Écrit par : Imane Bouhrara 28 décembre 2020
La portée de la pandémie de la Covid-19 va s’étendre bien au-delà de 2020, année dont la rétrospective s’avère aussi douloureuse qu’épuisante. Jamais de mémoire d’homme, le monde n’avait subi un tel lock-out. Aucun pays sans exception n’a été épargné par un virus qui a provoqué un tremblement de terre dont les ondes sismiques s’étendent à tous les secteurs. Mais, la pandémie a été vécue différemment entre différentes franges de la société et le spectre de la pauvreté est plus que jamais menaçant pour les populations vulnérables.
Toutes les améliorations de différents indicateurs économiques et sociaux enregistrées sur plusieurs décennies ont été balayées du revers d’une main en moins d’une année seulement à cause de la pandémie de la Covid-19.
Taux de croissance, scolarité des enfants, accès aux soins, mortalité infantile et maternelle, réduction de la pauvreté, employabilité des jeunes… la Covid-19 a remis les compteurs à zéro ou presque. La pandémie est d’une telle amplitude qu’il faudra des années pour revenir au niveau de l’avant crise sanitaire.
En effet, passé le choc principal, ce n’est qu’après 2020, dont les indicateurs sont au rouge, que les dégâts seront quantifiables et visibles à l’œil nu.
Et l’un des indicateurs qui ne ment jamais sur la bonne santé d’un pays ou du monde est bien celui de la pauvreté car il est la résultante de plusieurs facteurs. Et autant vous l’annoncer, après la Covid-19, nous allons êtes bien servis !
Les nouveaux pauvres
La COVID-19 aurait entraîné cette année entre 88 et 115 millions (voire 150 millions) de personnes supplémentaires dans la pauvreté, selon les différents scénarios élaborés par la Banque mondiale. Une majorité est concentrée en Asie du Sud suivie de l’Afrique subsaharienne.
Pour mesurer l’ampleur du phénomène, entre 2015 et 2017, 52 millions de personnes sont sorties de la pauvreté, selon les statistiques de la Banque mondiale.
L’extrême pauvreté, dont le seuil est fixé à moins de 1,90 dollar par jour, devrait ainsi toucher entre 9,1 % et 9,4 % de la population mondiale en 2020. Ce taux devait être de 7,9% sans l’effet induit par la pandémie. Et l’objectif d’atteindre 7% de taux de pauvreté dans le monde à horizon 2030 semble d’ailleurs compromis.
Si moins d’un dixième de la population mondiale vit avec moins de 1,90 dollar par jour en 2020, près d’un quart est en dessous du seuil de 3,20 dollars et plus de 40 % de la population, soit près de 3,3 milliards de personnes, vivent avec moins de 5,50 dollars par jour.
Et cela ne risque pas de s’améliorer sous le coup de la poursuite de la contraction économique, la pire depuis la deuxième guerre mondiale.
Par ailleurs, on notera que les femmes sont les plus touchées par la crise de la Covid-19 car elles risquent davantage de perdre leur source de revenus et d’être moins couvertes par des mesures de protection sociale, comme l’a souligné Achim Steiner, l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en se référant à des données publiées en septembre.
Ces données ont révélé que le taux de pauvreté des femmes a augmenté de plus de 9%, soit l’équivalent de quelque 47 millions de femmes, ce qui représente un renversement de décennies de progrès pour éradiquer l’extrême pauvreté au cours des dernières décennies.
Les progrès dans la réduction de la pauvreté des enfants ont également été affectés cette année. Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et la Banque mondiale ont signalé en octobre dernier que quelques 365 millions d’enfants vivaient dans la pauvreté avant le début de la pandémie. Un chiffre appelé à augmenter considérablement sous l’effet de la pandémie.
