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Marché de l’emploi: 82% des Marocaines exclues!

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  • Marché de l’emploi: 82% des Marocaines exclues!

    Par Ahlam NAZIH | Edition N°:5898 Le 04/12/2020
    • Un taux d’inactivité jamais atteint sur les vingt dernières années
    • Un écart de presque 50 points par rapport aux hommes
    • Un gâchis monumental en capital humain!


    Les Marocains sont de moins en moins actifs. Leur taux d’activité ne cesse de reculer depuis le début des années 2000. Entre 1999 et 2019, il a perdu presque 10 points, passant de 54,5% à seulement 44,9%. Il s’est ainsi dégradé d’un demi-point par an en moyenne. Aujourd’hui, à peine 4 Marocains sur 10 en âge de travailler possèdent un emploi ou sont en train d’en chercher un. Les autres, majoritaires, sont tout bonnement out.

    Qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes la tendance est la même. Faible création d’emplois, désindustrialisation, rentrée plus tardive sur le marché du travail en raison de l’amélioration de l’accès à la scolarité peuvent, en partie, expliquer cette tendance. Toutefois, la situation de la gent féminine est encore plus préoccupante. Les femmes sont quasiment exclues du marché du travail.

    Les chiffres du HCP pour le 3e trimestre 2020 révèlent une part d’actives de seulement 17,8%, un seuil jamais atteint en deux décennies. Leur taux annuel d’activité, lui, est passé de 30,4% en 1999 à 21,5% en 2019, soit une baisse d’environ 9 points. Comparativement aux hommes, le gap est de presque 50 points!

    82,2% des marocaines sont donc actuellement inactives. Le Maroc marche sur un seul pied. Un gâchis monumental en capital humain et une perte énorme en PIB. Avec la conjoncture morose engendrée par la crise Covid, et qui risque de durer quelques années, elles pourraient être encore plus nombreuses à basculer vers l’inactivité.

    Leur statut est, il faut dire, déterminé très tôt dans leur trajectoire. Si leur taux net de scolarisation frôle les 100% au primaire, au collège il passe à seulement 65,9%, avant de chuter à 40,2% au lycée. Sorties trop tôt du système d’enseignement, elles ne disposent que de peu de qualifications pour appréhender le marché de l’emploi. Un marché où les conditions sont pour le moins rudes: 55,1% des salariés ne disposent d’aucun contrat formalisant leur relation avec leur employeur, selon le HCP (40,5% parmi les femmes), et 46,5% ne bénéficient pas d’une couverture médicale assurée pour leur entreprise (60% parmi les femmes).

    Evaluant le «coût d’opportunité» de travailler, la majorité préfère s’abstenir. Elles sont aussi plus enclines à se transformer en NEET (ni à l’école, ni en formation, ni en entreprise). Près de 45% des filles de 15 à 24 ans sont ainsi des NEET. Sur cette population estimée à quelque 1,7 million de jeunes, elles représentent plus de 79%.

    Le taux d’inactivité des femmes a atteint au cours du troisième trimestre 2020 son pire niveau en vingt ans, avec une part de plus de 82%. C’est la deuxième fois que le taux franchit le seuil des 80% depuis le début des années 2000

    La moitié des travailleuses sont des aides familiales

    L’absence de politiques et de programmes de soutien n’aide pas. L’héritage culturel non plus. L’état matrimonial est également déterminant. Les trois quarts des inactives se consacrent à leur foyer et à peine 12,8% sont étudiantes. Au total, les femmes au foyer représentent 54,9% des 15 millions d’inactifs au Maroc. Celles qui travaillent sont pour près de la moitié des aides familiales. Le tiers est formé de salariées et 16,5% d’indépendantes. Quelque quatre sur dix exercent sans rémunération (9,5% des hommes).

    En matière d’entrepreneuriat, elles sont deux fois moins nombreuses à se lancer que leurs homologues masculins. Le taux d’activité entrepreneurial des marocaines de 18 à 64 ans est d’environ 7%, contre 15% pour les hommes, selon l’édition 2019-2020 du Global entrepreneurship Monitor (GEM).

    Un marché du travail précaire, une faible création d’emploi, des mécanismes de soutien inexistants, une culture patriarcale hostile à l’activité féminine… Les femmes ont tout contre elles. En l’absence de politiques dédiées, il serait impossible d’inverser la donne.

    Faibles qualifications

    44% des marocaines de 10 ans et plus sont analphabètes (HCP, Femmes marocaines en chiffres, 2018), contre 25% des hommes. Celles âgées de 15 ans et plus sont également moins diplômées. Près des deux tiers (62,2%) ne possèdent aucun diplôme (48,4% des hommes) et seulement 11,3% sont diplômées du supérieur. Au niveau des femmes rurales, le degré de qualification est encore plus faible (près de 82% de sans diplôme). Or, plus elles sont diplômées, plus elles participent au marché du travail. Le taux d’activité de celles justifiant d’un diplôme supérieur est le double de celui des femmes sans aucun titre. Cela dit, même du côté des lauréates du supérieur, le taux d’activité ne cesse de reculer. Sa baisse est même plus importante (61,8% en 1999, contre 45,8 en 2017) par rapport aux sans diplôme (29,3 en 1999, contre 20,9 en 2017). Depuis 1999, il a perdu 16 points, contre 8,4 points pour les non diplômées.

    Ahlam NAZIH
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