Un mois avant de quitter la Maison Blanche, le président américain Donald Trump continue d’imposer des faits accomplis dévastateurs. Ses décisions antérieures, toutes en faveur de pays et courants agressifs et violents, ont été complétées jeudi 10 décembre par une annonce qui touche directement l’Algérie : la décision du Maroc d’établir des relations diplomatiques avec Israël, en contrepartie de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental.
Engagé dans une surenchère destructrice depuis son accès u pouvoir, Donald Trump a commis nombre d’excès redoutés. En conflit ouvert avec la Chine et l’Europe, il a multiplié les actes provocateurs contre ceux qu’il considère comme pays hostiles : il a mis fin à l’accord nucléaire avec l’Iran, et fait assassiner le général iranien Qassem Soleimani, pendant qu’Israël assassinait le chef du projet nucléaire iranien.
Dans le même temps, il a exercé les pressions nécessaires pour forcer des pays arabes à établir des relations diplomatiques avec Israël, même si ces pays avaient déjà affiché de larges dispositions à reconnaitre Israël. Engagés dans des guerres difficiles à comprendre sur d’autres terrains, les Emirats Arabes Unis ont été, le Bahreïn, les premiers à normaliser leur relation avec Israël. Le nouveau pouvoir soudanais a lui aussi franchi le pas, montrant au passage quels deals pouvaient cacher ce genre de système de transition, présentés par certains comme des modèles de réussite alors qu’ils obéissaient clairement à des agendas étrangers.
Il faut convenir toutefois que Trump a fait du Trump. Alors que les présidents américains sortants tentent traditionnellement d’arrondir les angles et de soigner leur sortie, Trump préfère imposer des faits accomplis que son successeur devra gérer. Poussé par des coalitions dangereuses de milieux d’affaires, d’évangélistes et de sionistes, il veut faire en sorte que la nouvelle administration américaine se retrouve face à une situation nouvelle, sur laquelle elle pourra difficilement revenir.
Cette évolution dangereuse dan la région semble avoir été anticipée aussi bien par le Front Polisario que par l’Algérie. Le Polisario a exploité les incidents de Guerguerat, à la frontière avec la Mauritanie, pour dénoncer il y a un mois le cessez-le-feu en vigueur depuis trente ans. Il se sent désormais en droit de reprendre la lutte, y compris armée, pour imposer ses revendications, même si sa marge de manœuvre est étroite. Nul doute que le rapprochement entre le Maroc et Israël ouvre la voie, si ce n’est déjà fait, à une aide israélienne au profit de l’arme marocaine dans de nombreux domaines, dont certains particulièrement dangereux : surveillance électronique, surveillance du ciel, drones, espionnage, manipulation de l’internet, fournitures d’équipements, etc. Il est désormais évident que l’armée israélienne est à nos frontières.
De son côté, la revue El-Djeïch a publié, il y a une semaine, un éditorial remarqué où elle appelait les Algériens à se « tenir prêts » pour faire face à des menaces imminentes. Des menaces planent sur l’Algérie, selon l’éditorial d’El Djeich, qui souligne que «la détérioration de la situation régionale le long de notre bande frontalière et la menace que font peser certaines parties ennemies sur la sécurité de la région ces derniers temps, ces menaces, même indirectes, nous concernent et nous devons nous tenir prêts à y faire face». Pour la revue de l’ANP, l’Algérie est «contrainte» d’assumer ses «obligations régionales imposées par son rôle pivot, outre ses positions de principe immuables de soutien à toutes les causes justes». Par ailleurs, souligne El-Djeïch, «le combat contre ces plans hostiles visant notre pays implique la nécessité, pour notre peuple, d’être conscient des desseins inavoués que cherchent à concrétiser ces parties ennemies et, par voie de conséquence, sa mobilisation autour de sa direction pour les déjouer».
Le discours patriotique et mobilisateur de la revue El-Djeïch comporte deux paradoxes. D’un côté, il appelle à renforcer le front interne, alors que le pays est en pleine crise politique et institutionnelle, symbolisée par cette absence du président Abdelmadjid Tebboune alors que le pays est visiblement en zone de turbulences. Mais d’un autre côté, cette évolution dangereuse aux frontières peut précisément pousser à un déclic, pour construire un consensus national et renforcer le front interne. Il faudra aussi trouver des leviers pour renverser la situation, et s’imposer effectivement comme une puissance régionale, alors qu’à travers toutes ses frontières, le pays commence à se sentir assiégé.
Quant à la partie marocaine, nul doute qu’elle va crier victoire dans un premier temps. Le Maroc va considérer l’appui américain sur le dossier du Sahara Occidental comme une évolution décisive, largement suffisant pour compenser la gêne que pourrit constituer une normalisation avec Israël. Mais le Maroc joue gros, et il ne peut occulter trois autres éléments. D’abord, le sentiment et la réaction de la rue marocaine, difficiles à évoluer ; ensuite, quel impact aura cet accord sur les institutions marocaines, gouvernement, parlement, partis, totalement ignorées dans une décision majeure conclue sans consultations ; enfin, comment réagiront les islamistes marocains, d’obédience Frères Musulmans, qui dirigent actuellement le gouvernement, et qui semblent être totalement hors du coup ?
