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Le plan hydrogène français prépare discrètement la relance du nucléaire

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  • Le plan hydrogène français prépare discrètement la relance du nucléaire

    2 février 2021 / Celia Izoard (Reporterre)

    Produire toujours plus d’hydrogène « vert », comme le prévoient le « plan » français et la « stratégie » européenne, va nécessiter de grandes quantités d’électricité non fossile. L’industrie nucléaire est sur les rails.

    Le plan hydrogène de 7 milliards d’euros lancé par le gouvernement réintroduit le nucléaire par une sorte de fait accompli. Car, pour remplacer l’hydrogène d’origine fossile consommé par l’industrie lourde par de l’hydrogène produit par électrolyse, il faut des quantités massives d’électricité. En y ajoutant un parc de poids lourds, d’utilitaires, de bateaux, d’avions et de trains roulant à l’hydrogène, qui s’ajoute lui-même à l’électrification du parc automobile, alors la demande en électricité promet d’être faramineuse. « On va devoir doubler ou tripler la production d’hydrogène. Cela se traduit en terme d’électricité par un surcroit de capacité électrique mondiale que j’estime entre 20 et 30 % supplémentaires de ce qu’il faudra installer en capacités renouvelables, ce qui est considérable, dit à Reporterre Paul Lucchese, corédacteur de l’enthousiaste rapport de l’Agence internationale pour l’énergie sur l’hydrogène [1] et expert auprès du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). On ne s’est pas posé la question de savoir comment on va fournir cette électricité, ce qui est un problème. »

    Certains, en tout cas, se sont posé la question, et y ont répondu. Le groupe nucléaire Areva figure en bonne place parmi les membres de l’association France Hydrogène [2], aux côtés de Total et d’Air Liquide. Et il paraît difficile de croire que le CEA ne s’est pas posé cette question : voilà plus de vingt ans que ses chercheurs travaillent au développement d’une pile à combustible permettant de transformer l’hydrogène en électricité. Le CEA s’est lancé depuis un an dans la conception de petits réacteurs nucléaires modulaires de 150 MW, expressément conçus pour la production d’hydrogène par électrolyse [3]. Il a aussi développé un électrolyseur réversible à haute température [4] : cette machine présente la particularité d’être alimentée à la fois par de la vapeur d’eau et de l’électricité. « La réaction se produit à 700-800 °C, mais une fois qu’elle est lancée, on peut l’alimenter avec de la vapeur d’eau à 150 °C », explique à Reporterre Hélène Burlet, directrice adjointe des programmes énergie du CEA. « De la vapeur d’eau à 150 °C, il en sort des réacteurs nucléaires à eau pressurisée. »

    E. Macron : « Aucun pays européen ne peut produire de l’hydrogène avec un mix électrique décarboné comme nous pouvons le faire grâce au nucléaire »

    Emmanuel Macron a officialisé la chose lors de son déplacement au Creusot début décembre : la stratégie française de l’hydrogène reposera sur l’électricité nucléaire. « La filière nucléaire est essentielle au développement de l’ambition en matière d’hydrogène, a-t-il déclaré. Aucun pays européen ne peut produire de l’hydrogène avec un mix électrique décarboné comme nous pouvons le faire grâce au nucléaire. » En 2017, le président s’était engagé à faire baisser la part du nucléaire dans le mix électrique à 50 % d’ici 2025. Trois ans plus tard, l’objectif est enterré et la perspective inversée : le gouvernement fait du nucléaire un atout pour le climat en lui consacrant 470 millions d’euros prélevés sur les trente milliards consacrés à la « transition écologique ».