La pauvreté, un risque non négligeable au Maroc
Au Maroc, les chiffres se passent sincèrement de tout commentaire. Avec l’événement de la pandémie et ses effets économiques néfastes (confinement général pendant trois mois pendant lequel le revenu mensuel moyen des actifs occupés a été réduit de moitié selon le HCP), l’Etat a octroyé une aide directe de 800 à 1.200 DH au profit de plus de 5,5 millions de ménages affiliés ou non au RAMED, pour une enveloppe de 15 Mds de DH. Si l’on considère quatre personnes par ménage, cela signifie que plus de 22 millions de Marocains avaient besoin de cette aide. D’ailleurs le moral des ménages au Maroc a atteint son niveau le plus bas depuis 2008.
S’ajoutent à eux les affiliés à la CNSS qui ont perçu et ceux qui continuent ou commencent à percevoir l’indemnité forfaitaire de 2.000 DH. Alors qu’un demi-million de ménages a profité du report des échéances bancaires.
Sans oublier les 581.000 postes perdus au T3 2020 dans le pays sous l’effet de la contraction économique et qui viennent augmenter le taux de chômage dans notre pays. Et avec une demande intérieure atone (cela se comprend), le défi aujourd’hui est d’enclencher une relance pour sortir du cycle vicieux de la récession et résorber le chômage, autrement la vulnérabilité des populations fragiles sera accentuée.
Il faut par ailleurs, saluer le travail du HCP qui a travaillé tout au long de ces derniers mois à mesurer les différents impacts de la crise au Maroc. Le HCP a appelé d’ailleurs les autorités publiques à accorder une attention particulière à l’évolution de la pauvreté multidimensionnelle (et non pas des indicateurs monétaires) et à la planification d’une réponse inclusive. Et ce sera là le véritable challenge pour cette année 2021, notamment réduire les disparités entre les différentes franges de la société marocaine et éviter qu’une partie de la classe moyenne vulnérable ne tombe dans la pauvreté et qu’une partie des pauvres ne sombre dans l’extrême pauvreté.
Tout en résultant d’un ensemble de facteurs (santé, enseignement et emploi) la pauvreté déteint sur l’ensemble des indicateurs d’un pays aussi bien de capital humain qu’économique. Et cela ne devrait pas être perdu de vue.
La portée de la pandémie de la Covid-19 va s’étendre bien au-delà de 2020, année dont la rétrospective s’avère aussi douloureuse qu’épuisante. Jamais de mémoire d’homme, le monde n’avait subi un tel lock-out. Aucun pays sans exception n’a été épargné par un virus qui a provoqué un tremblement de terre dont les ondes sismiques s’étendent à tous les secteurs. Mais, la pandémie a été vécue différemment entre différentes franges de la société et le spectre de la pauvreté est plus que jamais menaçant pour les populations vulnérables.
Toutes les améliorations de différents indicateurs économiques et sociaux enregistrées sur plusieurs décennies ont été balayées du revers d’une main en moins d’une année seulement à cause de la pandémie de la Covid-19.
Taux de croissance, scolarité des enfants, accès aux soins, mortalité infantile et maternelle, réduction de la pauvreté, employabilité des jeunes… la Covid-19 a remis les compteurs à zéro ou presque. La pandémie est d’une telle amplitude qu’il faudra des années pour revenir au niveau de l’avant crise sanitaire.
En effet, passé le choc principal, ce n’est qu’après 2020, dont les indicateurs sont au rouge, que les dégâts seront quantifiables et visibles à l’œil nu.
Et l’un des indicateurs qui ne ment jamais sur la bonne santé d’un pays ou du monde est bien celui de la pauvreté car il est la résultante de plusieurs facteurs. Et autant vous l’annoncer, après la Covid-19, nous allons êtes bien servis !
Les nouveaux pauvres
La COVID-19 aurait entraîné cette année entre 88 et 115 millions (voire 150 millions) de personnes supplémentaires dans la pauvreté, selon les différents scénarios élaborés par la Banque mondiale. Une majorité est concentrée en Asie du Sud suivie de l’Afrique subsaharienne.
Pour mesurer l’ampleur du phénomène, entre 2015 et 2017, 52 millions de personnes sont sorties de la pauvreté, selon les statistiques de la Banque mondiale.
