Autopsie d’un Hold-up raté
1. La prédiction du Miracle
Dans le conflit du « Sahara occidental », la partie marocaine a toujours été accusée de facteur de blocage. Cette accusation (avérée pour les uns et injustifiée par les autres) importunait au plus haut point le royaume de M6. Il fallait absolument s’en départir et autant que possible en y tirant les meilleurs dividendes. On réactiva alors le CORCAS et le « fameux plan d’autonomie ».
Le royaume du Maroc avait un objectif triple :
- Montrer qu’il peut être force de proposition
- Inciter et obliger le Polisario à des discussions balisées, celles sur « l’autonomie »
- Plus important que tout, « Délocaliser » le conflit du sahara occidental de « la commission de décolonisation »
Rien n’a été négligé, on fit faire cinq fois le tour du monde à des émissaires dont l’objectif était de rallier le maximum de capitales étrangères et influentes si possible. La presse (à la solde du palais – donc pas toute la presse) devait jouer la caisse de résonance et faire passer la proposition marocaine pour la seule, l’unique solution du problème. La solution que ni l’ONU, ni le conseil de sécurité n’avait pu mettre en œuvre durant les 30 années de conflit. Le Maroc prédisait et croyait dur comme fer …. Au miracle.
C’était, sensé être, donc la dernière chance du Polisario avant que le Maroc n’aille unilatéralement vers l’autonomie.
2. Le polisario contre-attaque
Le Polisario qu’une propagande nous présente comme une agrégation de gens incultes, eut ce coup de génie de proposer son propre plan de paix :
Le Maroc a sous-estimé la portée d’une telle proposition. Elle donna lieu à des commentaires ironiques. Pourtant les premiers effets ne tardèrent pas à apparaître, à commencer par la douche froide assénée par le rapport du SG de l’ONU Ban Ki Moon.
3. Premiers Couacs
Le 13 Avril 2007, Ban Ki Moon transmet son rapport au conseil de sécurité. Il y mentionne le projet d’autonomie du Maroc. Il le met cependant sur le même pied d’égalité que celui du Polisario et, surtout, demande que les Sahraouis puissent exercer leur droit à l’autodétermination.
C’était le premier épilogue d’une guerre tactique livrée par le Polisario et le Maroc. Elle tourna en faveur du Polisario :
L’objectif de la « délocalisation » du dossier a donc échoué.
Forces de proposition ? Le SG de l’ONU considère en tant que tel les deux parties. Le premier objectif du Royaume du Maroc est ainsi dilué par la proposition sahraouie.
- Reste l’objectif : Inciter et obliger le Polisario à des discussions balisées, celles sur « l’autonomie »
Il trouvera réponse dans la résolution du Conseil de sécurité.
4. la résolution du CS
Devant être rendue publique le 27 Avril, la résolution du conseil de sécurité, ne livra sa teneur que le 30 du mois.
Ahmed Benchamsi dans son dernier éditorial en fait l’analyse suivante :
D'autonomie, la résolution du conseil de sécurité, n'en souffla mot. Exit la solution miracle.
5. Conclusion
Des trois objectifs assignés par la partie marocaine, il n’en reste pas grand-chose. Nous en sommes à :
1. De la situation actuelle de statu quo, il va falloir aller vers l’autodétermination.
2. Pour arriver à cela, les deux parties identifiées par l’ONU (Maroc et Polisario) devront se mettre à Table.
3. Les discussions et négociations ne sont sujettes à aucun balisage (Exit le plan d’autonomie comme base de discussion).
4. Le Polisario l’a joué finement et intelligemment : les discussions porteront essentiellement sur les modalités techniques d’aller vers l’expression de l’autodétermination. On discutera donc l’accessoire. L’essentiel étant tranché définitivement :
6. Perspectives Marocaines
Après ce ratage marocain, que reste t-il comme marge de manoeuvre au Royaume du Maroc ?. La réponse est venue de la bouche de Chakib Benmoussa :
1. La prédiction du Miracle
Dans le conflit du « Sahara occidental », la partie marocaine a toujours été accusée de facteur de blocage. Cette accusation (avérée pour les uns et injustifiée par les autres) importunait au plus haut point le royaume de M6. Il fallait absolument s’en départir et autant que possible en y tirant les meilleurs dividendes. On réactiva alors le CORCAS et le « fameux plan d’autonomie ».