    Il y a quand même un problème : d’ici 2028, quarante-six réacteurs sur cinquante-six vont atteindre leur durée de fonctionnement maximale de quarante ans. « Certains composants essentiels s’abîment et ne sont pas remplaçables, alertait Greenpeace début 2020 [5]. C’est notamment le cas de la cuve du réacteur, là où se trouve le combustible, qui se fragilise à force d’être irradiée. La rupture sur un réacteur en fonctionnement entraînerait une catastrophe nucléaire de la taille de celle des accidents de Tchernobyl ou de Fukushima. » Au CEA, Hélène Burlet reconnaît le problème : « Le vieillissement du parc nucléaire est un sujet. L’État a demandé à EDF de chiffrer le coût de construction de six EPR, il va devoir décider de renouveler le parc. » Une source d’interrogations, à en juger par les défaillances en série du chantier de l’EPR de Flamanville et le quadruplement de son coût de construction, passé de 3,3 à 12,4 milliards d’euros ; sans oublier le fiasco de la construction de l’EPR d’Olkiluoto, en Finlande, qui accumule douze ans de retard et dont la facture a triplé, et des retard et surcoûts dans la construction, par EDF, de l’EPR de Hinkley Point, en Angleterre.

    Les deux réacteurs en activité de la centrale finlandaise d’Olkiluoto, en 2015. Le troisième réacteur devrait être un EPR, mais sa construction accumule douze ans de retard et sa facture a triplé.
    Dernière modification par gdesmon, 04 février 2021, 09h07.
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    Mahomet

  • #2
    EDF a déjà commandé des pièces forgées à Framatome en vue de la construction de nouveaux EPR en France, a révélé Reporterre jeudi 28 janvier.


    « Sans préjuger de la décision qui sera prise par le gouvernement de renouveler ou non le parc nucléaire, EDF, en sa qualité d’industriel responsable et en tant que chef de file de la filière nucléaire, met tout en œuvre pour s’assurer que le tissu industriel sera en capacité d’honorer la construction de nouveaux EPR si une décision était prise en ce sens », a expliqué un porte-parole d’EDF à l’AFP.

    « Afin de maintenir les compétences de la filière et de tenir compte des délais de fabrication, dans l’attente de cette décision, EDF a demandé à Framatome de lancer la production de certaines pièces forgées », a-t-il poursuivi.

    Le gouvernement et EDF envisagent la construction de six nouveaux EPR en France. Même si la décision définitive ne devrait pas intervenir avant 2023 et la mise en service de l’EPR de Flamanville, qui accumule d’interminables déboires techniques et d’importantes dérives de coûts, l’État et l’électricien sont déjà entrés dans le dur de la préparation de ce projet.

    Mi-2021, EDF doit remettre à Emmanuel Macron un programme de travail sur ces futurs réacteurs. Pour l’heure, selon le média Contexte, l’électricien doit remettre un rapport définitif à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) clarifiant deux points jugés insuffisants par le gendarme du nucléaire — l’exclusion de rupture des tuyauteries et la résistance aux chutes d’avion. Il a par ailleurs commencé à réfléchir aux futurs emplacements des réacteurs et a opté pour la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime) pour deux d’entre eux. De son côté, le gouvernement planche déjà sur le volet financement du projet et envisage une subvention de 25,6 milliards d’euros — soit plus de la moitié des 47,2 milliards que coûteraient au total les six réacteurs [1].
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet

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    • #3
      Faudrait aussi mettre un peu de sous dans la biotech...
      Il n'y a pas que le nuc et la défense tout de même...
      J'aime surfer sur la vague du chaos.

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      • #4
        @Hmida Faudrait aussi mettre un peu de sous dans la biotech...
        Il n'y a pas que le nuc et la défense tout de même...


        Tu as raison surtout après l'échec retentissant de Sanofi, il faudrait pour cela, pouvoir mobiliser en France, des fonds privés pour la recherche, ce que font les USA et le Royaume Unis avec leurs fonds de pension.
        Paradoxalement la France est un des pays au monde qui possède la plus forte épargne privée. Il faudrait un jour, parvenir à en faire quelque chose.
        Dernière modification par gdesmon, 04 février 2021, 16h51.
        Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
        Mahomet

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