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Algérie/France : Le rapport Stora, une mémoire hémiplégique

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  • Algérie/France : Le rapport Stora, une mémoire hémiplégique

    par Jean-Philippe Ould Aoudia


    Ce document de 157 pages fera date dans l’historiographie de la guerre d’Algérie. En effet, de la même manière que Bach et Mozart écrivaient des partitions à la demande des princes qui leur permettaient de pratiquer leur art, Benjamin Stora rédige, à la demande du Président de la République française, un document pour lui permettre de « s’inscrire dans une volonté nouvelle de réconciliation des peuples français et algériens (sic) ».
    C’est donc sous le prisme de la réconciliation (répétée 2 fois dans la lettre de mission du Président, 6 fois p. 39 et 1 fois p. 92) que sont traitées « Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie », titre du document.

    LE rapport commence par la citation d’une phrase de Camus et une autre extraite du Journal de Feraoun ce qui ne pouvait que me satisfaire. L’ensemble du document est très intéressant, très documenté, très précis, rédigé par un historien universitaire de talent, rompu aux relations entre mémoire et histoire, ici entre mémoires et histoires de la guerre d’Algérie « entraînant une compétition victimaire où chacun se pose en victime supérieure à l’autre dans l’abandon (p. 92) ».

    La compétence et la maîtrise du sujet par l’auteur autorisent à dire que ses oublis, ses périphrases, ses non-dits n’en sont pas vraiment. C’est bien une écriture partisane de l’histoire qui nous est donc proposée dans le but – certes tout à fait louable – d’une réconciliation entre les peuples algérien et français.

    À la condition qu’elle ne se fasse pas au détriment de qui que ce soit !

    Benjamin Stora parle en p. 17 d’André Rossfelder, qui « raconte son engagement pour le maintien de l’Algérie dans la France ». Ce que ne précise pas BS, c’est que l’engagement de Rossfelder s’est fait dans l’OAS. Condamné à mort par contumace pour sa participation à la tentative d’assassinat du président de la République, Charles de Gaulle, au mont Faron, à Toulon, le 15 août 1964.

    C’est le terroriste Rossfelder qui a transmis à un ami une liste de condamnés à mort par l’OAS, avec la mention « fait », ou bien « loupé » ou bien « en cours de préparation » en face des noms (voir Annexes p. 130 de La Bataille de Marignane).


    Stora rend un nouvel hommage, en page 39, au « beau livre d’André Rossfelder, ami d’A. Camus ». Bien des auteurs, cités par BS, auraient été heureux de voir qualifier de beaux leurs ouvrages.

    Quand on lit les précisions de toute nature que sait apporter BS tout au long de son rapport, et qui font d’ailleurs son intérêt, on reste admiratif devant la dualité du rédacteur, surtout lorsqu’il déplore plus loin l’« effacement de faits pouvant ouvrir à un négationnisme généralisé ».

    En page 32, dans la note de bas de page no 25 :

    Ce « monde du contact » a été brisé par les exactions commises, notamment à la fin de la guerre d’Algérie, par certains commandos extrémistes de l’OAS, comme l’assassinat le 15 mars 1962, de l’enseignant Mouloud Feraoun et ses compagnons des centres sociaux fondés par Germaine Tillion. [1] Et aussi, les initiatives de Jean-François Gavoury, dans l’Express, « Le dernier combat de l’OAS », le 7 novembre 2005 à propos d’une stèle érigée à Marignane en faveur de l’OAS.

    Relisons :
    Par certains commandos extrémistes de l’OAS. Selon Stora, il y aurait, parmi les groupes terroristes de cette organisation criminelle, des commandos extrémistes et d’autres qui le seraient moins. Voire modérés. Ou pas extrémistes du tout, comme Rossfelder qui, sereinement, raconte dans un beau livre son engagement pour le maintien de l’Algérie dans la France .

    Feraoun et ses cinq collègues auraient eu, selon BS, la malchance de tomber sous les balles d’un commando extrémiste de l’OAS.

    BS parle à plusieurs reprises du 17 octobre 1961, date du massacre d’Algériens par la police parisienne placée sous les ordres du préfet de police Maurice Papon. Il précise que le maire de Paris, Bertrand Delanoë, s’est rendu plusieurs fois à la commémoration. C’est bien de le dire.

