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En misant sur une production nationale diversifiée et une technologie militaire avancée, la Turquie est déterminée à devenir une véritable puissance mondiale.
Lors de l’événement de TEKNOFEST tenu à Istanbul en septembre 2018, le président Recep Tayyip Erdoğan avait déclaré : « La première condition de l’indépendance dans le monde d’aujourd’hui est devenir un pays qui crée, développe, produit et exporte effectivement les technologies. Nous ne pouvons pas garantir notre indépendance dans aucun domaine si nous restons seulement utilisateur de la technologie ».
C’est cette volonté d’un président visionnaire de rendre son pays le plus indépendant possible dans le cadre des objectifs 2023 (centième anniversaire de la République de Turquie) qui a été à l’origine du lancement de l’initiative de technologie nationale (« Milli Teknoloji Hamlesi » en turc) qui porte ses fruits aujourd’hui.
Pendant l’épidémie de coronavirus qui a secoué le monde entier, tous les pays ont une fois de plus compris l’importance de la « production nationale », les pays les plus développés du monde, de plus en plus dépendants des importations depuis la Chine, se trouvant dans l’incapacité de produire un simple masque sanitaire.
Pour la Turquie ayant pour l’ambition de devenir une puissance mondiale, une production nationale qui peut renforcer son autosuffisance est aujourd’hui une question vitale. C’est pour cette raison que le pays réduit sa dépendance vis-à-vis de l’étranger dans de nombreux secteurs clés tout en développant sa production nationale.
Une production nationale qui ne cesse de se diversifier
Afin d’illustrer la production nationale turque, les exemples sont nombreux mais citons quelques-uns qui font la fierté de toute la nation turque.
Le gouvernement turc a réalisé un rêve de longue date en officialisant la première voiture 100% produite en Turquie, développée par le conglomérat TOGG (« Groupe d’initiative de l’automobile turque »), composé de 5 entreprises locales. Il s'agit d'une voiture 100 % électrique dont les deux modèles seront commercialisés dès 2022. Le prototype du véhicule dévoilé par le président Erdoğan en décembre 2019 a attiré l’attention du monde entier. TOGG a déjà l’ambition de franchir les frontières en devenant une marque mondiale. Dans l'usine construite près de Bursa, les autorités prévoient la création de 20.000 emplois, dont 4.000 dans l'usine elle-même. En misant sur des modèles électriques, la Turquie opte aussi pour un développement durable respectueux de l’environnement.
De la même manière, la Turquie a mis en service le premier train de fabrication turque. La vitesse opérationnelle maximale de ce train est de 160 km/h mais le gouvernement travaille sur un train à grande vitesse de fabrication nationale qui peut atteindre plus de 225 km/h.
La Turquie a aussi mis à l'eau la première frégate conçue par le pays, Istanbul (F-515), ce 23 janvier dans un chantier naval du pays. La frégate est le cinquième navire militaire construit dans le cadre du projet MILGEM. Lors de la cérémonie de la mise à l'eau de la frégate, le président Erdoğan a souligné que la Turquie était « parmi les 10 pays capables de concevoir, construire et entretenir leurs propres bâtiments de guerre ». En 2021, Ankara prévoit même d’inaugurer son nouveau vaisseau amiral : le navire d’assaut amphibie Anadolu, qui sera le premier porte-avions de la marine turque. La Turquie est aussi connue pour sa production de méga-yachts qui représentent 10% du marché national en assurant l’emploi d’un total de 100.000 personnes dans 555 chantiers.
La Turquie a également les capacités nécessaires pour produire ses propres hélicoptères, tels que l’hélicoptère utilitaire Gökbey, un engin qui peut être utilisé dans presque toutes les géographies. Les hélicoptères d'attaque T129 ATAK et T625 sont aussi connus par leurs performances exceptionnelles. Avec une exportation de 30 hélicoptères de type T129 ATAK au Pakistan, d'une valeur de 1,5 milliard de dollars en 2018, la Turquie s'est même placée parmi les quelques pays réalisant des exportations d'hélicoptère d'assaut.
Par ailleurs, la Turquie a créé une Agence spatiale pour mettre en place un programme de dix ans visant à créer une solide industrie des satellites et des lanceurs. Le nouveau satellite turc de 5e génération, Türksat 5A, a été lancé début janvier dans l'espace via le lanceur Falcon 9 de la société Space X. Le président Recep Tayyip Erdoğan s'est d'ailleurs récemment entretenu avec Elon Musk, fondateur des sociétés américaines « Tesla » et « Space X », en vue d'une coopération dans divers domaines, en particulier la technologie spatiale.
