La pandémie a occulté de très dangereuses tendances qui avaient commencé avant elle et qu’elle a parfois exacerbées.
Le coronavirus covid-19 a monopolisé l’attention cette année, mais la pandémie devrait être relativisée dans quelques années. Elle a occulté de très dangereuses tendances qui avaient commencé avant lui et qu’elle a parfois exacerbées.
LA REPRISE RELÈGUERA BIENTÔT LE VIRUS AU SECOND PLAN
Je suis très loin de la vision catastrophique qui a gagné l’opinion publique et qui lui cache tout le reste.
Je reprends mon discours optimiste que mes lecteurs connaissent bien.
7 raisons d’être optimiste pour 2021
Le virus a tué et tuera un faible pourcentage de la population, dont très peu d’actifs.
Il n’y a pas eu de destruction matérielle d’infrastructures, de matériel, de bâtiments etc. donc tout est en place pour un retour à la normale.
Les vaccins sont arrivés plus vite que prévu, et semble-t-il en stock suffisant, même si leur déploiement prendra plusieurs mois.
Les gouvernements ont maintenant l’expérience des confinements sélectifs moins paralysants et disposent de stocks de matériels de prévention (masques, tests et bientôt vaccins) pour la population.
Le corps médical s’est organisé et déploie désormais une action plus efficace, avec l’intervention des médecins de ville qui soulage des hôpitaux et cliniques de la masse des cas bénins.
Les médecins ont appris à traiter plus efficacement les malades : les corticoïdes, les anticoagulants, une oxygénation moins brutale ont diminué la mortalité en hôpital.
Enfin, d’autres progrès sont annoncés avec la mise au point de marqueurs biologiques signalant à l’avance les cas les plus graves et l’usage de l’intelligence artificielle pour décoder les images des scanners. Je rappelle à cette occasion que l’intelligence artificielle ne remplace pas les médecins mais signifie seulement la possibilité de traiter beaucoup plus rapidement une très grande quantité de données.
Par contre la circulation internationale des hommes et des marchandises est perturbée, ce qui ralentira la reprise.
Mais, là aussi l’apprentissage se fait petit à petit et, entre les tests rapides et bon marché et les vaccins, beaucoup de circuits vont se débloquer progressivement.
Tout ça me semble être une affaire de quelques mois, tandis que des températures plus douces à partir du milieu du printemps 2021 permettront de gagner du temps pendant que la vaccination se généralisera, sauf comportements suicidaires.
LA CRISE SANITAIRE AURA AUSSI APPORTÉ QUELQUES PROGRÈS
Et voici quelques autres éléments positifs.
L’administration et l’hôpital ainsi que les entreprises pharmaceutiques et la recherche universitaire, ont appris à mieux coopérer et travailler ensemble.
Citons par exemple l’initiative exemplaire du collectif d’une centaine d’acteurs publics et privés ayant permis la production de masques de protection pour les soignants à partir de masques de plongée Décathlon.
Tandis que de nombreuses petites entreprises se sont reconverties, non seulement dans les fournitures médicales, mais aussi dans l’ensemble de l’économie.
Il y a par exemple le développement des « cuisines fermées » : les restaurants fermés, ce sont de nouvelles entreprises qui vendent des plats cuisinés en ligne. Et les restaurants se sont lancés dans la vente à emporter pour atténuer leurs pertes tout en leur permettant de garder le contact avec leurs clients et y ont trouvé, pour certains, de nouveaux débouchés.
Les consultants formateurs, privés de stages en présentiel, ont développé à marche forcée et accélérée des cours et formations en ligne, avec un succès qui les a eux mêmes surpris.
Les avocats ont découvert la souplesse des téléconsultations juridiques prépayées sur leur site internet, eux qui en étaient encore à encaisser des chèques à leur cabinet.
Quand leur activité était à l’arrêt durant les deux mois du premier confinement, beaucoup d’entrepreneurs en ont profité pour prendre du recul, repenser leur modèle économique et rattraper leur retard en informatique et communication digitale.
