L'étude internationale TIMSS 2019 pointe du doigt le piètre niveau des élèves de CM1 et de quatrième en mathématiques et en sciences. Cela ne s'améliore pas
C'est l'heure des bulletins de notes pour la France ! Les résultats de l'étude internationale TIMSS 2019, qui évalue le niveau en maths et en sciences de nos élèves en CM1 et en quatrième de 72 systèmes éducatifs, viennent d'être publiés. Et les conclusions pour la France sont alarmantes.
Lors de la dernière édition de TIMSS (Trends in Mathematics and Science Study) en 2015, la France n'avait pas eu de bons résultats… et cela ne s'est pas amélioré. Avec 485 points en mathématiques (488 en 2015, alors que Singapour, qui caracole en tête, est à 625) en CM1, la France est l'un des derniers pays européens, selon l'étude, loin derrière l'Angleterre (556), le Portugal et le Danemark (525), et même l'Arménie (498) et l'Albanie (494). La France est également éloignée de la moyenne internationale, qui se situe à 500 points.
En sciences, le constat n'est guère meilleur : la France obtient un score de 488 (Singapour est à 595, la France en 2015 à 787) en CM1 et arrive là encore parmi les derniers pays européens. En classe de quatrième, même état des lieux calamiteux : la France obtient 483 points en maths (616 pour Singapour) et 489 en sciences (608 pour Singapour).
« Pas de formule miracle »
À la différence de l'étude Pisa réalisée par l'OCDE, qui évalue l'efficacité des politiques éducatives entreprises par les pays et leur soumet des recommandations sur la base des compétences des élèves dans divers domaines (maths, sciences et compréhension de l'écrit), les résultats proposés par l'IEA (International Association for the Evaluation of Educational Achievement) tous les quatre ans en CM1 et en quatrième permettent d'établir une photographie des connaissances des élèves, constituant une source essentielle pour les experts nationaux et les décideurs politiques. Comme les évaluations ont lieu tous les quatre ans, les élèves peuvent être suivis dans le temps : l'évaluation des élèves de quatrième année peut servir d'alerte précoce pour des réformes nécessaires des programmes d'études, et l'efficacité de ces réformes peut être contrôlée quatre ans plus tard, en huitième année.
Il n'existe pas de formule miracle qui fonctionnerait pour tous les pays », assure Thierry Rocher, président de l'IEA. Il serait, par exemple, illusoire de penser que l'autonomie des établissements scolaires, qui a fait ses preuves dans certains pays asiatiques, améliorerait considérablement n'importe quel système éducatif ; il n'y a qu'à constater l'échec de cette politique menée en Suède », explique celui qui est aussi responsable du bureau de l'évaluation des élèves à la Direction de l'évaluation, de la performance et de la prospective (DEPP) du ministère de l'Éducation nationale. « Certes, on peut s'en inspirer, mais cela ne peut en aucun cas être systématique. Ainsi, le modèle finlandais, construit sur une école unique jusqu'à très tard et un intérêt pour les détections des difficultés scolaires, n'a rien à voir avec les systèmes asiatiques, très intensifs. Pourtant, ils obtiennent tous d'excellents résultats.
Le miracle de Singapour
Mieux vaut donc comparer nos performances avec celles des pays qui nous ressemblent. Ainsi, en Europe, la tendance de long terme montre que l'Angleterre est assez stable (autour de 556 points en maths en CM1), alors que le Portugal a progressé dans les dernières éditions, la France ayant, elle, chuté depuis 1995. De mauvais résultats de la France qui confirment ceux obtenus dans d'autres évaluations nationales et internationales, comme Pisa.
Alors, pour inverser la tendance, le ministère, conscient de l'urgence à se battre pour les mathématiques et les sciences, a lancé en 2018 un « plan maths » avec Cédric Villani, mathématicien médaillé Fields, et Charles Torossian, inspecteur général de l'Éducation nationale. Et, si on ne peut pas encore en évaluer les effets, certaines initiatives locales ont d'ores et déjà vu le jour pour tenter de s'approprier la fameuse « méthode de Singapour », pédagogie miracle qui a sauvé le système éducatif de la cité-État asiatique. Son principe est simple : étudier en profondeur les notions de base (additions, multiplications, fractions, nombres décimaux, etc.) jusqu'à ce que les élèves les maîtrisent complètement et aborder tous les chapitres en passant du monde concret, que les élèves connaissent bien, à une vision abstraite.
Le doute n'est donc pas permis : les élèves français sont mauvais en sciences et en mathématiques, où les problèmes se posent principalement en algèbre et calcul, plus qu'en géométrie. Un ensemble de facteurs a mené à ce marasme, notamment le manque de confiance des profs en eux-mêmes dans ces matières, sans doute lié à leur manque de formation en la matière : près de quatre professeurs des écoles sur cinq ont suivi un cursus supérieur littéraire.
Les filles remontent la pente
Seule lueur d'espoir après la lecture de ce rapport : les inégalités entre garçons et filles se réduisent. Il y a 25 ans, les garçons étaient légèrement meilleurs que les filles en sciences, et bien meilleurs en maths. Désormais, elles sont un peu meilleures qu'eux en sciences et l'écart se resserre en maths. Une analyse plus fine des résultats des études nationales montre que l'écart naît dès le CE1, puis s'accentue au fil des années. Signe qu'il faut agir tôt, et vite : c'est l'un des axes avancés par le « Villani-Torossian » pour refonder l'enseignement des maths. Il y a urgence.
le point
C'est l'heure des bulletins de notes pour la France ! Les résultats de l'étude internationale TIMSS 2019, qui évalue le niveau en maths et en sciences de nos élèves en CM1 et en quatrième de 72 systèmes éducatifs, viennent d'être publiés. Et les conclusions pour la France sont alarmantes.
