Par Mohamed El Kebir - 01 février 2021 / 12 :01
Le débat sur les énergies renouvelables et la transition énergétique a occupé ces derniers jours la scène nationale notamment depuis la publication du rapport CEREFE véritable état de lieu de la situation des EnR en Algérie et qui dresse un constat sincère et très amer en matière de politique de pilotage de ce dossier et de réalisations concrètes. En sommes on est loin des objectifs fixés et l’Algérie enregistre malheureusement beaucoup de retard malgré les atouts dont le pays dispose
Algérie Eco souhaite initier un débat franc et transparent sur les entraves, les difficultés et surtout les propositions opérationnelles qui permettent à notre pays de disposer d’une véritable filière industrielle dans le renouvelable à même de réussir la transition énergétique condition sine qua non d’une sécurité énergétique indispensable au même titre que la sécurité alimentaire.
Nous allons donc entamer une série de rencontres avec des acteurs de la filière EnR pour aborder toutes les questions autour de ce secteur dont le développement est considéré comme une priorité absolu dans le programme du président.
Nous publions aujourd’hui un entretien avec Dr Mouloud Bakli expert algérien reconnu et dont les contributions sont très appréciées aussi au niveau local qu’à l’international.
Dr Mouloud Bakli est un vétéran de 13 ans dans la Silicon Valley, où il a travaillé dans les semi-conducteurs puis est devenu directeur Monde (pendant 10 ans) du Solaire chez Air Liquide. Président du Club Energia, il est également conseiller de plusieurs pays dans leur développement et stratégie.
Algérie Eco : Selon vous, pour qu’elles raisons notre pays est en retard dans la transition énergétique alors que nous assistons depuis plus de 8 ans à un ballet d’annonces sans lendemain ?
Mouloud Bakli : Sans détour, nous sommes très en retard. Nous avons transformé la stratégie des EnR en tragédie des EnR ce retard se chiffre en centaines de millions de dollars de pertes annuelle. Nous avons installé entre 2014 et 2020 moins que ce que l’Allemagne a installé rien que sur le mois de Mars 2020 en plein crise de la Covid-19.
Nous avons fait les calculs au standards financier internationaux liés aux EnR, qui montrent que chaque jour du retard. L’Algérie perd plus d’un demi-million de USD par tranche de 1GW de PV et plus encore pour l’Eolien alors que les EnR sont la seule et véritable alternative aux sources de revenus Oil&Gas du pays. L’Algérie mérite beaucoup mieux.
Il est important de recenser les raisons qui ont fait que nous sommes en retard, en voici, à mon avis, quelques-unes:
Pas le bon ADN : Dans le secteur énergie, l’ADN Oil&Gas est dominant ce qui ne laisse pas, ou peu de place aux autres types d’énergies. Nous avons constaté sur le terrain que l’énergie non fossile est perçue par cette communauté comme un rival à ce qu’ils ont développé pendant des décennies et non pas comme un projet à réussir à tout prix. Il est à noter que les leaders de la zone MENA / Afrique qui réussissent les EnR ont misé sur une gouvernance sans historique Oil&Gas ni technologique mais plutôt misant sur des experts seniors dans l’ingénierie financière. Ainsi donc la Sonatrach (ou pourquoi pas sa filiale AEC) ou Sonelgaz peuvent lancer une agence des EnR mais en choisissant les profils appropriés.
Les recommandations des forces vives algériennes du secteur ignorées : Beaucoup de propositions et de recommandations pour une stratégie EnR qui permettent à notre pays d’amorcer une vraie transition énergétique ont été ignorées. Je cite celles formulées aussi bien par le club ENERGIA ou celles du Cluster énergie solaire.
Gouvernance : Nous n’avons pas mis en place un pôle ou une agence dédiée indépendante avec un pouvoir de décision et d’action et dotée d’experts pointus dans la structuration financière des projets ( project financing) tel que nous l’avions préconisé. Miser sur le tout technologique dans les EnR c’est faire preuve d’amateurisme.
Les EnR ont besoin d’un pôle fort en structuration financière : La technologie est un outil mais de loin pas le maillon critique des EnR.