Quant aux jeunes pousses (ou « startups »), elles se sont multipliées pour apporter des solutions à tous les blocages qu’ont fait apparaître les confinements.
J’espère que cette souplesse et cette capacité d’adaptation du capitalisme va réduire des querelles stériles sur les systèmes économiques et les appels suicidaires à les bouleverser.
Notons aussi que la pandémie a un peu réveillé l’Union européenne qui utilise mieux sa capacité financière.
Enfin, la pandémie et son déni par Donald Trump ont aidé à l’arrivée de Joe Biden, et l’on peut ainsi espérer un retour à une diplomatie plus ouverte et plus constructive des États-Unis.
Par contre le virus a masqué et parfois accéléré des évolutions dramatiques, et c’est là qu’apparaîtront les vrais soucis de demain.
LE RETOUR DES DICTATURES ET DE LA BARBARIE
La montée des dictatures avait commencé avant 2020, mais la pandémie l’a accélérée. Les principaux pays touchés sont la Chine, la Russie et la Turquie, mais aussi l’Algérie et l’Iran.
En Chine et en Russie, les présidents Xi et Poutine ont mis en place des règles permettant leur maintien au pouvoir pour un temps indéterminé. De plus la Russie et l’Iran, autre État dictatorial, ont permis au président Assad de reprendre le contrôle de la Syrie après l’avoir complètement détruite et avoir fait fuir une partie importante de la population.
En Chine, Iran et Syrie, les arrestations, les exécutions, les meurtres politiques et les disparitions d’opposants se multiplient.
L’Iran s’est distingué depuis de nombreuses années par un grand nombre d’exécutions, et, rapporté au nombre d’habitants, a doublé la Chine championne dans ce domaine (Amnesty international).
En Turquie les arrestations ou les licenciements de juges, de journalistes, de dirigeants d’entreprise, de parlementaires se multiplient : Turquie : en baisse dans les sondages, Recep Tayyip Erdogan mise sur la répression (Le Monde)
En Algérie, le soulèvement pacifique qui a amené le départ du président Bouteflika a été stoppé net par la pandémie, et les militaires en ont profité pour affirmer leur pouvoir. Ils ont fait élire le président Tebboune, et voter une Constitution qui ne change pas grand-chose. Et des militants kabyles ont continué à être emprisonnés.
Et ces dictatures renforcent le contrôle de la population, avec le contrôle social par reconnaissance faciale pour les particuliers et le « Corporate credit system » sur les entreprises.
Moins graves que les dictatures, mais néanmoins préoccupants, les populismes autoritaires se sont répandus en Europe et en Amérique.
LES POPULISTES AU POUVOIR EN EUROPE ET EN AMÉRIQUE
La Hongrie et la Pologne se sont illustrées en restreignant l’État de droit, notamment en instrumentalisant la justice et en prenant le contrôle de plusieurs médias, ce qui a failli les priver du fonds de sauvetage européen : « État de droit : la Hongrie et la Pologne menacent-elles la solidarité européenne ? » (France Culture)
Mais les cas les plus visibles sont ceux des États-Unis et de la Grande-Bretagne.
Donald Trump aux États-Unis
La démocratie américaine a été profondément secouée par ses décisions d’un amateurisme total, et l’est de plus en plus par le mépris des usages constitutionnels, dont une avalanche de grâces pour l’équipe sortante.
Il n’est pas certain que la victoire du candidat démocrate puisse complètement inverser la tendance, le contrôle du Sénat et la fureur de la moitié trumpiste de l’opinion publique étant encore d’actualité.
Boris Johnson en Grande-Bretagne
En Grande-Bretagne, on retrouve l’amateurisme délibéré de l’élite anglaise (je n’ai pas dit britannique, car l’Écosse et l’Ulster pensent à faire sécession), ainsi qu’un même goût qu’aux États-Unis pour « le coup d’éclat permanent » et le mépris de l’épidémie, au détriment de la santé publique.
