Les relations de la régence ottomane se bornaient à la France, qui, par suite de l’alliance contractée entre ses rois et les sultans de t’empire ottoman, se trouvait à Alger l’objet spécial du patronage de ces derniers. L’Espagne, au contraire, toujours maîtresse d’Oran et de Mers El-Kébir, était en butte à la haine des Algériens, et c’était habituellement contre elle que l’odjak dirigeait ses corsaires. Quant à l’Angleterre, cette puissance ne commença à entrer en relations avec la régence qu’en 1581. Mais, tout en constatant la préférence et les ménagements dont la France jouissait à Alger, nous devons reconnaître que la régence faillit bien souvent aux obligations que lui imposaient la volonté du grand seigneur et l’amitié dont elle se disait pénétrée envers nous. Les actes de barbarie que commirent ses corsaires sur les équipages de nos bâtiments de commerce, les avanies qu’ils tirent subir à ceux de nos marchands qui trafiquaient dans leurs ports, furent nombreux, et auraient mérité d’être réprimés sévèrement, si la France se fût trouvée à cette époque en mesure de le faire.
Entre tous nos ports de la Méditerranée, Marseille se distinguait par l’activité de ses relations avec les états barbaresques, et notamment avec Alger. En 1561, deux armateurs de cette ville, Linche et Didier, établirent un comptoir à La Calle. C’est là l’origine de la fondation des établissements français dans le nord de l’Afrique (Voici, d’après M. le baron Baude, quelle a été l’origine des établissements français sur les côtes de l’Algérie. « En 1520 des négociants provençaux traitèrent avec les tribus de la Mazoule, pour faire exclusivement la pèche du corail, depuis Tabarque jusqu’à Bône. Sous le règne de Chartes IX, Selim II fit concession à la France du commerce des places, ports et havres de Malfacarel, de la Calle, de Collo, du cap Rose et de Bône. En 1560, le Bastion de France fut achevé ; en 1604, les liens d’amitié qui existaient entre Henri IV et les sultans de Constantinople amenèrent la confirmation de toutes les concessions déjà faites. Tombées sous les Guise dans le dernier état de désordre et de faiblesse, ces concessions se relevèrent sous la voix puissante de Richelieu et en 1624, trois mois après que le roi eut changé son consul, Amurath IV cédait à la France en toute propriété les places dites le Bastion de France, la Calle, le cap Rose, Bône et le cap Nègre. »). Le comptoir de la Calle prospéra, et à quelques années de là les Marseillais négocièrent pour avoir un consul à Alger. Une tentative de cette nature avait déjà été faite en 156t4, sous le règne de Charles IX, par l’entremise de M. Pétremol de Norvoie, agent du roi de France à Constantinople. Ce prince avait nommé Bertholle, de Marseille, aux fonctions de consul à Alger; Bertholle prêta serment entre les mains du comte de Tende, gouverneur de Provence, mais il ne fut jamais admis dans sa résidence. En 1579, sous le règne de Henri III, les Marseillais n’avaient pu encore obtenir cette faveur, ainsi que le démontre la lettre suivante, écrite par Hassan Pacha dit le Vénitien, document dont nous avons été assez heureux pour nous procurer l’original.
« Magnifiques Seigneurs,
Il est venu ici un nommé François Giugigotto, porteur d’une expédition de consul en faveur du capitaine Maurice Sauron, dont il serait le substitut. Mais nous, qui voulons rester d’accord avec les anciennes confédérations, et avec l’affection que nous portons à la majesté de Henri, notre cher ami et votre roi, nous ne trouvons aucun moyen pour le mettre en place, la chose répugnant à l’esprit des marchands, du peuple et de tous. Ils ne veulent point admettre la nouvelle autorité que vous leur imposeriez, et qui ferait du tort à l’échelle d’Alger. Si elle venait à s’y établir de force, nous serions bien surpris que vous l’ayez permis, vos prédécesseurs n’ayant jamais eu la hardiesse de le faire, et la chose étant à votre préjudice et notre grand dommage. Lorsque vous nous demanderez des choses qui seront dans nos habitudes et conformes à nos devoirs, nous ne manquerons pas de vous montrer la bonne volonté que nous avons de vous faire plaisir. Que Dieu vous accorde tout contentement.
Votre bon ami,
HASSAN, Pacha d’Alger.
Alger, 28 avril 1579
Entre tous nos ports de la Méditerranée, Marseille se distinguait par l’activité de ses relations avec les états barbaresques, et notamment avec Alger. En 1561, deux armateurs de cette ville, Linche et Didier, établirent un comptoir à La Calle. C’est là l’origine de la fondation des établissements français dans le nord de l’Afrique (Voici, d’après M. le baron Baude, quelle a été l’origine des établissements français sur les côtes de l’Algérie. « En 1520 des négociants provençaux traitèrent avec les tribus de la Mazoule, pour faire exclusivement la pèche du corail, depuis Tabarque jusqu’à Bône. Sous le règne de Chartes IX, Selim II fit concession à la France du commerce des places, ports et havres de Malfacarel, de la Calle, de Collo, du cap Rose et de Bône. En 1560, le Bastion de France fut achevé ; en 1604, les liens d’amitié qui existaient entre Henri IV et les sultans de Constantinople amenèrent la confirmation de toutes les concessions déjà faites. Tombées sous les Guise dans le dernier état de désordre et de faiblesse, ces concessions se relevèrent sous la voix puissante de Richelieu et en 1624, trois mois après que le roi eut changé son consul, Amurath IV cédait à la France en toute propriété les places dites le Bastion de France, la Calle, le cap Rose, Bône et le cap Nègre. »). Le comptoir de la Calle prospéra, et à quelques années de là les Marseillais négocièrent pour avoir un consul à Alger. Une tentative de cette nature avait déjà été faite en 156t4, sous le règne de Charles IX, par l’entremise de M. Pétremol de Norvoie, agent du roi de France à Constantinople. Ce prince avait nommé Bertholle, de Marseille, aux fonctions de consul à Alger; Bertholle prêta serment entre les mains du comte de Tende, gouverneur de Provence, mais il ne fut jamais admis dans sa résidence. En 1579, sous le règne de Henri III, les Marseillais n’avaient pu encore obtenir cette faveur, ainsi que le démontre la lettre suivante, écrite par Hassan Pacha dit le Vénitien, document dont nous avons été assez heureux pour nous procurer l’original.
« Magnifiques Seigneurs,
Il est venu ici un nommé François Giugigotto, porteur d’une expédition de consul en faveur du capitaine Maurice Sauron, dont il serait le substitut. Mais nous, qui voulons rester d’accord avec les anciennes confédérations, et avec l’affection que nous portons à la majesté de Henri, notre cher ami et votre roi, nous ne trouvons aucun moyen pour le mettre en place, la chose répugnant à l’esprit des marchands, du peuple et de tous. Ils ne veulent point admettre la nouvelle autorité que vous leur imposeriez, et qui ferait du tort à l’échelle d’Alger. Si elle venait à s’y établir de force, nous serions bien surpris que vous l’ayez permis, vos prédécesseurs n’ayant jamais eu la hardiesse de le faire, et la chose étant à votre préjudice et notre grand dommage. Lorsque vous nous demanderez des choses qui seront dans nos habitudes et conformes à nos devoirs, nous ne manquerons pas de vous montrer la bonne volonté que nous avons de vous faire plaisir. Que Dieu vous accorde tout contentement.
Votre bon ami,
HASSAN, Pacha d’Alger.
Alger, 28 avril 1579
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