Annonce

Réduire
Aucune annonce.

L'ouvrière en Russie soviétiste, Inès Armand

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • L'ouvrière en Russie soviétiste, Inès Armand

    Le pouvoir soviétiste est le premier à créer les conditions dans lesquelles la femme pourra, enfin, couronner l'œuvre de sa pleine émancipation.

    Au cours des siècles, elle fut esclave. Au début, sous le règne de la petite production, elle le fut dans la famille ; ensuite, lors du développement du capitalisme elle le devint trois fois : dans l'Etat, dans la fabrique et dans la famille.

    Il en fut ainsi non seulement dans le régime tsariste, barbare et retardataire, mais il en est encore de même dans les « démocraties » les plus « civilisées » de l'Europe occidentale et de l'Amérique.

    Sous le régime bourgeois, l'ouvrière est privée des maigres droits politiques accordés à l'ouvrier. A la fabrique, à l'usine, elle est encore plus opprimée, plus exploitée que l'ouvrier, car le patron use de son pouvoir pour l'opprimer non seulement en tant que prolétaire, mais aussi pour lui infliger toutes sortes d'outrages et de violences en tant que femme. Et nulle part et à aucun moment, la prostitution, ce phénomène le plus laid, le plus odieux de l'esclavage salarié du prolétariat, ne s'est épanouie plus somptueusement que sous le règne du capitalisme.

    Les ouvrières, les paysannes, sont esclaves dans la famille, non seulement parce que sur elles pèse le pouvoir du mari, mais aussi parce que la fabrique, qui arrache les ouvrières au foyer familial, ne les délivre pas en même temps des soucis de la maternité et de l'économie domestique, transformant ainsi la maternité en une croix lourde, insupportable.

    Aussi longtemps qu'exista le pouvoir bourgeois, l'ouvrière, la paysanne ne purent s'affranchir de cette triple servitude, qui est la base sur laquelle repose le régime bourgeois et sans laquelle il ne peut exister.

    Le pouvoir soviétiste, le pouvoir du prolétariat, ouvre largement les portes devant la femme, et lui donne la possibilité absolue de s'émanciper.

    La constitution soviétiste a déjà doté les femmes de tous les droits politiques et civiques. Les ouvrières, les paysannes, jouissent des mêmes droits de vote que l'ouvrier et le paysan. Elles peuvent au même titre que les hommes élire et être élues ; elles peuvent occuper l'emploi qui leur convient dans les comités d'usine, dans les institutions soviétistes, jusqu'à celui de commissaire du peuple.

    La socialisation de la production, l'expropriation des capitalistes et des grands propriétaires, mènent à un anéantissement complet de toute exploitation et de toute inégalité économique.

    En Russie soviétiste, l'ouvrière à la fabrique, à l'usine, n'est déjà plus une esclave salariée, mais une maîtresse nantie de tous les droits qui, ensemble et de pair avec l'ouvrier, par l'intermédiaire des institutions soviétistes et des syndicats, organise, administre, dirige toute la production et la répartition

    Il en est de même de la famille et du mariage. Le pouvoir soviétiste a déjà réalisé l'égalité complète des droits du mari, et de la femme. Le pouvoir du mari, du père n'existe plus. Les formalités du mariage et du divorce ont été réduites au minimum, à de simples déclarations des personnes intéressées dans les commissariats correspondants.

    Le pouvoir soviétiste a supprimé toute différence de droits entre l'enfant « légitime » et l'enfant « illégitime ». Ainsi a été supprimée une des plus mauvaises manifestations de l'iniquité bourgeoise. En Russie soviétiste, il n'y a plus « d'enfants illégitimes ». Pour elle tous les enfants sont dans la même mesure ses futurs citoyens, qui tous ont droit à ses égards et à ses soins.

    Le pouvoir soviétiste tend à prendre sur lui toute leur éducation et l'instruction, dès les premiers jours de leur naissance jusqu'à l'âge de 16 ou 17 ans. Il aspire à prendre sur lui tout l'entretien des enfants.

    Sous le règne du capitalisme, les enfants des prolétaires étaient, dès leur plus tendre enfance, privés par la fabrique, par l'usine, des soins maternels, tandis que le gouvernement bourgeois ne faisait preuve à leur égard d'aucun souci. De sorte que les enfants prolétariens s'atrophiaient physiquement et moralement, languissaient, mouraient.

    Le pouvoir soviétiste, d'ores et déjà, en dépit de la désorganisation, du blocus, des agressions ininterrompues des gardes blancs, de difficultés inouïes, assure partiellement l'entretien public des enfants (une partie des produits se délivre gratuitement par carte d'enfants ; des réfectoires gratuits, des cantines scolaires sont créées). L'instruction est partout gratuite, à partir de l'école élémentaire jusqu'aux universités et écoles supérieures. Des crèches, des jardins d'enfants sont créés. Dans les écoles, les enfants sont fournis de chaussures et de vêtements. La prévoyance sociale prend constamment plus d'ampleur, sous la forme de protection de la maternité, de l'enfance, création de maisons de maternités, de maisons et de foyers d'enfants, de crèches, de jardins d'enfants.