Précisons quand même que jusqu’à présent ces quatre pays, Hongrie, Pologne, États-Unis, Grande-Bretagne n’ont pas déclenché d’arrestations abusives ni touché à la liberté de débat pour les élections.
Le résultat de cette montée des dictatures, combiné à l’amateurisme américain, a lancé le monde dans des aventures géopolitiques dangereuses.
LES AVENTURES GÉOPOLITIQUES CHINOISE, RUSSE ET TURQUE
L’impérialisme chinois
Ce qui frappe le plus, c’est la traduction impérialiste de l’orgueil chinois.
La pression policière et militaire est spectaculaire : Hong Kong et le Sinkiang, avec ses Ouighours et ses Kazakhs, sont passés au laminoir.
La marine chinoise annexe de fait des îlots de la mer de Chine du Sud et les transforme en forteresses au détriment des droits des pays riverains (Vietnam, Indonésie, Philippines, Malaisie, Singapour) et Taïwan est explicitement menacé d’invasion.
Le Japon s’inquiète.
Cette pression militaire se double d’une pression médiatique, diplomatique et commerciale qui est par contre moins réussie car l’image de la Chine s’est profondément dégradée dans le monde entier.
Cela s’explique par cet impérialisme, auquel se sont ajoutés le retard et l’opacité au début de la pandémie, aggravant considérablement sa diffusion mondiale, puis d’autres maladresses avec les exportations de masques défectueux et maintenant de vaccins pas encore testés à grande échelle…
La Russie à la manœuvre
La Russie inquiète moins puisqu’elle n’agit pas dans le monde entier, mais son comportement passé n’est pas encourageant si l’on pense aux prochaines années.
Elle s’est lancée dans l’aventure sanglante de Syrie, où elle a obtenu ce qu’elle voulait, c’est-à-dire une base en Méditerranée, objectif du pouvoir russe depuis plusieurs siècles.
Elle déploie ses « entreprises de protection » (des armées théoriquement privées) dans l’est libyen en appui du général Aftar face au gouvernement plus ou moins reconnu de Tripoli soutenu par les Turcs. Cela lui vaut l’indulgence de l’Égypte, de la Grèce et de la France.
Par contre, les mêmes « entreprises de protection » actives en République Centrafricaine et proposées dans le Sahel inquiètent la France et l’Occident.
Enfin et surtout, elle rêve de reconstituer l’URSS et en particulier de récupérer la Biélorussie en intervenant pour soutenir son dictateur réélu pour la cinquième fois avec officiellement 80 % des voix et qui fait face à la révolte de son peuple. Cette intervention mettrait le feu aux frontières de l’Union européenne.
L’offensive iranienne
Quant à l’Iran, si son peuple est exaspéré par le coût de ses aventures extérieures, il semble que le gouvernement actuel veuille les continuer à tout prix.
L’uranium enrichi destiné à ses missiles nucléaires voit sa production augmenter depuis le retrait des Américains de l’accord limitant la production.
Téhéran tente de prendre le contrôle de l’Irak, après celui de la Syrie. Il devrait continuer à appuyer les Houtis yéménites contre l’Arabie et les Emirats.
Et il « encercle » Israël via le Hamas de Gaza et le Hezbollah libanais dont il a fait la faction dominante au Liban. Leurs missiles sont à quelques dizaines de secondes des villes israéliennes, tandis que l’aviation de ce pays bombarde les bases iraniennes de Syrie pour que l’on n’oublie pas sa capacité de riposte.
La réaction sunnite
Cette offensive du monde chiite menée par l’Iran déclenche évidemment la réaction des États sunnites, Arabie et Émirats, qui viennent de s’allier à Israël pour le contrer, ce qui était inconcevable il y a encore quelques semaines.
Tous sont alliés des États-Unis qui ont des troupes dans la région, alors que quelques navires ou missiles iraniens peuvent paralyser le détroit d’Ormuz par lequel passe une grande partie du pétrole mondial.
Bref beaucoup d’ingrédients sont rassemblés pour qu’une dictature insensible à son opinion publique déclenche des catastrophes.
