Wakan Tanka pour les Sioux, Mulungu pour les Bantous, l'Éternel Ciel bleu pour les Mongols, YHWH, Allah, Odin, Brahma… Depuis la nuit des temps, quel que soit le nom qui lui est donné, les croyants en parlent avec ferveur, les athées avec conviction, les agnostiques avec distance. Christoph Benzmüller est le premier à pouvoir l'affirmer avec certitude : "Dieu, dans sa définition la plus répandue en métaphysique, existe nécessairement. On ne peut penser un monde dans lequel il n'existerait pas." Cette assurance, ce chercheur de l'université de Berlin la tire des mathématiques, et de leur cœur même, la logique. Mieux : il la fonde sur la capacité de l'informatique à valider sans erreur possible les démonstrations. Parachevant des siècles de réflexions métaphysiques, son logiciel a vérifié la justesse de l'argument ontologique selon lequel l'existence de Dieu est nécessaire à tout système de pensée logique. Et l'ordinateur a parlé : "L'énoncé 'Dieu existe' est une proposition vraie au sens logique et mathématique", assène Christoph Benzmüller.
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Précisons que sa démarche n'est pas portée par la foi. "Ce travail n'a pas pour but de servir une quelconque religion - aucun non-croyant ne se laissera d'ailleurs convaincre par une formule mathématique. Non, ce qui est intéressant, c'est d'investiguer la cohérence d'un concept, qu'on l'appelle Dieu ou non. Cela permet d'en apprendre plus sur les croyances qui y sont rattachées." Ajoutons que cela ne concerne pas un Dieu à l'apparence définie - vieux, barbu et sage, bien souvent - ni un être dont la nature engendre forcément une action, tantôt créatrice, tantôt destructrice. "Cette démonstration prouve l'existence logico-mathématique d'une entité abstraite présentant certaines propriétés, mais pas celle qui déclenche l'amour, et encore moins le fanatisme", commente Shahid Rahman, mathématicien et philosophe à l'université de Lille.
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La démarche n'est pas portée par la foi. Le théorème n'affirme pas que Dieu existe réellement. Juste qu'il est irrationnel de dire qu'il n'existe pas
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Soulignons surtout que ce travail ne valide pas la pertinence de la foi, mais sa cohérence. Le théorème n'affirme pas que Dieu existe réellement. Juste qu'il est irrationnel de dire qu'il n'existe pas. Ce qui, en soi, est déjà renversant… Cette analyse des structures logiques de nos croyances permet de voir cette figure qui berce depuis toujours l'humanité - qui la hante, diraient d'autres - dans toute sa singularité. C'est un fait : que l'on y croie ou pas, Dieu a un statut bien supérieur aux autres entités peuplant notre esprit.
Prenez la licorne. Cette sorte de cheval cornu, apparu durant l'Antiquité, continue à vivre à travers la littérature et l'imaginaire enfantin. Certes, son existence n'est pas impossible - aucun principe évolutif n'interdit la sélection naturelle d'un tel animal. Mais tout esprit adulte et raisonnable est amené à penser que c'est un être totalement imaginaire. Il n'en va pas de même pour Dieu. L'argument ontologique le démontre : son existence dans notre esprit n'est pas seulement possible, mais nécessaire. Croire en Dieu, ce n'est donc pas comme croire aux licornes. Le concept a toujours été là, présent dans la nature avant même qu'on ne le formalise,
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Précisons que sa démarche n'est pas portée par la foi. "Ce travail n'a pas pour but de servir une quelconque religion - aucun non-croyant ne se laissera d'ailleurs convaincre par une formule mathématique. Non, ce qui est intéressant, c'est d'investiguer la cohérence d'un concept, qu'on l'appelle Dieu ou non. Cela permet d'en apprendre plus sur les croyances qui y sont rattachées." Ajoutons que cela ne concerne pas un Dieu à l'apparence définie - vieux, barbu et sage, bien souvent - ni un être dont la nature engendre forcément une action, tantôt créatrice, tantôt destructrice. "Cette démonstration prouve l'existence logico-mathématique d'une entité abstraite présentant certaines propriétés, mais pas celle qui déclenche l'amour, et encore moins le fanatisme", commente Shahid Rahman, mathématicien et philosophe à l'université de Lille.
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La démarche n'est pas portée par la foi. Le théorème n'affirme pas que Dieu existe réellement. Juste qu'il est irrationnel de dire qu'il n'existe pas
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Soulignons surtout que ce travail ne valide pas la pertinence de la foi, mais sa cohérence. Le théorème n'affirme pas que Dieu existe réellement. Juste qu'il est irrationnel de dire qu'il n'existe pas. Ce qui, en soi, est déjà renversant… Cette analyse des structures logiques de nos croyances permet de voir cette figure qui berce depuis toujours l'humanité - qui la hante, diraient d'autres - dans toute sa singularité. C'est un fait : que l'on y croie ou pas, Dieu a un statut bien supérieur aux autres entités peuplant notre esprit.
Prenez la licorne. Cette sorte de cheval cornu, apparu durant l'Antiquité, continue à vivre à travers la littérature et l'imaginaire enfantin. Certes, son existence n'est pas impossible - aucun principe évolutif n'interdit la sélection naturelle d'un tel animal. Mais tout esprit adulte et raisonnable est amené à penser que c'est un être totalement imaginaire. Il n'en va pas de même pour Dieu. L'argument ontologique le démontre : son existence dans notre esprit n'est pas seulement possible, mais nécessaire. Croire en Dieu, ce n'est donc pas comme croire aux licornes. Le concept a toujours été là, présent dans la nature avant même qu'on ne le formalise,
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