Force est de constater qu’une industrie locale algérienne des EnR de grande qualité totalement ignorée : Les gouvernements qui se sont succédés ont dressé des mirages aux investisseurs – ceux qui ont survécus ont aujourd’hui une vraie force industrielle dans les EnR pour l’Algérie. Les autorités les ignorent et ne tiennent pas compte de leurs requêtes au lieu de promouvoir cette industrie naissante à l’instar des pays maghrébins, de l’Inde ou de la Turquie…
(Partie1)
Le débat sur les énergies renouvelables et la transition énergétique a occupé ces derniers jours la scène nationale notamment depuis la publication du rapport CEREFE véritable état de lieu de la situation des EnR en Algérie et qui dresse un constat sincère et très amer en matière de politique de pilotage de ce dossier et de réalisations concrètes. En sommes on est loin des objectifs fixés et l’Algérie enregistre malheureusement beaucoup de retard malgré les atouts dont le pays dispose
Algérie Eco souhaite initier un débat franc et transparent sur les entraves, les difficultés et surtout les propositions opérationnelles qui permettent à notre pays de disposer d’une véritable filière industrielle dans le renouvelable à même de réussir la transition énergétique condition sine qua non d’une sécurité énergétique indispensable au même titre que la sécurité alimentaire.
Nous allons donc entamer une série de rencontres avec des acteurs de la filière EnR pour aborder toutes les questions autour de ce secteur dont le développement est considéré comme une priorité absolu dans le programme du président.
Nous publions aujourd’hui un entretien avec Dr Mouloud Bakli expert algérien reconnu et dont les contributions sont très appréciées aussi au niveau local qu’à l’international.
Dr Mouloud Bakli est un vétéran de 13 ans dans la Silicon Valley, où il a travaillé dans les semi-conducteurs puis est devenu directeur Monde (pendant 10 ans) du Solaire chez Air Liquide. Président du Club Energia, il est également conseiller de plusieurs pays dans leur développement et stratégie.
Algérie Eco : Selon vous, pour qu’elles raisons notre pays est en retard dans la transition énergétique alors que nous assistons depuis plus de 8 ans à un ballet d’annonces sans lendemain ?
Mouloud Bakli : Sans détour, nous sommes très en retard. Nous avons transformé la stratégie des EnR en tragédie des EnR ce retard se chiffre en centaines de millions de dollars de pertes annuelle. Nous avons installé entre 2014 et 2020 moins que ce que l’Allemagne a installé rien que sur le mois de Mars 2020 en plein crise de la Covid-19.
Nous avons fait les calculs au standards financier internationaux liés aux EnR, qui montrent que chaque jour du retard. L’Algérie perd plus d’un demi-million de USD par tranche de 1GW de PV et plus encore pour l’Eolien alors que les EnR sont la seule et véritable alternative aux sources de revenus Oil&Gas du pays. L’Algérie mérite beaucoup mieux.
Il est important de recenser les raisons qui ont fait que nous sommes en retard, en voici, à mon avis, quelques-unes:
Pas le bon ADN : Dans le secteur énergie, l’ADN Oil&Gas est dominant ce qui ne laisse pas, ou peu de place aux autres types d’énergies. Nous avons constaté sur le terrain que l’énergie non fossile est perçue par cette communauté comme un rival à ce qu’ils ont développé pendant des décennies et non pas comme un projet à réussir à tout prix. Il est à noter que les leaders de la zone MENA / Afrique qui réussissent les EnR ont misé sur une gouvernance sans historique Oil&Gas ni technologique mais plutôt misant sur des experts seniors dans l’ingénierie financière. Ainsi donc la Sonatrach (ou pourquoi pas sa filiale AEC) ou Sonelgaz peuvent lancer une agence des EnR mais en choisissant les profils appropriés.
Les recommandations des forces vives algériennes du secteur ignorées : Beaucoup de propositions et de recommandations pour une stratégie EnR qui permettent à notre pays d’amorcer une vraie transition énergétique ont été ignorées. Je cite celles formulées aussi bien par le club ENERGIA ou celles du Cluster énergie solaire.
Gouvernance : Nous n’avons pas mis en place un pôle ou une agence dédiée indépendante avec un pouvoir de décision et d’action et dotée d’experts pointus dans la structuration financière des projets ( project financing) tel que nous l’avions préconisé. Miser sur le tout technologique dans les EnR c’est faire preuve d’amateurisme.
Les EnR ont besoin d’un pôle fort en structuration financière : La technologie est un outil mais de loin pas le maillon critique des EnR.
Force est de constater qu’une industrie locale algérienne des EnR de grande qualité totalement ignorée : Les gouvernements qui se sont succédés ont dressé des mirages aux investisseurs – ceux qui ont survécus ont aujourd’hui une vraie force industrielle dans les EnR pour l’Algérie. Les autorités les ignorent et ne tiennent pas compte de leurs requêtes au lieu de promouvoir cette industrie naissante à l’instar des pays maghrébins, de l’Inde ou de la Turquie…
(Partie1)
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