Le 15 novembre dernier, quinze nations asiatiques ont signé le plus grand accord commercial préférentiel de l’histoire moderne, le Partenariat régional économique global (PREG). Il couvre environ un tiers de la population et de l’économie mondiales. Il inclut la Chine et le Japon, qui ont respectivement le deuxième et le troisième plus grand produit intérieur brut (PIB) du monde.
On a beaucoup entendu dire qu’il s’agit d’un accord commercial dirigé par les Chinois ou que c’est Pékin qui a le plus à gagner à cet accord, tant sur le plan économique que politique. Toutefois, il n’y a pas grand-chose qui puisse laisser penser que la Chine en tirera des avantages économiques significatifs, ou qui permette de mesurer l’accroissement éventuel de son influence en Asie.
On peut en revanche supposer que les États-Unis vont perdre une partie de la leur, étant donné leur manque persistant d’accords commerciaux dans la région. Et il sera difficile pour Washington de maintenir ou de retrouver une quelconque pertinence à court terme par sa seule politique commerciale, d’autant plus qu’il pourrait falloir des années pour négocier et approuver de nouveaux accords.
IMPACT ÉCONOMIQUE
Le RCEP a d’abord été proposé par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour rapprocher ses membres et leurs partenaires commerciaux. Les négociations ont débuté en 2012 et incluaient à l’origine l’Inde, qui a quitté les pourparlers fin 2019.
Les quinze membres qui composent aujourd’hui le RCEP représentent 25,8 billions de dollars sur les 87,7 billions du PIB mondial. C’est plus du double de la taille de l’Accord de partenariat trans-pacifique (TPP) signé deux ans plus tôt, qui compte onze membres et représente 11,2 billions de dollars du PIB mondial.
Si les échanges commerciaux entre les membres vont s’intensifier, il n’y a guère de raisons de penser que cela donnera à la Chine une plus grande influence.
L’impact économique du RCEP sera limité. Sept de ses membres faisaient déjà partie du TPP. Beaucoup avaient également des accords commerciaux bilatéraux ou multilatéraux les uns avec les autres.
Un accord commercial entre tous les membres de l’ASEAN existait déjà, ainsi que d’autres accords particuliers (Singapour-Australie en 2003, Japon-Vietnam en 2009). Selon une estimation, le RCEP ajoutera 0,4 % aux économies de ses membres d’ici 2030.
Selon le Peterson Institute for International Economics, il pourrait apporter jusqu’à 209 milliards de dollars supplémentaires à l’économie mondiale d’ici 2030. Mais cela suppose aussi que le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine perdure. En fait, les membres du RCEP (à l’exception de la Chine) y auraient tout intérêt : le bénéfice économique, pour eux, s’en trouverait majoré de 7 %.
L’impact économique pour des membres spécifiques du RCEP est variable. La Corée du Sud et le Japon seront de loin les plus grands bénéficiaires de l’accord. En tant que principaux pays commerçants de la région, le RCEP augmentera leurs échanges commerciaux avec la Chine.
Pékin est peut-être le plus grand bénéficiaire du RCEP en termes absolus, mais par rapport à la taille de son économie, il devrait gagner moins que le Japon, la Corée du Sud, Brunei, la Malaisie, la Thaïlande et le Vietnam. Le commerce entre les membres s’intensifiera, mais on peut supposer que cela ne donnera pas pour autant à la Chine une plus grande influence dans la région lorsque les tensions en Asie s’aggraveront.
L’INFLUENCE DU COMMERCE
Les gains économiques du RCEP seront donc moins importants que ce qui a été annoncé étant donné que de nombreux pays asiatiques ont déjà conclu des accords commerciaux entre eux. En 2013, il y en avait une quarantaine.
L’augmentation des échanges commerciaux avec la Chine ne changera pas grand- chose non plus pour les membres du RCEP. La Chine est déjà la principale destination des exportations pour sept d’entre eux et, à l’exception du Laos, la première source d’importation pour tous.
Le changement le plus important concerne le Japon, qui exporte principalement aux États. Cela pourrait changer dans le cadre de l’accord. Mais il est douteux qu’une augmentation des échanges commerciaux entre le Japon et la Chine donne à Pékin un pouvoir supplémentaire sur Tokyo.
