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ZLECAf : Plus d’opportunités que de risques pour les entreprises marocaines

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  • ZLECAf : Plus d’opportunités que de risques pour les entreprises marocaines

    Le Maroc qui s’apprête à s’ouvrir à la zone panafricaine de libre-échange. Repoussée en raison de la pandémie de la Covid-19, la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) sera effective à partir du 1er janvier prochain. Faut-il nourrir des craintes ou plutôt voir des opportunités dans cette nouvelle initiative ? Pour l’heure, le Royaume est déficitaire avec tous les continents, excepté l’Afrique. Le Maroc doit-il craindre d’être perdant dans la ZLECAf ? Qu’est-ce que ce marché commun va changer pour les opérateurs marocains ?


    Chez les exportateurs marocains, l’on est impatient de profiter des retombées potentielles de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf), notamment de la future baisse des droits de douane sur le continent et d’un marché consolidé. C’est le cas du groupe marocain Ouakkaha Mohamed, spécialisé dans la production de poussins, qui jusque-là , fournit chaque année plus de 10 millions d’œufs à couver (OAC) au Sénégal. L’entreprise basée à Zaouit Issen (entre Agadir et Taroudant) achemine depuis plusieurs années ses produits par voie terrestre, avec au moins un camion frigorifique par semaine en direction de ce pays de l’Afrique de l’Ouest. Avec la future mise en œuvre de la zone panafricaine de libre-échange, Ouakkaha Mohamed commence déjà à se frotter les mains: ses produits deviendront encore plus compétitifs que ses concurrents venus du Brésil et de certains pays européens, qui eux devraient continuer à s’acquitter des droits de douane pour entrer sur le marché sénégalais.

    Il faut dire que face à la quasi-saturation du marché local, qui n’arrive plus à absorber toute la production, les aviculteurs marocains voient en la ZLECAf une grande bouf fée d’oxygène, eux qui sont en pleine offensive sur les marchés africains. «Certains opérateurs, grâce à leurs expertises et savoir-faire, s’implantent même en Afrique à travers des co-investissements avec des opérateurs locaux africains. Ce nouveau marché commun va non seulement encourager cette tendance, mais favoriser nos exportations. L’Afrique de l’Ouest, à elle seule, constitue un vivier de croissance, vu la faible consommation du poulet de chair dans cette région (plus de 300 millions d’habitants). Il y a une forte demande pour les produits finis (poulet de chair, charcuterie) et intrants (œufs à couver, poussins d’un jour, aliments concentrés), ainsi que des possibilités d’investir dans des projets avicoles au niveau de ces pays en mettant en place des unités d’accouvage et des unités de production d’aliments », souligne Youssef Alaoui, Président de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA), qui estime que la ZLECAf est une très bonne nouvelle pour le secteur avicole marocain. Pourtant , c e s dernières années et jusqu’à récemment, les critiques à l’égard de la cinquantaine d’accords de libre-échange (ALE) signés par le Maroc se font plus audibles : ces traités entraîneraient la perte de recettes douanières et fiscales et restreindraient les exportations marocaines.

    Il faut dire que le Royaume est déficitaire avec tous les continents, excepté l’Afrique. En 2019, les importations depuis l’Europe excédent les exportations de 107,8 milliards de DH. Le déficit avec l’Asie continue son aggravation, il se creuse de 10,3 milliards de DH passant de 66 milliards de DH en 2018 à 76,2 milliards de DH. Le déficit avec l’Amérique se creuse également, soit -32,4 milliards de DH en 2019 contre -28,8 milliards de DH en 2018. En revanche, l’excédent commercial avec l’Afrique s’intensifie de 1 milliard de DH, passant de +2,7 milliards de DH en 2018 à +3,7 milliards de DH en 2019. Il faut dire que les entreprises marocaines ont bénéficié d’un soutien volontariste du Roi Mohammed VI, qui, depuis 1999, a fait de l’Afrique subsaharienne un objectif stratégique clé. En suivant cette orientation, les grands groupes marocains ont entraîné à leur suite une kyrielle de PME, soucieuses de conquérir de nouveaux marchés. Résultat : les échanges commerciaux entre le Maroc et le continent africain, ont ainsi connu une croissance annuelle moyenne de 6,1% sur la période 2009-2019. Les exportations ont presque triplé durant les dix dernières années : 21,6 milliards en 2019 contre 8,3 milliards de DH en 2009.