    Le travail est interdit aux enfants jusqu'à l'âge de 16 ans. De 16 à 18 ans, ils ne travaillent que 6 heures par jour. Les mères sont libérées de tout travail huit semaines avant leurs couches et autant après, et pendant tout ce temps il leur est alloué des secours qui équivalent à leur salaire quotidien. De plus, une série de décrets ont été édictés, qui protègent la femme en état de grossesse, et en général sur la protection du travail de la femme.

    D'ores et déjà, je le répète, en dépit de difficultés inconnues jusqu'alors, on peut dire avec certitude qu'en Russie soviétiste les soins de la mère et de l'enfant sont mieux organisés que partout ailleurs. Et ce ne sont que les premiers pas.

    De plus, au moyen de la création des réfectoires publics, la cuisine disparait peu à peu de l'économie domestique.

    Le pot-au-feu, tant vanté par les bourgeois, mais qui, du point de vue de l'économie, n'est pas du tout conforme au but, est pour les paysannes et en particulier pour les ouvrières une peine insupportable qui leur enlève jusqu'au dernier loisir, les privant de la possibilité d'aller aux réunions, de lire, et de prendre part à la lutte de classe : le pot-au-feu, dans le régime bourgeois, en favorisant l'ignorance et le caractère retardataire des ouvrières est, de cette façon, un des meilleurs auxiliaires du bourgeois dans sa lutte contre l'ouvrier.

    Le régime soviétiste est le régime de transition du capitalisme au communisme, qu'il est impossible de réaliser sans l'émancipation absolue de tous les exploités et par conséquent de la femme. Voilà pourquoi dans le régime soviétiste se brisent et volent en éclats toutes les chaînes qui, pendant des siècles, avaient opprimé l'ouvrière et la paysanne. Dès les premiers jours qui suivirent la révolution d'octobre, les ouvrières comprirent parfaitement que pour elles s'ouvrait une ère nouvelle de pleine émancipation.

    A leurs premières conférences (conférence de Moscou, en mai 1918, conférence de la province de Moscou, en juin 1918, et conférence pan-russe en novembre 1918, à laquelle assistaient plus de mille délégués, représentants de plus d'un million de prolétaires)1, les ouvrières notèrent ce fait. Dans sa résolution sur la question familiale, la conférence de la province de Moscou indique qu'avec le passage du pouvoir aux mains des Soviets, non seulement la complète émancipation politique et civique des ouvrières est devenue possible, mais aussi la suppression absolue à son esclavage de sexe et de famille, et que maintenant il appartient d'élucider et d'élaborer les conditions de cette émancipation. Dans les résolutions du congrès pan-russe, au sujet des tâches de l'ouvrière, entre autres il est dit :

    Le pouvoir soviétiste, après avoir donné une émancipation intégrale à toute la classe ouvrière, après avoir réalisé l'égalité en droits de l'homme et de la femme, a fait l'ouvrière au même titre que l'ouvrier les maîtres absolus de la vie, après leur avoir donné la possibilité de l'organiser, comme cela est nécessaire à la classe ouvrière et à la classe pauvre de la ville et de la campagne.
    Par suite de la révolution d'octobre, par suite du passage du pouvoir aux mains des Soviets, l'affranchissement complet des ouvrières au moyen de la suppression des vieilles formes de la famille et de l'économie domestique, devient non seulement possible mais est une des conditions nécessaires de l'instauration du socialisme.
    Dans cette même résolution ont été formulées les tâches posées devant les ouvrières en Russie soviétiste. Ces tâches sont fixées de la manière suivante :

    La première conférence pan-russe des ouvrières constate une fois de plus que pour celles-ci il n'y a pas de tâches spécifiquement féminines, distinctes des tâches communes du prolétariat, car les conditions de leur émancipation sont les mêmes que celles du prolétariat tout entier, c'est-à-dire la révolution prolétarienne et le triomphe du communisme... au moment où la révolution socialiste universelle se développe, exigeant la plus grande tension de toutes les forces prolétariennes tant pour le développement et la défense de la révolution russe que pour l'organisation socialiste, chaque ouvrier, chaque ouvrière doit devenir un soldat de la révolution, prêt à donner toutes ses forces pour le triomphe du prolétariat et du communisme ; par conséquent la tâche essentielle de l'ouvrière est la participation la plus active dans toutes les formes et aspects de la lutte révolutionnaire, tant sur le front qu'à l'arrière, tant par la propagande et l'agitation que par une lutte armée directe... De plus... constatant que les vieilles formes de la famille et de l'économie domestique comme un lourd fardeau pèsent sur l'ouvrière et l'empêchent de devenir un combattant de la révolution et du communisme et que ces formes ne peuvent être abolies que par la création de nouvelles formes d'économie, la conférence considère que l'ouvrière, en prenant la part la plus active dans toutes les manifestations de la nouvelle organisation, doit porter une attention particulière sur la création de nouvelles formes d'alimentation, de répartition publiques, grâce auxquelles la vieille servitude familiale sera abolie. (...)

    Source : numéro 17 du Bulletin communiste (permière année), 8 juillet 1920 sous le pseudonyme Hélène Blonina.

    marxists org

  • #2
    Comparer les deux systèmes, c'est comme si vous comparez le paradis avec l'enfer.
    Les moyens de propagande bien organisés du capitalisme (médias, cinémas, chaînes TV, écoles, universités...) ont eu raison, en formatant nos consciences et nous barrer la route vers le système de progrès et d'émancipation de l'humanité qu'est le socialisme.

    Commentaire

    Chargement...
    X