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Comment est-on passé de « l’arabe » au « musulman » ?

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  • Comment est-on passé de « l’arabe » au « musulman » ?

    Il y a cent ans, on haïssait au nom de la couleur de peau. Dans les années 1970, le racisme prend une forme culturelle : au pied des tours HLM, c’est désormais « l’arabe » que l’on dénonce comme « l’envahisseur ». Jusqu’à subir une nouvelle mutation, plus récente, en la figure du musulman. Quel chemin les mots ont-ils suivi ?

    Pour les quinquas et leurs aînés, c’est une sorte de souvenir flou, confus, le sentiment que quelque chose dans le vocabulaire a changé. Il y a quelques dizaines d’années, dans les conversations de bistrot, on parlait plutôt des Arabes. Aujourd’hui, ce sont les musulmans et l’islam qui ont la cote sur les comptoirs en zinc, ou sur les comptoirs virtuels des réseaux sociaux.

    Des « travailleurs arabes » aux « Arabes » tout court
    Le vocabulaire s’adapte à l’époque. Il a en réalité connu plus d’une mutation : « Au temps des croisades on parlait des Sarrasins, au début du XIXe siècle, c’était les "enturbannés", dans les années 1930 on disait les "Sidi" (du nom de la ville de Sidi Bel Abbès, à 80 km d’Oran, en Algérie, NDLR)... Cela correspond toujours à une posture ethno-historique », explique l’historien Pascal Blanchard.

    C’est à partir des années 1970 qu’on commence à parler d’Arabes de manière très régulière pour désigner les populations dites maghrébines qui habitent en France, et qui sont d’abord associées à la question du travail. On parle ainsi beaucoup de « travailleurs étrangers ». Ou, dans une moindre mesure, de « travailleurs arabes ». Ainsi ce titre du journal Le Monde, sur une grève à Marseille, en 1973 : « Un mouvement de grève des travailleurs arabes a été diversement suivi ». Ou cet autre titre, de 1971 : « L’alphabétisation : clé de l’intégration sociale des travailleurs étrangers ». « Plantu dessine alors des immigrés avec des casques d’ouvriers. Aujourd’hui il ajoute des mouches autour de la plupart des musulmans… », fait remarquer Thomas Deltombe auteur de L’islam imaginaire, sous-titré La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005.



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    Dans la deuxième moitié des années 1970, à la faveur du regroupement familial qui s’accentue, ces thématiques liées au travail vont céder la place à des articles sur les pratiques culturelles des travailleurs immigrés. « Il y a une focalisation croissante sur ce qui est perçu comme différent », analyse Thomas Deltombe.

    La désignation de ces populations comme musulmanes est quasiment absente des discours. Même l’extrême droite n’y a pas recours : « Les mots du racisme contre les Arabes sont à l’origine laïques : "*****", "*********". À l’extrême droite, on avait parfois des sympathies pour l’islam. François Duprat (l’une des figures de l’extrême droite française dans les années 1960-1970, NDLR) n’a pas une ligne contre la religion musulmane. Quand il met en place le discours anti-immigration du FN dans les années 1970, les arguments se veulent exclusivement centrés sur le coût social », explique le spécialiste du Front national Nicolas Lebourg.

    À cette époque, l’extrême droite essaye plutôt d’instiller l’idée d’une « invasion arabe », avance l’historien Todd Shepard. C’est en particulier l’intention des fondateurs de la Nouvelle droite, Dominique Venner et Alain de Benoist. Les peurs qu’ils agitent tournent autour des mariages mixtes ou de la criminalité sexuelle, pas de la religion.

    « Musulmans », un retour
    Des outils linguistiques confirment l’hypothèse d’un déclin de l’utilisation de l’expression « les Arabes », comme celui développé par le laboratoire Praxiling, à l’université de Montpellier. Maître de conférences, Sascha Diwersy a constitué une base lexicale à partir d’un échantillonnage des articles du Monde de 1944 à 2015, soit 350 millions de mots. Il montre que l’expression commence à être utilisée dans les années 1960 et atteint un pic entre 1969 et 1975. L’analyse doit être nuancée par le fait que nombre de ces occurrences de « les Arabes » renvoient en fait aux pays arabes. Mais le pic d’utilisation correspond exactement à la période indiquée par les historiens et sociologues que nous avons interrogés.

    Pourquoi l’expression décline-t-elle à la fin des années 1970 ? Avec la culturalisation de l’immigration, et l’émergence de thématiques liées au racisme culturel, le mot « Arabe » prend peu à peu une connotation péjorative. Puisqu’il est le mot utilisé par les racistes et l’extrême droite pour dénoncer les travailleurs immigrés, la presse et le monde politique commencent à s’en distancier. C’est alors qu’émerge, au début des années 1980, le terme « musulmans » : « On constate à cette époque une méfiance vis-à-vis du mot "arabe", qui diminue en fréquence, fait remarquer le linguiste Alain Rey. L’appartenance religieuse paraît plus correcte pour déterminer quelqu’un. On passe alors au mot "musulmans" pour des raisons de correction, mais sans s’occuper de savoir si les personnes en question sont bien musulmanes. » Un peu à la manière d’un Nicolas Sarkozy, qui invente le concept de « musulmans d’apparence »...

    « Ça fait raciste de parler des Arabes, ça désigne des peuples, une origine ethnique, c’est mal vu, alors que parler de musulmans, c’est tout à fait permis. En passant d’Arabes à musulmans, on a l’air d’être moins raciste. Et c’est aussi pratique parce qu’on peut leur trouver une faute, autre que leur origine ou que de manger du couscous. Être musulmans, ils pourraient arrêter de l’être », commente la sociologue Christine Delphy.

    Là encore, l’outil Ngram Viewer confirme l’hypothèse d’un effet de vases communicants entre les mots Arabes d’un côté et musulmans de l’autre. Cet outil analyse les données de près de cinq millions d’ouvrages, soit environ 4% des livres jamais publiés, le plus gros corpus linguistique de tous les temps d’après le linguiste Jean Veronis. Ngram montre bien un pic de l’utilisation du mot « Arabes » au milieu des années 1970, puis un déclin, et une augmentation presque concomitante du mot musulmans.

    ...
    Regards.fr
    tchek tchek tchek

  • #2
    Ça fait raciste de parler des Arabes, ça désigne des peuples, une origine ethnique

    C'est comme dire que les peuples de France et de l'Afrique de l'ouest sont la meme ethnie juste parce qu'ils parlent en français !

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    • #3
      arhas

      Arrête de dire n'importe quoi
      Tu sais très bien que le mot arabe signifie
      pas seulement une langue
      tchek tchek tchek

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      • #4
        Tu sais très bien que le mot arabe signifie
        pas seulement une langue

        Est ce que cela signifie que les égyptiens sont des arabes de pure laine , les maghrébins le sont ils aussi , y en a d'autres que j'oublie , je crains de te décevoir , les arabes pour ceux qui n'habitent pas la presqu'ile arabique ne sont que des arabophones , ce n'est ni rabaissant ni enrichissant , c'est juste un fait

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        • #5
          La très grande majorité compte pour du "beur".

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          • #6
            La très grande majorité compte pour du "beur".
            en verlan, ça fait "rebut"....de la société

            Commentaire


            • #7
              Est ce que cela signifie que les égyptiens sont des arabes
              Harachi nous avez partagé une bonne définition à propos de ca
              Tiens si tu passes par là Harrachi
              tu voudrais bien nous partager à nouveau cette belle définition ...
              tchek tchek tchek

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