Le royaume du Maroc avait un objectif triple :
- Montrer qu’il peut être force de proposition
- Inciter et obliger le Polisario à des discussions balisées, celles sur « l’autonomie »
- Plus important que tout, « Délocaliser » le conflit du sahara occidental de « la commission de décolonisation »
Rien n’a été négligé, on fit faire cinq fois le tour du monde à des émissaires dont l’objectif était de rallier le maximum de capitales étrangères et influentes si possible. La presse (à la solde du palais – donc pas toute la presse) devait jouer la caisse de résonance et faire passer la proposition marocaine pour la seule, l’unique solution du problème. La solution que ni l’ONU, ni le conseil de sécurité n’avait pu mettre en œuvre durant les 30 années de conflit. Le Maroc prédisait et croyait dur comme fer …. Au miracle.
C’était, sensé être, donc la dernière chance du Polisario avant que le Maroc n’aille unilatéralement vers l’autonomie.
2. Le polisario contre-attaque
Le Polisario qu’une propagande nous présente comme une agrégation de gens incultes, eut ce coup de génie de proposer son propre plan de paix :
""Dans un souci de contribuer à la solution du conflit de décolonisation opposant, depuis plus de 30 ans, le Maroc et le peuple sahraoui, et, par conséquent, à l'avènement d'une paix juste et durable dans notre région, le Front Polisario a remis aujourd'hui au Nations Unies une proposition de solution"", lit-on dans un communiqué du mouvement indépendantiste daté du 10 avril
3. Premiers Couacs
Le 13 Avril 2007, Ban Ki Moon transmet son rapport au conseil de sécurité. Il y mentionne le projet d’autonomie du Maroc. Il le met cependant sur le même pied d’égalité que celui du Polisario et, surtout, demande que les Sahraouis puissent exercer leur droit à l’autodétermination.
C’était le premier épilogue d’une guerre tactique livrée par le Polisario et le Maroc. Elle tourna en faveur du Polisario :
«Depuis le début, on sait qu’il y a très peu de chances que, pour ce conflit, les membres permanents du Conseil de sécurité acceptent à l’unanimité de renoncer à l’exercice du droit à l’autodétermination des Sahraouis tel qu’il est défendu par les Nations Unies. Sans parler du fait que pour développer une autonomie, il faudrait que la souveraineté du Maroc au Sahara occidental soit validée par la communauté internationale, ce qui n’est pas le cas», note un observateur européen qui suit le dossier.
De façon inattendue, celle-ci a tourné en faveur du Front. Alors que les Marocains avaient pris le soin de préparer le terrain à l’international pendant de longues semaines, le Polisario a remis, sans crier gare et 24 heures avant le Maroc, son propre projet de résolution du conflit, que personne n’attendait.
- Reste l’objectif : Inciter et obliger le Polisario à des discussions balisées, celles sur « l’autonomie »
Il trouvera réponse dans la résolution du Conseil de sécurité.
4. la résolution du CS
Devant être rendue publique le 27 Avril, la résolution du conseil de sécurité, ne livra sa teneur que le 30 du mois.
Ahmed Benchamsi dans son dernier éditorial en fait l’analyse suivante :
Tout ça pour ça ?
Tant de concessions sur le Sahara pour en arriver à… se disputer sur les virgules d’un document de l’ONU ?!