Le coronavirus covid-19 a monopolisé l’attention cette année, mais la pandémie devrait être relativisée dans quelques années. Elle a occulté de très dangereuses tendances qui avaient commencé avant lui et qu’elle a parfois exacerbées.
LA REPRISE RELÈGUERA BIENTÔT LE VIRUS AU SECOND PLAN
Je suis très loin de la vision catastrophique qui a gagné l’opinion publique et qui lui cache tout le reste.
Je reprends mon discours optimiste que mes lecteurs connaissent bien.
7 raisons d’être optimiste pour 2021
Le virus a tué et tuera un faible pourcentage de la population, dont très peu d’actifs.
Il n’y a pas eu de destruction matérielle d’infrastructures, de matériel, de bâtiments etc. donc tout est en place pour un retour à la normale.
Les vaccins sont arrivés plus vite que prévu, et semble-t-il en stock suffisant, même si leur déploiement prendra plusieurs mois.
Les gouvernements ont maintenant l’expérience des confinements sélectifs moins paralysants et disposent de stocks de matériels de prévention (masques, tests et bientôt vaccins) pour la population.
Le corps médical s’est organisé et déploie désormais une action plus efficace, avec l’intervention des médecins de ville qui soulage des hôpitaux et cliniques de la masse des cas bénins.
Les médecins ont appris à traiter plus efficacement les malades : les corticoïdes, les anticoagulants, une oxygénation moins brutale ont diminué la mortalité en hôpital.
Enfin, d’autres progrès sont annoncés avec la mise au point de marqueurs biologiques signalant à l’avance les cas les plus graves et l’usage de l’intelligence artificielle pour décoder les images des scanners. Je rappelle à cette occasion que l’intelligence artificielle ne remplace pas les médecins mais signifie seulement la possibilité de traiter beaucoup plus rapidement une très grande quantité de données.
Par contre la circulation internationale des hommes et des marchandises est perturbée, ce qui ralentira la reprise.
Mais, là aussi l’apprentissage se fait petit à petit et, entre les tests rapides et bon marché et les vaccins, beaucoup de circuits vont se débloquer progressivement.
Tout ça me semble être une affaire de quelques mois, tandis que des températures plus douces à partir du milieu du printemps 2021 permettront de gagner du temps pendant que la vaccination se généralisera, sauf comportements suicidaires.
LA CRISE SANITAIRE AURA AUSSI APPORTÉ QUELQUES PROGRÈS
Et voici quelques autres éléments positifs.
L’administration et l’hôpital ainsi que les entreprises pharmaceutiques et la recherche universitaire, ont appris à mieux coopérer et travailler ensemble.
Citons par exemple l’initiative exemplaire du collectif d’une centaine d’acteurs publics et privés ayant permis la production de masques de protection pour les soignants à partir de masques de plongée Décathlon.
Tandis que de nombreuses petites entreprises se sont reconverties, non seulement dans les fournitures médicales, mais aussi dans l’ensemble de l’économie.
Il y a par exemple le développement des « cuisines fermées » : les restaurants fermés, ce sont de nouvelles entreprises qui vendent des plats cuisinés en ligne. Et les restaurants se sont lancés dans la vente à emporter pour atténuer leurs pertes tout en leur permettant de garder le contact avec leurs clients et y ont trouvé, pour certains, de nouveaux débouchés.
Les consultants formateurs, privés de stages en présentiel, ont développé à marche forcée et accélérée des cours et formations en ligne, avec un succès qui les a eux mêmes surpris.
Les avocats ont découvert la souplesse des téléconsultations juridiques prépayées sur leur site internet, eux qui en étaient encore à encaisser des chèques à leur cabinet.
Quand leur activité était à l’arrêt durant les deux mois du premier confinement, beaucoup d’entrepreneurs en ont profité pour prendre du recul, repenser leur modèle économique et rattraper leur retard en informatique et communication digitale.