L’influence que la Chine a pu exercer sur l’Australie a presque disparu, malgré le récent accord. Les pays de la région se méfient d’elle de plus en plus et l’on a observé au cours de l’année dernière, une augmentation spectaculaire des opinions négatives à son égard dans trois des plus grandes économies du RCEP, soit en raison de son rôle dans la crise du coronavirus, soit à cause des tensions politiques et sécuritaires. Les Japonais sont les plus sévères : 86 % d’opinions négatives. En Corée du Sud, le pourcentage est passé de 63 % en 2019 à 75 % cette année. En Australie, de 57 % à 81 %.
Les tensions entre l’Australie et la Chine s’aggravent, les fonctionnaires chinois ciblant les importations par de nombreuses mesures antidumping, retardant les importations aux douanes et encourageant même les entreprises nationales à boycotter les produits australiens.
Les petits pays de l’ASEAN sont plus dépendants du commerce chinois pour leur croissance économique. Selon une enquête, les membres de l’ASEAN considèrent la Chine comme la puissance économique la plus influente en Asie du Sud-Est.
Cependant, cette présence suscite également des inquiétudes, notamment dans d’autres domaines, politique et stratégique. En ce qui concerne l’avenir du commerce, les membres de l’ASEAN considèrent le Japon (27 %) et l’Union européenne (26 %) comme les leaders de la défense du libre-échange. L’ASEAN a moins confiance dans les États-Unis et la Chine à cet égard.
S’il est important de souligner que le RCEP n’est peut-être qu’un accord commercial de plus dans une région interconnectée, les États-Unis n’ont que trois accords commerciaux et demi en Asie (Singapour en 2003, l’Australie en 2004, la Corée du Sud en 2012, et un accord incomplet avec le Japon en 2019). Mais ils sont la première destination d’exportation pour quatre membres du RCEP (Japon, Thaïlande, Philippines et Vietnam).
Cette configuration en dit plus sur la politique commerciale américaine que sur l’influence chinoise. Un manque d’engagement des responsables américains en Asie signifie que Washington pourrait perdre son traitement préférentiel à mesure que les nations asiatiques commerceront davantage entre elles. Cela signifie également que les responsables américains n’ont pas eu leur mot à dire sur les règles et les normes de ces nouveaux accords commerciaux.
On a beaucoup entendu dire qu’il s’agit d’un accord commercial dirigé par les Chinois ou que c’est Pékin qui a le plus à gagner à cet accord, tant sur le plan économique que politique. Toutefois, il n’y a pas grand-chose qui puisse laisser penser que la Chine en tirera des avantages économiques significatifs, ou qui permette de mesurer l’accroissement éventuel de son influence en Asie.
On peut en revanche supposer que les États-Unis vont perdre une partie de la leur, étant donné leur manque persistant d’accords commerciaux dans la région. Et il sera difficile pour Washington de maintenir ou de retrouver une quelconque pertinence à court terme par sa seule politique commerciale, d’autant plus qu’il pourrait falloir des années pour négocier et approuver de nouveaux accords.
IMPACT ÉCONOMIQUE
Le RCEP a d’abord été proposé par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour rapprocher ses membres et leurs partenaires commerciaux. Les négociations ont débuté en 2012 et incluaient à l’origine l’Inde, qui a quitté les pourparlers fin 2019.
Les quinze membres qui composent aujourd’hui le RCEP représentent 25,8 billions de dollars sur les 87,7 billions du PIB mondial. C’est plus du double de la taille de l’Accord de partenariat trans-pacifique (TPP) signé deux ans plus tôt, qui compte onze membres et représente 11,2 billions de dollars du PIB mondial.
Si les échanges commerciaux entre les membres vont s’intensifier, il n’y a guère de raisons de penser que cela donnera à la Chine une plus grande influence.
L’impact économique du RCEP sera limité. Sept de ses membres faisaient déjà partie du TPP. Beaucoup avaient également des accords commerciaux bilatéraux ou multilatéraux les uns avec les autres.
Un accord commercial entre tous les membres de l’ASEAN existait déjà, ainsi que d’autres accords particuliers (Singapour-Australie en 2003, Japon-Vietnam en 2009). Selon une estimation, le RCEP ajoutera 0,4 % aux économies de ses membres d’ici 2030.
