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A lire sur Orient XXI : une remarquable enquête sur le lobbying israélien en France

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  • A lire sur Orient XXI : une remarquable enquête sur le lobbying israélien en France

    FRANCE-ISRAËL. LOBBY OR NOT LOBBY ? (4)

    Elnet. Découvrez Israël, ses colonies, ses technologies de surveillance...

    Enquête · Réseau européen installé à Paris, Bruxelles, Londres, Berlin, Madrid et Varsovie, Elnet (European Leadership Network) œuvre à renforcer les liens entre la France et Israël en ciblant les leaders, patrons et élus. Structure discrète et bien dotée, son activité consiste à vendre le produit Israël, ses start-up comme ses colonies, sur la scène française, en créant et en entretenant un maillage de décideurs pro-israéliens.

    https://orientxxi.info/local/cache-r...ebp?1611583974

    Israël, juin 2019. L’imam Hassen Chalghoumi pose au côté du président Reuven Rivlin avec la délégation de jeunes musulmans français et belges dont le voyage a été organisé par Elnet France (au 2e rang, 2e à partir de la g., son directeur Arié Bensemhoun)

    Une organisation incarne le lobby pro-israélien dans l’Hexagone, au nom très neutre : Elnet,
    soit European Leadership Network, et affiche ainsi son ambition : « Œuvrer au renforcement des relations bilatérales entre Israël et la France ». Son discret président, Pierre Darras, un lobbyiste installé en Suisse, se trouve au cœur d’une nébuleuse de fondations branchées sur les « jeunes leaders », et le « dialogue stratégique » dont Elnet fait partie. La principale d’entre elles, The House of the rising stars (La Maison des étoiles montantes, on est chez les premiers de cordées), basée à Genève, entretient elle-même de nombreuses accointances, notamment avec l’Institut des hautes études de défense nationale en France. On le sait, les militaires français ont toujours eu un faible pour Israël...

    Avec des bureaux à Paris, Bruxelles, Londres, Berlin, Madrid et Varsovie, Elnet se veut très européenne et dispose également d’une association d’amis, Friends of Elnet, basée pour sa part à New York et à Los Angeles et qui se charge de lever des fonds aux États-Unis. Son gala virtuel organisé le 15 novembre 2020 pour « renforcer les liens euro-israéliens » et collecter de l’argent dans ce but a réuni des philanthropes pro-israéliens autour du président Reuven Rivlin, du ministre des affaires étrangères Gabi Askhenazi et de Yair Lapid, un ex-ministre de « centre gauche » qui se voit en leader de l’opposition. C’est aussi le seul politicien israélien que le président Emmanuel Macron aime fréquenter. Ancien journaliste et auteur de romans policiers, Lapid avait été chaleureusement reçu à l’Élysée par le président en avril 2019, à la veille d’un énième round électoral en Israël.

    Parmi ces leaders que soigne Elnet, Bruno Tertrais, éminent représentant de la recherche privée française. Directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et senior fellow associé à l’Institut Montaigne, spécialiste des questions de défense passé par l’OTAN et la Rand Corporation, Tertrais a été un temps au Parti socialiste et à la fondation Terra Nova, avant de conseiller Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle sur les questions « stratégiques ». Autant dire, pour parler familièrement, qu’il n’est pas un perdreau de l’année. Au cours d’un web-séminaire en juin 2020, Tertrais « rend hommage à Elnet qui m’a permis de connaître toutes les facettes et toutes les réalités de la société israélienne ». Collaborateur de L’Express, intervenant régulier dans d’autres médias écrits ou audiovisuels, il a curieusement besoin d’un lobby qui n’en fait pas mystère pour se faire une idée sur la société israélienne.