Le boom du secteur turc de la défense
Les progrès substantiels de la Turquie tant dans les airs, les terres que sur les mers est en particulier due au développement extraordinaire du pays dans le secteur de la défense qui lui est primordial à la fois sur le plan sécuritaire et commercial. Afin de renforcer ce secteur et de rendre la Turquie indépendante vis-à-vis de l’étranger, l’Etat turc a investi une somme considérable dans des projets de recherche et de développement en particulier au cours de la dernière décennie, ce qui a fortement diminué la dépendance de la technologie étrangère avec des entreprises locales et des consortiums communs satisfaisant la plupart des besoins en armement. Selon le vice-président turc, Fuat Oktay, le pays produit 65 % des armes dont il a besoin. Dans le domaine naval, ce pourcentage atteint les 70 %.
Aujourd’hui la Turquie est capable de produire son propre navire de guerre, des blindés mais aussi et surtout des véhicules aériens sans pilote (drones) sous le feu des projecteurs ces dernières années en raison de nombreux succès internationaux de la Turquie (en Syrie, en Irak, en Libye ou dans le Haut-Karabakh).
L’intérêt croissant du monde pour les drones de fabrication turque s’observe aussi dans les nombreux articles de la presse française : « Les drones, fleurons de l’industrie turque de défense » (Le Monde, octobre 2020), « L’épopée du Bayraktar TB2 – L’arme secrète d’Ankara » (Conflits, novembre 2020), « En Turquie, le drone, nouveau héros national » (Libération, décembre 2020), « Drones, tanks, frégates : Erdogan booste son industrie militaire » (Le Point, janvier 2021).
Dans un article de décryptage du journaliste Warda Mohamed, intitulé « L'industrie de l'armement de la Turquie peut-elle concurrencer la France ? » et publié en novembre 2019, l'auteur s'interroge même sur l'impact de la croissance fulgurante du secteur turc de la défense sur le marché français de l'armement. Il y précise qu'en 2018 la Turquie, membre de l'OTAN et parmi les 15 pays les plus militarisés du monde, a enregistré la 2e plus importante hausse des dépenses mondiales d'armement après les Etats-Unis. La concurrence qui s’intensifie dans ce secteur impacte sans aucun doute les relations franco-turques.
En conclusion, la Turquie a hérité d’un long passé militaire depuis l’Empire ottoman. Aujourd’hui afin d’atteindre ses objectifs 2023, le pays ne cesse de renforcer sa technologie militaire tout en diversifiant ses productions dans d’autres secteurs clés comme celui des transports. Ses réalisations domestiques lui valent respect et éloges même de la part des pays qui s’affichent comme des adversaires.
Si elle avance dans cette voie, nul ne doute qu’elle dépassera économiquement et technologiquement les pays les plus développés du monde dans un avenir proche.
par Öznur Küçüker Sirene
trt France
Lors de l’événement de TEKNOFEST tenu à Istanbul en septembre 2018, le président Recep Tayyip Erdoğan avait déclaré : « La première condition de l’indépendance dans le monde d’aujourd’hui est devenir un pays qui crée, développe, produit et exporte effectivement les technologies. Nous ne pouvons pas garantir notre indépendance dans aucun domaine si nous restons seulement utilisateur de la technologie ».
C’est cette volonté d’un président visionnaire de rendre son pays le plus indépendant possible dans le cadre des objectifs 2023 (centième anniversaire de la République de Turquie) qui a été à l’origine du lancement de l’initiative de technologie nationale (« Milli Teknoloji Hamlesi » en turc) qui porte ses fruits aujourd’hui.
Pendant l’épidémie de coronavirus qui a secoué le monde entier, tous les pays ont une fois de plus compris l’importance de la « production nationale », les pays les plus développés du monde, de plus en plus dépendants des importations depuis la Chine, se trouvant dans l’incapacité de produire un simple masque sanitaire.
Pour la Turquie ayant pour l’ambition de devenir une puissance mondiale, une production nationale qui peut renforcer son autosuffisance est aujourd’hui une question vitale. C’est pour cette raison que le pays réduit sa dépendance vis-à-vis de l’étranger dans de nombreux secteurs clés tout en développant sa production nationale.
Une production nationale qui ne cesse de se diversifier
Afin d’illustrer la production nationale turque, les exemples sont nombreux mais citons quelques-uns qui font la fierté de toute la nation turque.
Le gouvernement turc a réalisé un rêve de longue date en officialisant la première voiture 100% produite en Turquie, développée par le conglomérat TOGG (« Groupe d’initiative de l’automobile turque »), composé de 5 entreprises locales. Il s'agit d'une voiture 100 % électrique dont les deux modèles seront commercialisés dès 2022. Le prototype du véhicule dévoilé par le président Erdoğan en décembre 2019 a attiré l’attention du monde entier. TOGG a déjà l’ambition de franchir les frontières en devenant une marque mondiale. Dans l'usine construite près de Bursa, les autorités prévoient la création de 20.000 emplois, dont 4.000 dans l'usine elle-même. En misant sur des modèles électriques, la Turquie opte aussi pour un développement durable respectueux de l’environnement.