    Par contre, on ne lit rien sur la répression sanglante de la manifestation organisée pour dénoncer les crimes de l’OAS, au métro Charonne, le 8 février 1962, par la même police parisienne placée sous les ordres du même Papon. La grande manifestation de centaines de milliers de Français contre l’OAS ne mérite pas de figurer dans la chronologie de la guerre d’Algérie écrite par l’historien de Cour.

    Pas un mot non plus sur l’inauguration, par le même Bertrand Delanoë, de la stèle érigée au Père-Lachaise à la mémoire des victimes françaises et algériennes de l’OAS.

    Silence de l’historien sur les hommages annuels rendus chaque 19 mars et chaque 6 octobre aux 2.700 victimes civiles et militaires, algériennes et françaises, de l’OAS.

    Voilà un exemple de l’écriture hémiplégique de l’histoire justement dénoncée par BS.

    À plusieurs reprises, BS cite les nombreux groupes de personnes traumatisées par la guerre, en particulier en page 7, dans la note de bas de page où il liste 8 groupes parmi lesquels ne figurent pas les descendants de victimes de l’OAS, lesquels, pour BS, ne sont pas des personnes traumatisées.

    Reconnaissons tout de même à l’historien le mérite de parler « de quasi-guerre civile entre 1960 et 1962, avec les attentats de l’OAS » et de citer « la monographie importante sur l’OAS » écrite par Alain Ruscio (p. 21).

    En annexe, BS cite les noms des nombreuses personnes avec lesquelles il s’est entretenu avant de rédiger LE rapport. Dix d’entre elles font partie de nos amis et de nos soutiens.
    L’association Marchand-Feraoun n’a jamais été sollicitée, elle qui honore six fonctionnaires de l’Éducation nationale « victimes de leur engagement pour les valeurs de la République et pour l’indépendance de l’Algérie dans une relation fraternelle avec la France ».

    Or c’est ce que dit aussi la première phrase de la lettre de mission du Président de la République : « une volonté nouvelle de réconciliation des peuples français et algériens » (sic). Notre association est en harmonie avec l’objectif du Président de la République.

    Mais alors, Monsieur Stora, pourquoi ne pas l’avoir consultée ?

    Parmi les 25 propositions formulées dans LE rapport en vue de réconcilier les peuples algérien et français, la plus subtile – sinon diabolique – est celle portant le n° 2 :

    Un geste pourrait être l’inclusion dans le décret 2003-925 du 26 septembre 2003 instituant une journée nationale d’hommage aux morts pour la France pendant la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie d’un paragraphe dédié au souvenir et à l’œuvre des femmes et des hommes qui ont vécu dans des territoires autrefois français et qui ont cru devoir les quitter à la suite de leur accession à la souveraineté.

    Non, Monsieur Stora !
    Ce n’est pas l’indépendance de l’Algérie qui a provoqué l’exode des pieds noirs. Serait-ce là de votre part une remise en cause du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ?

    Ce sont, et vous le savez, toutes les horreurs commises par l’OAS qui ont incité les pieds-noirs,-et parmi eux tous les membres de ma famille maternelle- à fuir l’Algérie de peur des représailles à la suite, entre autres atrocités dont l’OAS s’est rendue coupable envers les Algériens : les tirs de mortier sur la Casbah surpeuplée, la pose de bombe devant le centre d’embauche des dockers, les malades tués à bout portant sur leurs lits, les « ratonnades », les femmes de ménage poignardées, etc.

    Au bout du compte : 2700 victimes surtout algériennes mais aussi françaises.
    Et vous le savez très bien, vous, historien spécialiste de la guerre d’Algérie.

    Mais alors, pourquoi ne pas l’écrire au Président de la République ?
    Pourquoi cette négation de l’OAS dans l’histoire de la guerre d’Algérie ?
    Pourquoi, après réflexion, induire délibérément en erreur le Président de la République en pratiquant l’effacement de faits pouvant ouvrir à un négationnisme généralisé comme vous l’écrivez ?

    Non Monsieur Stora !
    Nous n’acceptons pas que la réconciliation entre Français et Algériens se fasse au détriment de la mémoire des victimes de l’OAS et de la négation de la souffrance de leurs familles.