Quant aux jeunes pousses (ou « startups »), elles se sont multipliées pour apporter des solutions à tous les blocages qu’ont fait apparaître les confinements.
J’espère que cette souplesse et cette capacité d’adaptation du capitalisme va réduire des querelles stériles sur les systèmes économiques et les appels suicidaires à les bouleverser.
Notons aussi que la pandémie a un peu réveillé l’Union européenne qui utilise mieux sa capacité financière.
Enfin, la pandémie et son déni par Donald Trump ont aidé à l’arrivée de Joe Biden, et l’on peut ainsi espérer un retour à une diplomatie plus ouverte et plus constructive des États-Unis.
Par contre le virus a masqué et parfois accéléré des évolutions dramatiques, et c’est là qu’apparaîtront les vrais soucis de demain.
LE RETOUR DES DICTATURES ET DE LA BARBARIE
La montée des dictatures avait commencé avant 2020, mais la pandémie l’a accélérée. Les principaux pays touchés sont la Chine, la Russie et la Turquie, mais aussi l’Algérie et l’Iran.
En Chine et en Russie, les présidents Xi et Poutine ont mis en place des règles permettant leur maintien au pouvoir pour un temps indéterminé. De plus la Russie et l’Iran, autre État dictatorial, ont permis au président Assad de reprendre le contrôle de la Syrie après l’avoir complètement détruite et avoir fait fuir une partie importante de la population.
En Chine, Iran et Syrie, les arrestations, les exécutions, les meurtres politiques et les disparitions d’opposants se multiplient.
L’Iran s’est distingué depuis de nombreuses années par un grand nombre d’exécutions, et, rapporté au nombre d’habitants, a doublé la Chine championne dans ce domaine (Amnesty international).
En Turquie les arrestations ou les licenciements de juges, de journalistes, de dirigeants d’entreprise, de parlementaires se multiplient : Turquie : en baisse dans les sondages, Recep Tayyip Erdogan mise sur la répression (Le Monde)
En Algérie, le soulèvement pacifique qui a amené le départ du président Bouteflika a été stoppé net par la pandémie, et les militaires en ont profité pour affirmer leur pouvoir. Ils ont fait élire le président Tebboune, et voter une Constitution qui ne change pas grand-chose. Et des militants kabyles ont continué à être emprisonnés.
Et ces dictatures renforcent le contrôle de la population, avec le contrôle social par reconnaissance faciale pour les particuliers et le « Corporate credit system » sur les entreprises.
Moins graves que les dictatures, mais néanmoins préoccupants, les populismes autoritaires se sont répandus en Europe et en Amérique.
LES POPULISTES AU POUVOIR EN EUROPE ET EN AMÉRIQUE
La Hongrie et la Pologne se sont illustrées en restreignant l’État de droit, notamment en instrumentalisant la justice et en prenant le contrôle de plusieurs médias, ce qui a failli les priver du fonds de sauvetage européen : « État de droit : la Hongrie et la Pologne menacent-elles la solidarité européenne ? » (France Culture)
Mais les cas les plus visibles sont ceux des États-Unis et de la Grande-Bretagne.
Donald Trump aux États-Unis
La démocratie américaine a été profondément secouée par ses décisions d’un amateurisme total, et l’est de plus en plus par le mépris des usages constitutionnels, dont une avalanche de grâces pour l’équipe sortante.
Il n’est pas certain que la victoire du candidat démocrate puisse complètement inverser la tendance, le contrôle du Sénat et la fureur de la moitié trumpiste de l’opinion publique étant encore d’actualité.
Boris Johnson en Grande-Bretagne
En Grande-Bretagne, on retrouve l’amateurisme délibéré de l’élite anglaise (je n’ai pas dit britannique, car l’Écosse et l’Ulster pensent à faire sécession), ainsi qu’un même goût qu’aux États-Unis pour « le coup d’éclat permanent » et le mépris de l’épidémie, au détriment de la santé publique.