Selon le Peterson Institute for International Economics, il pourrait apporter jusqu’à 209 milliards de dollars supplémentaires à l’économie mondiale d’ici 2030. Mais cela suppose aussi que le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine perdure. En fait, les membres du RCEP (à l’exception de la Chine) y auraient tout intérêt : le bénéfice économique, pour eux, s’en trouverait majoré de 7 %.
L’impact économique pour des membres spécifiques du RCEP est variable. La Corée du Sud et le Japon seront de loin les plus grands bénéficiaires de l’accord. En tant que principaux pays commerçants de la région, le RCEP augmentera leurs échanges commerciaux avec la Chine.
Pékin est peut-être le plus grand bénéficiaire du RCEP en termes absolus, mais par rapport à la taille de son économie, il devrait gagner moins que le Japon, la Corée du Sud, Brunei, la Malaisie, la Thaïlande et le Vietnam. Le commerce entre les membres s’intensifiera, mais on peut supposer que cela ne donnera pas pour autant à la Chine une plus grande influence dans la région lorsque les tensions en Asie s’aggraveront.
L’INFLUENCE DU COMMERCE
Les gains économiques du RCEP seront donc moins importants que ce qui a été annoncé étant donné que de nombreux pays asiatiques ont déjà conclu des accords commerciaux entre eux. En 2013, il y en avait une quarantaine.
L’augmentation des échanges commerciaux avec la Chine ne changera pas grand- chose non plus pour les membres du RCEP. La Chine est déjà la principale destination des exportations pour sept d’entre eux et, à l’exception du Laos, la première source d’importation pour tous.
Le changement le plus important concerne le Japon, qui exporte principalement aux États. Cela pourrait changer dans le cadre de l’accord. Mais il est douteux qu’une augmentation des échanges commerciaux entre le Japon et la Chine donne à Pékin un pouvoir supplémentaire sur Tokyo.
L’influence que la Chine a pu exercer sur l’Australie a presque disparu, malgré le récent accord. Les pays de la région se méfient d’elle de plus en plus et l’on a observé au cours de l’année dernière, une augmentation spectaculaire des opinions négatives à son égard dans trois des plus grandes économies du RCEP, soit en raison de son rôle dans la crise du coronavirus, soit à cause des tensions politiques et sécuritaires. Les Japonais sont les plus sévères : 86 % d’opinions négatives. En Corée du Sud, le pourcentage est passé de 63 % en 2019 à 75 % cette année. En Australie, de 57 % à 81 %.
Les tensions entre l’Australie et la Chine s’aggravent, les fonctionnaires chinois ciblant les importations par de nombreuses mesures antidumping, retardant les importations aux douanes et encourageant même les entreprises nationales à boycotter les produits australiens.
Les petits pays de l’ASEAN sont plus dépendants du commerce chinois pour leur croissance économique. Selon une enquête, les membres de l’ASEAN considèrent la Chine comme la puissance économique la plus influente en Asie du Sud-Est.
Cependant, cette présence suscite également des inquiétudes, notamment dans d’autres domaines, politique et stratégique. En ce qui concerne l’avenir du commerce, les membres de l’ASEAN considèrent le Japon (27 %) et l’Union européenne (26 %) comme les leaders de la défense du libre-échange. L’ASEAN a moins confiance dans les États-Unis et la Chine à cet égard.
S’il est important de souligner que le RCEP n’est peut-être qu’un accord commercial de plus dans une région interconnectée, les États-Unis n’ont que trois accords commerciaux et demi en Asie (Singapour en 2003, l’Australie en 2004, la Corée du Sud en 2012, et un accord incomplet avec le Japon en 2019). Mais ils sont la première destination d’exportation pour quatre membres du RCEP (Japon, Thaïlande, Philippines et Vietnam).
Cette configuration en dit plus sur la politique commerciale américaine que sur l’influence chinoise. Un manque d’engagement des responsables américains en Asie signifie que Washington pourrait perdre son traitement préférentiel à mesure que les nations asiatiques commerceront davantage entre elles. Cela signifie également que les responsables américains n’ont pas eu leur mot à dire sur les règles et les normes de ces nouveaux accords commerciaux.
Commentaire