CONJONCTURE. Le pays est menacé d’une grave crise financière suite à la pandémie de coronavirus et à la chute des prix des hydrocarbures.
Par Le Point Afrique
19/01/2021
Alger a des bleus à l'âme. Apparemment, rien n'a changé. Les exportations d'hydrocarbures ont fortement chuté en 2020, en valeur comme en volume, au risque d'aggraver la situation économique fragile du pays, qui dépend de la rente pétrolière. « Le volume global des exportations d'hydrocarbures a atteint 82,2 millions en tonnes équivalent pétrole (TEP) en 2020 pour une valeur de 20 milliards de dollars (16,54 milliards d'euros), soit des baisses respectives de 11 % et de 40 % par rapport à 2019 », selon le ministère de l'Énergie cité par l'agence de presse APS. La principale cause en est la pandémie du coronavirus et ses effets sur les prix de l'or noir, et par conséquent sur l'économie, selon le bilan annuel du secteur de l'énergie en Algérie. « La moyenne des cours de pétrole a baissé à 42 dollars le baril en 2020, contre 64 dollars durant l'année précédente, soit une perte de près de 23 dollars par baril (- 35 %) », relève la même source.
Chute de la rente pétrolière en 2020
En incluant les exportations hors hydrocarbures du secteur de l'énergie – dont la pétrochimie –, la valeur des exportations grimpe à 22 milliards de dollars en 2020 (18,19 milliards d'euros). Les recettes fiscales de la rente pétrolière versées au Trésor public durant l'année 2020 représentent un manque à gagner de 31 % par rapport à 2019. Parallèlement, les importations de produits pétroliers ont baissé, faisant économiser plus de 700 millions de dollars (579 millions d'euros) à l'Algérie. Les conséquences sont déjà là. Perte d'emplois, fermetures de commerces, baisse du revenu des ménages… Le ralentissement de l'activité économique et commerciale « est ressenti amèrement par la population », constate l'économiste Mansour Kedidir, professeur à l'École supérieure d'économie d'Oran. En dressant un tableau sombre des finances de l'État, le ministre des Finances Aymen Benabderrhamane n'a pu présenter des perspectives pour une sortie de crise, ce qui est alarmant ». Selon lui, « la situation ne nécessite pas uniquement un plan de relance, mais un plan de sauvetage de l'économie ». « Toute initiative est vaine sans l'instauration d'un climat de confiance et la levée de tous les blocages qui caractérisent la politique gouvernementale », plaide-t-il encore. « Comme d'habitude, on répétera les mêmes pratiques : coupes budgétaires, limitations des importations et gel de grands projets, etc. », relève l'expert interrogé par l'AFP. Ces mesures « peuvent, tout au plus, retarder l'explosion de la crise. Mais pour un temps seulement. Elles n'auront aucun impact sans une refonte structurelle de l'économie ». L'Algérie a désormais épuisé toutes les possibilités offertes pour le financement du déficit, y compris la planche à billets. Le recours au financement extérieur sera « inéluctable dans 18 mois », a averti l'économiste Mahfoud Kouabi dans un entretien au quotidien francophone El Watan.
Par Le Point Afrique
19/01/2021
Alger a des bleus à l'âme. Apparemment, rien n'a changé. Les exportations d'hydrocarbures ont fortement chuté en 2020, en valeur comme en volume, au risque d'aggraver la situation économique fragile du pays, qui dépend de la rente pétrolière. « Le volume global des exportations d'hydrocarbures a atteint 82,2 millions en tonnes équivalent pétrole (TEP) en 2020 pour une valeur de 20 milliards de dollars (16,54 milliards d'euros), soit des baisses respectives de 11 % et de 40 % par rapport à 2019 », selon le ministère de l'Énergie cité par l'agence de presse APS. La principale cause en est la pandémie du coronavirus et ses effets sur les prix de l'or noir, et par conséquent sur l'économie, selon le bilan annuel du secteur de l'énergie en Algérie. « La moyenne des cours de pétrole a baissé à 42 dollars le baril en 2020, contre 64 dollars durant l'année précédente, soit une perte de près de 23 dollars par baril (- 35 %) », relève la même source.
Chute de la rente pétrolière en 2020
En incluant les exportations hors hydrocarbures du secteur de l'énergie – dont la pétrochimie –, la valeur des exportations grimpe à 22 milliards de dollars en 2020 (18,19 milliards d'euros). Les recettes fiscales de la rente pétrolière versées au Trésor public durant l'année 2020 représentent un manque à gagner de 31 % par rapport à 2019. Parallèlement, les importations de produits pétroliers ont baissé, faisant économiser plus de 700 millions de dollars (579 millions d'euros) à l'Algérie. Les conséquences sont déjà là. Perte d'emplois, fermetures de commerces, baisse du revenu des ménages… Le ralentissement de l'activité économique et commerciale « est ressenti amèrement par la population », constate l'économiste Mansour Kedidir, professeur à l'École supérieure d'économie d'Oran. En dressant un tableau sombre des finances de l'État, le ministre des Finances Aymen Benabderrhamane n'a pu présenter des perspectives pour une sortie de crise, ce qui est alarmant ». Selon lui, « la situation ne nécessite pas uniquement un plan de relance, mais un plan de sauvetage de l'économie ». « Toute initiative est vaine sans l'instauration d'un climat de confiance et la levée de tous les blocages qui caractérisent la politique gouvernementale », plaide-t-il encore. « Comme d'habitude, on répétera les mêmes pratiques : coupes budgétaires, limitations des importations et gel de grands projets, etc. », relève l'expert interrogé par l'AFP. Ces mesures « peuvent, tout au plus, retarder l'explosion de la crise. Mais pour un temps seulement. Elles n'auront aucun impact sans une refonte structurelle de l'économie ». L'Algérie a désormais épuisé toutes les possibilités offertes pour le financement du déficit, y compris la planche à billets. Le recours au financement extérieur sera « inéluctable dans 18 mois », a averti l'économiste Mahfoud Kouabi dans un entretien au quotidien francophone El Watan.
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