    Les importations sont passées à 17,9 milliards de DH contre 13,7 milliards en 2009. Si les échanges sont en hausse , un potentiel important reste encore à développer, surtout que l’Afrique ne représente que 5,1% du volume global des échanges commerciaux du Royaume en 2019. C’est à se demander si à la lumière des accords de libre-échange signés jusque-là par le Maroc et le niveau de ses échanges actuels avec le continent, le Maroc doit-il craindre d’être perdant dans la ZLECAf ? «Certains ne manqueront pas de se demander si l’Afrique du Nord peut vraiment participer, plus ou moins collectivement, à l’effort d’intégration continental. À date d’aujourd’hui, sa faible intégration régionale lui a coûté cher, avec un manque à gagner en croissance de 1,5 à 2% par an sur les trente dernières années pour les seuls pays de l’UMA. Si l’Afrique du Nord échoue à rejoindre la ZLECAf, ces pertes en seront multipliées. Aujourd’hui la ZLECAf offre aux pays d’Afrique du Nord l’opportunité, longuement recherchée, de s’intégrer à l’économie continentale et, à travers cet espace, réaliser l’intégration de leur région», analyse Lilia Hachem Naas, Directrice du bureau de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) en Afrique du Nord. Un des projets phares de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine (UA), la ZLECAf se veut une zone géographique continentale dans laquelle les biens et services circulent sans restriction entre les Etats membres de l’UA. Elle vise à stimuler le commerce intra-africain en offrant un cadre commercial global et mutuellement bénéfique entre les Etats membres, couvrant le commerce des biens et des services, les investissements, les droits de propriété intellectuelle et la politique en matière de concurrence. Ainsi, la ZLECAf promet, entre autres, d’augmenter le commerce intra-africain de 52 % d’ici 2022, de créer un meilleur environnement macro-économique pour les PME qui représentent plus de 80 % des entreprises du continent et de contribuer à un gain en bien-être estimé à 16,1 milliards de dollars.

    En attendant, les mécanismes techniques de mise en œuvre de la ZLECAf sont en cours de parachèvement. Il s’agit principalement de finaliser les questions en suspens concernant l’annexe sur les règles d’origine et de déterminer les listes des marchandises qui seront libéralisées, à court et à moyen terme, selon des calendriers de démantèlement précis et celles qui seront exclues de ce schéma de démantèlement. Ainsi, la ZLECAf n’entrera pleinement en vigueur qu’avec le lancement du démantèlement tarifaire prévu le 1er janvier 2021 et ce, après finalisation des aspects en suspens relatifs spécialement à l’annexe 2 sur les règles d’origine (les produits qui peuvent bénéficier du bloc de libre-échange doivent être fabriqués en Afrique) et aux offres tarifaires des Etats membres. L’accord oblige également les États membres à supprimer les droits de douane de 90 % des marchandises échangées, ce qui permet le libre accès aux produits de base, aux marchandises et aux services à travers le continent. Le texte actuel propose aux pays un délai de cinq ans pour abaisser à zéro les droits de douane sur 90 % de leurs marchandises.

    Selon Lilia Hachem Naas, plusieurs études de la Commission économique pour l’Afrique, démontrent que le contexte est largement favorable au développement de chaînes de valeurs régionales dans des secteurs tels que l’industrie automobile, les industries extractives (pétrole et gaz), l’industrie textile (production de coton, tissus, vêtements et accessoires), les industries légères (électrique, électronique et plastique) ou encore l’industrie alimentaire. «Les opportunités de synergies sont également nombreuses dans les secteurs de services, du transport, de la distribution et de l’aéronautique», ajoute la Directrice du bureau de la CEA en Afrique du Nord. Pour sa part, Abdou Diop, Managing Partner de Mazars au Maroc, estime que la construction de cette ZLECAf prendra du temps et favorisera dans un premier temps les pays qui ont déployé des stratégies industrielles pertinentes, comme le cas du Maroc avec les écosystèmes automobile, aéronautique, textile et industrie pharmaceutique

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