De la même manière, la Turquie a mis en service le premier train de fabrication turque. La vitesse opérationnelle maximale de ce train est de 160 km/h mais le gouvernement travaille sur un train à grande vitesse de fabrication nationale qui peut atteindre plus de 225 km/h.
La Turquie a aussi mis à l'eau la première frégate conçue par le pays, Istanbul (F-515), ce 23 janvier dans un chantier naval du pays. La frégate est le cinquième navire militaire construit dans le cadre du projet MILGEM. Lors de la cérémonie de la mise à l'eau de la frégate, le président Erdoğan a souligné que la Turquie était « parmi les 10 pays capables de concevoir, construire et entretenir leurs propres bâtiments de guerre ». En 2021, Ankara prévoit même d’inaugurer son nouveau vaisseau amiral : le navire d’assaut amphibie Anadolu, qui sera le premier porte-avions de la marine turque. La Turquie est aussi connue pour sa production de méga-yachts qui représentent 10% du marché national en assurant l’emploi d’un total de 100.000 personnes dans 555 chantiers.
La Turquie a également les capacités nécessaires pour produire ses propres hélicoptères, tels que l’hélicoptère utilitaire Gökbey, un engin qui peut être utilisé dans presque toutes les géographies. Les hélicoptères d'attaque T129 ATAK et T625 sont aussi connus par leurs performances exceptionnelles. Avec une exportation de 30 hélicoptères de type T129 ATAK au Pakistan, d'une valeur de 1,5 milliard de dollars en 2018, la Turquie s'est même placée parmi les quelques pays réalisant des exportations d'hélicoptère d'assaut.
Par ailleurs, la Turquie a créé une Agence spatiale pour mettre en place un programme de dix ans visant à créer une solide industrie des satellites et des lanceurs. Le nouveau satellite turc de 5e génération, Türksat 5A, a été lancé début janvier dans l'espace via le lanceur Falcon 9 de la société Space X. Le président Recep Tayyip Erdoğan s'est d'ailleurs récemment entretenu avec Elon Musk, fondateur des sociétés américaines « Tesla » et « Space X », en vue d'une coopération dans divers domaines, en particulier la technologie spatiale.
Le boom du secteur turc de la défense
Les progrès substantiels de la Turquie tant dans les airs, les terres que sur les mers est en particulier due au développement extraordinaire du pays dans le secteur de la défense qui lui est primordial à la fois sur le plan sécuritaire et commercial. Afin de renforcer ce secteur et de rendre la Turquie indépendante vis-à-vis de l’étranger, l’Etat turc a investi une somme considérable dans des projets de recherche et de développement en particulier au cours de la dernière décennie, ce qui a fortement diminué la dépendance de la technologie étrangère avec des entreprises locales et des consortiums communs satisfaisant la plupart des besoins en armement. Selon le vice-président turc, Fuat Oktay, le pays produit 65 % des armes dont il a besoin. Dans le domaine naval, ce pourcentage atteint les 70 %.
Aujourd’hui la Turquie est capable de produire son propre navire de guerre, des blindés mais aussi et surtout des véhicules aériens sans pilote (drones) sous le feu des projecteurs ces dernières années en raison de nombreux succès internationaux de la Turquie (en Syrie, en Irak, en Libye ou dans le Haut-Karabakh).
L’intérêt croissant du monde pour les drones de fabrication turque s’observe aussi dans les nombreux articles de la presse française : « Les drones, fleurons de l’industrie turque de défense » (Le Monde, octobre 2020), « L’épopée du Bayraktar TB2 – L’arme secrète d’Ankara » (Conflits, novembre 2020), « En Turquie, le drone, nouveau héros national » (Libération, décembre 2020), « Drones, tanks, frégates : Erdogan booste son industrie militaire » (Le Point, janvier 2021).
Dans un article de décryptage du journaliste Warda Mohamed, intitulé « L'industrie de l'armement de la Turquie peut-elle concurrencer la France ? » et publié en novembre 2019, l'auteur s'interroge même sur l'impact de la croissance fulgurante du secteur turc de la défense sur le marché français de l'armement. Il y précise qu'en 2018 la Turquie, membre de l'OTAN et parmi les 15 pays les plus militarisés du monde, a enregistré la 2e plus importante hausse des dépenses mondiales d'armement après les Etats-Unis. La concurrence qui s’intensifie dans ce secteur impacte sans aucun doute les relations franco-turques.
En conclusion, la Turquie a hérité d’un long passé militaire depuis l’Empire ottoman. Aujourd’hui afin d’atteindre ses objectifs 2023, le pays ne cesse de renforcer sa technologie militaire tout en diversifiant ses productions dans d’autres secteurs clés comme celui des transports. Ses réalisations domestiques lui valent respect et éloges même de la part des pays qui s’affichent comme des adversaires.
Si elle avance dans cette voie, nul ne doute qu’elle dépassera économiquement et technologiquement les pays les plus développés du monde dans un avenir proche.
par Öznur Küçüker Sirene
trt France