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Des milliers de peintures rupestres vieilles de 12000 ans révélées dans la jungle colombienne

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  • Des milliers de peintures rupestres vieilles de 12000 ans révélées dans la jungle colombienne

    En Colombie, des chercheurs ont mis au jour des milliers de peintures rupestres remontant jusqu'à 12.600 ans. Réalisées sur des abris rocheux, elles représentent des formes géométriques, des figures humaines ainsi que des animaux et des scènes de chasse.

    Les peintures rupestres constituent un témoignage précieux pour les archéologues. Elles peuvent en effet livrer de nombreuses informations sur la population qui les a réalisées, sur sa culture, sur son mode de vie comme sur l'environnement dans lequel les "artistes" vivaient.

    Peu après l'annonce de la découverte d'oeuvres inconnues en Australie, c'est un nouvel exemple remarquable qui est aujourd'hui mis en lumière. Des chercheurs ont repéré un vaste ensemble de peintures s'étendant sur une dizaine de kilomètres dans la région de Serranía La Lindosa en Colombie.

    L'ensemble comprend des milliers de dessins répartis sur trois abris rocheux à Cerro Azul, Limoncillos et Cerro Montoya. Il constituerait ainsi l'une des plus vastes collections d'oeuvres rupestres connues en Amérique du Sud. La découverte a été réalisée grâce à des recherches menées en 2017 et 2018 mais n'était pas totalement inattendue.

    Restées inaccessibles pendant des décennies

    La présence de certaines fresques avait déjà été identifiée auparavant dans la jungle colombienne. Elles sont toutefois restées inaccessibles pendant des décennies en raison du conflit qui déchirait le pays. Ce n'est qu'en 2016 après la signature de l'accord de paix entre le gouvernement et les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) que des scientifiques ont pu songer s'y aventurer.

    Une équipe a alors mis en place le projet LastJourney, un programme visant à comprendre quand les premières populations s'étaient installées en Amazonie et quels impacts leurs activités avaient eu sur la biodiversité de la région. Les expéditions ont rapidement conduit à de remarquables découvertes, mettant en lumière la valeur historique de la région.

    En mai 2018, la Serranía La Lindosa a été reconnue "Aire archéologique protégée" par le ministère de la Culture, à l'initiative de l'Institut colombien d'anthropologie et d'histoire (ICANH). Depuis, d'autres oeuvres ont été mises au jour sur des parois rocheuses et les scientifiques s'attèlent à en apprendre davantage sur elles.

    Une étude a été publiée en avril dernier dans la revue Quaternary International et les recherches font l'objet d'un épisode de la série documentaire Jungle Mystery : Lost Kingdoms of the Amazon qui doit être diffusée courant décembre sur la chaîne britannique, Channel 4.

    Des figures humaines et de grands animaux

    "Quand vous êtes là-bas, vos émotions se bousculent... Nous parlons de plusieurs dizaines de milliers de peintures. Cela va nécessiter des générations pour les documenter. A chaque recoin, apparait un nouveau mur de peintures", a précisé au Guardian, le Pr. José Iriarte, professeur d'archéologie à l'université d'Exeter qui a dirigé les recherches.

    Réalisées avec de l'ocre rouge, les dernières peintures identifiées dépeignent aussi bien des formes géométriques que des figures humaines, des empreintes de main, des scènes de chasse ou des individus interagissant avec des plantes ou des animaux. Selon les analyses menées, elles dateraient d'entre 11.800 et 12.600 ans.

    Les dessins témoignent de l'existence de nombreuses espèces : tapirs, alligators, chauves-souris, singes, serpents ou encore porcs-épics. On y observe également ce qui semble être des créatures de la mégafaune du Pléistocène telles qu'un paresseux géant, un mastodonte ou encore des ongulés à trompe.

    "Ce sont vraiment des images incroyables produites par le plus ancien peuple à vivre dans l'ouest de l'Amazonie. "Ces peintures donne un aperçu saisissant et fascinant de la vie de ces communautés", a expliqué dans un communiqué le Dr. Mark Robinson, également de l'université d'Exeter et co-auteur du rapport.



    "Il est incroyable pour nous de penser aujourd'hui qu'elles ont vécu parmi, et chassé, de grands herbivores, dont certains faisaient la taille d'une petite voiture", a-t-il poursuivi. En plus des dessins, les fouilles ont mis au jour dans le sol des restes végétaux et animaux témoignant du régime alimentaire des auteurs des oeuvres.

    Les résultats suggèrent qu'il s'agissait de chasseurs-cueilleurs qui pêchaient dans la rivière voisine. Ils se nourrissaient ainsi de plantes, de fruits, de piranhas, d'alligators, de serpents, de grenouilles ainsi que de mammifères de taille moyenne tels que des pacas, des capybaras et des tatous.

    A cette époque, la région ne ressemblait pas à la forêt tropicale étendue qu'elle est aujourd'hui. Le milieu était formé d'une mosaïque de paysages incluant de la savane, des parcelles broussailleuses et des galeries forestières. Des écosystèmes un peu plus adaptés aux grands animaux qui y vivaient et qui apparaissent dans les représentations.

    "Une preuve spectaculaire"

    "Ces peintures rupestres sont une preuve spectaculaire de la façon dont les humains ont reconstruit le milieu, dont ils chassaient, pêchaient et cultivaient", a souligné le Pr. Iriarte. "Il est probable que l'art représentait une partie importante de la culture et une façon pour ces individus de se connecter socialement".

    Au vu de leurs observations, les chercheurs n'excluent pas que ces dessins desservent également une autre fonction, notamment sacrée. "Il est intéressant de voir que nombre de ces grands animaux sont entourés de petits hommes avec leurs bras dressés, presque comme s'ils vénéraient ces animaux", a relevé l'archéologue pour le Guardian.



    Les parois où les oeuvres ont été trouvées sont très éloignées des installations modernes et des sentiers. Les chercheurs, aidés de communautés locales, ont dû marcher pendant plus de quatre heures pour y parvenir. Ce qui n'empêche pas les sites d'être exposés aux éléments qui fragilisent les peintures.

    Certaines fresques identifiées précédemment ont déjà été endommagées ou partiellement effacées. Mais les dernières découvertes se trouveraient dans des abris mieux protégés. Quelques oeuvres sont même apparues tellement en hauteur qu'elles n'ont pu être filmées qu'à l'aide d'un drone.

    Les scientifiques avancent ainsi que bien d'autres peintures pourraient encore se cacher dans la forêt colombienne. Pour le moment, "nous ne faisons que gratter la surface", a assuré le Pr. Iriarte qui prévoit de retourner sur place avec son équipe dès que la situation sanitaire le permettra.

    Par Emeline Férard - Publié le 02/12/2020...geo.fr

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