lger a été frappée, le 11 avril, par deux attentats-suicides. L'ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui les a revendiqués, se fait désormais appeler Organisation d'Al-Qaida au pays du Maghreb islamique. Croyez-vous qu'Al-Qaida ait fait de son implantation au Maghreb un objectif majeur ?
Al-Qaida ou pas, cela ne change rien. Nous sommes en face de crimes commis par des lâches qu'il faut combattre. Que les attentats ciblent Alger, Casablanca, Madrid ou Bali, la tragédie est la même. Peu importe qui est derrière. Ce n'est pas le problème.
Des journaux et des responsables politiques font un parallèle entre la politique de "réconciliation nationale" mise en oeuvre en Algérie et le retour des attentats dans la capitale. Que leur répondez-vous ?
Combien sont-ils, ceux qui disent cela ? Dix, cent, mille ? Je sais que des journaux algériens relaient leurs propos, mais ces titres ne représentent pas grand monde. La majorité de l'opinion publique appuie la réconciliation nationale. Elle l'a prouvé lors des rassemblements qui ont suivi les attentats. Si les journaux dont vous parlez étaient intelligents, ils corrigeraient leur ligne éditoriale.
On reproche aux services de sécurité d'avoir baissé la garde...
Nos services sont efficaces. Peut-être, effectivement, avons-nous relâché notre vigilance. Les terroristes en ont profité.
Au lendemain des attentats, l'ambassade des Etats-Unis a mis en garde, sur son site Internet, contre de nouvelles actions terroristes très ciblées dans la capitale, ce qui a provoqué un début de polémique...
On ne peut pas approuver cette manière d'agir des Américains. Nous, les Algériens, nous collaborons de manière loyale avec les autres pays pour mettre fin au terrorisme international. Si les Américains détenaient des informations valables, ils devaient les transmettre à nos services de sécurité. Leur geste a été inamical et critiquable aussi bien sur le plan diplomatique que sur celui de la morale. Mais cela n'aura pas de suite.
L'Algérie n'applique plus la peine de mort depuis 1994. Pourquoi ne pas la supprimer officiellement ?
Par prudence.
Il a été question, ces derniers mois, de réforme de la Constitution algérienne dans le sens d'une présidentialisation accrue du régime, puis le sujet a disparu. N'est-il plus d'actualité ?
Détrompez-vous : le chantier va être rouvert, après les élections législatives, et il sera mis en oeuvre sans tarder. Il reste à déterminer le calendrier et la voie pour modifier la Constitution : référendum ou Parlement. Le choix appartient au chef de l'Etat et à lui seul. Au FLN (Front de libération nationale, l'ancien parti unique), nous sommes favorables à un régime présidentiel fort. Mais nous n'avons jamais parlé de créer un poste de vice-président et encore moins de l'attribuer au secrétaire général du parti (rires).
Comme tous les Algériens, vous devez suivre l'élection présidentielle française.
On ne peut pas être indifférent à ce qui se passe en France, même si nos relations sont des relations d'Etat à Etat.
Nicolas Sarkozy a dit qu'il voulait "tourner le dos à la repentance"...
Il veut aussi réhabiliter l'OAS (Organisation de l'armée secrète). L'OAS était une organisation criminelle, une organisation terroriste du même type qu'Al-Qaida aujourd'hui. Elle a été le précurseur d'Al-Qaida, d'une certaine façon.
Le thème de la colonisation française n'est plus évoqué par les responsables algériens. Pourquoi ?
Nous gardons en mémoire tout ce qui a été dit en France. Nous n'avons rien oublié et, pour nous, on ne peut pas parler d'"aspect positif" de la colonisation. Prétendre le contraire, c'est dire des insanités. Il ne sert à rien d'en rajouter. Les Français sont libres de mener la politique qu'ils souhaitent. Mais que l'on ne compte pas sur nous pour nous taire dès lors qu'il s'agit de porter un jugement sur une tragédie que nous avons vécue. Nous ne pouvons pas rester silencieux.
Le traité d'amitié entre la France et l'Algérie est-il mort et enterré ?
Nous souhaitons toujours sa signature, mais il faut se démarquer des crimes de la France coloniale. En Algérie, où la colonisation a été une colonisation de peuplement, nous avons eu une tentative de dénaturation de tout un peuple. Lors de la célébration du centième anniversaire de la conquête de l'Algérie, on parlait d'une "Algérie chrétienne". Vous savez, moi, étant enfant, j'ai appris l'arabe comme langue étrangère... La colonisation a été abominable. On ne peut pas se contenter de gestes symboliques pour la condamner. Il faut que ce soit écrit noir sur blanc. Parce qu'un écrit, cela reste.