    Nous formulons cette proposition en complément de la vôtre :
    Un geste pourrait être l’inclusion dans le décret 2003-925 du 26 septembre 2003 instituant une journée nationale d’hommage aux morts pour la France pendant la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, d’un paragraphe dédié au souvenir et à l’œuvre des femmes et des hommes victimes de leur engagement pour les valeurs de la République et pour l’indépendance de l’Algérie dans une relation fraternelle avec la France.
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

  • #2
    Pour ceux qui ne le saurait pas, Jean Philippe Aoudia est le fils d'Amokrane Aoudia, avocat assassiné à Paris par la Main rouge qui était en réalité le SDECE, services de renseignements français complices de l'OAS.

    André Rossfelder est né à Oran, il fut prix Goncourt lui aussi ...
    Dernière modification par zwina, 29 janvier 2021, 07h30.
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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    • #3
      Pour ceux qui ne le saurait pas, Jean Philippe Aoudia est le fils d'Amokrane Aoudia, avocat assassiné à Paris par la Main rouge qui était en réalité le SDECE, services de renseignements français complices de l'OAS.

      André Rossfelder est né à Oran, il fut prix Goncourt lui aussi ...
      Et de plus il faut aussi noter que Benjamin Stora n'est pas l'historien officiellement neutre qu'on nous présente : c'est un agent des services secrets français, il boss en sous main avec nos mafieux au pouvoir à la falsification de l'histoire algérienne.

      Le pouvoir corrompu algérien aime peut être Stora car cet historien lui a été imposé comme médiateur par la France, mais le peuple algérien quant à lui devrait refuser qu'on lui impose des médiateurs pour parler de son histoire à sa place.

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      • #4
        Le pouvoir corrompu algérien aime peut être Stora car cet historien lui a été imposé comme médiateur par la France,
        Avec les anciens de l'OAS, le pouvoir algérien est en grand danger, leurs méthodes sont connues de tous et leur haine du FLN aussi. En tout cas ça explique bien toutes les insultes envers le FLN que l'on voit fleurir depuis quelques temps. Leurs actions psychologiques sont toujours aussi performantes qu'auparavant. S'ils ont réussi à réhabiliter l'un des complices des tentatives d'assassinat contre De Gaulle cela signifie qu'ils sont au cœur du pouvoir français. Ca explique sans doute pourquoi Tebboune a préféré l'Allemagne pour se soigner ....
        Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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        • #5
          Et de plus il faut aussi noter que Benjamin Stora n'est pas l'historien officiellement neutre qu'on nous présente : c'est un agent des services secrets français, il boss en sous main avec nos mafieux au pouvoir à la falsification de l'histoire algérienne.

          Le pouvoir corrompu algérien aime peut être Stora car cet historien lui a été imposé comme médiateur par la France, mais le peuple algérien quant à lui devrait refuser qu'on lui impose des médiateurs pour parler de son histoire à sa place.
          Benjamin Stora est un universitaire respecté et respectable, ceci étant, le rapport qu'il a rendu lui a été commandé par la présidence française ,il n'est redevable ni envers le pouvoir algérien ni envers le peuple .

          Le peuple algérien connait son histoire pour l'avoir vécu dans sa chair, ce n'est pas un rapport qui y changera quoi que ce soit, le plus important, ce n'est pas tant les excuses de la France qui n'ajouteront ni ne diminueront quoi que ce soit à la situation, le plus important aurait été que l'Algérie indépendance relève la tête et qu'elle fasse bonne figure devant le monde comme l'ont fait les allemands et les japonais .
          ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
          On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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          • #6
            Avec les anciens de l'OAS, le pouvoir algérien est en grand danger, leurs méthodes sont connues de tous et leur haine du FLN aussi. En tout cas ça explique bien toutes les insultes envers le FLN que l'on voit fleurir depuis quelques temps. Leurs actions psychologiques sont toujours aussi performantes qu'auparavant. S'ils ont réussi à réhabiliter l'un des complices des tentatives d'assassinat contre De Gaulle cela signifie qu'ils sont au cœur du pouvoir français. Ca explique sans doute pourquoi Tebboune a préféré l'Allemagne pour se soigner ....
            Tout à fait, et j'ajouterai même que ces ex ultras de l'OAS se sont reconvertis dans les réseaux sionnards, je posterai un article à ce sujet très bientôt. Ils ont encore pas mal de poids en France et ce sont qui mènent une véritable campagne de dénigrement contre le FLN. Macron à été tellement affaibli par les gilets jaunes qu'il a été obligé de composer avec ces nazis (très présents dans la police) car il ne tient plus le pays que par la force, et les forces de polices françaises comme le réseau du crime ont êtés très marquée par des éléments de l'OAS.
            Dernière modification par Hallaj, 29 janvier 2021, 14h53.