Lors de la dernière édition de TIMSS (Trends in Mathematics and Science Study) en 2015, la France n'avait pas eu de bons résultats… et cela ne s'est pas amélioré. Avec 485 points en mathématiques (488 en 2015, alors que Singapour, qui caracole en tête, est à 625) en CM1, la France est l'un des derniers pays européens, selon l'étude, loin derrière l'Angleterre (556), le Portugal et le Danemark (525), et même l'Arménie (498) et l'Albanie (494). La France est également éloignée de la moyenne internationale, qui se situe à 500 points.
En sciences, le constat n'est guère meilleur : la France obtient un score de 488 (Singapour est à 595, la France en 2015 à 787) en CM1 et arrive là encore parmi les derniers pays européens. En classe de quatrième, même état des lieux calamiteux : la France obtient 483 points en maths (616 pour Singapour) et 489 en sciences (608 pour Singapour).
« Pas de formule miracle »
À la différence de l'étude Pisa réalisée par l'OCDE, qui évalue l'efficacité des politiques éducatives entreprises par les pays et leur soumet des recommandations sur la base des compétences des élèves dans divers domaines (maths, sciences et compréhension de l'écrit), les résultats proposés par l'IEA (International Association for the Evaluation of Educational Achievement) tous les quatre ans en CM1 et en quatrième permettent d'établir une photographie des connaissances des élèves, constituant une source essentielle pour les experts nationaux et les décideurs politiques. Comme les évaluations ont lieu tous les quatre ans, les élèves peuvent être suivis dans le temps : l'évaluation des élèves de quatrième année peut servir d'alerte précoce pour des réformes nécessaires des programmes d'études, et l'efficacité de ces réformes peut être contrôlée quatre ans plus tard, en huitième année.
Il n'existe pas de formule miracle qui fonctionnerait pour tous les pays », assure Thierry Rocher, président de l'IEA. Il serait, par exemple, illusoire de penser que l'autonomie des établissements scolaires, qui a fait ses preuves dans certains pays asiatiques, améliorerait considérablement n'importe quel système éducatif ; il n'y a qu'à constater l'échec de cette politique menée en Suède », explique celui qui est aussi responsable du bureau de l'évaluation des élèves à la Direction de l'évaluation, de la performance et de la prospective (DEPP) du ministère de l'Éducation nationale. « Certes, on peut s'en inspirer, mais cela ne peut en aucun cas être systématique. Ainsi, le modèle finlandais, construit sur une école unique jusqu'à très tard et un intérêt pour les détections des difficultés scolaires, n'a rien à voir avec les systèmes asiatiques, très intensifs. Pourtant, ils obtiennent tous d'excellents résultats.
Le miracle de Singapour
Mieux vaut donc comparer nos performances avec celles des pays qui nous ressemblent. Ainsi, en Europe, la tendance de long terme montre que l'Angleterre est assez stable (autour de 556 points en maths en CM1), alors que le Portugal a progressé dans les dernières éditions, la France ayant, elle, chuté depuis 1995. De mauvais résultats de la France qui confirment ceux obtenus dans d'autres évaluations nationales et internationales, comme Pisa.
Alors, pour inverser la tendance, le ministère, conscient de l'urgence à se battre pour les mathématiques et les sciences, a lancé en 2018 un « plan maths » avec Cédric Villani, mathématicien médaillé Fields, et Charles Torossian, inspecteur général de l'Éducation nationale. Et, si on ne peut pas encore en évaluer les effets, certaines initiatives locales ont d'ores et déjà vu le jour pour tenter de s'approprier la fameuse « méthode de Singapour », pédagogie miracle qui a sauvé le système éducatif de la cité-État asiatique. Son principe est simple : étudier en profondeur les notions de base (additions, multiplications, fractions, nombres décimaux, etc.) jusqu'à ce que les élèves les maîtrisent complètement et aborder tous les chapitres en passant du monde concret, que les élèves connaissent bien, à une vision abstraite.
Le doute n'est donc pas permis : les élèves français sont mauvais en sciences et en mathématiques, où les problèmes se posent principalement en algèbre et calcul, plus qu'en géométrie. Un ensemble de facteurs a mené à ce marasme, notamment le manque de confiance des profs en eux-mêmes dans ces matières, sans doute lié à leur manque de formation en la matière : près de quatre professeurs des écoles sur cinq ont suivi un cursus supérieur littéraire.
Les filles remontent la pente
Seule lueur d'espoir après la lecture de ce rapport : les inégalités entre garçons et filles se réduisent. Il y a 25 ans, les garçons étaient légèrement meilleurs que les filles en sciences, et bien meilleurs en maths. Désormais, elles sont un peu meilleures qu'eux en sciences et l'écart se resserre en maths. Une analyse plus fine des résultats des études nationales montre que l'écart naît dès le CE1, puis s'accentue au fil des années. Signe qu'il faut agir tôt, et vite : c'est l'un des axes avancés par le « Villani-Torossian » pour refonder l'enseignement des maths. Il y a urgence.
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