    CHANGER LES POSITIONS DE LA FRANCE
    Inconnue du grand public, Elnet se soucie en réalité fort peu des réalités d’une société fracturée où, malgré la crise sanitaire, des milliers de personnes manifestent chaque semaine contre la politique de Nétanyahou le corrompu. L’organisation s’intéresse plutôt à la « relation stratégique », à l’offensive contre l’Iran et à la lutte contre la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS), mais aussi au soutien des colonies. Autant de sujets qui sont au cœur, évidemment, de l’action du premier ministre israélien.

    Selon les mots de son directeur en France Arie Bensemhoun, il n’y a pas d’ambiguïtés sur le rôle de son association, « même si techniquement, Elnet n’est pas un lobby, nous n’avons rien à vendre ». Si ce n’est la politique du gouvernement israélien. Elnet France, explique-t-il, veut « renverser la table sur les positions de la France sur ce qu’on appelle le conflit israélo-palestinien. Nous ne sommes plus en 1967 et même Oslo est très loin désormais. Il faut tenir compte du rapport de force sur le terrain, des évolutions du monde arabe, et du plan Trump aussi, non pas pour l’accepter dans sa totalité, mais parce que c’est un élément nouveau et un point de départ ».

    Arie Bensemhoun veut que la France « change de discours ». Il réclame une nouvelle position « claire et nette qui passe par la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël ». Bensemhoun est clair et net, effectivement. Beaucoup plus que ces dizaines d’experts, intellectuels, élus qu’il convie tous frais payés en Israël et qui ensuite servent à leurs lecteurs, à leurs étudiants et à leurs électeurs, des éléments de langage parfaitement rodés, comme la députée Aurore Bergé et ses compères de l’Assemblée nationale Syvain Maillard et Meyer Habib, et aussi Bruno Tertrais, le sociologue Gérard Rabinovitch et bien d’autres. « En politique étrangère, il n’y a pas d’amitiés, il n’y a que des relations, précise Arie Bensemhoun. La relation politique France-Israël, c’est pas l’amour fou, mais une relation équilibrée, positive, constructive avec beaucoup de coopération : recherche scientifique, innovation, entrepreneuriat, et des relations et des échanges d’information sur les questions stratégiques, militaires et de lutte contre le terrorisme ».

    C’est à tout cela que s’active Elnet France. Comme l’écrit Jean-David Benichou, industriel de la high-tech et membre de son conseil d’administration, il faut « faire disparaître la défiance réciproque pour installer la confiance mutuelle, accompagner les élus de la nation et créer le contexte du dialogue ». « Elnet est une association de droit français, non gouvernementale et non communautaire, enregistrée au registre des associations, nous sommes un think thank et un do thank, précise Arie Bensemhoun. On organise des missions, des délégations, des colloques. On est financés par des dons privés de fondations, d’entreprises, de particuliers. Il n’y a pas d’argent public dans Elnet ».

    Certes en matière de lobbying, la priorité pour Israël, c’est plutôt les États-Unis, son principal fournisseur d’armes, et aussi l’Union européenne (UE) dans une moindre mesure. Car Israël est partie prenante de nombreuses organisations européennes, dont certaines sont connues du grand public, comme l’Eurovision et son célèbre concours de chansons ou l’Euro de football. Mais surtout parce qu’Israël coopère à de nombreux programmes européens qui profitentd à ses entreprises, comme ce vaste projet de sécurisation des gazoducs européens auquel participe Elbit Systems, un des trois premiers groupes israéliens de défense. Les enjeux de sécurité sont tels pour Israël que les coopérations avec les Européens sont essentielles et qu’Israël a en réalité un statut de quasi-membre de l’UE dont ne bénéficie aucun autre partenaire. D’ailleurs le bureau d’Elnet à Bruxelles couvre aussi l’OTAN et fait, selon un observateur « un travail classique de lobbying en faveur de son pays. J’ai d’ailleurs cru au départ qu’il s’agissait d’une agence gouvernementale israélienne ».

    (L'article est long, à suivre sur ce lien ci-dessous)

    https://orientxxi.info/magazine/elne...veillance,4453

    CAPJPO Euro Palestine 27 janvier 2021
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