Abed Charef
Engagé dans une surenchère destructrice depuis son accès u pouvoir, Donald Trump a commis nombre d’excès redoutés. En conflit ouvert avec la Chine et l’Europe, il a multiplié les actes provocateurs contre ceux qu’il considère comme pays hostiles : il a mis fin à l’accord nucléaire avec l’Iran, et fait assassiner le général iranien Qassem Soleimani, pendant qu’Israël assassinait le chef du projet nucléaire iranien.
Dans le même temps, il a exercé les pressions nécessaires pour forcer des pays arabes à établir des relations diplomatiques avec Israël, même si ces pays avaient déjà affiché de larges dispositions à reconnaitre Israël. Engagés dans des guerres difficiles à comprendre sur d’autres terrains, les Emirats Arabes Unis ont été, le Bahreïn, les premiers à normaliser leur relation avec Israël. Le nouveau pouvoir soudanais a lui aussi franchi le pas, montrant au passage quels deals pouvaient cacher ce genre de système de transition, présentés par certains comme des modèles de réussite alors qu’ils obéissaient clairement à des agendas étrangers.
Il faut convenir toutefois que Trump a fait du Trump. Alors que les présidents américains sortants tentent traditionnellement d’arrondir les angles et de soigner leur sortie, Trump préfère imposer des faits accomplis que son successeur devra gérer. Poussé par des coalitions dangereuses de milieux d’affaires, d’évangélistes et de sionistes, il veut faire en sorte que la nouvelle administration américaine se retrouve face à une situation nouvelle, sur laquelle elle pourra difficilement revenir.
Cette évolution dangereuse dan la région semble avoir été anticipée aussi bien par le Front Polisario que par l’Algérie. Le Polisario a exploité les incidents de Guerguerat, à la frontière avec la Mauritanie, pour dénoncer il y a un mois le cessez-le-feu en vigueur depuis trente ans. Il se sent désormais en droit de reprendre la lutte, y compris armée, pour imposer ses revendications, même si sa marge de manœuvre est étroite. Nul doute que le rapprochement entre le Maroc et Israël ouvre la voie, si ce n’est déjà fait, à une aide israélienne au profit de l’arme marocaine dans de nombreux domaines, dont certains particulièrement dangereux : surveillance électronique, surveillance du ciel, drones, espionnage, manipulation de l’internet, fournitures d’équipements, etc. Il est désormais évident que l’armée israélienne est à nos frontières.
De son côté, la revue El-Djeïch a publié, il y a une semaine, un éditorial remarqué où elle appelait les Algériens à se « tenir prêts » pour faire face à des menaces imminentes. Des menaces planent sur l’Algérie, selon l’éditorial d’El Djeich, qui souligne que «la détérioration de la situation régionale le long de notre bande frontalière et la menace que font peser certaines parties ennemies sur la sécurité de la région ces derniers temps, ces menaces, même indirectes, nous concernent et nous devons nous tenir prêts à y faire face». Pour la revue de l’ANP, l’Algérie est «contrainte» d’assumer ses «obligations régionales imposées par son rôle pivot, outre ses positions de principe immuables de soutien à toutes les causes justes». Par ailleurs, souligne El-Djeïch, «le combat contre ces plans hostiles visant notre pays implique la nécessité, pour notre peuple, d’être conscient des desseins inavoués que cherchent à concrétiser ces parties ennemies et, par voie de conséquence, sa mobilisation autour de sa direction pour les déjouer».
Le discours patriotique et mobilisateur de la revue El-Djeïch comporte deux paradoxes. D’un côté, il appelle à renforcer le front interne, alors que le pays est en pleine crise politique et institutionnelle, symbolisée par cette absence du président Abdelmadjid Tebboune alors que le pays est visiblement en zone de turbulences. Mais d’un autre côté, cette évolution dangereuse aux frontières peut précisément pousser à un déclic, pour construire un consensus national et renforcer le front interne. Il faudra aussi trouver des leviers pour renverser la situation, et s’imposer effectivement comme une puissance régionale, alors qu’à travers toutes ses frontières, le pays commence à se sentir assiégé.
Quant à la partie marocaine, nul doute qu’elle va crier victoire dans un premier temps. Le Maroc va considérer l’appui américain sur le dossier du Sahara Occidental comme une évolution décisive, largement suffisant pour compenser la gêne que pourrit constituer une normalisation avec Israël. Mais le Maroc joue gros, et il ne peut occulter trois autres éléments. D’abord, le sentiment et la réaction de la rue marocaine, difficiles à évoluer ; ensuite, quel impact aura cet accord sur les institutions marocaines, gouvernement, parlement, partis, totalement ignorées dans une décision majeure conclue sans consultations ; enfin, comment réagiront les islamistes marocains, d’obédience Frères Musulmans, qui dirigent actuellement le gouvernement, et qui semblent être totalement hors du coup ?
Abed Charef
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