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We feed the world : le début de la faim ?

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  • We feed the world : le début de la faim ?

    We feed the world : c’est le slogan de Pioneer, le leader mondial de la production de semences agricoles. C’est également le titre à double sens du documentaire édifiant de l’Autrichien Erwin wagenhofer, film qui vient de sortir sur les écrans français.

    Sous le titre français Le marché de la faim, ce documentaire montre les dessous de la fabrication des aliments par l’industrie agroalimentaire. Indifférence à la qualité pour engranger toujours plus de profits sans prendre en compte le coût humain ou environnemental, cynisme, destruction de productions locales dans les pays du Sud, le constat est alarmant. Et Erwin Wagenhopfer appelle au réveil des consciences des consommateurs.

    Quel est le rapport entre les poules européennes et la déforestation en Amazonie ? Comment les fraises dégustées en plein hiver au Nord engendrent-elles pollution et pénuries d’eau ? Comment la politique agricole commune européenne et subventionnée force-t-elle les paysans africains à émigrer au péril de leur vie dans des pays, européens souvent, qui les rejettent ? Le réquisitoire implacable d’Erwin Wagenhofer répond à toutes ces questions que nous ne nous posons peut-être pas, faute de réfléchir à ce que nous consommons.

    A 46 ans, le réalisateur autrichien, figure des milieux intellectuels germanophones, adversaire résolu des néo-fascistes et proches du prix Nobel de littérature Elfriede Jelinek, s’engage résolument contre les méthodes de l’industrie agroalimentaire. Le film commence d’ailleurs par des milliers de pains qui s’entassent dans une décharge en attendant d’être détruits : chaque jour en Autriche, l’équivalent de ce qui est consommé à Graz, la deuxième ville du pays, est mis au rebut.

    Ce n’est qu’un exemple des aberrations de la politique alimentaire mondiale. Partant des denrées qui garnissent nos réfrigérateurs (poulets, légumes, fruits) ou qui sont données au bétail, le réalisateur remonte leur chaîne de production. Il s’est ainsi rendu, non seulement en Autriche, mais également en France, Suisse, Espagne, Roumanie et Brésil. Témoignent aussi bien des petits producteurs ou des marins pêcheurs, attachés à des pratiques ancestrales et à une qualité en voie de disparition, que des industriels, comme un cadre de Pioneer ou le PDG de Nestlé.

    Du champ à l’assiette, le produit, souvent cultivé hors sol avec force engrais ou consommation d’eau, aura parcouru des milliers de kilomètres entraînant pollution et dégâts humains. Un exemple d’aberration : la forêt amazonienne est progressivement rasée (l’équivalent de la France et du Portugal depuis 1975) afin d’augmenter la culture du soja qui servira à nourrir les poules européennes et non la population locale qui souffre de malnutrition. En Afrique, les petits paysans n’arrivent pas à survivre alors que les légumes européens, dont la production est subventionnée, se vendent 30% moins cher sur les marchés subsahariens. Avec la faim comme fil conducteur, le film montre comment la surconsommation au Nord entraîne la famine au Sud. Et comment quelques grosses entreprises mondiales contrôlent un secteur et imposent leurs méthodes pour gagner toujours plus d’argent.

    Alors que faire ? Déjà, éveiller les consciences. Erwin Wagenhofer a eu l’idée de ce film en lisant le livre (L’empire de la honte, paru en 2005 chez Fayard) de Jean Ziegler, le rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation. Refusant tout pathos, toute image d’enfant mourant de faim, le réalisateur préfère aligner les témoignages et les constats bruts. Jean Ziegler, interviewé dans le film accuse : On sait que l’agriculture pourrait nourrir 12 milliards d’individus sans difficulté. Tout enfant qui meurt de faim est, en réalité, assassiné. Non content de dénoncer les méthodes et les aberrations de l’industrie agroalimentaire, le film invite chaque consommateur à (re)devenir consom-acteur, citoyen. C’est aussi à chacun de se poser la question : paye-t-on bien le juste prix des produits ? Ne vaut-il mieux pas préférer la qualité ou le bio ? Doit-on vraiment manger des tomates ou des fraises en plein hiver dans l’hémisphère Nord ? Citant Sartre, Jean Ziegler affirme : Connaître l’ennemi, combattre l’ennemi. A chaque spectateur maintenant de faire entendre sa voix.

    Sophie Torlotin pour RFI - Radio France Internationale (France)
    Le 27-04-2007 (Publié sur internet le 02-05-2007 )
    IDLP (Infos De La Planete)
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