Les fruits de la victoire du Hezbollah
4 mai 2007 - Par Caroline B. Glick | Jewish World Review -Adaptation française de Sentinelle 5767
La secrétaire d’Etat des USA Condoleezza Rice rappelle une étrange ressemblance avec son prédécesseur Madeleine Albright, ces jours-ci. La visite de Rice en Egypte où elle sauta sur l’opportunité de rencontrer son homologue syrien, et parla suavement de son désir de rencontrer un officiel iranien en liaison directe avec le dictateur iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, rappelle le « boogie-woogie » d’Albright avec le dictateur nord coréen Kim Jong Il à l’heure du déclin de l’administration Clinton*.
A Sharm el Sheikh, Rice recherche clairement une voie pour forger un abandon de l’Irak par les USA, à sa Némésis**, l’Iran et la Syrie. C’est de cette façon que les commandants américains en Irak se voient interdire de remarquer publiquement que les gouvernements iranien et syrien dirigent la guerre, et tuent leurs soldats.
L’adhésion de Rice à la reddition s’étend à sa position sur le programme d’armes nucléaires de l’Iran. Rice et ses collègues du département d’Etat s’opposent à la fois à une frappe sur les installations nucléaires et à donner assistance aux opposants du régime à l’intérieur de l’Iran, qui cherchent à le renverser, de façon à empêcher les mollahs d’acquérir des armes nucléaires. Tout ce qu’ils veulent, c’est négocier avec les ayatollahs. Ils n’ont aucune autre stratégie politique.
De même, au cours des mois récents, les USA ont adhéré à la cause des Palestiniens. Bien que le président de l’assemblée législative palestinienne Ahmad Bahar ait tout juste lancé un appel télévisé à Allah de tuer chaque Juif et chaque Américain sur terre, Rice insiste pour transférer 59 millions de $ de l’argent des contribuables américains, aux forces de sécurité palestinienne. De même, le département d’Etat a dicté la semaine dernière d’une liste de concessions de sécurité que Israël doit faire aux Palestiniens au cours des huit mois à venir, sans prendre en compte si les Palestiniens cessent eux-mêmes leurs attaques contre Israël, ou en la matière, sans égard au maintien par les Palestiniens de leur engagement de réduire à néant Israël et les USA.
L’escorte que fait Rice à la défaite stratégique des USA contre les jihadistes au Moyen-Orient s’étend aussi à l’Afrique. En Somalie, les USA soutiennent maintenant le gouvernement d’unité, bien que les tribunaux islamiques d’al Qaïda soient membres du gouvernement.
De même, l’adhésion de Rice à la défaite s’étend à l’Asie, où elle a accepté une Corée du Nord détentrice de l’arme nucléaire et a même accepté de donner de l’argent à Pyongyang.
Le contrôle incontesté de Rice sur la politique étrangère des USA est l’un des résultats accessoires de la Deuxième Guerre du Liban de l’été dernier.
Israël n’a pas été le seul perdant de cette guerre. Ses fidèles alliés à Washington, qui avaient bataillé contre Rice et ses collègues du département d’Etat pour soutenir une victoire israélienne, ont eux aussi perdu. Ces partisans, couramment qualifiés de néoconservateurs, étaient conduits par leur chef, le Président George W. Bush.
La Deuxième Guerre du Liban a mis puissamment en relief la vraie nature du jihad mondial. En conduisant une guerre contre Israël, par mandataires interposés à travers le Hezbollah et les Palestiniens simultanément, l’Iran et la Syrie ont démontré clairement que la guerre contre Israël n’est pas une guerre isolée, mais plutôt un champ de bataille clé du jihad mondial, dont les forces combattent les USA et leurs alliés en Irak, en Afghanistan et à travers le monde. Plus qu’aucune autre guerre auparavant, la Deuxième Guerre du Liban a démontré l’importance vitale d’Israël comme allié des USA. Et la décision d’Israël de ne pas conduire cette guerre jusqu’à la victoire a joué un rôle clé dans la défaite des néoconservateurs pour Rice et « l’establishment » à Washington.
Aujourd’hui, Israël est plongé dans un maelström politique à la suite de la publication lundi dernier du rapport intérimaire de la Commission d’Enquête Winograd sur cette guerre. Bien qu’il soit impossible de connaître à cette date comment les choses vont tourner, les identités et les buts des forces en compétition sont déjà clairs.
Le Premier Ministre Ehud Olmert ne quittera pas le pouvoir volontairement, et son parti et la majorité des partenaires de sa coalition le soutiendront dans sa lutte pour garder le contrôle du gouvernement.
Le parti travailliste, et la Gauche en général essaient de remettre en vigueur leurs manœuvres politiques à la suite de l’effondrement de processus de paix du Sommet de Camp David en 2000. Ces manœuvres ont laissé inchangé la perception de la paix par la Gauche au pouvoir.
Comme c’est le cas aujourd’hui, en 2000 le public a exigé un gouvernement responsable, après que l’idéologie gauchiste ait valu un effondrement du processus de paix, et la mise en place de la guerre terroriste palestinienne. Plutôt que de respecter la demande du public, la Gauche a joint ses forces au Président du Likoud d’alors, Ariel Sharon, pour bloquer des élections générales. Ensemble, ils ont mis en cause Barak pour l’échec du sommet de Camp David, et formé un nouveau gouvernement d’union conduit conjointement par Shimon Pérès et Sharon.
Aujourd’hui, comme alors, pour son échec idéologique au Liban et à Gaza, la Gauche cherche à mettre toute la faute sur Olmert, et à le remplacer par son adjoint Shimon Pérès. Le député à la Knesset [MK], Ami Ayalon, favori pour devenir le futur chef du parti travailliste, l’a déclaré sans ambages mardi.
Comme cela a été le cas en 2000, de même aujourd’hui la Droite, conduite par le président du Likoud Binyamin Netanyahu, traverse des moments difficiles pour savoir comment obliger la Knesset à se soumettre au peuple et à appeler de nouvelles élections. Aujourd’hui, comme alors, la Droite ne dispose pas des suffrages à la Knesset pour emporter une motion de censure contre le gouvernement, qui déclencherait de nouvelles élections.
Le rapport Winograd n’est pas la cause de la tempête actuelle. Cette tempête est la suite directe des protestations publiques qui ont surgi immédiatement après que la guerre de l’été dernier se soit terminée aussi abominablement. C’est la formation de la Commission Winograd qui a suspendu ces protestations. Et ça a été l’achèvement de son rapport intérimaire qui les a de nouveau déchaînées cette semaine.
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