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            • #7
              Xénon,

              Il est respectable à tes yeux, mais pas aux yeux de tous les algériens, car certains algériens sont plus sensibles que d'autres au respect de la mémoire algérienne.

              Que Stora soit un fonctionnaire qui bosse pour son pays (quoique ca reste à prouver car il a des relations avec le réseau sioniste), ce n'est pas un problème en soi, mais ce qui est dérangeant chez lui c'est sa prétendue neutralité alors qu'il fait tout pour confisquer la parole des algériens.

              Les algériens devraient le révoquer et oublier toute cette histoire de crimes coloniaux et de repentance, car ils ont gagner la guerre militairement sur le terrain, et ces bavardages avec Stora sont inutile pour notre mémoire.

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              • #8
                Envoyé par Hallaj
                car ils ont gagner la guerre militairement sur le terrain,
                Un beau fantasme...
                C'était une victoire politique d'un mouvement armé, mais en aucun cas une victoire militaire.
                Sur le terrain, à partir de la fin 1959, le FLN était balayé à l'intérieur des frontières.
                A l'extérieur, l'ALN de Tunisie et du Maroc ne jouaient pratiquement aucun rôle car ils étaient encagés par les barrages.
                Rien à voir par exemple avec le Viet-Minh qui lui a vraiment gagné militairement sur le terrain qui tenait de vastes territoires pendant toute la durée du conflit et qui y faisait fonctionner son administration et même à certains endroit circuler des trains.

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                • #9
                  Un beau fantasme...
                  C'était une victoire politique d'un mouvement armé, mais en aucun cas une victoire militaire.
                  Sur le terrain, à partir de la fin 1959, le FLN était balayé à l'intérieur des frontières.
                  A l'extérieur, l'ALN de Tunisie et du Maroc ne jouaient pratiquement aucun rôle car ils étaient encagés par les barrages.
                  Rien à voir par exemple avec le Viet-Minh qui lui a vraiment gagné militairement sur le terrain qui tenait de vastes territoires pendant toute la durée du conflit et qui y faisait fonctionner son administration et même à certains endroit circuler des trains.
                  Bien évidemment quand on est en déphasage de la réalité, il vous reste les fantasmes, avec l'espoir d'en faire une vérité...

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                  • #10
                    Il est respectable à tes yeux, mais pas aux yeux de tous les algériens, car certains algériens sont plus sensibles que d'autres au respect de la mémoire algérienne.
                    Encore faut-il faire dans le respect non sélectif de cette mémoire algérienne.Et ne pas occulter les crimes, oh! combien nombreux commis par les propres frères algériens .

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                    • #11
                      Azul Infinite

                      Et ne pas occulter les crimes, oh! combien nombreux commis par les propres frères algériens .
                      Il ne faut pas mélanger les deux, chaque chose en son temps. En commençant par les crimes de la colonisation, la suite se fera. Mais on ne peut occulter les uns sous prétexte que des "frères" algériens auraient aussi commis des crimes. Sinon tu dédouanes ceux qui ont appris aux suivants de quelles manières il fallait utiliser la religion pour créer la terreur ...
                      Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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                      • #12
                        Il ne faut pas mélanger les deux, chaque chose en son temps. En commençant par les crimes de la colonisation, la suite se fera. Mais on ne peut occulter les uns sous prétexte que des "frères" algériens auraient aussi commis des crimes. Sinon tu dédouanes ceux qui ont appris aux suivants de quelles manières il fallait utiliser la religion pour créer la terreur ...
                        Les crimes sont abjects sous tous les azimuts... En plus d'une juste réparation, ce serait un coefficient bénéfique à la crédibilité d'une Algérie qui balaye aussi devant sa porte ...

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                        • #13
                          Infinite

                          Tu ne peux balayer devant ta porte tant que tu vois que d'autres continuent à bénéficier de l'impunité, les uns tiennent les autres ...
                          Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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                          • #14
                            Il ne faut pas mélanger les deux, chaque chose en son temps. En commençant par les crimes de la colonisation, la suite se fera.
                            Commençons par le début, avec les crimes de la colonisation arabo-musulmane en Europe et l'esclavagisme, la suite se fera... :smily50:

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                            • #15
                              Alibigoud.
                              Remontons un peu plus, disons quand les Vandales faisaient leurs razzias dans les côtes nord-africains et après eux les romains.
                              Si on commençait par là.!!

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