Propos recueillis par Jean-Pierre Tuquoi
Un homme de pouvoir...
Al-Qaida ou pas, cela ne change rien. Nous sommes en face de crimes commis par des lâches qu'il faut combattre. Que les attentats ciblent Alger, Casablanca, Madrid ou Bali, la tragédie est la même. Peu importe qui est derrière. Ce n'est pas le problème.
Des journaux et des responsables politiques font un parallèle entre la politique de "réconciliation nationale" mise en oeuvre en Algérie et le retour des attentats dans la capitale. Que leur répondez-vous ?
Combien sont-ils, ceux qui disent cela ? Dix, cent, mille ? Je sais que des journaux algériens relaient leurs propos, mais ces titres ne représentent pas grand monde. La majorité de l'opinion publique appuie la réconciliation nationale. Elle l'a prouvé lors des rassemblements qui ont suivi les attentats. Si les journaux dont vous parlez étaient intelligents, ils corrigeraient leur ligne éditoriale.
On reproche aux services de sécurité d'avoir baissé la garde...
Nos services sont efficaces. Peut-être, effectivement, avons-nous relâché notre vigilance. Les terroristes en ont profité.
Au lendemain des attentats, l'ambassade des Etats-Unis a mis en garde, sur son site Internet, contre de nouvelles actions terroristes très ciblées dans la capitale, ce qui a provoqué un début de polémique...
On ne peut pas approuver cette manière d'agir des Américains. Nous, les Algériens, nous collaborons de manière loyale avec les autres pays pour mettre fin au terrorisme international. Si les Américains détenaient des informations valables, ils devaient les transmettre à nos services de sécurité. Leur geste a été inamical et critiquable aussi bien sur le plan diplomatique que sur celui de la morale. Mais cela n'aura pas de suite.
L'Algérie n'applique plus la peine de mort depuis 1994. Pourquoi ne pas la supprimer officiellement ?
Par prudence.
Il a été question, ces derniers mois, de réforme de la Constitution algérienne dans le sens d'une présidentialisation accrue du régime, puis le sujet a disparu. N'est-il plus d'actualité ?
Détrompez-vous : le chantier va être rouvert, après les élections législatives, et il sera mis en oeuvre sans tarder. Il reste à déterminer le calendrier et la voie pour modifier la Constitution : référendum ou Parlement. Le choix appartient au chef de l'Etat et à lui seul. Au FLN (Front de libération nationale, l'ancien parti unique), nous sommes favorables à un régime présidentiel fort. Mais nous n'avons jamais parlé de créer un poste de vice-président et encore moins de l'attribuer au secrétaire général du parti (rires).
Comme tous les Algériens, vous devez suivre l'élection présidentielle française.
On ne peut pas être indifférent à ce qui se passe en France, même si nos relations sont des relations d'Etat à Etat.
Nicolas Sarkozy a dit qu'il voulait "tourner le dos à la repentance"...
Il veut aussi réhabiliter l'OAS (Organisation de l'armée secrète). L'OAS était une organisation criminelle, une organisation terroriste du même type qu'Al-Qaida aujourd'hui. Elle a été le précurseur d'Al-Qaida, d'une certaine façon.
Le thème de la colonisation française n'est plus évoqué par les responsables algériens. Pourquoi ?
Nous gardons en mémoire tout ce qui a été dit en France. Nous n'avons rien oublié et, pour nous, on ne peut pas parler d'"aspect positif" de la colonisation. Prétendre le contraire, c'est dire des insanités. Il ne sert à rien d'en rajouter. Les Français sont libres de mener la politique qu'ils souhaitent. Mais que l'on ne compte pas sur nous pour nous taire dès lors qu'il s'agit de porter un jugement sur une tragédie que nous avons vécue. Nous ne pouvons pas rester silencieux.
Le traité d'amitié entre la France et l'Algérie est-il mort et enterré ?
Nous souhaitons toujours sa signature, mais il faut se démarquer des crimes de la France coloniale. En Algérie, où la colonisation a été une colonisation de peuplement, nous avons eu une tentative de dénaturation de tout un peuple. Lors de la célébration du centième anniversaire de la conquête de l'Algérie, on parlait d'une "Algérie chrétienne". Vous savez, moi, étant enfant, j'ai appris l'arabe comme langue étrangère... La colonisation a été abominable. On ne peut pas se contenter de gestes symboliques pour la condamner. Il faut que ce soit écrit noir sur blanc. Parce qu'un écrit, cela reste.
Propos recueillis par Jean-Pierre Tuquoi
Un homme de pouvoir...
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