Précisons quand même que jusqu’à présent ces quatre pays, Hongrie, Pologne, États-Unis, Grande-Bretagne n’ont pas déclenché d’arrestations abusives ni touché à la liberté de débat pour les élections.
Le résultat de cette montée des dictatures, combiné à l’amateurisme américain, a lancé le monde dans des aventures géopolitiques dangereuses.
LES AVENTURES GÉOPOLITIQUES CHINOISE, RUSSE ET TURQUE
L’impérialisme chinois
Ce qui frappe le plus, c’est la traduction impérialiste de l’orgueil chinois.
La pression policière et militaire est spectaculaire : Hong Kong et le Sinkiang, avec ses Ouighours et ses Kazakhs, sont passés au laminoir.
La marine chinoise annexe de fait des îlots de la mer de Chine du Sud et les transforme en forteresses au détriment des droits des pays riverains (Vietnam, Indonésie, Philippines, Malaisie, Singapour) et Taïwan est explicitement menacé d’invasion.
Le Japon s’inquiète.
Cette pression militaire se double d’une pression médiatique, diplomatique et commerciale qui est par contre moins réussie car l’image de la Chine s’est profondément dégradée dans le monde entier.
Cela s’explique par cet impérialisme, auquel se sont ajoutés le retard et l’opacité au début de la pandémie, aggravant considérablement sa diffusion mondiale, puis d’autres maladresses avec les exportations de masques défectueux et maintenant de vaccins pas encore testés à grande échelle…
La Russie à la manœuvre
La Russie inquiète moins puisqu’elle n’agit pas dans le monde entier, mais son comportement passé n’est pas encourageant si l’on pense aux prochaines années.
Elle s’est lancée dans l’aventure sanglante de Syrie, où elle a obtenu ce qu’elle voulait, c’est-à-dire une base en Méditerranée, objectif du pouvoir russe depuis plusieurs siècles.
Elle déploie ses « entreprises de protection » (des armées théoriquement privées) dans l’est libyen en appui du général Aftar face au gouvernement plus ou moins reconnu de Tripoli soutenu par les Turcs. Cela lui vaut l’indulgence de l’Égypte, de la Grèce et de la France.
Par contre, les mêmes « entreprises de protection » actives en République Centrafricaine et proposées dans le Sahel inquiètent la France et l’Occident.
Enfin et surtout, elle rêve de reconstituer l’URSS et en particulier de récupérer la Biélorussie en intervenant pour soutenir son dictateur réélu pour la cinquième fois avec officiellement 80 % des voix et qui fait face à la révolte de son peuple. Cette intervention mettrait le feu aux frontières de l’Union européenne.
L’offensive iranienne
Quant à l’Iran, si son peuple est exaspéré par le coût de ses aventures extérieures, il semble que le gouvernement actuel veuille les continuer à tout prix.
L’uranium enrichi destiné à ses missiles nucléaires voit sa production augmenter depuis le retrait des Américains de l’accord limitant la production.
Téhéran tente de prendre le contrôle de l’Irak, après celui de la Syrie. Il devrait continuer à appuyer les Houtis yéménites contre l’Arabie et les Emirats.
Et il « encercle » Israël via le Hamas de Gaza et le Hezbollah libanais dont il a fait la faction dominante au Liban. Leurs missiles sont à quelques dizaines de secondes des villes israéliennes, tandis que l’aviation de ce pays bombarde les bases iraniennes de Syrie pour que l’on n’oublie pas sa capacité de riposte.
La réaction sunnite
Cette offensive du monde chiite menée par l’Iran déclenche évidemment la réaction des États sunnites, Arabie et Émirats, qui viennent de s’allier à Israël pour le contrer, ce qui était inconcevable il y a encore quelques semaines.
Tous sont alliés des États-Unis qui ont des troupes dans la région, alors que quelques navires ou missiles iraniens peuvent paralyser le détroit d’Ormuz par lequel passe une grande partie du pétrole mondial.
Bref beaucoup d’ingrédients sont rassemblés pour qu’une dictature insensible à son opinion publique déclenche des catastrophes.
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