C’était prévisible : le dossier Sahara s’embrouille à nouveau. Récapitulons – et surtout, tâchons de faire simple. Avec le temps et malgré la propagande, on avait donc fini par comprendre que le Maroc était, et depuis longtemps, “la partie de mauvaise foi” : celle qui renie sa parole, celle qui bloque tout mais ne propose rien. Il y a deux semaines, le Maroc a spectaculairement renversé la vapeur, en remettant au secrétaire général de l’ONU un plan d’autonomie du Sahara aussi surprenant qu’audacieux. En gros : à nous la monnaie et
le drapeau, aux Sahraouis la gestion d’à peu près tout le reste, selon des modalités ouvertes à la discussion… à condition que “les autres” veuillent bien discuter. Le piège était bien pensé : sous pression de l’ONU, l’Algérie et le Polisario devaient se retrouver acculés à négocier sur la base de la proposition marocaine, entérinant de facto l’abandon de l’option indépendantiste.
Mais à la dernière minute, “les autres” ont eu une idée de génie : proposer à Ban Ki Moon leur propre plan, évidemment centré sur l’indépendance. Rien de vraiment nouveau, hormis une promesse peu crédible de “partager les ressources naturelles du territoire”. Mais le “machin” qu’est l’ONU s’est tout de même senti obligé de renvoyer les deux plans, donc les deux parties (l’Algérie et le Polisario n’en faisant qu’une), dos à dos.
Tant de concessions sur le Sahara pour en arriver à… se disputer sur les virgules d’un document de l’ONU ?!
C’était prévisible : le dossier Sahara s’embrouille à nouveau. Récapitulons – et surtout, tâchons de faire simple. Avec le temps et malgré la propagande, on avait donc fini par comprendre que le Maroc était, et depuis longtemps, “la partie de mauvaise foi” : celle qui renie sa parole, celle qui bloque tout mais ne propose rien. Il y a deux semaines, le Maroc a spectaculairement renversé la vapeur, en remettant au secrétaire général de l’ONU un plan d’autonomie du Sahara aussi surprenant qu’audacieux. En gros : à nous la monnaie et
le drapeau, aux Sahraouis la gestion d’à peu près tout le reste, selon des modalités ouvertes à la discussion… à condition que “les autres” veuillent bien discuter. Le piège était bien pensé : sous pression de l’ONU, l’Algérie et le Polisario devaient se retrouver acculés à négocier sur la base de la proposition marocaine, entérinant de facto l’abandon de l’option indépendantiste.
Mais à la dernière minute, “les autres” ont eu une idée de génie : proposer à Ban Ki Moon leur propre plan, évidemment centré sur l’indépendance. Rien de vraiment nouveau, hormis une promesse peu crédible de “partager les ressources naturelles du territoire”. Mais le “machin” qu’est l’ONU s’est tout de même senti obligé de renvoyer les deux plans, donc les deux parties (l’Algérie et le Polisario n’en faisant qu’une), dos à dos.
5. Conclusion
Des trois objectifs assignés par la partie marocaine, il n’en reste pas grand-chose. Nous en sommes à :
1. De la situation actuelle de statu quo, il va falloir aller vers l’autodétermination.
2. Pour arriver à cela, les deux parties identifiées par l’ONU (Maroc et Polisario) devront se mettre à Table.
3. Les discussions et négociations ne sont sujettes à aucun balisage (Exit le plan d’autonomie comme base de discussion).
4. Le Polisario l’a joué finement et intelligemment : les discussions porteront essentiellement sur les modalités techniques d’aller vers l’expression de l’autodétermination. On discutera donc l’accessoire. L’essentiel étant tranché définitivement :
un règlement politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies
Après ce ratage marocain, que reste t-il comme marge de manoeuvre au Royaume du Maroc ?. La réponse est venue de la bouche de Chakib Benmoussa :
Dans un contexte dorénavant négatif généré par le rapport du Secrétaire général des Nations Unies, quelles options reste-t-il maintenant au Maroc qui refuse d’envisager un référendum d’autodétermination, y compris après une très longue période d’autonomie ? Comme Chakib Benmoussa l’a indiqué la semaine dernière, la priorité du royaume est dorénavant «le front intérieur», autrement dit la situation au Sahara occidental. Une dernière carte qui, à défaut de résoudre le conflit sur la scène internationale, pourrait peut-être permettre, un jour, à très long terme, de susciter l’adhésion des Sahraouis à une autonomie dans un Maroc démocratique, réformé constitutionnellement et organisé en régions.
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