mauvais initiative,les pays essentiellement agricoles et pauvres en patiront, l'absence des moyens de communication routiere entre les pays africains rendra presque impossible la commercialisation de leurs produits , et comme c'est le cas de presque pour toute l'Afrique les accords de ce genre seront voués à l'échec et auront parfois des conséquences néfastes sur la sécurité au sens large.
    A mon avis,il faut préférer des accords visant à créer des conglomérat de pays spécifiquement à une région où une partie du continent dont la géographie rendrait l'accessibilité entre ses membres plus facile.
    Un exemple édifiant : l'UE a commencé avec six pays autour du charbon et de l'acier.

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