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En prison pour un « mème » : mais qu’est-ce qu’un « mème » ?

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  • En prison pour un « mème » : mais qu’est-ce qu’un « mème » ?

    franceinter.fr

    Mardi 5 janvier 2021
    par Sonia Devillers

    En prison pour un « mème » : mais qu’est-ce qu’un « mème » ?



    En Algérie, on risque désormais la prison pour un mème. De quoi s'agit-il ?

    Ca s’écrit avec un accent grave et non un accent circonflexe, c’est un anglicisme. Il s’agit d’un petit élément visuel, une simple photo détournée ou drôlement légendée, un graphique animé ou une courte vidéo – souvent très simple et très moche mais qui se reproduit à l’infini sur le Web. Le premier mème date, selon les archéologues d’Internet, de 1996. On y voit un bébé blafard qui danse, grossières images de synthèse sur fond noir. Une micro séquence aperçue dans le monde entier il y a 25 ans.

    Comment ce genre de production visuelle purement anecdotique a-t-elle pu, en Algérie, entrainer le placement en détention d’un certain Walid Kachida pour « outrage à corps constitué », « offense au président de la République » et « offense aux préceptes de l’islam » ?

    Il faut savoir que, souvent, le mème prend un sens tellement décalé que l’image originale en devient absurde, comique, et qu’elle finit par signifier bien autre chose que ce qu’elle représentait au départ.

    Dès lors, il y a des mèmes qu’on utilise à toutes les sauces

    On fait varier leur sens en fonction de l’humeur et du contexte. Mais il y en a d’autres qui se sont chargés d’une histoire bien spécifique. Comme Pepe the frog, par exemple, une grenouille verte devenue signe de ralliement de l’extrême-droite américaine. Là, typiquement, on a affaire à un clin d’œil entre initié sur le Web. Sans les codes et la mémoire de la culture numérique, vous risquez de croiser ces avatars sans les comprendre.

    D’ailleurs, vu depuis la France et sans parler arabe, impossible de comprendre les mèmes que Walid Kachida, sympathisant du Hirak, le mouvement de protestation de la jeunesse algérienne, postait sur Facebook.

    Les internautes de son pays, eux, ont très bien saisi, les autorités aussi. Tous les régimes autoritaires du monde savent que ces procédés visuels sont fréquemment utilisés pour moquer un personnage public ou pour ridiculiser un trait du pouvoir en place. Visé, le président algérien a vu noir.

    Comme son homologue chinois qui a été tellement représenté par un mème en forme de « Winnie l’Ourson », pour contourner la censure, que le pays a fini par interdire « Winnie l’Ourson » ! Ou comment un petit ours jaune de la littérature enfantine américaine est devenu un symbole de subversion, un outil pour les activistes en ligne ! Bienvenue au pays des mèmes.

    L'équipe
    Sonia DevillersProductrice
    Redwane TelhaRédacteur en chef
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