L’extrême pauvreté, dont le seuil est fixé à moins de 1,90 dollar par jour, devrait ainsi toucher entre 9,1 % et 9,4 % de la population mondiale en 2020. Ce taux devait être de 7,9% sans l’effet induit par la pandémie. Et l’objectif d’atteindre 7% de taux de pauvreté dans le monde à horizon 2030 semble d’ailleurs compromis.
Si moins d’un dixième de la population mondiale vit avec moins de 1,90 dollar par jour en 2020, près d’un quart est en dessous du seuil de 3,20 dollars et plus de 40 % de la population, soit près de 3,3 milliards de personnes, vivent avec moins de 5,50 dollars par jour.
Et cela ne risque pas de s’améliorer sous le coup de la poursuite de la contraction économique, la pire depuis la deuxième guerre mondiale.
Par ailleurs, on notera que les femmes sont les plus touchées par la crise de la Covid-19 car elles risquent davantage de perdre leur source de revenus et d’être moins couvertes par des mesures de protection sociale, comme l’a souligné Achim Steiner, l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en se référant à des données publiées en septembre.
Ces données ont révélé que le taux de pauvreté des femmes a augmenté de plus de 9%, soit l’équivalent de quelque 47 millions de femmes, ce qui représente un renversement de décennies de progrès pour éradiquer l’extrême pauvreté au cours des dernières décennies.
Les progrès dans la réduction de la pauvreté des enfants ont également été affectés cette année. Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et la Banque mondiale ont signalé en octobre dernier que quelques 365 millions d’enfants vivaient dans la pauvreté avant le début de la pandémie. Un chiffre appelé à augmenter considérablement sous l’effet de la pandémie.
La pauvreté, un risque non négligeable au Maroc
Au Maroc, les chiffres se passent sincèrement de tout commentaire. Avec l’événement de la pandémie et ses effets économiques néfastes (confinement général pendant trois mois pendant lequel le revenu mensuel moyen des actifs occupés a été réduit de moitié selon le HCP), l’Etat a octroyé une aide directe de 800 à 1.200 DH au profit de plus de 5,5 millions de ménages affiliés ou non au RAMED, pour une enveloppe de 15 Mds de DH. Si l’on considère quatre personnes par ménage, cela signifie que plus de 22 millions de Marocains avaient besoin de cette aide. D’ailleurs le moral des ménages au Maroc a atteint son niveau le plus bas depuis 2008.
S’ajoutent à eux les affiliés à la CNSS qui ont perçu et ceux qui continuent ou commencent à percevoir l’indemnité forfaitaire de 2.000 DH. Alors qu’un demi-million de ménages a profité du report des échéances bancaires.
Sans oublier les 581.000 postes perdus au T3 2020 dans le pays sous l’effet de la contraction économique et qui viennent augmenter le taux de chômage dans notre pays. Et avec une demande intérieure atone (cela se comprend), le défi aujourd’hui est d’enclencher une relance pour sortir du cycle vicieux de la récession et résorber le chômage, autrement la vulnérabilité des populations fragiles sera accentuée.
Il faut par ailleurs, saluer le travail du HCP qui a travaillé tout au long de ces derniers mois à mesurer les différents impacts de la crise au Maroc. Le HCP a appelé d’ailleurs les autorités publiques à accorder une attention particulière à l’évolution de la pauvreté multidimensionnelle (et non pas des indicateurs monétaires) et à la planification d’une réponse inclusive. Et ce sera là le véritable challenge pour cette année 2021, notamment réduire les disparités entre les différentes franges de la société marocaine et éviter qu’une partie de la classe moyenne vulnérable ne tombe dans la pauvreté et qu’une partie des pauvres ne sombre dans l’extrême pauvreté.
Tout en résultant d’un ensemble de facteurs (santé, enseignement et emploi) la pauvreté déteint sur l’ensemble des indicateurs d’un pays aussi bien de capital humain qu’économique. Et cela ne devrait pas être perdu de vue.
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